Histoires pour faire des cauchemars

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© Olivier Donnet
Histoires pour faire des cauchemars
Texte d’Étienne Lepage
Spectacle pour enfants de 8 à 11 ans
Guide d’accompagnement
1
Patricia et Damien
malgré qu’ils ont l’air fin
sont deux petits vauriens
à qui on n’apprend rien
Plutôt que de dormir
quand arrive le soir
ils veulent encore rire
et conter des histoires
Mais il faut prendre garde
quand la nuit devient noire
où les joyeux refrains
finiront cauchemars
Étienne Lepage
Introduction d’Histoires pour faire des cauchemars
2
La pièce
Damien et Patricia se racontent des histoires, le soir, avant de s’endormir. Des
histoires noires et ludiques à travers lesquelles ils mettent en jeu leurs peurs et leurs
corps dans un échange verbal vigoureux, comme pour s’inventer ailleurs, différemment,
en marge de l’école, de la famille, des maux de ventre, de tête…
Damien et Patricia sont deux enfants qui ne mâchent pas leurs mots, qui se
prêtent l’un l’autre, au fil des chapitres – il y en a 8 – aux scénarios de l’autre. Ils
inventent ensemble, créent sur l’instant et se laissent aussi, parfois, déborder par leurs
fictions personnelles.
Damien et Patricia sont “deux petits vauriens” qui jouent avec les limites, qui
testent, explorent, avec les mots et les images qu’ils inventent, sur scène – les
personnages savent qu’ils sont au théâtre, ils montrent sans cesse les ficelles des
histoires qu’ils racontent – en direct, devant le public qui est un partenaire fondamental
tant dans la construction du spectacle que des personnages.
© Olivier Donnet
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Petite note de l’auteur
« Deux enfants qui ne dorment pas, trop occupés à faire travailler leurs méninges.
Vilains, prétentieux ou cruels, c'est avec une verve presque trop classique qu'ils
inventent leurs récits impolis. L'amitié, la famille, l'école, la morale, tout passe au
tordeur de cette petite chambre où la fiction pénètre parfois dangereusement la réalité.
Composée de contes récités et de chansons polissonnes, cette pièce un peu
outrancière est à la fois exutoire et problématique.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que le théâtre jeune public doit donner
l'exemple. Je crois en l'intelligence des enfants, et à leur capacité à développer un
rapport riche face à une matière problématique. C'est pourquoi Histoires pour faire des
cauchemars est une pièce constituée de petites mécaniques cruelles, un peu difficile à
digérer. Je trouve qu'elles constituent de grandes vérités de l'existence, des vérités qu'il
faut apprendre à surmonter et à aimer, peu importe l'âge.
Pour écrire cette pièce, je me suis plu à utiliser un langage très formel, une langue
assez pompeuse, empruntée, des petites historiettes claires, simples, qui montrent
presque trop clairement leur morale immorale. Je trouve que ce ton propret contraste
bien avec un propos ambigu, plutôt sombre. Ça m'a permis d'éviter de mettre du noir
sur du noir, et de montrer, en quelque sorte, une légèreté troublante, un ludisme là où
on ne l'attend pas. »
Étienne Lepage*
* Étienne Lepage est diplômé du programme d'écriture dramatique de l'École nationale de
théâtre du Canada. Il est auteur, traducteur et un peu touche-à-tout. Sa pièce Rouge Gueule,
mise en scène par Claude Poissant, a suscité des critiques dithyrambiques, et sa pièce L'Enclos
de l'éléphant, mise en scène par Sylvain Bélanger, vient d'être présentée au Festival
TransAmérique 2011 et à Espace Libre. Il est également co-auteur d'Éclats et autres libertés, la
4
dernière création du théâtre Le Clou, et auteur en résidence au théâtre de l'Ancre, à Charleroi
en Belgique, pour la saison 2011-2012. Il travaille présentement à la création d'un nouveau
spectacle en collaboration avec le chorégraphe Frédérick Gravel.
Le guide d’accompagnement
Histoires pour faire des cauchemars est un texte inventif, ludique qui évoque les
peurs liées à l’enfance. Il semble évident qu’il pourrait faire l’objet d’un prolongement «
didactique » tout à fait pertinent dans un cadre scolaire. Toutefois, ce guide
d’accompagnement n’a pas pour ambition de servir de livres de « recettes pédagogiques
», mais de donner des pistes de travail que chacun des enseignants pourra adapter et
réinventer à sa guise, en fonction des enfants avec lesquels il travaille.
Plutôt que d’adopter une perspective didactique, ce guide d’accompagnement
souhaite davantage privilégier une approche intuitive, où l’essentiel sera de favoriser
chez les enfants le questionnement et la prise de conscience de ce que le mot “peur”
signifie. Autrement dit de susciter une dynamique au sein du groupe où le processus de
découverte de soi, de son monde intérieur, de son monstre primera sur le résultat ou sur
la réponse obtenue.
Structuré autour de la thématique principale qu’est “la peur”, ce guide souhaite
proposer quelques pistes de travail soigneusement choisies pour stimuler l’imaginaire:
celui des enfants comme celui des adultes. Ainsi, à partir du texte, nous proposerons une
série de jeux afin que l’enfant expérimente lui-même ce que c’est que de mettre en vie,
en forme un univers dit “sombre” et ce, par la découvertes de divers moyens
d’expressions comme le dessin, la voix ou le cri etc… Cette proposition de mise en “jeux”
à partir du texte d’Etienne Lepage est un chemin qui nous semble particulièrement
intéressant pour entrer en contact avec le théâtre, la mise en scène et les questions que
cet art pose.
Ce guide d’accompagnement se base donc sur le principe qu’un guide
d’accompagnement sera toujours plus intéressant dans les chemins instables qu’il
permettra d’emprunter, aussi surprenants et inconnus soient-ils, que dans les
destinations stables et confortables qu’il permettra de rejoindre.
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Autour de « la peur »
Matière à réfléchir, à discuter------------ La peur, c’est quoi?
La peur est au centre de ce texte. Comme elle l’est, d’ailleurs, au centre de nos
vies, constitutive de notre qualité d’être humain. La peur a plusieurs visages. Elle peut
aider à se protéger, ou au contraire paralyser. Mais la peur de quoi, au juste ? De mourir,
du noir, d’être séparé de ceux que l’on aime, d’aller à l’école, de tomber, de ne pas
réussir, de ne pas être à la hauteur, de décevoir, d’être seul… La liste est longue.
Déjà dans les grottes qu’habitaient les hommes préhistoriques, on retrouve des
tentatives de représentation “des peurs” sous différentes formes. Entre autres celle
d’une déesse, puis plus tard d’un serpent. Tout au long de l’histoire humaine, on a usé
d’une imagination sans limite dans le but de représenter les peurs. C’est une manière de
se les raconter, mais aussi de les mettre à distance, de se donner une emprise sur elles.
Si je devais parler de ce texte à l’aide d’une figure mythologique, je choisirais
Persée qui part à la recherche de Méduse, la Gorgone, pour la tuer. C’est le récit d’une
quête initiatique où le héros quitte le monde qu’il connaît, un monde sécurisant, pour
partir à la découverte du monstre, de ses peurs, dans le but de les combattre. Dans cette
histoire, Persée est armé d’un bouclier donné par Athéna, déesse de la Sagesse, dont il
utilise le reflet pour éviter le regard direct de la Gorgone: il parvient ainsi à la terrasser.
Persée utilise un jeu de miroir que l’on retrouve dans Histoires pour faire des
cauchemars. Damien et Patricia se regardent sans cesse l’un l’autre en train d’avoir peur
ou de jouer à avoir peur. Ils utilisent les phrases et les jeux de mots comme des boucliers
et se renvoient sans cesse les images de leurs peurs, le reflet de leurs peurs. Et ils font
tout cela avec intelligence, comme Persée, qui a eu l’idée d’éviter le regard de la
Gorgone, en utilisant non son arme, mais son bouclier.
Damien et Patricia jouent à se faire peur et parfois, comme Persée, ils ont peur
réellement, ils sont dépassés. Mais qu’est ce que ce mécanisme de “jouer à se faire
peur” ? À quoi correspond-il dans la construction de l’être humain?
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“L’enfant montre le plaisir qu’il éprouve à jouer ou à écouter
des histoires qui font peur et qui lui permettent d’externaliser et
d’innocenter ses propres fantasmes agressifs. En effet, ceux-ci sont
chargés d’une toute puissance destructrice caractéristique de la
vision infantile, liés aux vécus de séparation et de perte de la mère
et des personnes familières. La joie de l’enfant de découvrir que les
tragédies shakespeariennes qui le tourmentent à travers les
fantasmes de son monde interne peuvent se dérouler au-dehors de
lui, sur une autre scène (et peut-être même parvenir à une fin
heureuse du style : ils vécurent heureux et eurent beaucoup
d’enfants… comme dans les contes) le tranquillise.”
Francisco Palacio Espasa. Psychiatre.
Dans ce texte, Étienne Lepage utilise un mécanisme que tout le monde a eu
l’occasion d’expérimenter : le plaisir ambigu que l’on éprouve à se faire peur ou à faire
peur aux autres. L’auteur, en utilisant ce procédé universel, propose une magnifique
approche ainsi qu’un outil théâtral aux nombreux ressorts, une sorte de tremplin pour
l’imaginaire. Quoi de plus jouissif que de faire peur aux spectateurs, que de se faire peur
entre acteurs. Histoires pour faire des cauchemars, c’est comme une histoire de
fantôme : on a beau savoir que c’est loufoque, que c’est faux, quand l’obscurité se fait,
on n’en est quand même pas tout à fait sûr, et soudain notre imagination nous fait sentir
une main velue sur notre nuque…
Liste non exhaustive de livres évoquant la peur :
- Ouvrages théoriques :
La psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim; Tout est langage de Françoise
Dolto; Le vilain petit canard de Boris Cyrulnik; Le sommein, le rêve et l’enfant de Marie
Thirion;
Le courage et la peur dans la collection « Les goûters philo » etc
- Albums :
Les démons caca de Fabienne Loodts; Dans moi d’Alex Cousseau et Kitty Crowther;
Max et les maximonstres de Maurice Sendak etc
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Matière à expérimentation-------------Et si on racontait nos peurs?
À travers les peurs de Damien et Patricia, on entend aussi toute une série de
questions que les enfants de 8 à 11 ans se posent fréquemment : Comment être juste ?
Comment tout avoir ? Suis-je ce que je fais ou ce que je dis ? Que disent les autres de
moi ? Puis-je vivre sans ma famille ? Qu’est-ce que ça veut dire, éprouver ? Avoir peur ?
Être content ? Et si j’étais une fille et toi un garçon ? C’est quoi être un garçon, une fille ?
Autant de questions qui accompagnent les enfants dans leur prise d’autonomie, dans
leur découverte “rationnelle” du monde, dans leur tentative d’organiser leurs pensées.
Raconter des histoires apparaît comme un formidable outil de rêve,
d’organisation ludique, de découverte de soi. Avoir peur, cauchemarder, fait partie du
“côté sombre” de tout être. Il y a en chaque humain une part d’inconnu sur laquelle il
est important de s’appuyer pour oser, se dépasser, avoir de l’audace. Et c’est ce que font
Damien et Patricia. Ils tentent, par le jeu et la parole, de dépasser ce qui est sourd,
souterrain, obscur. Il m’apparaît comme fondamental de mettre (ou de remettre) “le
pouvoir” de la parole et de l’imaginaire « actif » au centre de la vie des enfants afin de
trouver un équilibre dans notre monde d’images, de télévision et de jeux vidéo.
Il me semble important avant de venir voir le spectacle Histoires pour faire des
cauchemars (même si c’est un court moment) de « jouer » avec les enfants et ce, pour
mettre en marche leur imaginaire, leur boîte à idées. L’objectif n’est pas de « jouer »
comme on le fait dans la cour de récréation mais de jouer avec et autour du texte, pour
créer du lien avec soi, avec les autres. Pour appréhender la peur ensemble. Pour mêler
son vécu individuel à une expérience commune où l’on évoque ses peurs avec le crayon
de l’imaginaire. N’est-ce pas ce même processus que les contes proposent depuis la nuit
des temps?
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Matière à jouer-------------Et si on osait?
Je proposerai ici une série de « jeux » à partir du texte d’Etienne Lepage, une
matière ludique qui cherchera à agiter les enfants, à les mettre en route, à créer de
l’écoute individuelle et collective. Il est important d’expliquer que ces « jeux » sont en
lien avec le spectacle que les enfants verront plus tard, que c’est une manière de déjà
entrer en contact avec la pièce qu’ils pourront découvrir bientôt. Ces « jeux » ne sont
que des propositions : chaque professeur est libre de s’en inspirer et de les adapter à
son groupe, son environnement, son imaginaire. Mon objectif à travers « ces jeux » est
de créer une aventure commune, un temps partagé avec des nouvelles règles où chacun
occupe une place différente, où chacun s’apprend ailleurs.
Proposition 1 : « jeu autour des mots »
Le texte de départ est le suivant:
CHAPITRE TROIS
Patricia et la poésie
DAMIEN
Patricia
dans son lit
crut que les muses la visitaient
car soudainement
elle se sentit transportée par une verve puissante
et des mots nouveaux sortirent de sa bouche
PATRICIA
Crotte
DAMIEN
Mais ce n’était pas tout
À ceci s’ajoutait cela
et à cela s’ajoutait ceci
si bien que de mot en mot
tout un dictionnaire raffiné émergeait
PATRICIA
Crotte
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DAMIEN
Acceptant de se laisser dériver
au fil des mots
Patricia découvrit des effets inusités
PATRICIA
Crotte
DAMIEN
Des contrées nouvelles
PATRICIA
Crotte
DAMIEN
Et des vérités inconnues
PATRICIA
Crotte
DAMIEN
Tout ce langage nouveau l’enchantait
et elle se promettait dans l’avenir
beaucoup de joie
de plaisir
et de beauté
PATRICIA
Crotte
(A suivre…)
Après avoir lu le texte aux enfants (plusieurs fois si nécessaire et dans une
configuration différente de celle dans laquelle vous travaillez habituellement, en cercle
par exemple), vous pouvez demander à chaque enfant qu’il réfléchisse à son mot
fétiche, son mot secret, celui qu’il dit le soir comme Patricia pour essayer de s’endormir
ou de se rassurer. Surtout chacun doit garder son mot, ne pas le dire. Et tous les mots
sont permis sans limite ni contrainte. Une fois que chaque enfant a « son mot », mettezvous en cercle, donnez-vous la main et regardez-vous. Alors vous, le professeur devenu
animateur pour l’occasion, vous donnez la consigne : « je compte jusqu’à 3 et à 3, tous
ensemble, très fort, vous criez votre mot ». Si vous trouvez que ce n’est pas assez fort ou
pas assez audible, ou pas assez articulé, vous pouvez à nouveau compter jusqu’à 3. Les
enfants peuvent rire, être gênés ce n’est pas grave, c’est une réaction de « peur » face à
une activité inconnue, vous pouvez recommencer à compter jusqu’à ce que les enfants
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crient ensemble d’une seule et même voix. Différentes formes de petits jeux peuvent se
décliner autour de ce mot “secret” comme le murmurer dans l’oreille d’un copain, le
déposer dans sa main et le faire voyager dans l’espace, le surarticuler, lui trouver des
rimes…
Proposition 2 : « et si on dessinait… »
Le texte de départ est le suivant:
PATRICIA
Damien sentit quelque chose
Quelque chose qui faisait très mal
Il eut l’impression
que sa peau se déchirait
et sortit alors de son dos
d’un seul coup
une aile
Une aile énorme
écailleuse
et verte
Il n’eut pas le temps de réagir
que déjà
vint une deuxième aile
puis encore des cornes
un museau
des crocs
et toute une créature
monstrueuse
et gigantesque
sortit de lui
Après avoir lu le texte aux enfants une seule fois, demandez-leur de dessiner le
monstre du texte avec un seul stylo qu’ils auront choisi au préalable sur une feuille de
format A4 par exemple. Puis une fois le dessin terminé (10 min environ) vous leur
demanderez d’inventer un nom de monstre à partir de leur prénom et de l’écrire sur le
dessin. Puis ils laisseront ce dessin de côté, prendront une nouvelle feuille d’un format
différent du précédent (A3 par exemple) et un autre crayon.
Vous leur demanderez alors de fermer les yeux (vous pourrez également leur
bander les yeux) et d’écouter à nouveau le texte que vous ne lirez qu’une fois. Puis, les
yeux clos, ils dessineront à nouveau un monstre et écriront sur la feuille (toujours en
aveugle) le nom qu’ils ont choisi précédemment. Cette contrainte peut susciter des rires,
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de l’agitation : il s’agit à nouveau d’une réaction due à « la non habitude » de ce genre
d’exercice, n’hésitez pas à les encourager à se lancer, à prendre le risque…
Ensuite vous pourrez demander à quelques élèves (en fonction du temps dont
vous disposez) de présenter son monstre et de raconter ce qu’il lui est arrivé entre les
deux dessins. Vous pouvez aussi demander aux élèves qui écoutent de dire ce qu’ils
voient lorsqu’ils regardent le monstre réalisé en aveugle.
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Proposition 3 : “Et si on écrivait…”
Le texte de départ est le suivant:
CHAPITRE SEPT
Patricia et sa poupée
DAMIEN
Patricia
la nuit
assise dans son grand lit
ne trouvait plus le sommeil
PATRICIA
Je ne rêve pas
Je ne dors pas
Je ne fatigue pas
Je ne réfléchis pas
Je ne ris pas
Je ne pleure pas
Je ne mange pas
Je ne chante pas
Je ne pense pas
Je ne fais qu’une seule chose
Je m’ennuie
DAMIEN
C’est alors
qu’une idée de génie
lui traversa l’esprit
Elle se leva
et prit dans son coffre
PATRICIA
des ciseaux en argent
DAMIEN
Puis
elle regarda
cachée parmi ses couvertures
sa poupée préférée
et s’adressa à elle ainsi
PATRICIA
Tu es
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la plus belle
et la plus précieuse des poupées
Tu es
de riches tissus habillée
et tes cheveux
sont aussi soyeux que les miens
Je dirais même
qu’ils sont encore plus soyeux
Un peu trop soyeux
Plus soyeux et plus beaux
un peu trop plus beaux
et aussi
ils sont plus longs
Ils sont beaucoup trop longs
Oui vraiment
tu as des cheveux
très dangereux
Je vais simplement
les raccourcir un peu
DAMIEN
Et tout en coupant
Patricia se disait
PATRICIA
Il n’y a rien de plus délicieux
que de sacrifier
quelque chose de précieux
DAMIEN
Mais quand elle termina
elle était encore insatisfaite
PATRICIA
Ils sont encore trop longs
DAMIEN
Et elle répéta encore et encore l’opération
Si bien qu’à la fin
de cheveux
il ne resta plus rien
PATRICIA
Non
ça ne va toujours pas
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DAMIEN
se dit-elle
PATRICIA
Ils sont encore
beaucoup trop longs
DAMIEN
Alors
elle regarda les ciseaux
tourna une de ses couettes
regarda sa poupée
regarda le plafond
regarda les ciseaux
tourna une de ses couettes
regarda la poupée
regarda les ciseaux
tourna une de ses couettes
regarda le plafond
regarda les ciseaux
regarda sa poupée
PATRICIA
Vraiment
il n’y a rien de plus délicieux
que de sacrifier
quelque chose de précieux
DAMIEN
puis ça y est
elle coupa
PATRICIA
Tchak !
DAMIEN
et la tête de la poupée
tomba sur le plancher
Patricia enfin
se sentit fatiguée
Elle laissa tout cela
sur le plancher
et se coucha
sans s’en préoccuper
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Mais à peine ses paupières
se fermèrent-elles
qu’elle entendit cogner
à sa porte
(A suivre…)
Après avoir lu une fois le texte aux enfants, demandez-leur de dire les mots
qu’ils leur restent en tête et vous les noterez au tableau. Entourez les 5 mots qui
reviennent le plus. A ces 5 mots vous ajouterez un lieu, une couleur, un animal et vous
demanderez un mot au hasard à 3 élèves. Ensuite, à partir de ce lexique c’est-à-dire les 5
mots du texte qui reviennent le plus, du lieu, de la couleur, de l’animal et des 3 mots au
hasard, vous demanderez aux élèves d’écrire un texte dont le héros sera soit le monstre
qu’ils ont dessiné si vous avez fait ce jeu soit, si ce n’est pas le cas, eux-mêmes. Ce texte
ne doit pas dépasser les 10 lignes. Il est important de préciser aux enfants que
l’orthographe, la grammaire n’ont aucune importance, que l’on se moque des belles
phrases etc… Ce jeu peut leur sembler difficile. C’est alors possible de leur demander
d’écrire très gros, une phrase par feuille ou de procéder par étape c’est-à-dire juste avec
les 5 mots du texte et d’ajouter ensuite le lieu, la couleur, l’animal etc. On peut
également demander à chaque enfant de glisser dans son texte le mot secret du jeu 1.
Ensuite les enfants peuvent lire leur texte aux autres enfants, ou le crier, ou le
chuchoter.
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© Kitty Crowther
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L’équipe
Mise en scène Anne Thuot assistée de Lorette Moreau
Avec Yannick Duret/Diane Fourdrignier, Eno Krojanker, Anne-Cécile
Massoni/Lorette Moreau
Lumières Raphaël Noël
Scénographie Marilyne Grimmer/ Construction Thomas Noël
Une coproduction du Centre Culturel Jacques Franck, des Compagnies Barakha et Fastabl. Accueil en
création au Centre Dramatique Wallonie Enfance et Jeunesse. Avec le soutien de la Fédération Wallonie
Bruxelles/section théâtre enfance et jeunesse et L’ANCRE (Charleroi).
Anne Thuot est diplômée de l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle à
Bruxelles, en section mise en scène. Elle a travaillé en tant que comédienne avec le
collectif bruxellois Dito’Dito, le jeune théâtre flamand Bronks, Transquinquennal et Hans
Van Den Broeck. Elle fait également de la performance: toi&moi (nous sommes occupés)
avec Cédric Lenoir.
Elle a fait partie du feu groupe toc à sa création et a mis en scène plusieurs
spectacles du collectif : moi, Michèle Mercier, 52 ans, morte de Marie Henry; la fontaine
au sacrifice de Marie Henry; mon bras (mobile) de Tim Crouch, mise en scène Anne
Thuot.
Elle a été l’assistante à la mise en scène de Virginie Thirion pour boxe.
Elle enseigne au conservatoire royal de Mons et à l’INSAS.
Yannick Duret (interprète) est diplômée du conservatoire de Liège en 1999 des
classes de Jacques Delcuvellerie et Max Parfondry. Elle joue ses premières expériences
professionnelles dans un répertoire plus classique (Kean, Platonov, Antigone...). Très vite
c'est vers des aventures artistiques mêlant corps, texte et recherche de formes que son
parcours progresse avec des metteurs en scène ou chorégraphe comme Isabella
Souppart, Claudio Bernardo, Edith Depaule ou encore le groupe toc avec la pièce Moi,
Michèle Mercier, 52 ans morte, elle rejoint aussi le projet les Vedettes, plus ou moins
majorettes pour le spectacle de rue. En 2006 avec Olivier Hespel et Jean-Michel Van den
Eeden, elle fonde la compagnie K.C. Barakha et joue dans Push Up au théâtre Varia et en
tournée wallonne. Ces dernières années elle s'est parallèlement investie dans différents
projets jeunes publics : La compagnie Arts&Couleurs avec Marie des grenouilles et la
femme, le mari et le poisson, le théâtre des Zygomars avec je suis libre, hurle le ver
luisant et le théâtre de La Guimbarde avec une reprise de rôle pour le grand saut. Elle
continue par ailleurs à se confronter à des formes plus hybrides comme le projet « Les
Mirelles » au festival Troubles en 2011.
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Eno Krojanker est diplômé de l’INSAS à Bruxelles en section art dramatique. Il a
joué avec Isabelle Pousseur dans L’homme des Bois de Tchekhov ; avec Roumem
Tchakarov dans Platonov de Tchekhov ; avec Félicie Artaud dans Amazone, un spectacle
de la Galafronie ; avec Wayn Traub dans Maria Dolores ; avec le jeune théâtre flamand
Bronks dans Et si l’histoire se finissait mal ?; avec Jérôme Nayer dans Hors la loi de Régis
Duqué. Il joue également au sein du Théâtre Agora dans Les Croisés et Le cheval de bleu,
mises en scène de Marcel Cremer. Il a joué dans Les Aveux et « Lucienne Love », La
fontaine au sacrifice… de Marie Henry, mises en scène d’Anne Thuot. Il a crée Petit
déjeuner orageux un soir de carnaval avec Hervé Piron.
Raphaël Noël (éclairage) a obtenu un diplôme Universitaire des Métiers du
Spectacle et du Théâtre à Besançon. Il a travaillé en tant que régisseur général avec les
compagnies Jours Tranquilles, le Kunsten festival des Arts, la Compagnie des Lumas...Il a
fait les créations lumière de la Cie Abaca-Théâtre, de la Cie SOIT de Hans Van Den
Broeck... Il a fait partie du groupe toc dès sa création, il a mis en lumière tous les
spectacles du collectif, joué dans Les 24h de Tina Pools à la recherche de son bonheur et
co-mis en scène moi, Michèle Mercier, 52 ans, morte avec Anne Thuot.
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