Bilan de la réflexion sur les émissions dites « de téléréalité » 21 septembre 2011 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 1 Sommaire Introduction …3 1ère partie : Actions du CSA sur les programmes dits « de téléréalité » (2001-2011) …4 * 2001 : les 1ers jalons du cadre réglementaire * Des moyens d’actions gradués * Des domaines d’interventions gradués * Les interventions du Conseil en quelques chiffres …5 …6 …7 …11 2ème partie : Bilan des auditions menées dans le cadre de la réflexion * Des échanges variés * La « téléréalité » : un concept non consensuel * Un fort encadrement réglementaire et déontologique * Identification de 2 publics particulièrement fragiles * Questions économiques soulevées lors des auditions …13 …14 …15 …16 …17 3ème partie : Préconisations …18 * Renforcer l’accompagnement des participants * Assurer la protection du jeune public * Encourager le dialogue entre les parties 21 septembre 2011 …12 …19 …20 …22 Conseil supérieur de l’audiovisuel 2 Introduction Afin de répondre aux inquiétudes fréquentes et nombreuses des téléspectateurs, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a confié à sa Commission de réflexion sur l’évolution des programmes, coprésidée par Mmes Françoise Laborde et Francine Mariani-Ducray, membres du Conseil, une réflexion sur les émissions dites « de téléréalité ». Conduite de février à juillet 2011, la réflexion a permis : de dresser le bilan des actions du Conseil sur les émissions dites « de téléréalité » d’engager un dialogue avec des professionnels de l’audiovisuel, des chercheurs et des représentants de la société civile de conclure sur des préconisations visant à améliorer la protection des publics fragiles et des participants et à nourrir le dialogue entre les différentes parties 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 3 1ère partie Actions du CSA sur les programmes dits de « téléréalité » de 2001 à 2011 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 4 2001 : les premiers jalons du cadre réglementaire Dès la diffusion de la 1ère émission dite de « téléréalité » en 2001, la réaction du Conseil a été immédiate 26 avril : début de la diffusion de Loft Story 1 sur M6 2 mai : communiqué de presse du Conseil rappelant à M6 que Loft Story ne devait pas comporter d’atteinte à la dignité de la personne humaine, ni de propagande pour le tabac ou l’alcool 14 mai : adoption d’une recommandation par le Conseil instaurant une phase de répit et un lieu hors caméra pour les candidats Juillet : introduction dans les conventions des chaînes privées d’un article relatif aux droits des participants à certaines émissions interdisant notamment la valorisation excessive du processus d’ d’exclusion et d’élimination ’élimination des candidats 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 5 Des moyens d’action gradués - les délibérations et recommandation du Conseil La réglementation mise en place par le Conseil • Recommandation du 14 mai 2001 à l’intention de l’ensemble des services qui envisagent de mettre à l’antenne des émissions dites de « téléréalité » ; • Délibération du 17 juin 2008 relative à l’exposition des produits du tabac, des boissons alcooliques et des drogues illicites ; • Délibération du 14 décembre 2010 relative aux services de médias audiovisuels à la demande. - les conventions des chaînes privées -les interventions auprès des éditeurs : Courriers, mises en garde avec dans certains cas des auditions, mises en demeure, procédures de sanction Les actions auprès des éditeurs - un droit de regard sur les contrats des participants et les règlements des jeux dits de « téléréalité » 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 6 Des domaines d’intervention variés (1) 1. Garantir le respect des droits des participants Les participants aux émissions d’enfermement doivent disposer de moments et de lieux où ils ne sont pas soumis à l’observation du public Les conditions de participation (Recommandation du Conseil du 14 mai 2001) Les participants ne peuvent renoncer à leurs droits fondamentaux • La chaîne informe les participants au préalable de l’objet de l’émission (Conventions des chaînes privées) Droit de regard du Conseil sur les contrats des participants et les règlements des jeux (Conventions des chaînes privées) Le droit des contrats • Demande des contrats des participants et/ou règlement du jeu :Koh Lanta (TF1, sept.2001), Secret Story (TF1, août 2007 ; oct.2009 ; oct.2010), etc. 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 7 Des domaines d’intervention variés (2) 2. Protéger le jeune public Ex : The Dudesons (Europe2 TV, 2007) Le respect d’une signalétique adaptée au jeune public • Recommandation du 7 juin 2005 Ex : 12 Cœurs (NRJ 12, 2008) Protection de l’identité du mineur en situation difficile Ex : Opération Séduction (M6, 2003) Secret Story 3 (TF1, 2009) Ex : Le Camp des fortes têtes (M6, 2005) Adaptation du concept et du traitement à l’âge du mineur Ex : L’Amour est une affaire de famille (TF1, 2009) 21 septembre 2011 La protection du jeune participant • Délibération du 17 avril 2007 Nécessité de recueillir l’autorisation parentale Conseil supérieur de l’audiovisuel 8 Des domaines d’intervention variés(3) 3. Veiller au respect de la déontologie des programmes • Incitation à des comportements délinquants, dangereux ou inciviques Le respect des principes d’ordre public Ex : Fear Factor (TF1, 2003) ; SOS Cambriolage (M6, 2007) • Discriminations et stéréotypes Ex : Nice People (TF1, 2003), 3 princes à Paris (TF1, 2011) • Atteinte à la santé Ex : Miss Swan (TF6, 2005) ; Secret Story 2 (TF1, 2008) ; Secret Story 4 (TF1, 2010) • Atteinte à la dignité humaine Le respect de la personne humaine Ex : Dilemme (W9, 2010) ; Miko et Cartman sans surveillance (Virgin 17, 2009) • Atteinte aux droits de la personne (honneur, réputation, vie privée, image) Ex : Koh Lanta (TF1, 2003) ; Cheaters (TF6, 2004) ; Secret Story 3 (TF1, 2009) 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 9 Des domaines d’intervention variés (4) 4. Veiller au respect de la réglementation relative à la publicité et au parrainage Interdiction de la publicité clandestine Exemple : Loft Story 2 (M6, 2002) ; 60 jours, 60 nuits (Canal +, 2003) 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 10 Les interventions du Conseil en quelques chiffres 9 18 Courriers 5 36 16 Mises en garde 2 14 Mises en demeure (*) Total des interventions 12 Sanctions (**) 10 8 6 4 2 0 Signalétique et Protection des jeunes Comportements horaires participants dangereux , Santé publique Injures, diffamation, v ie priv ée Dignité humaine Discrimination, stéréoty pes délinquants, Publicité clandestine Rappel des règles applicables aux nouv eaux serv ices inciv iques (*) Mises en demeure adressées à MCM (The Dudesons, 2007 et 2009), W9 (Dilemme, 2010), ALJ Productions (Dilemme, 2010) et TF1 (Qui veut épouser mon fils?, 2011). (**) Sanctions décidées à l’encontre de M6 (Loft Story, 2002) et Canal+ (60 jours, 60 nuits, 2003). 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 11 2ème partie Bilan des auditions menées dans le cadre de la réflexion sur les émissions dites « de téléréalité » 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 12 Des échanges variés À l’occasion de la réflexion, la Commission a entendu : 1 institut d’études 6 sociétés de productions et 1 syndicat de producteurs 8 groupes audiovisuels 3 chercheurs 5 associations familiales ou de parents d’élèves Le Conseil a également associé à sa réflexion son Comité d’experts du jeune public. public 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 13 La « téléréalité », un concept non consensuel La question de la définition et du périmètre de la « téléréalité » fait toujours débat. Elle ne constitue pas un genre ni une catégorie de programmes On y trouve des jeux, des documentaires, du divertissement…. Deux acceptions se dessinent : 1/ Au sens restreint : Emissions fondées sur le principe d’enfermement des candidats filmés de façon quasi continue. 2/ Au sens large : Emissions plaçant des personnes anonymes ou connues dans des situations artificielles créées par la production afin d’observer leur comportement et de susciter des réactions positives ou négatives chez le téléspectateur, provoquées par une forte tension dramatique et émotionnelle. D’après les producteurs et les éditeurs, pas de scénarisation à proprement parler, mais des mises en situation plus ou moins fréquentes visant à faire réagir les participants Une évolution actuelle tendant à davantage de proximité et un retour à l’authentique 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 14 Un fort encadrement réglementaire et déontologique Une régulation multiple encadre les émissions dites « de téléréalité ». Dans le domaine du droit de la communication audiovisuelle (cf. infra) => Une réglementation qui s’adapte rapidement aux évolutions des programmes Une autorégulation à plusieurs niveaux => De facto : par le marché => Volontaire : mise en œuvre de chartes de déontologie à l’initiative des professionnels - La charte du Syndicat des producteurs et créateurs d’émissions de télévision (SPECT) - La charte déontologique d’Endemol Dans le domaine du droit social => La jurisprudence s’adapte à la nature de certaines participations en les requalifiant en contrats de travail Etant donné la multiplicité des dispositifs de régulation et leurs capacités d’adaptation, les dispositions réglementaires s’avèrent suffisantes en l’état, sous réserve de la prise en compte des préconisations du Conseil par les éditeurs et les producteurs (cf. pages 18-23). 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 15 Identification de 2 publics particulièrement fragiles Si une majorité du public peut envisager ces émissions avec un recul suffisant, elles comportent des risques certains pour 2 types de publics Les candidats des émissions, potentiellement déstabilisés par leur participation => Les jeunes participants, qui peuvent être encore en pleine phase de construction personnelle => Les personnes psychologiquement fragiles, susceptibles de subir de fortes pressions liées à la médiatisation et à la notoriété soudaines Le jeune public, amateur des émissions dites « de téléréalité » En particulier les enfants et jeunes adolescents => des programmes porteurs de valeurs « anti-éducatives » (humiliation de l’individu, banalisation du conflit, exhibition de l’intime, promotion de l’individualisme, etc.) => un lien possible avec la montée de phénomènes alarmants chez les jeunes (tel que le harcèlement) => des risques accrus par l’engouement des jeunes pour les différentes déclinaisons de ces émissions sur internet (sites consacrés, blogs, réseaux sociaux, etc.) 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 16 Questions économiques soulevées lors des auditions Les auditions ont été l’occasion d’aborder la question plus générale de l’industrialisation des programmes, qui dépasse le sujet initial de la réflexion L’hybridation des genres tendrait à rendre en partie obsolète la distinction entre les programmes de flux et les programmes de stock La France serait absente du marché international de vente des concepts originaux de programmes pour plusieurs raisons : ⇒ une difficulté des producteurs nationaux à « industrialiser » leurs concepts créatifs ; ⇒ une certaine frilosité des diffuseurs qui préfèreraient adapter des concepts étrangers à succès pour réduire les aléas d’audience plutôt que de créer des concepts originaux plus risqués ; ⇒ une fragilité financière des producteurs qui ne leur permettrait pas toujours d’assumer les coûts de développement d’un concept original ; ⇒ un interdit posé par le service public sur l’ensemble des émissions dites « de téléréalité », qui aurait pénalisé certains concepts de programmes, contrairement à d’autres pays (ex : le Royaume-Uni) où il joue un rôle moteur dans le développement de concepts originaux ; ⇒ la taille des sociétés de production françaises qui ne leur permettrait pas de s’imposer sur les marchés internationaux en raison de la séparation entre les métiers de diffuseur et de producteur imposée par la législation française. 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 17 3ème partie Préconisations 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 18 Renforcer l’accompagnement des participants Afin que soit assuré aux participants aux émissions dites « de téléréalité » un accompagnement efficace, notamment sur le plan psychologique, le Conseil : appelle les producteurs d’émissions dites « de téléréalité » et les éditeurs de télévision qui en diffusent à faire preuve de la plus grande prudence dans le recrutement des personnes jeunes et/ou potentiellement fragiles participant aux émissions fondées sur le principe de l’enfermement. leur demande d’assurer aux participants un accompagnement personnalisé et effectif sur le plan médical et psychologique, avant, pendant et plusieurs mois après le tournage, et à indiquer l’existence de ce suivi dans le règlement du jeu. leur rappelle que les participants ne doivent pas être placés dans des situations dégradantes ou susceptibles de les humilier. leur demande de préciser dans les contrats des participants que ceux-ci sont fondés à saisir le Conseil sur des questions relevant de sa compétence. 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 19 Renforcer la protection du jeune public (1) Le rôle des producteurs et des éditeurs est essentiel dans la protection du jeune public face aux émissions dites de téléréalité. Le Conseil les appelle à réfléchir sur leur responsabilité sociale et éthique concernant les valeurs que véhiculent ces programmes Il les encourage à afficher de manière permanente le pictogramme « -10 ans » lors de la diffusion de programmes dits « de téléréalité » qui sont assortis de la signalétique de catégorie II (« déconseillé aux moins de 10 ans ») Il leur demande de porter à la connaissance du public sur les supports de leur choix des renseignements relatifs aux modalités de réalisation des émissions dites « de téléréalité » => tels que les conditions de tournage, les critères de sélection des participants, l’existence de consignes non visibles à l’écran, etc. 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 20 Renforcer la protection du jeune public (2) Les parents et les adultes responsables d’enfants doivent être attentifs au visionnage par le jeune public des émissions dites « de téléréalité » Le Conseil les incite à davantage de vigilance et de dialogue sur les usages de visionnage de ces émissions du jeune public => Un contrôle de la durée, mais aussi du contenu des émissions regardées => Une attention particulière à apporter à la consommation de leurs déclinaisons sur internet Il appelle particulièrement leur attention sur les risques liés à la forte mobilisation des jeunes sur internet autour de certains programmes dits « de téléréalité », notamment sur les espaces communautaires => En raison des mécanismes de ces émissions (élimination progressive, candidats « boucémissaires ») qui sont susceptibles d’accompagner la montée de phénomènes alarmants chez les jeunes (harcèlement). 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 21 Encourager le dialogue entre les parties À l’heure actuelle, il n’existe pas d’espace de discussion entre les représentants de la société civile et les professionnels (éditeurs et producteurs) Afin de favoriser le dialogue et la concertation, le Conseil propose aux différentes parties qui le souhaitent de les réunir. 21 septembre 2011 Conseil supérieur de l’audiovisuel 22