
NOTE DE CONJONCTURE - MAI 2016 5
FRANCE : UNE CROISSANCE INTÉRIMAIRE
À ANCRER DANS LA DURÉE
En France, la croissance moyenne a atteint 1,2 % en 2015 et progresserait de 0,5 % au premier
trimestre 2016.
Le taux de marge des entreprises s’est amélioré (31,1 % en 2015). L’évolution est d’autant plus
marquée dans les secteurs exportateurs. La baisse du prix du pétrole, le CICE, le Pacte
deresponsabilité sont à l’origine de cette évolution. Le dispositif de suramortissement
aégalement été prolongé. Et les taux d’intérêt sont très bas. En conséquence, l’investissement
des entreprises augmente de 2,1 % en 2015 et de 1,6 % au premier trimestre 2016 (biens
manufacturés et services marchands). Mais cette amélioration est fragile.
La France restaure ses parts de marché à l’étranger, bénéficiant de grands contrats
aéronautiques et navals. Le déficit extérieur se résorbe (-0,4 au quatrième trimestre 2015,
contre -0,2 au premier trimestre 2016). Mais ces gros contrats ne représentent pas le cœur
ducommerce extérieur français. La Commission européenne prévoit en eet une moindre
performance des exportations françaises en 2016. L’enjeu de montée de gamme de nos
exportations est donc plus que jamais d’actualité.
C’est principalement la consommation des ménages qui soutient la croissance22.
Sansinflation23, leur pouvoir d’achat progresse (1,8 % en 2015, contre 1,1 % en 2014). À cela
s’ajoute l’eet des créations d’emplois. En 2015, 82 300 emplois salariés, essentiellement
dansles secteurs marchands, ont été créés, selon l’INSEE. L’emploi tertiaire -notamment
dansl’intérim- soutient cette évolution. Mais il a continué de baisser dans l’industrie
etlaconstruction. Au premier trimestre 2016, 37 000 emplois salariés devraient être créés.
Cette tendance est confirmée par l’Acoss24. Au premier trimestre 2016, les déclarations
d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) progressent (+4,8 %), principalement au sein
desTPE et dans le tertiaire. Il y a peut-être là l’eet du dispositif « Embauche PME25 ».
Toutefois, le taux d’épargne des ménages s’accroît (+15,3 % au premier trimestre 2014
et15,9au quatrième trimestre 2015). Au premier trimestre 2016, l’investissement des ménages
poursuit son recul (-0,2 %). Et le taux de chômage –au sens du BIT- demeure élevé, malgré
unelente et légère baisse : 10 %26 au quatrième trimestre 2015 (contre 10,4 % au troisième
trimestre). Il atteindrait 9,9 % d’ici mi-201627. Proportionnellement plus nombreuses dans
letertiaire, secteur porteur d’emploi, le chômage des femmes s’améliore plus que celui
deshommes. Mais dans ce contexte global de chômage élevé et d’inflation durablement basse,
l’évolution du salaire nominal moyen par tête28 ralentie : +0,5 % au premier trimestre 2016
contre 0,7 % au second trimestre 2015. La progression des salaires réels29 aussi (+0,5 % contre
0,9 % sur la période).
L’évolution des dépenses publiques a diminué également (+1,4 % en 2015, contre 1,8 % en 2014).
Le déficit public a atteint -3,5 % du PIB en 2015, contre -4 % du PIB en 2014. La dette publique
diminue de 1,4 point depuis le troisième trimestre 2015. Elle s’établit à 95,7 % au quatrième
trimestre 2015. Toutefois, ce ratio augmente de 0,4 point sur un an. Et l’endettement
desadministrations publiques locales augmente de plus de 10 point depuis le troisième
trimestre 2015. En outre, l’investissement public diminue de 5 % entre 2014 et 2015.
Plusieurs voyants de l’économie française sont au vert, nourris momentanément parlafaiblesse
des taux d’intérêt, du taux de change et du cours du pétrole. Mais le contexte souligne
lavulnérabilité de l’économie française. Reste toujours à dessiner des stratégies
d’investissements responsables et de long terme.
22) Le rebond de consommation au premier trimestre 2016 (+1,2 %) peut en partie provenir d’un retour « à la normale »
post attentats. La consommation s’était en eet contractée de -0,1 point.au quatrième trimestre 2015.
23) -0,2 % en avril 2016 (-0,1 % en mars)
24) Agence centrale des organismes de sécurité sociale.
25) Depuis janvier 2016, chaque entreprise ou association qui engage un nouveau salarié rémunéré jusqu’à 1,3 SMIC brut
mensuels, bénéficie durant les 2 premières années du contrat, d’une prime trimestrielle de 500 €.
26) En France métropolitaine. Il atteint 10,3 % en incluant les départements d’outre-mer.
27) En France métropolitaine. Il atteint 10,2 % en incluant les départements d’outre-mer.
28) Primes, intéressement et heures supplémentaires compris.
29) En tenant compte de l’inflation, c’est à dire de l’évolution des prix.