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INTRODUCTION
Dario Argento, connu aujourd’hui comme le célèbre réalisateur italien, maître dans l’art du
Giallo, a débuté sa carrière comme critique de cinéma dans les années 60. Ce n’est qu’en 1968 qu’il
écrit l’un de ses premiers scénarios pour Une corde, un colt de Robert Hossein. Un an plus tard, en
1969, Sergio Leone lui demande d'écrire le scénario de son Il était une fois dans l'Ouest en
collaboration avec Bernardo Bertolucci. Et il faudra attendre 1970, pour que Dario Argento passe
pour la première fois derrière la caméra avec la réalisation de son premier long-métrage L'Oiseau au
plumage de cristal. Son premier film pose les jalons de ses thèmes favoris : la fascination pour les
animaux, la mémoire visuelle, et une enquête policière dans le plus pur genre italien que l'on
nommera plus tard le giallo, du nom de la couleur jaune des couvertures de romans policiers en
Italie. Scénariste de ses propres films, Dario Argento enchaîne presque immédiatement avec Le Chat
à neuf queues et Quatre mouches de velours gris qui clôt sa « trilogie animalière ».
Suite au succès de ses trois premiers longs métrages autant auprès des critiques que du
public, Dario Argento se lance en 1973 dans un projet plus personnel avec la réalisation de Cinq jours
à Milan, une comédie située pendant la Révolution italienne de 1848. L'échec du film pousse le
réalisateur à retourner vers son genre de prédiction, le giallo avec Les frissons de l'angoisse en 1975,
considéré par beaucoup comme son chef-d’œuvre. Particulièrement sanglant, le film permet au
metteur en scène de collaborer pour la première fois avec l'actrice Daria Nicolodi, qui devient sa
femme, sa muse et la mère de sa fille Asia, aujourd’hui célèbre productrice. A travers ce film, c’est
aussi la première participation du groupe rock des Goblin à la bande originale, un groupe dont les
compositions seront par la suite longtemps associées aux images sanglantes des films d'Argento.
En 1977, Dario Argento délaisse le giallo et s'engage dans la voie du fantastique avec le très
visuel et inventif Suspiria, Inferno en 1980, Ténèbres en 1982 ou encore Phenomena en 1985. Il
éprouve la volonté de faire un film fantastique de gauche, dans la lignée de ses opinions politiques
en opposition à tous les autres films fantastiques antérieurs imprégnés des pensées de la droite.
Au début des années 90, le réalisateur italien s'exile aux Etats-Unis pour y co-signer Deux
yeux maléfiques avec George A. Romero, puis réaliser Trauma pour lequel il lance sa fille Asia alors
âgée de 18 ans. Une collaboration renouvelée en 1996 pour Le Syndrome de Stendhal, nourrie de la
passion d'Argento pour l'art. Enfin, en 2002, Dario Argento retrouve le giallo dans Le Sang des
innocents.
A travers une filmographie et un parcours aussi riches que divers en terme
d’expérimentations, Argento reste cependant considéré comme le « Maître du Giallo », un genre
cinématographique né en Italie dans les années 1960 à 1980. Le giallo se situe à la frontière du
cinéma policier, du cinéma d'horreur et de l'érotisme. Les films de ce genre sont caractérisés par de
grandes scènes de meurtres excessivement sanglantes, un jeu de caméra très stylisé et une musique
considérée comme inhabituelle. Concernant Dario Argento, sa collaboration à plusieurs reprises avec
Ennio Morricone puis avec le groupe Goblin expliquera le succès de ses réalisations filmographiques
et en feront sa marque de fabrique. Les chefs-d’œuvre du genre s’apparentent donc à une
expérience visuelle du meurtre et du climat de tension qui l’accompagne. Des femmes, parfois nues,
sont offertes à l’arme blanche vengeresse d’un meurtrier sadique dont on découvrira bien sûr qu’il
souffre de troubles psychiques liés à la petite enfance. Mais le détraqué est un esthète, et sa
propension à parsemer ses scènes de crime d’indices bizarres laisse songeur. Les principales
caractéristiques que l’on se doit de retrouver dans le giallo sont donc la machination, à travers un
complot ou une intrigue puissante, le psycho-killer, où le tueur incarne le mal, et enfin, l’enquête
policière ou journalistique qui frôle sans cesse le polar ou le thriller. Le précurseur du giallo est Mario
Bava et c’est lui qui définira la charte graphique du genre en 1964 avec le fulgurant Six femmes pour
l’assassin où il utilise la couleur de façon à la fois choquante et poétique, baignant l’intrigue et le
spectateur dans une sublime et voluptueuse étrangeté.