Lanesthésie ostéocentrale
au quotidien
Quid de la peur de la douleur, principale cause de cette maladie couramment
répandue qu’est la phobie du dentiste ? Indolore, efficace, simple à réaliser
et économiquement viable, l’anesthésie ostéocentrale semble s’imposer comme
la solution qui comblera à la fois les attentes du patient et celles du praticien.
Dr Pierre-Yves GREAUD
n D.C.D.
n Conférencier
à l’AFPAD
n pierre-yves.greaud
@laposte.net
taires de qualité pour leur confort et leur esttique, une
tendance qui ira à la hausse dans les années à venir.
Une solution
Pour pondre à l’attente des patients, la première clé
de la ussite d’un cabinet dentaire moderne est de se
donner les moyens de aliser en premre intention une
anestsie indolore sans suite post-opératoire. Nos pa-
tients craignent les anesthésies pour deux raisons :
1. la peur de la douleur pendant la alisation,
2. lengourdissement des tissus mous pendant plusieurs
heures, après un soin qui na pris que quelques minutes.
Pour pondre à l’attente du praticien, une anestsie
simple à réaliser, imdiate et efficace quelle que soit
la pathologie va lui permettre de piloter l’activité de son
cabinet sans stress. La suppression des risques déchec
permettra de proposer des rendez-vous longs pour aliser
différents types de soins dans plusieurs secteurs (absence
d’engourdissement des tissus mous) et d’assurer la ges-
tion des urgences. L’anesthésie osocentrale répond à la
demande du patient et du praticien.
Lanesthésie ostéocentrale
Elle bute par une anestsie de la gencive attachée
réalie avec l’aiguille qui servira à trer le septum.
(Aiguille spéciale ostéocentrale 30 centmes 16 mm
DENTAL HI-TEC France). Cette anesthésie sera indo-
lore si on respecte deux crires :
- utilisation correcte du biseau de l’aiguille (Fig. 1). Bi-
seau bien orienté à plat sur la muqueuse, pénétration su-
perficielle de la gencive attachée pour éviter le contact
avec le périoste ;
Un constat
La phobie du dentiste est une maladie listée par l’OMS.
Cette phobie est essentiellement liée à la peur de la dou-
leur et c’est cette dernre qui amène le plus souvent le
patient à consulter.
Des progs importants au cours de ces dernières an-
es ont fait évoluer la pratique de la dentisterie dans
toutes les disciplines. Les coûts horaires d’un cabinet
dentaire moderne ont augmenté en proportion. Si l’on
veut avoir accès aux technologies modernes, nous de-
vons piloter la gestion de nos cabinets comme des en-
treprises, et non faire du « vol à vu ».
Dans le livre (1) paru en 2008, 40 ans de chirurgie den-
taire. 1968-2008. dont l’introduction est die par le
professeur Edmond Pierre Benqué, curieusement l’anes-
tsie n’est pas évoquée. Lanesthésie n’aurait-elle pas
évoluée en 40 ans ? C’est peuttre pourquoi de plus en
plus de cliniques dentaires proposent leurs services sur
Internet alisant des soins sous anesthésie rale.
L’évolution de la gestion de la douleur de notre pa-
tient ne nous inresse-t-elle pas ou serait-elle figée à
jamais ? Seulement, quelles que soient les technologies
high tec et les qualités de traitement que nous maîtri-
sons, notre patient phobique a toujours peur d’avoir
mal : il ne remet pas en cause nos compétences, mais
attendra la douleur pour franchir la porte de notre cabi-
net. Par contre, si nous lui prouvons que la douleur est
notre première préoccupation, alors il sera prêt à faire
ce qu’il faut pour entretenir sa santé buccale. Les pa-
tients sont de plus en plus consommateurs de soins den-
CLINIC FOCUS
1 2
LE FIL DENTAIRE
< < N°43 <mai 2009
30
Fig. 1 :
Injection muqueuse
indolore.
Fig. 2 :
Anesthésie
osocentrale.
- injection lente (goutte à goutte) jusqu’à obtention d’une
lentille blanche de la muqueuse attachée (2).
Puis, l’aiguille sera positionnée sur le sommet de la pa-
pille parallèlement à l’axe des racines avec une angula-
tion de 30 à 45° vestibulolinguale. La mise en rotation
de cette aiguille va permettre de descendre profondément
dans le septum (Fig. 2). L’aiguille sera enfoncée si possi-
ble jusqu’à la garde.
Cette nétration est totalement indolore, car l’os n’est
pas inner. Lors de la tration, le praticien aura la
sensation que l’aiguille traverse des paliers successifs qui
sont le passage de mini-corticales horizontales formées
par les trabéculations. La dernre étape consistera à in-
jecter la quantité de solution anesthésique qui sera déter-
minée en fonction de la durée ou du nombre de dents que
l’on veut anestsier.
Des avantages
Les sagréments de l’anesthésie aps les soins sont
oubliés. Et si l’on compare l’ostéocentrale à toutes les
autres techniques, on se rend compte quelle regroupe tous
leurs avantages sans avoir leurs inconvénients. Lanesthé-
sie ostéocentrale est immédiate (4). Les praticiens utilisant
lanesthésie intraligamentaire ou intraseptale connaissent
bien le confort de l’immédiateté de l’anesthésie (surtout
pour la gestion rapide des urgences).
Il n’y a pas de suite post-anesthésique, nous pouvons
oublier les arthrites et les probmes de nécroses (même
lors de l’utilisation de solutions adnalies à 1/80 000
conseiles lors de pulpite aiguë ou de dent en voie de
nécrose). Nous pouvons aussi oublier les risques de
morsures fquentes chez l’enfant, car nous n’avons pas
d’engourdissement des tissus mous avec l’anestsie os-
téocentrale (Le confort post-anesthésique est ts impor-
tant pour le patient.).
La alisation de l’anestsie ostéocentrale est ts facile
et supprime les quelques difficuls rencontes avec la
technique trans-corticale (aiguilles bouces, corticales
impénétrables, balcons osseux, acs difficiles au niveau
des molaires mandibulaires).
L’anestsie osocentrale va nous permettre de soigner
jusqu’à six dents avec une seule injection, voire anest-
sier un maxillaire avec trois points d’injection ; cela nous
ouvre de nouvelles perspectives lors de la réalisation
des plans de traitements et de la mise en place des
rendez-vous longs.
Enfin, lanesthésie ostéocentrale est redoutablement effi-
cace car la solution anestsique est déposée le plus pt
possible de la cible à atteindre que sont les apex (Fig. 3).
Nous savons que les échecs en anestsie sont souvent
ls à une distance injection-cible trop importante qui
entraîne la trop grande dilution de notre solution anes-
tsique et son inefficaci. La quantité de solution anes-
tsique injece va pouvoir être
dimine du fait d’une meilleure
efficacité (4).
Limpact financier
La rentabilité des soins, non
revalorisés à leur juste va-
leur, est possible à obtenir,
à condition de bien planifier
son travail. Les stages de ma-
nagement en témoignent par
leur fréquentation croissante
et leurs résultats. De plus en
plus de praticiens rentabilisent
leurs soins en réalisant des
soins multiples sur plusieurs
cadrans au cours de la même
séance. Cela permet d’être
plus rentable, mais aussi de
soigner nos patients sur des durées de traitement plus
courtes et ainsi faire de la place dans nos planning
surchargés (une des causes principales du stress du
praticien qui fini par le démotiver).
L’anesthésie ostéocentrale est l’anesthésie de choix
pour ce type d’exercice, car elle supprime l’échec.
Les 15 à 20 % d’échecs, lors d’anesthésie du bloc
mandibulaire (3), seront oubliés, car les rameaux ner-
veux inconstants seront obligatoirement anesthésiés ;
les rappels linguaux et palatins sont eux aussi oubliés,
car l’anesthésie ostéocentrale, par l’intermédiaire des
canaux intercommuniquants ou canaux de Volkman,
anesthésie tous les tissus attachés périphériques aux
dents anesthésiées. Le fait de ne pas anesthésier les
tissus mous nous permet d’envisager de réaliser des
soins multiples sur les secteurs 1-2-3 et 4 au cours de
la même séance sans causer de troubles moteurs et
sensitifs. Le patient est souvent surpris et trouve cette
technique anesthésique très confortable.
Conclusion
Nous avons tous un jour réalisé une anesthésie intrapul-
paire en dernière intention. La douleur « syncopale »
que nous avons infligée à notre patient marque notre
incompétence face à certaines pathologies. Une tech-
nique anesthésique qui supprime l’échec et la douleur
en permettant d’améliorer la rentabilité des soins est
certainement une des plus grandes évolutions de la
dentisterie depuis 40 ans. u
Bibliographie
1. Pierre Fabre Oral Care : 40 ans de chirurgie dentaire. 1968-2008. Ed. Privat
2. Sixou J.-L. Du Bon usage du biseau. L’Information dentaire 37, nov.
2006
3. Malamed S.F. Handbook of local anesthesia. 5e éd. Mosby, Saint-Louis,
2005
4. Greaud P.-Y., Pasquier E., Villette A. L’Anesthésie ostéocentrale, une nou-
velle technique en anesthésie dentaire. L’Information dentaire 14, avr.
2008
Fig. 3 :
Position de l’aiguille en
anesthésie ostéocentrale.
www.lefildentaire.com >31
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