La Lettre du Cardiologue • n° 445 - mai 2011 | 9
CONGRÈS
RÉUNION
tion ventriculaire gauche mais les troubles du rythme
rapide. Sur le plan interventionnel, la commissuro-
tomie mitrale percutanée doit être favorisée dans
ces circonstances lorsque les conditions cliniques et
anatomiques sont propices.
Indications chirurgicales
dans l’endocardite aiguë
D’après une communication du Pr Pascal Leprince,
Paris
Comme en témoignent les résultats parfois contradic-
toires d’études observationnelles récentes, le béné-
fice de la chirurgie précoce est difficile à évaluer. Ce
bénéfice est principalement mis en évidence en cas de
complication hémodynamique, infectieuse ou embo-
lique. Les indications sont désormais plus clairement
codifiées dans les recommandations de la Société
européenne de cardiologie, qui incluent notamment
le délai dans lequel l’intervention est souhaitable.
L’indication opératoire est formelle et urgente en cas
d’insuffisance cardiaque réfractaire en rapport avec
une régurgitation volumineuse ou une fistule. Elle
est moins urgente en cas d’insuffisance cardiaque
contrôlée. La chirurgie peut également être envi-
sagée en cas de régurgitation volumineuse, surtout
aortique, sans signe d’insuffisance cardiaque, en
particulier lorsque le risque opératoire est modéré.
Les indications opératoires pour des raisons infec-
tieuses sont principalement justifiées par la présence
de lésions périvalvulaires (abcès périvalvulaire ou
périprothétique), plus rarement par la persistance
d’un sepsis avec hémocultures positives ou en raison
de germes résistant au traitement médical.
Les indications justifiées par le risque embolique sont
formelles en cas de végétation résiduelle mesurant
plus de 10 mm et associée à un épisode embolique. En
l’absence d’embolie, les indications reposant unique-
ment sur la taille de la végétation sont plus controver-
sées et ne sont envisagées que pour des végétations
mesurant plus de 15 mm. Les indications d’ordre
embolique doivent être envisagées précocement,
durant les 2 premières semaines suivant le début de
l’antibiothérapie, période durant laquelle le risque
de récidive embolique est le plus élevé. La présence
d’un accident vasculaire cérébral ne contre-indique la
chirurgie que lorsqu’il s’agit d’un accident vasculaire
cérébral hémorragique ou d’un accident vasculaire
cérébral ischémique très étendu, notamment chez
un patient comateux.
D’une façon générale, les indications de chirurgie
précoce sont d’autant plus larges que le patient
est jeune et que le micro-organisme en cause est
virulent, en particulier s’il s’agit d’un staphylocoque
doré. Le caractère particulièrement polymorphe
de l’endocardite infectieuse souligne l’importance
d’une évaluation multidisciplinaire précoce afin d’en
optimiser la prise en charge médico-chirurgicale.
Thromboses de prothèses
D’après une communication du
Pr Raymond Roudaut, Bordeaux
Les thromboses de prothèses concernent princi-
palement les prothèses mécaniques. Il s’agit d’une
complication rare (< 1 pour 100 années-patients)
mais grave, avec une mortalité dépassant 10 %. Les
facteurs favorisants sont la position mitrale de la
prothèse, le bas débit et surtout une anticoagulation
insuffisante.
Le diagnostic repose sur l’échocardiographie trans-
thoracique et transœsophagienne et le radio-cinéma
de la prothèse, qui apportent des informations
complémentaires et doivent donc être tous effec-
tués en cas de suspicion de thrombose de prothèse.
Les 2 options thérapeutiques sont principalement la
chirurgie et la thrombolyse. La chirurgie comporte
un risque relativement élevé, car il s’agit d’une réin-
tervention souvent effectuée dans des conditions
hémodynamiques instables. Cependant, la thrombo-
lyse est grevée de mortalité (5 à 10 % des cas), d’un
risque thrombo-embolique (5 à 15 % des cas) et
d’un risque hémorragique (autour de 8 % des cas).
Le risque d’échec de la thrombolyse est augmenté
lorsque le thrombus mesure plus de 10 mm.
Bien qu’il existe peu de séries comparatives, celles-ci
favorisent le recours à la chirurgie comme traitement
de première intention. Les indications de la thrombo-
lyse selon les recommandations actuelles concernent
principalement les thromboses prothétiques du cœur
droit et les thromboses prothétiques du cœur gauche
lorsqu’il existe une instabilité hémodynamique et
qu’une chirurgie ne peut être effectuée en urgence
pour des raisons d’éloignement. Certaines équipes
favorisent la thrombolyse en première intention
sur les thromboses obstructives du cœur gauche de
petite taille, mais cette attitude demeure contro-
versée et n’est pas reprise dans les recommandations
actuelles.
Les thromboses prothétiques non obstructives sont
diagnostiquées par l’échocardiographie transœso-
phagienne. Le risque, essentiellement embolique,
est relativement faible, et ces thromboses justifient
donc un traitement médical de première intention,
associant généralement anticoagulant et antiagré-
gant plaquettaire. ■
Pour en savoir plus…
##
#Vahanian A, Baumgartner H,
Bax J et al. Guidelines on the
management of valvular heart
disease: The Task Force on the
Management of Valvular Heart
Disease of the European Society
of Cardiology. Eur Heart J
2007;28(2):230-68.
##
#Habib G, Hoen B, Tornos P
et al. Guidelines on the preven-
tion, diagnosis, and treatment
of infective endocarditis (new
version 2009): the Task Force on
the Prevention, Diagnosis, and
Treatment of Infective Endo-
carditis of the European Society
of Cardiology (ESC). Eur Heart J
2009;30(19):2369-413.
##
#Delahaye F. Is early surgery
beneficial in infective endocar-
ditis? A systematic review. Arch
Cardiovasc Dis 2011;104(1):
35-44.
##
#Roudaut R, Lafitte S, Roudaut MF
et al. Management of prosthetic
heart valve obstruction: fibrino-
lysis versus surgery. Early results
and long-term follow-up in
a single-centre study of 263
cases. Arch Cardiovasc Dis 2009;
102(4):269-77.
Conflit d’intérêts. L’auteur
déclare avoir un conflit d’intérêts
avec Servier, Boehringer Ingelheim,
Valtech, St Jude Medical, Edwards
Life sciences, Sanofi-Aventis.