n'ont plus leur place dans les exploitations modernes. Préserver
des systèmes agraires dans leur ensemble semble relever de
l'utopie dans l'état actuel des choses. La question préoccupe en
effet peu de gens, et il est urgent que les politiciens et les élus
locaux de toutes nos régions deviennent sensibles au problème.
Or, le noeud des difficultés est là précisément. Maintenir des
plantes dans leur aire de culture suppose que l'on continue de
les entretenir; cette lapalissade fait poser une question capitale
:
par qui et par quels moyens ? Il faut absolument entreprendre
des recherches dans ce domaine afin de trouver une solution
de compromis.
Dans notre pays, les parcs nationaux et régionaux ont mis en
place des opérations allant dans ce sens. Par exemple, les parcs
Normandie-Maine,
Ecrins
, Nord-Pas-de-Calais, Landes de Gas-
cogne, Lorraine, Vosges du Nord,
Brotonne
,
Cévennes et
Vanoise ont implanté des conservatoires qui regroupent les
espèces et variétés fruitières de leurs zones respectives. Ils en
assurent le suivi et l'entretien. En Normandie-Maine, quelques
vergers ont été plantés chez des agriculteurs qui les exploitent
pour produire cidre et poiré. Des protocoles de maintien ont été
établis, offrant une certaine forme de garantie pour les deux
parties. La durée de vie relativement longue des fruitiers assure
à
ces opérations une certaine pérennité à court et moyen terme,
tout au moins tant que la maîtrise du foncier reste
acquise
52
.
Perpétuer la culture des annuelles et des bisannuelles est un
tout autre problème. Façons culturales, traitements, récolte
doivent être assurés d'une manière beaucoup plus suivie. Par
ailleurs, des précautions d'isolement sont nécessaires pour les
plantes
allogames
: elles risquent en effet de perdre leurs
caractères propres si elles sont polluées par des apports de
pollen extérieur (cas de plusieurs cultivars différents maintenus
ensemble ou d'une culture de la même espèce à proximité). Cela
suppose donc un suivi attentif des parcelles de conservation.
Depuis 1984, le parc national des
Ecrins
, en relation avec un
groupement de développement agricole de
l'
Oisans
(Isère), a
confié à des agriculteurs la culture de céréales et de potagères
locales. Les engagements réciproques sont stipulés dans un
protocole de conservation signé par les deux parties (des
modèles de convention sont donnés en annexe).
Cette formule est intéressante pour le maintien des variétés
en milieu approprié. Toutefois, elle reste très fragile. Les
agriculteurs qui prennent part à ces actions sont la plupart du
temps soit des personnes âgées attachées à leurs vieilles
52. Ce genre de collection n'est toutefois pas à l'abri de maladies telles que le feu
bactérien, qui se propage d'ouest en est.
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