Union des Industries
et Métiers
de la Métallurgie
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mars
2013
l’orthodoxie, tant décriée, on l’oublie un peu vite,
apparaît comme la seule médication appropriée
en ces temps incertains ? D’une part, reconnais-
sons que l’Europe fait preuve de compréhension
dans la situation des uns et des autres : privilé-
giant une approche plus souple, elle est désormais
plus attentive à la trajectoire de désendettement
et aux réformes structurelles qu’à des objectifs
intangibles ; d’autre part, en dépit des difficultés et
des égoïsmes nationaux, le récent budget adopté
par les 27 présidents et premiers ministres euro-
péens, ne sacrifie pas l’essentiel. Comme le dit avec
raison, le président du Conseil européen, Herman
Von Rompuy : « Comme partout en Europe, la prio-
rité consiste à faire plus avec moins d’argent la
seule solution était donc un budget de modération
une priorité claire à l’emploi, la croissance et à
la compétitivité ». Bref, il s’agit donc à bien des
égards, d’un budget pragmatique qui privilégie les
investissements d’avenir. Un budget certes impar-
fait, comme tout compromis, mais qui permet de
préserver l’éducation, la recherche, l’innovation
et… la confiance du plus grand nombre. L’occasion
de rappeler que c’est le manque d’union politique
qui bloque la progression de l’intégration écono-
mique. Enfin, l’Union reste une puissance indus-
trielle de premier plan, et c’est là le cœur de la
croissance. Naturellement, nous avons besoin que
davantage d’entreprises compétitives puissent
se positionner dans un plus grand nombre de
secteurs, mais, d’ores et déjà, des signaux encou-
rageants sont intervenus, témoignant de notre
capacité industrielle à séduire une clientèle
exigeante. Nos sociétés, nos démocraties, nos poli-
tiques doivent tout mettre en œuvre pour faciliter
la vie de nos entreprises, qui sont aujourd’hui les
acteurs clé de l’économie mondiale. Chaque pays
de l’Union doit savoir que c’est en promouvant des
réformes structurelles, et en adaptant une régle-
mentation favorable à la compétitivité que nous
y parviendrons.
II. RIGUEUR, ET DÉMOCRATIE
SOCIALE
Notre pays s’y prépare-t-il ? Avons-nous compris
que notre croissance à long terme reposera sur
notre capacité d’innovation, sur la libéralisation
de l’économie et sur la maîtrise des dépenses
publiques ?
Autant de questions notables, alors même
que nous connaissons une situation préoccu-
pante. Préoccupante sur le front économique
puisque la croissance sera quasi nulle cette
année, et le déficit public dépassera les 3 %
attendus. Préoccupante également sur le front de
l’emploi, ce qui relativise la promesse formulée par
François Hollande d’inverser la courbe du chômage
en 2013. Il n’est donc pas étonnant, dans ces condi-
tions, d’entendre Olli Rehn, le commissaire en
charge des affaires économiques et monétaires,
affirmer voilà peu : « Étant donné les risques liés à
une dette publique qui a déjà grimpé au-dessus de
90 % et le défi de compétitivité très important auquel
fait face l’économie, il faut que la France poursuive,
en parallèle, les efforts budgétaires et les réformes
structurelles pour la croissance et l’emploi ». Des
propos qui ne doivent pas nous faire oublier que
la voie tracée par le gouvernement et par les parte-
naires sociaux – mise en œuvre du pacte de compé-
titivité, élaboré à partir du rapport Gallois, accord
du 11 janvier sur la sécurisation de l’emploi – est
la bonne.
Simplement, il faut désormais faire plus et peut-
être différemment.
Faire plus, car les efforts doivent être ampli-
fiés pour réformer le système de retraite ou le
financement de la protection sociale. Faire autre-
ment aussi, car il est grand temps que nos diri-
geants s’attaquent à la réduction des dépenses
publiques dans un pays où les prélèvements
fiscaux atteignent des niveaux records. Bref, l’ajus-
tement budgétaire supplémentaire ne pourra pas
être réalisé en augmentant davantage les impôts
et les taxes. Personnage mythique de la vie poli-
tique anglaise du XIXe siècle, William Gladstone
indiquait que la bonne démarche est de toujours
mettre en regard, chaque fois que l’on augmente
une dépense publique, la conséquence écono-
mique et sociale qu’aura la disparition conco-
mitante d’une dépense privée, disparition liée à
l’augmentation des impôts. Imaginons donc, pour
une fois, les bienfaits qu’une diminution de la
dépense publique aura sur la dépense privée. À cet
égard regardons de façon positive l’impasse dans
laquelle nous nous trouvons : n’étant pas en mesure
de remplir nos engagements pour 2013, veillons à
garder l’objectif d’un déficit zéro en 2017 en four-
nissant à Bruxelles avant la fin du mois d’avril un
programme crédible.
Nous avons, il ne faut jamais l’oublier, une respon-
sabilité historique, conjointement avec l’Alle-
magne, et celle-là nous oblige à davantage de
rigueur. Que deviendrait l’Europe si nous cessions
de croire en son avenir ? Qu’adviendrait-il si nous
décidions arbitrairement que les efforts entre-
pris par nos voisins, notamment en Espagne, ne
nous concernaient pas ou peu ? Au demeurant,
certaines capitales qui ont multiplié les efforts, au
risque de plonger leurs économies dans la réces-
sion, pourraient à juste titre s’offusquer d’un trai-
tement de faveur. Il faut donc se féliciter de voir
Bercy afficher sa détermination à privilégier le
volet « économies ». Le « surgel » concernant
2 milliards d’euros, décidé par le ministre délégué
au budget, pour 2013, va sans doute provoquer bien
des remous, mais il est légitime, compte tenu de la
situation d’un pays qui vit très au-dessus de ses
moyens et qui continue à dépenser 110 € sur 100 €
prélevés sur les ménages et les entreprises.
ISSN 1968-0821 - 2013.11.03.K.517.UG. - Imprimerie Galaxy - Le Mans