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Séminaire de recherche
Pôle ERD – PREFAS
IRTSA
Un projet local au service
du développement des capacités
des acteurs
Corinne Hommage Fabienne Barran
Responsable pédagogique IRTSA Consultante en DSL
Docteur en aménagement territorial
Jeudi 16 Mai 2013
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Un projet local au service du développement des capacités des acteurs
C'est à partir de leurs expériences professionnelles, de leur connaissance des territoires, que
Fabienne Baran, consultante, et Corinne Hommage, formatrice et responsable de formation à
l'IRTS Aquitaine, vont articuler des données concrètes et théoriques afin d'enrichir leurs
échanges sur les notions de développement social et territorial mais aussi sur les valeurs qui
sous-tendent les actions. La construction d'un projet local conçu comme processus de
changement repose sur des principes de durabilité et de soutenabilité, questionnant de ce fait
la place des acteurs, les modalités de participation avec en particulier la prise en compte et le
développement des capacités à agir, mais aussi la portée du projet politique local. Le rôle du
consultant sera ainsi abordé sous l'angle de son implication pour faire évoluer une commande
et enrichir la réflexion locale, et de sa contribution à l'appropriation d'un projet local soutenant
une réflexion sur de nouveaux modes de gouvernance à la croisée des chemins entre pratiques
politiques et pratiques sociales.
*
La communication se fait en alternance de présentation de cas concrets (F. Barran) et de
compléments théoriques (C. Hommage) en lien avec les thèmes abordés par F. Barran.
*
Introduction
CH - Diapo 2 -
Comment la démarche de projet peut-elle constituer un levier et une méthode de
développement des capacités des acteurs locaux et du territoire et ne pas avoir pour seul
objectif la réponse à une commande telle qu'elle est formulée ?
Cela nécessite :
De s'appuyer sur des valeurs et des principes méthodologiques préalables à l'action =
c’est-à-dire se positionner et contribuer à faire évoluer les interventions dans un
contexte marqué par une complexification croissante.
De questionner la pertinence, la rationalité, l’efficacité des divers modes
d’intervention et des dispositifs et en tirer des scénarios prospectifs =
Cela implique de procéder à l'analyse institutionnelle et territoriale, à l’analyse des
besoins sociaux, à la reconnaissance d’une légitimité des acteurs locaux dans le
traitement politique de la question sociale, à la promotion des personnes bénéficiaires
des politiques sociales.
*
3
Définitions (CH)
-
Expertise sociale
(diapo 3)
- Une compétence, un outillage (cf référentiels des formations des intervenants
sociaux)
- Un procédé de distanciation envers l’objet étudié mais d’implication dans une
relation ayant une visée promotionnelle et de changement
- De la production de connaissance objectivée en vue de proposer des systèmes de
résolution qui correspondent à situation donnée
4 axes majeurs la définissent (diapo 4)
- Un sens, une finalité dirigée sur l’aide à la décision relative à la prise en compte
d’une question sociale, d’une population
- Des principes
- Une posture définie par des valeurs et de l’éthique
- Une méthodologie spécifique scandée par 4 étapes : l’exploration, l’investigation,
l’analyse, la décision
(cf A. Guellil, S. Guitton)
*
I - Décryptage de la commande et phase de diagnostic
contextualisé (FB)
Dans une démarche de développement social local, le consultant élabore sa méthodologie
d’intervention et définit sa posture en cohérence avec les valeurs et des grands principes du
développement social local
Une des valeurs fondamentales du développement social local est la reconnaissance de
l’acteur dans sa spécificité : son potentiel, sa créativité, ses contraintes. Pour ce faire, le
prestataire doit de connaître le commanditaire, prendre en compte sa spécificité dans un
contexte complexe global et local et de comprendre sa question
La première étape de la mission d’accompagnement du consultant est la réponse à la
commande. Elle fait partie intégrante de la mission.
Il convient dans un premier temps d’analyser la commande en prenant en compte le contexte
territorial et global. Quel est le sens de la question ou du problème par rapport au
territoire (histoire, évènements….) et au contexte plus global? Analyse du jeu d’acteurs
sur le territoire.
*
4
Les fondements du DSL
Définitions CH
(diapos 5 + 6)
Georges Gontcharoff définit trois axes à partir de l'émergence de ce concept posant les
fondements du développement social local :
- une dimension internationale:
Dans les années soixante le développement est perçu comme l'envers du sous-développement
en direction des pays du Sud. Dans les années soixante dix se développe une analyse du
territoire français comme des espaces en sous-développement
1
.
Se pose alors des questions sur de nouvelles méthodes d'intervention à partir du refus d'un
modèle unique de développement (descendant) constituant la première contestation "locale"
face à l'Etat centralisateur.
Différents courants de pensée et différents concepts soutiennent ces nouvelles approches (tels
que l' auto -développement, le développement auto-centré, la mobilisation sociale autour d'un
projet, la méthodologie de projet…).
Le développement local est né en France dès 1965 en Bretagne sous l'impulsion, entre autre
de Paul Houée, dans un contexte d'exode rural, de retard d'équipement...; un plan global de
développement est déclenché dans le cadre de la Politique d'Aménagement du territoire puis
de Contrats de Pays.
- une dimension urbaine:
En 1975, le "Club Habitat et Vie Sociale" est lancé par Jean-Louis Bianco et Jean-Marie
Belorgey ; il s'agit de mener une réflexion sur la dégradation des grands ensembles, sur de
nouveaux problèmes sociaux que la grille de lecture du travail social ne comprend pas
2
. En
1977 a lieu la première procédure d'intervention "Habitat et Vie Sociale" (HVS) reposant sur
un principe d'animation sociale concertée ; ce champ expérimental est à la base du
développement social local, avec l'appui des travailleurs sociaux.
En 1981 à la suite du rapport Dubedout dressant un bilan des "HVS", est lancée en 1982 une
nouvelle procédure de "DSQ" (Développement Social des Quartiers) marquant l'apparition du
terme « développement social » dans les politiques publiques; elle requiert la mobilisation des
habitants sur des micro-projets (mais majoritairement les initiatives sont descendantes et
institutionnelles).
- L'évolution du travail social:
Le courant psychologique est dominant dans la pratique professionnelle avec le modèle
d'intervention du case-work (Carl Rogers). Le modèle québécois de travail social de groupe
va s'enseigner dans la formation des assistants sociaux à l'Ecole de service social de
Montrouge (Paris).
En 1966, l'action sociale est réorganisée avec la création des circonscriptions sociales se
donnant pour but de rapprocher le service social de la vie quotidienne et de favoriser la
coordination pluridisciplinaire
1970 est l'année charnière d'une nouvelle approche de l'action sociale pensée en complément
des actions économiques
3
. L'action sociale globale se présente comme un modèle de
développement promotionnel.
1 Gravier Jean-François, Paris et le désert français. Flammarion, 1947
2 Référence à l'Ecole de Chicago: courant sociologique comportementaliste ; en France, Henri Lefèvre, de courant
marxiste, fera la critique de la vie urbaine. Lefèbvre Henri, Du rural à l’urbain. Société et urbanisme, 1977
3 Rupp Marie-Antoinette, Quarante années d’action sociale en France, un canevas pour les travailleurs sociaux,1946-
1986, Privat, 1986
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La Circulaire du 15.10.75 définit l'Action sociale globale comme une "notion impliquant que
l'on considère les personnes, le groupe familial, la communauté petite ou grande, des relations
mutuelles, que l'on agisse avec leur participation en vue de prévenir leurs inadaptations et
d'aider à leur promotion".
Des responsables de circonscriptions d'action sociale vont créer dans les années quatre vingt,
une association nationale de promotion du développement social, le MDSL (Mouvement pour
le Développement social Local). La Décentralisation va favoriser l'émergence du local, la
définition du développement local, de nouveaux rapports aux politiques. La mise en oeuvre du
développement social local (DSL) appelle des questions sur l'éthique (choix de société) et sur
les buts de changement poursuivis.
La Circulaire Questiaux de 1982 constitue un texte capital pour le travail social (mais peu
appliqué) car il promeut les actions collectives et le Développement social Local, la place des
usagers-acteurs de développement. Dans le Développement social Local, le social est
désenclavé, il n'est plus l'apanage des travailleurs sociaux.
Avec les "métamorphoses de la question sociale" (R. Castel) un glissement s'opère d'une
action sociale en phase avec la société à un changement radical où trônent le chômage et la
perte de liens sociaux (années 90). La précarité économique fait apparaître de nouveaux
publics du social avec nécessité de prendre en compte le contexte : le local devient le lieu
privilégié de la réparation au nom de la proximité et de l’efficacité. L’action publique doit
lui permettre d’être reconnu comme acteur à part entière de la transformation sociale.
Avec la Politique de la Ville initiée au début des années quatre vingt, le caractère novateur de
ces incitations étatiques a été analysé comme porteur de nouvelles pratiques et de
transformations des normes de l'action publique qui sont devenues opérantes à travers des
textes réglementaires, des financements, des discours techniques, des lieux et des agents.
Cette politique a favorisé la généralisation de dispositifs spatiaux d'intervention privilégiant
une action sociale locale et coordonnée, produisant une gestion territorialisée du social
4
.
« Cette démarche tente de s'arrimer aux politiques locales ou servir de levier à d’autres
approches sur des problèmes sociaux locaux ; c'est un processus complexe qui s'adosse à un
territoire, prend appui sur la transversalité et a pour enjeu l'articulation aux autres politiques ».
Il y a conjonction entre ces nouveaux modèles professionnels et l'émergence de nouveaux
acteurs (transformation du champ social).
Les principes de fonctionnement de ces dispositifs sont les suivants:
. expérimentaux: logique collective de projet
ils s'accompagnent de procédures d'évaluation mais demeure une incertitude sur leur efficacité
et leur pérennité. L'expérimentation se fait au plus près du terrain, assortie d'une tentative pour
trouver une nouvelle efficacité et réduire les dépenses.
. décentralisés: bien que financés par l'Etat, ils sont placés sous la responsabilité des
collectivités locales
. participatifs: ils doivent emporter l'adhésion reposant sur des procédures de concertation ; le
partenariat est obligé (Etat-municipalités plus autres institutions) sur une base inter-
institutionnelle, reposant sur une volonté de décloisonnement et l'introduction de nouveaux
acteurs
. territorialisés: ils s'appliquent à une base géographique concrète, une aire spécifique
d'interventions cohérentes.
4 Ion Jacques, Le travail social à l’épreuve du territoire. Privat, 1991
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