
- injection lente (goutte à goutte) jusqu’à obtention d’une
lentille blanche de la muqueuse attachée (2).
Puis, l’aiguille sera positionnée sur le sommet de la pa-
pille parallèlement à l’axe des racines avec une angula-
tion de 30 à 45° vestibulolinguale. La mise en rotation
de cette aiguille va permettre de descendre profondément
dans le septum (Fig. 2). L’aiguille sera enfoncée si possi-
ble jusqu’à la garde.
Cette pénétration est totalement indolore, car l’os n’est
pas innervé. Lors de la pénétration, le praticien aura la
sensation que l’aiguille traverse des paliers successifs qui
sont le passage de mini-corticales horizontales formées
par les trabéculations. La dernière étape consistera à in-
jecter la quantité de solution anesthésique qui sera déter-
minée en fonction de la durée ou du nombre de dents que
l’on veut anesthésier.
Des avantages
Les désagréments de l’anesthésie après les soins sont
oubliés. Et si l’on compare l’ostéocentrale à toutes les
autres techniques, on se rend compte qu’elle regroupe tous
leurs avantages sans avoir leurs inconvénients. L’anesthé-
sie ostéocentrale est immédiate (4). Les praticiens utilisant
l’anesthésie intraligamentaire ou intraseptale connaissent
bien le confort de l’immédiateté de l’anesthésie (surtout
pour la gestion rapide des urgences).
Il n’y a pas de suite post-anesthésique, nous pouvons
oublier les arthrites et les problèmes de nécroses (même
lors de l’utilisation de solutions adrénalinées à 1/80 000
conseillées lors de pulpite aiguë ou de dent en voie de
nécrose). Nous pouvons aussi oublier les risques de
morsures fréquentes chez l’enfant, car nous n’avons pas
d’engourdissement des tissus mous avec l’anesthésie os-
téocentrale (Le confort post-anesthésique est très impor-
tant pour le patient.).
La réalisation de l’anesthésie ostéocentrale est très facile
et supprime les quelques difficultés rencontrées avec la
technique trans-corticale (aiguilles bouchées, corticales
impénétrables, balcons osseux, accès difficiles au niveau
des molaires mandibulaires).
L’anesthésie ostéocentrale va nous permettre de soigner
jusqu’à six dents avec une seule injection, voire anesthé-
sier un maxillaire avec trois points d’injection ; cela nous
ouvre de nouvelles perspectives lors de la réalisation
des plans de traitements et de la mise en place des
rendez-vous longs.
Enfin, l’anesthésie ostéocentrale est redoutablement effi-
cace car la solution anesthésique est déposée le plus prêt
possible de la cible à atteindre que sont les apex (Fig. 3).
Nous savons que les échecs en anesthésie sont souvent
liés à une distance injection-cible trop importante qui
entraîne la trop grande dilution de notre solution anes-
thésique et son inefficacité. La quantité de solution anes-
thésique injectée va pouvoir être
diminuée du fait d’une meilleure
efficacité (4).
L’impact financier
La rentabilité des soins, non
revalorisés à leur juste va-
leur, est possible à obtenir,
à condition de bien planifier
son travail. Les stages de ma-
nagement en témoignent par
leur fréquentation croissante
et leurs résultats. De plus en
plus de praticiens rentabilisent
leurs soins en réalisant des
soins multiples sur plusieurs
cadrans au cours de la même
séance. Cela permet d’être
plus rentable, mais aussi de
soigner nos patients sur des durées de traitement plus
courtes et ainsi faire de la place dans nos planning
surchargés (une des causes principales du stress du
praticien qui fini par le démotiver).
L’anesthésie ostéocentrale est l’anesthésie de choix
pour ce type d’exercice, car elle supprime l’échec.
Les 15 à 20 % d’échecs, lors d’anesthésie du bloc
mandibulaire (3), seront oubliés, car les rameaux ner-
veux inconstants seront obligatoirement anesthésiés ;
les rappels linguaux et palatins sont eux aussi oubliés,
car l’anesthésie ostéocentrale, par l’intermédiaire des
canaux intercommuniquants ou canaux de Volkman,
anesthésie tous les tissus attachés périphériques aux
dents anesthésiées. Le fait de ne pas anesthésier les
tissus mous nous permet d’envisager de réaliser des
soins multiples sur les secteurs 1-2-3 et 4 au cours de
la même séance sans causer de troubles moteurs et
sensitifs. Le patient est souvent surpris et trouve cette
technique anesthésique très confortable.
Conclusion
Nous avons tous un jour réalisé une anesthésie intrapul-
paire en dernière intention. La douleur « syncopale »
que nous avons infligée à notre patient marque notre
incompétence face à certaines pathologies. Une tech-
nique anesthésique qui supprime l’échec et la douleur
en permettant d’améliorer la rentabilité des soins est
certainement une des plus grandes évolutions de la
dentisterie depuis 40 ans. u
Bibliographie
1. Pierre Fabre Oral Care : 40 ans de chirurgie dentaire. 1968-2008. Ed. Privat
2. Sixou J.-L. Du Bon usage du biseau. L’Information dentaire n° 37, nov.
2006
3. Malamed S.F. Handbook of local anesthesia. 5e éd. Mosby, Saint-Louis,
2005
4. Greaud P.-Y., Pasquier E., Villette A. L’Anesthésie ostéocentrale, une nou-
velle technique en anesthésie dentaire. L’Information dentaire n° 14, avr.
2008
Fig. 3 :
Position de l’aiguille en
anesthésie ostéocentrale.
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