Faculté de Médecine de Marseille
DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13
Psychiatrie.
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• d’une part, les maladies qui surgissent dans un contexte de désir de passivité refoulé
(ulcère, asthme, etc),
• d’autre part, celles qui accompagnent les tendances à l’agressivité réprimées
(hypertension, diabète, etc).
Dans les deux cas, c’est l’existence d’un terrain organique prédisposant qui se révèle déterminant
pour que l’une ou l’autre de ces maladies survienne. Si pour Alexander et son école, le conflit
psychique n’est pas le seul et unique déclencheur d’une pathologie, ce qui différencie clairement
le mécanisme de conversion hystérique et la pathogénèse psychosomatique, on a critiqué à juste
titre le caractère excessivement réducteur de ces descriptions spécifiques (voir plus loin).
3.5.2.
L’École de Paris
Marty, psychanalyste à la SPP, forme à la même époque, avec de M’Uzan, David et Fain ce
qu’il est convenu d’appeler l’École de Paris. Cette école reste très prudente sur la notion de
profils spécifiques et cherche plutôt à décrire un ensemble de traits communs à toutes les
personnalités susceptibles de faire des troubles psychosomatiques. Constatant que les malades
psychosomatiques se comportent différemment des malades névrotiques, Marty observe que leur
vie fantasmatique est pauvre, seuls émergent dans leur discours des contenus concrets
raisonnables, ce qu’il appelle une “pensée opératoire”. Le malade psychosomatique, incapable
de symboliser les affects et les conflits personnels, régresse à un niveau défensif primitif où
dominent les tendances auto-agressives et la pulsion de mort.
3.5.3.
L’École de Boston.
Sifneos, et avec lui l’École de Boston, propose en 1972, suivant la direction ouverte par Marty,
le terme d’“alexithymie”. L’expression, étymologiquement, renvoie à l’absence de mots pour
exprimer les émotions. Avec l’alexithymie, dans laquelle Sifneos impliquera quinze ans plus tard
un déficit du transfert interhémisphérique (l’expressivité émotionnelle dépendrait de la
communication entre les deux hémisphères par le biais du corps calleux et de l’association des
deux plans de fonctionnement que représentent les deux hémisphères), la psychosomatique
trouve enfin un concept carrefour suffisamment ouvert à toutes les disciplines pour pouvoir
l’intégrer dans une conception bio-psycho-sociale des maladies qui, lorsqu’elle n’est pas une
simple addition de facteurs hétérogènes, en étend considérablement le champ.
Pour être complet, il faut en effet intégrer à cet historique les modèles qui, parallèlement au
développement de la psychanalyse et longtemps en opposition avec elle, ont cherché à étayer les
données cliniques de la psychosomatique sur des bases expérimentales, qu’elles soient
biologiques ou, comme nous le verrons dans un chapitre ultérieur, épidémiologiques et/ou
psycho-sociologiques.
3.6. L’intégration progressive de la théorie du stress dans un
modèle bio-psycho-social
3.6.1.
La “théorie cortico-viscérale” de Pavlov
Pavlov est en matière de psychosomatique souvent cité comme un précurseur. Soumettre
l’organisme animal à un certain nombre de contraintes provoque en réaction chez lui l’apparition
de divers symptômes physiques (infarctus du myocarde, ulcère) qui représentent, selon Pavlov,
de véritables “névroses expérimentales”. Pavlov étend ses conclusions à l’homme et nomme
cette théorie “cortico-viscérale” : soumis à des contraintes auxquelles il ne peut se soustraire de
lui-même, l’homme comme l’animal développe troubles du comportement et/ou maladie
d’organe.