CIBLER est un verbe récent
qui n’apparaît en français
qu’au milieu des années
1970. Ça fait jeune pour
un mot, mais il a un sens
particulier par rapport au
nom commun dont il dérive,
« cible », parce qu’il est lié
au jargon de la publicité,
et à l’époque, la publicité
s’est beaucoup développée
et a commencé à réfléchir
sur son efficacité. Cette
réflexion, elle s’est faite
sur le modèle de la guerre.
Le plus grand journal
destiné aux publicitaires
s’appelle Stratégies et il
s’agit d’adapter des actions
au public qu’on cherche à
toucher : on ne parle pas
aux retraités comme aux
actifs, aux urbains comme
aux ruraux. Donc il faut bien
« viser » ceux qu’on veut
sensibiliser. Et qu’est-ce que
l’on vise ? Eh bien une cible.
Cible, c’est un mot qui
nous vient d’un dialecte
germanique parlé en Suisse
et la première image qui
nous vient à l’esprit, bien
sûr, c’est celle de Guillaume
Tell. Mais une cible, ce n’est
pas toujours une pomme,
c’est une surface ronde
qui sert de but dans des
jeux d’adresse et qu’on
cherche à atteindre avec
des flèches ou des munitions
et qui souvent est divisée
en cercles concentriques.
Alors, plus on se rapproche
du centre, plus on marque
de points et on considère
traditionnellement que si
le centre est atteint, on
touchera mille points.
De là des expressions
comme « Paf, en plein
dans le mille » ! Mais il
est facile de passer du
jeu à la réalité et la cible
va désigner aussi le but à
atteindre à la guerre et dans
n’importe quelle situation
d’affrontement. Il s’agit de
ce qu’on vise au combat
comme à l’entraînement.
Alors on passe à un sens
plus abstrait, on est la cible
d’une moquerie, d’une
calomnie et c’est ainsi
que le verbe « cibler » va
servir pour exprimer des
techniques publicitaires
ou même médiatiques. Un
journal cible les 18-24 ans
ou bien les ménagères de
moins de 50 ans pour vendre
des sodas, des voitures
ou du café.
CHRONIQUE
CIBLER