Benoît Drouin-Germain dit en général suivre
les téléréalités de loin. «Quand je tombe sur une
émission de téléréalité, j’ai un réel questionne-
ment qui va au-delà du jugement “j’aime ça ou
j’aime pas ça”. J’ai un questionnement social où
je me dis: “Pourquoi c’est si fascinant?” Pourquoi
on y participe, pourquoi on va exposer notre vie
personnelle au grand public?»
Le comédien se questionne également sur ce
qui fait qu’une personne connaît un succès ins-
tantané et sur le concept de compétition sociale,
aussi présent sur les réseaux sociaux. «On choi-
sit ce qu’on veut montrer de nous. On va mettre
juste les belles photos, raconter les choses qui
nous glorifi ent, nous rendent intéressants. Ça
devient une espèce de compétition et, souvent,
c’est un jeu cruel parce que des fois on perd; on
le voit de façon extrême avec des jeunes qui sont
devenus, par un concours de circonstances, des
têtes de Turc.» De là est né son désir d’explorer
le thème de la téléréalité.
DE L’ANTIQUITÉ À AUJOURD’HUI
Dans la Rome antique, les ludi magni étaient
des grands jeux sportifs se déroulant dans des
arènes, devant le public. «J’ai lu énormément sur
l’histoire de Rome, sur l’Antiquité et sur la place
des jeux. Ça m’a permis de faire beaucoup de
parallèles entre la société romaine impé-
riale et notre société actuelle. De plus, j’ai
écouté plusieurs émissions de téléréalité
et de nombreux talent show. J’ai regardé
beaucoup ce qui se passe sur Facebook
et je me suis ouvert un compte Twitter,
et j’ai fait des lectures philosophiques»,
explique-t-il.
Ainsi, une arène avec une piste de
course a été recréée, dans laquelle
quatre candidats s’affrontent lors de per-
formances devant l’empereur et le public,
qui votent pour sauver son candidat pré-
féré parmi les acteurs qui se prêtent au
jeu, soit Sonia Cordeau, Marie-Pier
Labrecque, Christophe Payeur et
Mathieu Quesnel. «On ne critique pas la
téléréalité. On se questionne sur l’idée de
se soumettre au jugement populaire»,
souligne l’auteur et co-metteur en scène
de la pièce qui se veut d’abord et avant
tout très festive.
PREMIÈRE AVENTURE EN SOLO
Ayant déjà écrit dans un collectif d’auteurs,
c’est toutefois la première fois que Benoît Drouin-
Germain s’est lancé seul dans une aventure de
création d’une pièce de théâtre. C’est une pro-
duction du Nouveau Théâtre Expérimental
(NTE). Les directeurs artistiques du NTE, Alexis
Martin et Daniel Brière, qui cosigne la mise en
scène avec lui, l’ont épaulé dans ce nouveau
projet interactif. La pièce a d’ailleurs un site web
(ludimagni.ca). Sur ce site, on peut voir le profi l
des quatre acteurs, et les gens peuvent voter ou
écrire un commentaire au joueur de leur choix
pour lui accorder des points. Comme dans tout
bon concours de téléréalité, le candidat qui aura
obtenu le plus de votes sur internet sera sacré
grand champion du NTE lors de la dernière
représentation, soit le 9 mai, et jouera dans une
prochaine production de la compagnie au cours
de la saison 2016-2017.
UN NOUVEAU RÔLE
Depuis février dernier, l’artiste et sa conjointe,
la comédienne Elizabeth Duperré (Mémoires
vives), sont les parents de la petite Joséphine. Un
nouveau rôle en or pour le comédien qui repren-
dra en mai les tournages de L’appart du 5e. Et
étant donné que Laurent, le personnage qu’il
incarne dans O’, est en prison, Benoît ne savait
pas encore s’il allait reprendre les tournages ce
printemps.
Par ailleurs, il sera au théâtre cet automne
dans la pièce Tribus, qui sera notamment présen-
tée du 20 au 31 octobre au Théâtre Périscope, à
Québec. MARIE-CLAUDE DOYLE
DE NOS JOURS, LES ÉMISSIONS DE TÉLÉRÉALITÉ SONT MONNAIE COURANTE.
ET SI LE PHÉNOMÈNE SE TRANSPOSAIT AU THÉÂTRE? C’EST AUTOUR D’UN
QUESTIONNEMENT SOCIAL PORTANT SUR LES TÉLÉRÉALITÉS ET LA GLOIRE
QUE LE COMÉDIEN BENOÎT DROUIN-GERMAIN A ÉCRIT LA PIÈCE LUDI MAGNI,
PRÉSENTÉE JUSQU’AU 9 MAI À L’ESPACE LIBRE. UN BEAU DÉFI POUR LE
JEUNE HOMME QU’ON A PU VOIR DANS O’ ET DANS L’APPART DU 5e ET QUI,
DEPUIS FÉVRIER DERNIER, EST LE PAPA D’UNE FILLE.
théâtre ENTREVUE
Christophe Payeur
et Mathieu Quesnel
dans Ludi magni.
PHOTO: GHYSLAIN LAVOIE
DANS L’ARÈNE ROMAINE
Benoît Drouin-Germain
PHOTO: PRODUCTION