Du haut des Pyrénées, voir loin

Du haut
des Pyrénées,
voir loin
Entretien
Michel Pelieu,
Président du Conseil général
des Hautes-Pyrénées
Mai – juin 2014 # 17
© Pierre-Louis Douere
&  / 05
 / 08
La France
  / 14
Innovation :
suivez le guide ! à l'heure du numérique Ces collectivités qui mutualisent leurs achats

   : Vous
avez jugé prioritaire de concevoir
un projet de développement à
l’horizon de 2030. Pourquoi ?
Michel Pelieu : La raréfaction des
ressources publiques limite de plus
en plus la capacité des collectivités
locales à protéger les territoires
grâce à leurs investissements. Le
développement des Hautes-
Pyrénées doit donc d’abord être le
fruit de son dynamisme propre. Le
rôle et la responsabilité d’une
institution comme le Conseil
général est d’impulser une
dynamique de développement
coproduit et partagé. Le dévelop-
pement économique n’a pas de
couleur politique. L’objectif
commun des acteurs publics doit
avant tout être de simpli er la vie
des acteurs économiques. C’est
pourquoi l’Assemblée départemen-
tale a accepté à l’unanimité de
lancer l’élaboration d’un projet de
territoire à l’horizon 2020-2030
dans le cadre d’une démarche
participative.
En construisant un véritable
« business plan », vous innovez
en matière de gestion publique ?
C’est en effet pour moi une
priorité. Défendre une vision
socialement responsable du
développement territorial exige
Les Hautes-Pyrénées lancent 12 chantiers
stratégiques pour construire un développement
durable et partagé à l’horizon 2030. Michel Pelieu,
Président du Conseil général et personnalité
emblématique du territoire, nous détaille le projet.
Du haut
des Pyrénées,
voir loin
en e et de dépasser tous les types
de frontières. Il faut que la
recherche du juste équilibre entre
le compte de résultat et la qualité
du lien social soit l’a aire de tous.
C’est ce qu’une société d’économie
mixte est capable de faire. Elle allie
les trois facteurs d’une bonne
gouvernance, selon moi : la
souplesse d’une société privée,
la participation croisée de parte-
naires publics et une vocation
d’intérêt général. Nous souhaitons
que ce projet insuffle un esprit
d’entreprise dans une vision d’ave-
nir pour les Hautes-Pyrénées.
Comment se traduit cette volonté
d’innovation ?
Le dispositif de pilotage du projet
expérimente un « pacte de gouver-
nance » singulier. Chacun des
12 chantiers stratégiques priori-
taires est animé par une équipe de
deux à quatre personnes, associant
à la fois le public et le privé et les
di érentes sensibilités politiques.
Cette équipe est responsable de
l’avancement des chantiers et du
suivi de la mise en œuvre des
projets retenus. Elle doit en rendre
compte à l’occasion de la Confé-
rence annuelle territoriale, qui se
réunit une fois par an et évalue la
bonne exécution du projet et le
respect du cap  xé. Le projet est
04 LES RÉGIONS INNOVENT SUR…
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DÉVELOPPER ET MANAGER
05 Innovation : suivez le guide !
07 Mettre en avant l'attractivité
des métropoles
DOSSIER
08 La France à l'heure du numérique
12 Paris va accueillir le plus grand
incubateur du monde
13 L'accompagnement
des utilisateurs, nouvelle étape
du développement numérique
FINANCER POUR INNOVER
14 Ces collectivités qui mutualisent
leurs achats
PAROLE D'EXPERTS
16 Modèle coopératif : des atouts uniques
17 Entrepreneuriat : l'échec, voie du succès ?
SOLUTION
18 Responsabilité civile du dirigeant
d'entreprise (RCDE)
À VOS CÔTÉS
19 Café, croissant et expertise métier
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également très ouvert sur la
société civile et sur le tissu associa-
tif, qui sera régulièrement consulté
tout au long du projet. Cette
démarche d’ouverture se traduit
aussi par notre volonté de dépas-
ser les limites administratives du
département et de rapprocher nos
objectifs de ceux de Pau et des
Pays de l’Adour.
1 000 idées ont émergé de votre
vaste consultation en 2013. Au-
jourd’hui vous en avez extrait
12 chantiers prioritaires. Quels
sont-ils ?
Nous allons simpli er les processus
de transfert de technologie entre le
monde de la recherche et celui des
entreprises, faire de l’économie
numérique un levier du développe-
ment mais aussi développer une
offre dédiée à la croissance des
entreprises intermédiaires et à fort
potentiel d’innovation.
Nous allons également orienter
prioritairement vers la création de
valeur les pratiques et les stratégies
des agriculteurs, des hébergeurs,
des artisans et des commerçants,
qui constituent les forces vives de
l’économie résidentielle.
Nous cherchons également à
acquérir les fondamentaux d’une
destination touristique qui cherche
à conquérir de nouvelles clientèles
internationales et celles des
grandes métropoles.
Dans les Hautes-Pyrénées, inscrire
la modernité dans le respect des
équilibres écologiques est une
vocation. Nous devons trouver le
meilleur équilibre entre des
liaisons performantes (aériennes,
ferroviaires), un bon niveau de
services, une réelle compétitivité
et une réduction sensible de la
consommation d’énergie et d’émis-
sions de CO2.
Ces chantiers concernent égale-
Dans les Hautes-Pyrénées, inscrire la
modernité dans le respect des équilibres
écologiques est une vocation.
ment la construction de nouvelles
solutions pour pérenniser l’o re
de santé du territoire et pour
fabriquer de nouveaux liens entre
création de richesses et gestion
des solidarités. Pour réussir tous
ces paris, je crois en une approche
marketing transfrontalière du
territoire pyrénéen, vers l’Espagne
et les Pyrénées Atlantiques notam-
ment. Le décloisonnement de nos
stratégies est l’enjeu majeur de
notre développement.
50 millions d’euros
dépensés en remontées
mécaniques chaque
année, cela produit
environ 350 millions
d’euros de retombées
économiques. À elle
seule, la ville de Lourdes
concentre une activité
touristique chi rée
à 350 millions d’euros.
Le troisième pôle
d’attraction touristique,
emblème des Pyrénées,
c’est le thermoludisme,
qui génère avec
le thermalisme chaque
année environ
100 millions d’euros.
Michel Pelieu,
Président du
Conseil général
des Hautes-
Pyrénées
Indicateurs
Un territoire ne se développe pas seulement avec
ce qu’il produit (PIB) mais aussi avec ce qu’il capte, c’est-
à-dire ses revenus. Le département des Hautes-Pyrénées
capte en moyenne 2 500 euros de plus par habitant
et par an que les autres départements français :
15 500 euros/an et par habitant. C’est la zone
de montagne qui assure la captation de revenus la
plus performante (25 000 euros captés par habitant
dans la zone de montagne des Hautes-Pyrénées contre
21 000 euros par habitant dans le Pays du Mont-Blanc)
grâce essentiellement au tourisme d’hiver.
© Thinkstock
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Côte d’Azur
Rhône-Alpes
Ile-de-France
Alsace
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découvrez les témoignages complets de personnalités marquantes.
Une
innovation
en passe de
révolutionner
la vie de
millions de
diabétiques.”
Notre objectif
est d’o rir
un ensemble
cohérent pour
le tourisme
d’a aires.”
Avoir l’origine
française
est un gage
de qualité
dans le
monde.” Nous
souhaitons
regrouper
300 acteurs de
l’économie du
vieillissement.”
Séverine Sigrist
Présidente et co-
fondatrice de Defymed
qui développe un
concept de pancréas
bio-arti ciel baptisé
Mailpan. Une innovation
médicale majeure.
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fr/Alsace/Innover-En-
Region/
Dominique Thillaud
Président du directoire
d’Aéroports de la Côte
d’Azur (ACA) qui a
réalisé l’acquisition
de la plate-forme de
Saint-Tropez, ouvrant
ainsi de nouvelles
perspectives créatrices
d’emplois autour
du tourisme d’a aires.
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fr/ Cote-d-Azur/Innover-
En-Region/
Bernhard Meyer
PDG de la Compagnie
des boissons biologiques
(CBB), jeune PME
lyonnaise, qui a lancé
le premier soda 100 %
naturel et bio, en
bouteille plastique
recyclable, fabriqué
en France.
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fr/Rhone-Alpes/Innover-
En-Region/
Benjamin Zimmer
Responsable innovation
et développement
de la Silver Valley, dans
le Val-de-Marne. Un
site dédié à l’économie
innovante au service des
personnes âgées qui a
l’ambition de devenir
la référence du secteur.
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En-Region/
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avoriser l’émergence de l’innovation
ne s’improvise pas et un simple
département R&D ne su t pas. Car
innover exige de mettre en place un
terreau favorable : une culture avec
un véritable management dédié.
Tel est l’objet du « Guide de mise en
œuvre d’une démarche de mana-
gement de l’innovation », publié
par l’AFNOR en décembre dernier.
Celui-ci peut être utilisé par toutes les
formes d’organisations : entreprises,
centres de recherche et structures
intermédiaires. « Même une PME
peut avoir une démarche structurée
en la matière », souligne Isabelle
Lambert, Chef de projet AFNOR
en normalisation, qui a coordonné
le travail des entreprises et orga-
nismes à l’origine du guide. Ce dernier
s’applique par ailleurs à tous types
d’innovations : produit, service,
procédé, organisation ou modèle
d’affaires (PSPOM). Sa finalité ?
Mettre en place un processus, des
méthodes et des pratiques appro-
priées permettant de « favoriser la
créativité, de penser, d’organiser et
de gérer l’innovation ».
Un seul prérequis : que l’organisation
ait la volonté de mettre l’innovation
au cœur de son développement. Cela
implique pour la direction géné-
rale de promouvoir une véritable
culture et de mobiliser les ressources
matérielles,  nancières et humaines
nécessaires : R&D, marketing, com-
mercial, achats, juridique, propriété
intellectuelle, veille stratégique…
« Toutes les fonctions ont un rôle à
jouer à un moment ou à un autre
dans le processus et doivent être
associées le plus en amont possible. »
Bien sûr, dans un grand groupe,
il peut y avoir une personne en
charge d’accompagner ce processus.
« Mais dans les PME, il faut être un
peu multicasquette. Chacun doit
être capable d’apporter sa pierre à
l’édi ce car il n’est pas évident d’avoir
une personne dédiée. »
Les actions à déployer se situent tout
d’abord au niveau du management
stratégique. Il s’agit, avant tout, de
chercher des opportunités à travers
une veille économique, sociétale et
réglementaire. Il faut ensuite iden-
ti er les connaissances, savoir-faire
et idées mobilisables.
F
Favoriser l’innovation implique de combiner
plusieurs facteurs. Outre les départements
de R&D, il est essentiel que l’ensemble de
l’organisation soit tournée vers cet objectif
et mette en œuvre les moyens humains et
 nanciers nécessaires. Un véritable management
auquel l’AFNOR a consacré un guide.
Innovation :
suivez le guide !
 :
un guide des
bonnes pratiques
bientôt mondial
Grands groupes, PME, pôles
de compétitivité, centres
de conseil, de formation,
ou bien universitaires…
Plus d’une cinquantaine
d’organismes ayant mis
en œuvre des démarches de
management de l’innovation
ont participé à l’élaboration
de ce guide  (FD X 50-271,
disponible sur www.afnor.org/
editions). « Cet important
savoir-faire a été partagé et
synthétisé », résume Isabelle
Lambert, Chef de projet 
en normalisation. Fruit d’un
travail de quatre ans, ce guide
est actuellement porté
au niveau international.
« La France pilote les travaux
internationaux sur le
management de l’innovation
pour produire des référentiels
internationaux sur le sujet. »
Objectif : dé nir demain,
avec des pays dont la Chine
et les États-Unis, des outils,
des pratiques et des
recommandations
sur comment innover.
© Sergey Nivens
www.decideursenregion.frMai / Juin 2014
 & 