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Alain Passeraub, vétérinaire de l’équipe de transfert dembryon Zollikofen.
Flash sélection génomique (épisode 2/10)
Production dembryons
Le transfert d’embryons permet de produire des pleins frères et de les comparer par la nomique.
knu/jbg. Dans le dernier TORO,
nous avons appris que les valeurs
d’élevage génomiques étaient sur-
tout intéressantes pour les jeunes
taureaux.
La sélection génomique a-t-elle
aussi une influence sur le trans-
fert dembryons?
Alain Passeraub (aps): Dans len-
semble, en Suisse, on observe en-
core une certaine retenue face à la
sélection génomique et le transfert
d’embryons (ET). Néanmoins, ces
derniers mois, la part de rinçages
effectués chez les jeunes animaux,
à savoir les génisses, a augmenté. Je
mattends à ce que cette part aug-
mente encore à l’avenir. En effet,
depuis que les éleveurs ont accès
aux valeurs d’élevage génomiques
de leurs animaux femelles, nous
ressentons un certain engouement
pour les transferts d’embryon.
Quelle est la contribution que le
transfert dembryons peut ap-
porter au progrès zootechnique?
aps: Le transfert dembryons per-
met d’obtenir un grand nombre de
descendants d’une même vache,
ce qui augmente le choix des des-
cendants potentiellement bons et
accélère le progrès zootechnique.
De plus, lintervalle entre les géné-
rations se raccourcit, si l’on rince de
jeunes génisses sélectionnées sur la
base de leur valeurs d’élevage no-
miques. A lavenir, on naura donc
plus besoin d’attendre les résultats
des propres performances de lani-
mal pour recourir au transfert d’em-
bryons. Pour les organisations d’IA,
le transfert dembryon offre l’oppor-
tunité d’augmenter l’intensité de sé-
lection côté vaches et de comparer
les pleins frères avant d’acheter lun
d’eux. Il ne faut plus attendre plu-
sieurs mises-bas avant d’avoir un
taurillon qui convient.
Quelles conditions la vache doit-
elle remplir pour le transfert
d’embryons?
aps: La vache doit être saine, gy-
nécologiquement parlant, et avoir
mis bas au préalable sans compli-
cations. Le cycle doit avoir repris
rapidement aps le vêlage, de sorte
quelle ait déjà été en chaleurs au
moins deux fois. La vache don-
neuse idéale est une vache avec une
bonne fécondité. Les jeunes vaches
et celles qui reprennent déjà en
condition corporelle sont celles qui
fonctionnent le mieux. Dans la pra-
tique, les vaches à haute production
ne sont pas celles qui répondent au
mieux à ces exigences, raison pour
laquelle il faut faire des compromis.
Comment le transfert dem-
bryons se déroule-t-il?
aps: La vache est stimulée avec
des hormones, de sorte quil y ait
plusieurs ovules par ovulation.
Ensuite elle est inséminée. Sept
jours plus tard, je rince les em-
bryons, qui sont soit transférés
directement sur les receveuses soit
congelés (durée de conservation
de plusieurs années).
Combien dembryons sont atten-
dus par rinçage?
aps: En moyenne en comptant
également les échecs on obtient
sept à huit embryons par rinçage.
Ce chiffre dépend néanmoins de la
vache et des conditions. Lorsque la
vache est jeune et en bonne santé,
je ne me satisfais que d’un résultat
nettement supérieur à la moyenne,
soit à partir de 15 embryons.
Y a-t-il dautres facteurs à
observer?
aps: La saison est également im-
portante: pendant lalimentation de
transition au printemps ou en au-
tomne, ou lorsqu’il fait très chaud,
les rinçages ne sont pas indiqués.
Lalimentation est importante de
manière générale. Mais parfois, on
a des surprises positives même si
les conditions sont défavorables.
Théoriquement, on pourrait dé
déterminer les VE génomiques
des embryons. Musique davenir?
aps: A létranger cela se fait déjà
dans la pratique, chez nous pas
encore. Je pense que cela viendra
et que le transfert d’embryons évo-
luera dans cette direction.
Peut-on conserver les embryons
jusquà ce que les résultats géno-
miques soient connus?
aps: Toriquement oui. Dans la
pratique, on fait autant de transferts
frais que possible. Pour faire un -
notypage, on prélève du matériel
cellulaire de lembryon. Si ensuite
on le congèle, les chances dimi-
nuent quun jour il se développe
normalement. Chez les embryons
intacts, sans génotypage, la congé-
lation ne détériore que de façon
minime le développement futur. Il
vaut donc mieux congeler un bon
embryon que de le transférer sur
une mauvaise receveuse.
Quel développement vois-tu
pour le transfert dembryons?
aps: En raison de la sélection -
nomique, le nombre de rinçages
va certainement augmenter. De
bonnes valeurs d’élevage encoura-
gent à effectuer des rinçages. Etant
don quil se passe au moins deux
mois dun rinçage au suivant, je
pense que l«Ovum Pick Up» ga-
gnera à nouveau en importance en
Suisse. Cette technique consiste à
prélever chaque semaine plusieurs
ovules directement sur lovaire et
de les féconder en laboratoire. Cela
permet de produire environ six em-
bryons par semaine.Comment explique-t-on que les pleins frères aient des valeurs
délevage génomiques différentes?
A linverse des valeurs d’élevage ascendance qui sont toujours pareilles
pour les pleins frères, les valeurs d’élevage des veaux issus d’un même
accouplement peuvent diverger. Car, lors de la fécondation, tous les
veaux reçoivent la moitié de leur génome de la mère et lautre moitié du
père. Cependant, la combinaison , à savoir quelle partie du génome vient
de la mère et laquelle du père, est différente d’un veau à l’autre. Théo-
riquement, les pleins frères pourraient donc se distinguer pour tous les
caractères héréditaires importants. C’est la même chose pour les faux
jumeaux et les veaux issus de transfert d’embryons. Par contre, les vrais
jumeaux, bien que plutôt rares chez les bovins, ont un génome identique
et les mêmes valeurs délevage génomiques.
Sélection génomique
L’introduction des valeurs délevage
génomiques a modifié plusieurs
étapes dans la carrre d’un
taureau d’insémination. Suivez le
devenir dun taureau, de l’accou-
plement sous contrat jusqu’au
testage par la descendance, dans
notre série de 10 épisodes. Nos
collaborateurs racontent leur travail
au quotidien. Vous trouvez la série
entre sous www.swissgenetics.ch
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