
Edition du 18 juillet 2014
Slovénie – Élection de Miro Cerar. Le parti d’un
inconnu en politique, Miro Cerar, a gagné 40% des
sièges aux élections législatives de mi-juillet. De
tendance centre-gauche, il devrait devenir Premier
ministre et former prochainement, d’ici le mois de
septembre, un gouvernement de coalition. Il accepte
de collaborer avec tous les autres partis à l’exception
du SDS, le parti de l’ancien Premier ministre J. Janza,
condamné et incarcéré pour corruption.
Commentaire – Cette élection surprise marque
une rupture de l’électorat slovène avec les partis
traditionnels. M. Cerar a récupéré une grande partie
de l’électorat de centre-gauche déçu par la politique
menée par le gouvernement d’Alenka Bratusek. Le
programme économique du candidat est d’accélérer
les privatisations pour réduire la dette publique et le
poids de l’État dans l’économie.
Moyen-Orient
Tunisie – Une attaque contre l’armée qui peut
avoir des conséquences politiques. Quatorze
soldats sont morts dans le centre-est de la Tunisie,
près de la frontière algérienne et au sein d’une zone
militaire fermée du mont Chambi, victimes d’une
embuscade. Des armes lourdes ont été utilisées pour
la première fois. Cette zone montagneuse, riche de
plus de deux cents cavernes, est le théâtre de
nombreux actes de guérilla armée depuis plus d’un
an. De plus, la traque organisée par l’armée ne
semble pas en mesure d’éradiquer la menace de ces
groupes djihadistes évalués à plusieurs dizaines de
combattants. Selon les sources officielles, dix-neuf
attaques terroristes ont été déjouées au cours des
dix-huit premiers jours du mois de Ramadan, illustrant
l’ampleur du défi.
Commentaire – L’attentat a eu un impact fort sur
une opinion publique chauffée à blanc par la pour-
suite des violences au mont Chambi, dans un climat
devenu délétère en raison des nombreuses hausses
de prix qui font gronder la rue, du mauvais départ du
processus électoral (la lenteur dans les inscriptions
d’électeurs entretient le doute sur les institutions sou-
vent accusées de favoriser volontairement l’absten-
tion), et du blocage depuis plusieurs semaines du
projet de loi antiterroriste à l’Assemblée nationale
constituante.
Il est à craindre que, dans ce climat tendu, les
élections, si elles devaient tout de même avoir lieu en
octobre (pour les législatives), enregistrent un record
d’abstentions, ce qui mettrait en danger l’ensemble
du processus de transition politique en cours.
Égypte – Hausse du taux directeur et crainte d’une
forte progression de l’inflation à court terme. La
Banque centrale a surpris le consensus du marché en
augmentant son taux directeur de 100 pdb. Le taux
sur les dépôts au jour le jour passe ainsi de 8,25% à
9,25%. La Banque centrale, dont le principal mandat
est de maintenir la stabilité des prix, s’inquiète en effet
d’une prochaine hausse marquée de l’inflation, en
raison de la forte progression des coûts de l’énergie
décidée par le gouvernement (de +40 à +78%, selon
le type de pétrole). L’inflation en ville, qui était de
8,2% en juin, pourrait dépasser rapidement les 10%.
Commentaire – L’inflation devrait ainsi connaître
une hausse significative à court terme, en raison de
la hausse des prix du pétrole. Ceci aura un impact
économique et social. Mais si la hausse des taux a
tout de même surpris, c’est qu’elle intervient alors
que la croissance reste anémique – on prévoit près
de 2% de croissance cette année – et que l’investis-
sement, y compris local et à crédit, tarde à se
redresser.
Libye/Irak – Le pire n’est pas certain. Deux déve-
loppements récents en Irak et en Libye redonnent un
espoir fragile face à la perspective de voir ces pays
s’effondrer politiquement et se diviser sur des bases
confessionnelles ou tribales. À Tripoli, où deux milices
s’affrontaient, transformant le principal aéroport du
pays en zone de guerre, un accord aurait été trouvé
entre les belligérants. Le contrôle de l’aéroport devrait
être remis au gouvernement qui devra trancher (sans
armes bien entendu) entre les demandes des deux
groupes. L’une des milices, celle de Misrata qui a joué
un rôle central dans la libération de Tripoli, est
considérée comme proche des islamistes. L’autre, de
Zenten, est considérée comme proche des libéraux et
du général Haftar (cette milice avait attaqué et exigé
la dissolution du précédent Parlement). Un cessez-le-
feu et une médiation entre ces deux forces, chacune
considérées comme le bras armé d’un camp politique,
pourrait ouvrir la voie à un dialogue plus large et éviter
à Tripoli de sombrer dans une guerre civile.
Le second évènement « heureux » a eu lieu en Irak.
Après d’importantes pressions exercées sur le Pre-
mier ministre, Nouri al Maliki, de la part de puissances
mondiales, mais aussi du clergé chiite irakien, des
Kurdes et des sunnites, il semble qu’il existe une
possibilité de former un gouvernement d’union
nationale (pour rappel, le bloc chiite dispose de 60%
des voix, mais Kurdes et sunnites lui demandent de
répartir équitablement le pouvoir entre les trois
communautés, ce qui n’était manifestement pas le cas