Hebdomadaire – N°2014/27 – 18 juillet 2014 L'actualité des pays émergents L’équipe de Perspectives Émergents vous souhaite de bonnes vacances et vous donne rendez-vous le vendredi 29 août 2014 Éditorial – Un été sans orage ? L'été est propice aux crises. L'histoire récente tend à l'indiquer. En 2007, l'éclatement de la bulle immobilière américaine et (le début de) la crise des subprimes. En 2008, la faillite de Lehmann Brothers et le plongeon consécutif de l'économie mondiale. Et encore l'an dernier, l'annonce de la Fed d'arrêter progressivement sa politique d'assouplissement quantitatif, les inquiétudes autour des « cinq fragiles » (Afrique du Sud, Brésil, Inde, Indonésie, Turquie) et de leur capacité à se refinancer sur un marché global moins liquide, et la dégringolade de nombreuses devises émergentes. Alors, en cet été 2014 déjà bien entamé, peut-on partir en vacances tranquille ? Pour faire court, a priori oui. L'économie américaine poursuit son redressement. Celles de la zone euro sont toujours en convalescence, mais vont elles aussi mieux. En Chine, le chiffre de croissance pour le deuxième trimestre vient de tomber... en marquant une légère accélération. Les déséquilibres externes (qui ont tiré les monnaies des émergents vers le bas l'été dernier) se sont en partie résorbés (en Inde) ou ne sont tout au moins plus aussi inquiétants (en Indonésie, en Turquie). Et pas d'élections à même de générer de l'agitation sur les places financières mondiales en vue. Les législatives indiennes se sont déroulées au printemps ; avec, en outre, ce résultat inattendu, une large majorité pour M. Modi, le nouveau Premier ministre, et son parti, le BJP, et autant d’espoirs de réformes. En Indonésie, la victoire de Jokowi, le favori des marchés, à la présidentielle du 9 juillet dernier doit encore être confirmée, mais fait de moins de moins de doute. Pourtant, les crises ne préviennent pas toujours, même assez rarement. Elles se nourrissent des erreurs de diagnostic et d'anticipation, éclatent sur des imprévus et surprennent le plus souvent. Alors comment ne pas avoir à l'esprit le timing encore incertain du resserrement de la politique monétaire de la Fed, les zones d'ombres entourant la trajectoire (à court terme) de l'économie chinoise, la situation toujours délétère à la frontière russo-ukrainienne (et cette dramatique dérive, hier, avec cet avion de la Malaysia Airlines pris pour cible), les troubles politiques au Moyen-Orient et leur impact potentiel sur le cours du baril de brut... ? Le ciel va le plus probablement rester bleu cet été. Avec quelques passages nuageux. Mais il est toujours préférable d'être équipé pour se protéger de l'orage... Les faits marquants de la semaine Bulgarie : Augmentation probable de la dette publique. Russie-Ukraine : Le point sur la crise. Égypte : Hausse du taux directeur et crainte d’une forte progression de l’inflation à court terme. Côte d'Ivoire : Franc succès de l'émission obligataire en devise sur les marchés internationaux. Chine : Très légère accélération de la croissance au deuxième trimestre. Brésil, Mexique : Le Mexique devient le premier producteur automobile de la région latinoaméricaine. Études Économiques Groupe http://etudes-economiques.credit-agricole.com Edition du 18 juillet 2014 Europe centrale et orientale, Asie centrale Bulgarie – Augmentation probable de la dette publique. L’État bulgare prévoit une émission de 3,4 Mds de lev pour financer le sauvetage de la banque Corpbank, quatrième établissement financier du pays, et dont le coût pourrait s’élever de 1,5 à 2 Mds de lev (soit environ 1 Md €). Commentaire – La dette publique bulgare s’élève à 7,4 Mds €, soit 19% du PIB (39 Mds €). Dans une optique de stress scenario en prenant une hypothèse haute, cette dette publique devrait donc progresser à un peu moins de 9 Mds €, soit environ 23% du PIB. Le montant reste très modéré pour un pays de l’UE et très en deçà de la norme de Maastricht (60%). Une augmentation de la dette publique est très aisément absorbable par le pays dont la notation reste « investment grade ». L’impact sur le pays est plus dommageable en termes d’image (défaillance dans la surveillance et lutte insuffisante contre la corruption) que sur les finances publiques. Les éventuelles tensions de liquidité et de change ont été contenues par la promesse d’une ligne filet de plus de 2 Mds USD de la part de l’UE. Russie-Ukraine – Nouveau train de sanctions de l’UE et des États-Unis. L’Union européenne et les États-Unis ont pris de nouvelles sanctions contre la Russie en raison de l’absence d’avancées dans la résolution de la crise ukrainienne : nouvelle liste de onze personnalités (essentiellement ukrainiennes) interdites d’entrée et dont les avoirs étrangers sont gelés, interdiction de financement des multilatéraux européens (BERD et BEI), interdiction du financement à court terme en USD de Rosneft, Novatek, Gazprombank et VEB, interdiction de relations commerciales avec ces entreprises et celles du secteur de la défense pour les sociétés américaines. Gazprom n’est pas dans la liste, car l’entreprise est un fournisseur majeur du marché européen de gaz. Ces sanctions ont été fortement critiquées par le Kremlin qui a promis des contre-mesures. Commentaire – Les conséquences sur les marchés ont été relativement importantes dans la mesure où la cible des sanctions ne se limite plus à des individus proches du pouvoir russe, mais à des entreprises industrielles et financières au cœur de l’économie de la Russie. L’indice boursier moscovite, le Micex, a décroché de 3%, la valeur des actions des entreprises ciblées de 5%, le prix des CDS s’est tendu de 30 points de base à 212. Le rouble s’est très légèrement replié de 3% par rapport au dollar, un taux modéré compte tenu des dépréciations déjà réalisées depuis le début de l’année 2014. Ukraine-Russie – Le point sur la crise. Le conflit à l’est de l’Ukraine a pris une nouvelle dimension dramatique et internationale après la destruction en vol d’un avion de ligne de la Malaisian Airlines par un missile sol-air à la frontière entre la Russie et l’Ukraine. L’appareil volait à 10 000 mètres d’altitude. Il y a 298 victimes, dont la moitié sont néerlandaises. Le gouvernement ukrainien accuse les séparatistes pro-russes d’être les auteurs de cette catastrophe aérienne. L’État russe a officiellement démenti toute implication. Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit en urgence le 18 juillet. Commentaire – Il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences politiques et économiques de cet événement. Il devrait toutefois affecter encore un peu plus les relations entre la Russie et les pays occidentaux. Un élargissement des sanctions économiques est possible. Si une escalade des sanctions se développe, elle pourrait peser à nouveau sur la croissance du PIB russe. Les conséquences sur l’économie ukrainienne pourraient également être importantes. Une forte chute des échanges commerciaux entre la Russie et l’Ukraine est redoutée par Kiev. Serbie – Démission du ministre de l’Économie. Après la démission du précédent ministre de l’Économie en janvier dernier, le nouveau ministre Lazar Krstic, a quitté le gouvernement et dénonce l’immobilisme de la classe politique pour lutter contre les déficits publics et la mauvaise gestion de l’État. Il préconise des privatisations rapides et une réduction du nombre des fonctionnaires. Le précédent ministre, M. Radulovic, avait démissionné pour des raisons similaires il y a six mois. L’actuel ministre des Finances, D. Vujovic, va le remplacer. Commentaire – Cette deuxième démission d’un ministre « d’ouverture » (un technicien apolitique) met le gouvernement dans une situation délicate à quelques mois de la mission du FMI qui a précisément pour but de trouver des solutions à la dérive de l’endettement public. Elle illustre les difficultés à mettre en œuvre une réforme de l’État et une réorganisation des entreprises publiques en période de crise et de niveau très élevé du chômage. La dette publique pourrait donc être encore plus importante que prévue dans les prochains trimestres. Le nouveau ministre a toutefois annoncé une réduction de 10% des salaires dans la fonction publique, afin de contenir le déficit budgétaire. -2 - Edition du 18 juillet 2014 Slovénie – Élection de Miro Cerar. Le parti d’un inconnu en politique, Miro Cerar, a gagné 40% des sièges aux élections législatives de mi-juillet. De tendance centre-gauche, il devrait devenir Premier ministre et former prochainement, d’ici le mois de septembre, un gouvernement de coalition. Il accepte de collaborer avec tous les autres partis à l’exception du SDS, le parti de l’ancien Premier ministre J. Janza, condamné et incarcéré pour corruption. Commentaire – Cette élection surprise marque une rupture de l’électorat slovène avec les partis traditionnels. M. Cerar a récupéré une grande partie de l’électorat de centre-gauche déçu par la politique menée par le gouvernement d’Alenka Bratusek. Le programme économique du candidat est d’accélérer les privatisations pour réduire la dette publique et le poids de l’État dans l’économie. Moyen-Orient Tunisie – Une attaque contre l’armée qui peut avoir des conséquences politiques. Quatorze soldats sont morts dans le centre-est de la Tunisie, près de la frontière algérienne et au sein d’une zone militaire fermée du mont Chambi, victimes d’une embuscade. Des armes lourdes ont été utilisées pour la première fois. Cette zone montagneuse, riche de plus de deux cents cavernes, est le théâtre de nombreux actes de guérilla armée depuis plus d’un an. De plus, la traque organisée par l’armée ne semble pas en mesure d’éradiquer la menace de ces groupes djihadistes évalués à plusieurs dizaines de combattants. Selon les sources officielles, dix-neuf attaques terroristes ont été déjouées au cours des dix-huit premiers jours du mois de Ramadan, illustrant l’ampleur du défi. Commentaire – L’attentat a eu un impact fort sur une opinion publique chauffée à blanc par la poursuite des violences au mont Chambi, dans un climat devenu délétère en raison des nombreuses hausses de prix qui font gronder la rue, du mauvais départ du processus électoral (la lenteur dans les inscriptions d’électeurs entretient le doute sur les institutions souvent accusées de favoriser volontairement l’abstention), et du blocage depuis plusieurs semaines du projet de loi antiterroriste à l’Assemblée nationale constituante. Il est à craindre que, dans ce climat tendu, les élections, si elles devaient tout de même avoir lieu en octobre (pour les législatives), enregistrent un record d’abstentions, ce qui mettrait en danger l’ensemble du processus de transition politique en cours. Égypte – Hausse du taux directeur et crainte d’une forte progression de l’inflation à court terme. La Banque centrale a surpris le consensus du marché en augmentant son taux directeur de 100 pdb. Le taux sur les dépôts au jour le jour passe ainsi de 8,25% à 9,25%. La Banque centrale, dont le principal mandat est de maintenir la stabilité des prix, s’inquiète en effet d’une prochaine hausse marquée de l’inflation, en raison de la forte progression des coûts de l’énergie décidée par le gouvernement (de +40 à +78%, selon le type de pétrole). L’inflation en ville, qui était de 8,2% en juin, pourrait dépasser rapidement les 10%. Commentaire – L’inflation devrait ainsi connaître une hausse significative à court terme, en raison de la hausse des prix du pétrole. Ceci aura un impact économique et social. Mais si la hausse des taux a tout de même surpris, c’est qu’elle intervient alors que la croissance reste anémique – on prévoit près de 2% de croissance cette année – et que l’investissement, y compris local et à crédit, tarde à se redresser. Libye/Irak – Le pire n’est pas certain. Deux développements récents en Irak et en Libye redonnent un espoir fragile face à la perspective de voir ces pays s’effondrer politiquement et se diviser sur des bases confessionnelles ou tribales. À Tripoli, où deux milices s’affrontaient, transformant le principal aéroport du pays en zone de guerre, un accord aurait été trouvé entre les belligérants. Le contrôle de l’aéroport devrait être remis au gouvernement qui devra trancher (sans armes bien entendu) entre les demandes des deux groupes. L’une des milices, celle de Misrata qui a joué un rôle central dans la libération de Tripoli, est considérée comme proche des islamistes. L’autre, de Zenten, est considérée comme proche des libéraux et du général Haftar (cette milice avait attaqué et exigé la dissolution du précédent Parlement). Un cessez-lefeu et une médiation entre ces deux forces, chacune considérées comme le bras armé d’un camp politique, pourrait ouvrir la voie à un dialogue plus large et éviter à Tripoli de sombrer dans une guerre civile. Le second évènement « heureux » a eu lieu en Irak. Après d’importantes pressions exercées sur le Premier ministre, Nouri al Maliki, de la part de puissances mondiales, mais aussi du clergé chiite irakien, des Kurdes et des sunnites, il semble qu’il existe une possibilité de former un gouvernement d’union nationale (pour rappel, le bloc chiite dispose de 60% des voix, mais Kurdes et sunnites lui demandent de répartir équitablement le pouvoir entre les trois communautés, ce qui n’était manifestement pas le cas -3 - Edition du 18 juillet 2014 dans le passé). Après avoir refusé l’idée d’un gouvernement d’union, le bloc chiite a tout de même concédé avec une partie de ses voix le poste de président du Parlement à un sunnite. C’est un début modeste (les sunnites et Kurdes réclament au moins les postes ministériels régaliens du Pétrole, de la Défense, …), mais un début qui était encore inespéré il y a quelques semaines. Commentaire – Si l’Irak semble s’ouvrir peu à peu à l’idée d’un gouvernement d’union (rien n’est encore certain et davantage de chiites du bloc d’al Maliki devront se désolidariser de lui pour aboutir à un tel accord de partage du pouvoir), les forces de l’État islamique ont commencé leurs actions de guérilla dans Bagdad avec deux attentats suicides dans le nord et dans le centre de la ville. En exacerbant la résistance chiite, la perspective d’un accord au Parlement pourrait être affaiblie. Afrique sub-saharienne Côte d'Ivoire – Franc succès de l'émission obligataire en devises sur les marchés internationaux. L'émission d'un Eurobond initialement prévue pour un montant de 500 millions USD par le gouvernement ivoirien a rencontré un franc succès : finalement, 750 millions USD ont été levés ce mercredi 16 juillet, à un taux d'intérêt de 5,6%, pour une maturité de dix ans. L'émission a été menée par un consortium de banques composé par Citibank, BNP Paribas et Deutsche Bank. Les agences de notation Moody's et Fitch avaient respectivement assigné les notes B1 et B au souverain, un peu plus tôt dans le mois. Commentaire – Après la Zambie en avril et le Kenya en juin, la Côte d'Ivoire est le troisième pays d'Afrique sub-saharienne à faire appel aux marchés internationaux de capitaux cette année. Tout comme ses prédécesseurs, l'Eurobond ivoirien a été largement sursouscrit (plus de neuf fois le montant initialement prévu par le gouvernement et six fois le montant finalement émis), illustrant une nouvelle fois l'appétit des investisseurs étrangers pour la dette africaine. Le taux d'intérêt de 5,6% est remarquablement faible (à titre de comparaison, le taux d'intérêt de l'émission kenyane sur dix ans est de 6,9%), d'autant plus pour un pays qui avait pourtant fait défaut sur sa dette en 2011 lors de la crise postélectorale. Cela s'explique par la reprise vigoureuse que connaît la Côte d'Ivoire depuis le retour à la stabilité politique, par de bonnes perspectives de croissance à moyen et long termes, mais aussi par un bon timing. En effet, malgré le début de la normalisation de la politique monétaire américaine, les liquidités restent importantes sur les marchés de capitaux : la présidente de la Fed annonçait la veille même de l'émission ivoirienne que la politique monétaire resterait souple (faible probabilité d'un relèvement anticipé des taux directeurs) compte tenu de la fragilité de la reprise américaine. Cette réussite est un signe encourageant pour le Sénégal qui prévoit d'émettre un Eurobond de 500 millions USD dans les semaines à venir. Avec une croissance plus faible, et un niveau de déficit et de dette publique légèrement plus important que son voisin ivoirien, l'émission sénégalaise pourrait toutefois se faire à un taux plus élevé, entre 6 et 7%. L'apport considérable de capitaux permettra au gouvernement ivoirien de financer son Plan National de Développement (PND) qui prévoit notamment d'importants investissements dans les infrastructures. Asie Chine – Très légère accélération de la croissance au deuxième trimestre, à 7,5% a/a, comparé à 7,4% au trimestre précédent. Par ailleurs, l’investissement a augmenté de 17,3% a/a en juin, soit un tout petit peu plus vite qu’en mai, lorsqu’il avait progressé de 17,2%. Du côté des secteurs, la production industrielle a crû de 9,2%, comparé à 8,8% le mois d’avant. Les ventes au détail, en revanche, ont très légèrement marqué le pas, en affi- chant une progression de 0,1 point de pourcentage de moins qu’en mai (à 12,4%). Dans l’immobilier, la croissance de l’investissement s’est inscrite à la baisse pour le sixième mois consécutif ; à 14,1%, comparé à 14,7% le mois précédent. Et si c’est à des niveaux un peu moins profonds, les mises en chantier de nouveaux immeubles et les ventes (immobilières) ont continué d’évoluer dans des zones négatives. -4 - Edition du 18 juillet 2014 Chine : immobilier 80 a/a, % a/a, % 15 60 10 40 20 5 semble plutôt tenir (en large partie) à la nette accélération des exportations durant cette période et à la moindre progression concomitante des importations, donc à une demande externe nette plus vigoureuse… Chine : financements à l'économie 60 a/a, % 0 0 40 -20 -40 juil.-09 juil.-10 Source : NBS -5 juil.-11 juil.-12 juil.-13 juil.-14 investissement (CNY courant, cumul) superficies vendues (m², cumul) nouvelles constructions (m², cumul) prix (moy. 18 premières villes) (dr.) Commentaire – Ce 7,5% surprend quelque peu. Les mesures prises par le Pékin depuis avril pour soutenir l’économie auraient-elles porté leurs fruits plus rapidement et de façon plus marquée que prévu ? Ce n’est pas vraiment ce que laissent entrevoir les principaux indicateurs d’activité (ceux évoqués ci-dessus). Ils montrent certes quelques améliorations en juin, mais sur l’ensemble du (deuxième) trimestre, ils n’affichent globalement pas de meilleures performances qu’au cours des trois premiers mois de l’année, au contraire. En particulier l’investissement (productif comme immobilier) qui compte pourtant pour 45% du PIB. Chine : activité 40 a/a, % 30 20 10 0 juil.-09 juil.-10 Source : NBS juil.-11 juil.-12 juil.-13 juil.-14 ventes de biens de conso. (nom.) production industrielle (vol.) investissement urbain (cumul, nom.) La demande interne n’a donc pas manifesté un plus grand dynamisme (dans l’ensemble) durant le deuxième quart de l’année, lorsque le secteur de l’immobilier (10% à 15% du PIB, en lien avec une quarantaine d’autres branches d’activité et élément important de la solidité financière de nombreux agents économiques, comme les collectivités locales et de multiples acteurs du shadow banking) est demeuré fébrile, et ce 7,5% (de croissance du PIB) 20 0 -20 -40 juil.-10 Source : PBoC juil.-11 juil.-12 juil.-13 juil.-14 financements totaux (cumul 12 mois) nouveaux crédits (cumul 12 mois) Ce qui entretient les interrogations sur les perspectives à court terme de l’économie chinoise et la possibilité que sa croissance se maintienne à 7,5% durant la seconde moitié de l’année (c’est-à-dire au niveau de l’objectif que s’est fixé Pékin). Mais a contrario, ce qui conduit à penser que les dirigeants chinois vont demeurer prudents et le plus probablement poursuivre leur politique de pilotage fin (fine tuning) de l’économie au cours des semaines et mois à venir ; donc à mettre en avant la stabilisation de la croissance comme scénario central pour le deuxième semestre (Crédit Agricole table ainsi sur une progression du PIB 7,4% sur l’ensemble de 2014). D’autant que l’inflexion observée en mai dans la trajectoire des financements à l’économie s’est prolongée le mois dernier, et assez nettement. Résultante de l’assouplissement de la politique de la PBoC (Banque centrale), cette évolution ne devrait se répercuter pleinement sur l’activité économique qu’un peu plus tard (aux troisième et quatrième trimestres). Elle pose néanmoins une autre question, les dirigeants chinois ne sont-ils pas en train de privilégier à l’excès la croissance au détriment des nécessaires désendettements et, au-delà, rééquilibrage de l’économie ; donc au risque de décaler dans le temps, tout en les accentuant, les problèmes et les risques liés à ce double processus ? À suivre… + d’info : Éclairages Émergents Édition du 11 juillet 2013 Corée du Sud : Encore quelques défis à relever... -5 - Edition du 18 juillet 2014 Amérique latine Brésil, Mexique – Le Mexique devient le premier producteur automobile de la région. Le Mexique s’est imposé comme le premier producteur automobile de la région latino-américaine, devant le Brésil. Durant ces six premiers mois de l’année 2014, le Mexique a produit 1,60 million de voitures, soit 7,4% de plus que lors du premier semestre 2013. En revanche, la production automobile brésilienne a chuté de 16,8% durant cette même période, pour un total de 1,57 million de voitures produites. Production automobile 400 000' unités/mois 350 300 250 200 150 100 Benz, Nissan-Renault et BMW. Ces entreprises automobiles ont été attirées par la proximité du marché américain, la main-d’œuvre qualifiée dans ce secteur et la relative stabilité économique. La Asociación Mexicana de la Industria Automotriz (AMIA) prévoit pour 2014 une production totale de 3,1 millions d’automobiles, une hausse de 6,8% parrapport à 2013. Brésil – Dépression post-Coupe du Monde. Malgré le ralentissement de l’activité économique, la Banque centrale a maintenu le taux d’intérêt directeur à 11% en raison du niveau d’inflation élevé. Au mois de juin, l’inflation cumulée sur les douze derniers mois était de 6,52% a/a, légérement au-dessus du seuil maximal de 6,5% fixé par la Banque centrale. Il ne manquait plus que la défaite humiliante du Brésil face à l’Allemagne lors de la Coupe du monde de football pour détériorer un peu plus la confiance des Brésiliens : la confiance des investisseurs et des consommateurs a chuté de -8,4% et -6,5% respectivement depuis le début de l’année 2014. 50 0 05 06 07 08 Source : ANFAVEA, AMIA 09 10 11 Brésil 12 13 14 Mexique Commentaire – La nouvelle position du Mexique sur le marché automobile est principalement due à la crise que traverse le secteur automobile brésilien, et non par une hausse substantielle de la production mexicaine. En effet, le ralentissement de la demande domestique brésilienne et de ses exportations vers l’Argentine (-32% a/a au premier trimestre 2014), son principal partenaire commercial, expliquent la baisse de la production automobile au Brésil. À la différence du Mexique qui exporte 83% de sa production automobile (dont 70% à destination des États-Unis), 95% de la production brésilienne est destinée au marché interne. Mais la faiblesse du marché intérieur brésilien n’est pas l’unique facteur de ce déploiement mexicain. L’industrie automobile mexicaine s’est considérablement développée ces dernières années avec l’implantation de six nouvelles usines automobiles dans le pays des marques Audi, Mazda, Honda, Mercedes Commentaire – La défaite du Brésil face à l’Allemagne ne devrait pas avoir d’impact décisif sur l’élection présidentielle d’octobre prochain. Le soutien à Dilma Roussef n’a d’ailleurs (presque) pas faibli depuis cette défaite, puisque la présidente brésilienne recueille aujourd’hui 36% des intentions de vote, en très léger recul depuis le mois de juin (38%). En revanche, le candidat Aécio Neves (PSDB, centre-droit) progresse rapidement, recueillant 20% des intentions de vote (contre 16% il y a quelques mois). Surtout, un sondage du journal Folha de São Paulo révèle qu’en cas de second tour entre les deux candidats, l’écart ne serait que de 4 points (44% pour la présidente, 40% pour Aécio Neves), auquel il faut ajouter une marge d’erreur de 2 points. Dilma Roussef reste donc favorite pour le moment. Mais les prochains mois de campagne seront rudes pour la présidente qui doit faire face à une opinion publique très critique (29% des Brésiliens estiment que la gestion de Dilma Roussef est mauvaise, le plus bas niveau depuis 2011) et un contexte économique adverse. -6 - Edition du 18 juillet 2014 Scénario économique du Groupe Crédit Agricole S.A. Date de MAJ : 26/06/2014 Etats-Unis Japon Zone euro Asie Chine Hong Kong Inde Indonésie Corée Malaisie Philippines Singapour Taiw an Thaïlande Vietnam Am érique latine Argentine Brésil Mexique Europe - ém ergents République tchèque Hongrie Pologne Russie Roum anie Turquie Afrique & Moyen-Orient Algérie Egypte Kow eït Liban Maroc Qatar Arabie saoudite Afrique du Sud Em irats arabes unis Tunisie Total Pays industrialisés Pays ém ergents PIB (a/a, %) 2013 1,9 1,5 -0,4 6,0 7,7 2,9 4,7 5,8 3,0 4,7 7,2 3,9 2,1 2,9 5,4 2,3 4,3 2,4 1,3 1,9 -0,9 1,1 1,6 1,3 3,5 4,0 3,1 3,1 2,1 3,0 1,3 4,4 6,5 3,8 1,8 4,6 2,5 2,8 1,1 4,6 2014 1,6 1,5 1,0 6,1 7,4 3,2 5,5 5,2 3,6 5,7 6,2 3,8 3,2 1,6 5,2 1,2 -0,5 1,1 2,0 1,6 2,7 2,4 3,5 0,6 3,3 1,7 3,2 3,3 1,8 2,9 2,2 3,0 6,4 4,0 2,4 4,5 3,0 2,9 1,6 4,5 Inflation (a/a, %) 2015 3,3 0,7 1,6 6,1 7,0 3,6 6,0 5,7 3,9 5,4 7,5 3,7 3,3 4,8 5,7 2,1 1,0 1,6 3,2 2,7 3,0 2,5 4,0 1,8 3,6 3,5 3,8 3,0 3,3 3,5 2,5 4,5 6,5 4,5 3,0 4,5 4,0 3,5 2,3 4,9 2013 1,5 0,4 1,4 4,1 2,6 4,3 9,5 7,0 1,3 2,1 2,9 2,4 0,8 2,2 6,6 8,1 27,0 5,9 3,8 5,3 1,4 1,7 0,9 6,8 4,0 7,5 4,7 3,3 9,5 2,6 1,1 1,9 2,5 3,5 5,5 1,1 6,1 3,0 1,4 4,9 2014 2,0 2,5 0,9 3,8 2,3 4,0 8,2 6,6 2,0 3,2 4,1 2,9 1,3 2,5 5,0 7,8 24,0 6,3 3,8 4,9 0,6 0,4 0,4 6,2 2,2 8,0 5,0 2,4 9,9 3,6 3,7 3,0 3,7 3,0 6,1 2,5 5,5 3,1 1,7 4,6 2015 2,0 1,8 1,3 4,5 3,5 4,5 8,1 5,7 3,0 2,5 3,3 3,3 2,6 3,2 5,6 6,8 17,0 6,2 3,6 4,7 1,6 2,5 1,6 5,3 3,3 7,5 5,4 4,0 10,5 4,0 4,0 3,0 4,5 4,0 5,4 3,0 5,0 3,2 1,8 4,9 Balance courante (en % du PIB) 2013 2014 2015 -2,3 -2,5 -2,5 0,7 0,7 1,2 3,0 2,6 2,4 1,9 1,1 0,7 2,0 1,2 0,8 1,9 2,8 3,0 -1,7 -2,4 -3,4 -3,3 -3,5 -3,5 6,7 4,8 4,8 4,0 4,1 3,0 3,6 3,2 2,3 18,0 18,0 18,0 12,0 10,0 10,0 -0,6 0,6 1,0 2,2 -0,1 -2,0 -2,4 -2,2 -2,4 -0,8 -1,0 -1,2 -3,2 -2,8 -2,8 -2,0 -1,8 -2,2 -0,8 -0,6 -1,1 -1,4 -1,1 -0,8 3,0 2,4 1,2 -1,3 -1,8 -2,2 1,6 2,0 1,4 -1,1 -1,4 -2,0 -6,9 -6,0 -6,5 6,7 4,4 3,7 0,4 0,6 0,9 -1,3 -2,4 -2,2 39,5 36,2 34,3 -11,0 -7,5 -6,5 -9,1 -8,2 -6,3 30,9 15,8 11,0 18,1 13,3 11,2 -5,5 -5,7 -5,0 15,0 12,2 9,7 -8,4 -8,3 -8,0 0,5 0,2 0,0 -0,2 -0,3 -0,2 1,3 0,7 0,3 Notes: (1) Royaume-Uni : HICP ; Inde : prix de gros ; Chine, index prix de détail ; Brésil : IPCA, Afrique du Sud : CPI-X (2) Inde : fin de l'année fiscale en mars. Achevé de rédiger le 18 juillet 2014 Études Économiques Groupe – Crédit Agricole S.A. 12, place des États-Unis – 92127 Montrouge Cedex Directeur de la publication : Isabelle JOB-BAZILLE Rédacteur en chef : Jean-Louis MARTIN Réalisation et Secrétariat de rédaction : Fabienne PESTY Europe centrale et orientale, Asie centrale : Tania SOLLOGOUB - [email protected] – Olivier LE CABELLEC - [email protected] Moyen-Orient Riadh EL-HAFDHI - [email protected] Asie : Sylvain LACLIAS - [email protected] Afrique : Madine BA - [email protected] Amérique latine : Jean-Louis MARTIN - [email protected] – Céline RIPOLL - [email protected] Pétrole et gaz : Stéphane FERDRIN - [email protected] Agriculture & agro-business : Catherine MOLLIERE – [email protected] Documentation : Elisabeth SERREAU – Delphine CHARLEROI Contact : [email protected] Consultez les Études Économiques et abonnez-vous gratuitement à nos publications sur : Internet : http://etudes-economiques.credit-agricole.com iPad : application Etudes ECO disponible sur l’App store Cette publication reflète l’opinion de Crédit Agricole S.A. à la date de sa publication, sauf mention contraire (contributeurs extérieurs). Cette opinion est susceptible d’être modifiée à tout moment sans notification. Elle est réalisée à titre purement informatif. Ni l’information contenue, ni les analyses qui y sont exprimées ne constituent en aucune façon une offre de vente ou une sollicitation commerciale et ne sauraient engager la responsabilité du Crédit Agricole S.A. ou de l’une de ses filiales ou d’une Caisse Régionale. Crédit Agricole S.A. ne garantit ni l’exactitude, ni l’exhaustivité de ces opinions comme des sources d’informations à partir desquelles elles ont été obtenues, bien que ces sources d’informations soient réputées fiables. Ni Crédit Agricole S.A., ni une de ses filiales ou une Caisse Régionale, ne sauraient donc engager sa responsabilité au titre de la divulgation ou de l’utilisation des informations contenues dans cette publication. -7 -