Conjoncture économique et financière du 2e trimestre 2016
Le contexte international, source de préoccupations
venant des économies émergentes depuis 2015, s’est
de nouveau dégradé au 2e trimestre à l’aune des
conséquences du référendum britannique en faveur
d’une sortie de l’Union européenne (UE) suite au vote
du 23 juin. Si ce vote n’est que consultatif, il devrait
a priori aboutir à l’application de l'article 50 du Traité de
Lisbonne qui précise les modalités d'un retrait
volontaire et unilatéral de l’UE, dans une période de
deux années permettant de définir le nouveau cadre de
coopération. Pour le Royaume-Uni, ce vote ouvre une
période d’incertitudes d’ordres politique (démission du
gouvernement), institutionnel (avenir de l’Irlande et de
l’Ecosse au sein du Royaume-Uni, définition du
nouveau cadre de coopération avec les membres de
l’UE) et bien sûr économique et financier. A court terme,
la croissance britannique pâtira de la dégradation de la
confiance et de la visibilité économique, qui devrait
peser sur la consommation et l’investissement (donc
sur la croissance, l’emploi et l’innovation) et les projets
commerciaux. A moyen terme, les effets économiques
peuvent être très différents, selon i) le degré
d’intégration économique et financière auquel le
nouveau cadre aboutira : le Royaume-Uni peut, au
mieux, rejoindre l'Islande ou la Norvège comme
membre de l'Espace économique européen (EEE), ce
qui lui donnerait un accès au marché intérieur, mais
aussi voir s’établir un cadre moins favorable avec des
barrières douanières, ii) la nouvelle régulation interne qui
se substituera à celle émanant du cadre européen.
Macroéconomie
Avant cet évènement, la croissance de la zone euro est
sur un bon rythme (+ 1,7 % sur un an). En France, le
PIB s’est inscrit en progression de 0,6 % T/T au
1er trimestre 2016 (graphique 1), nettement au-dessus
de la tendance de fond qui caractérise la dynamique de
l’activité depuis la sortie de récession du 1er semestre
2014 (+ 0,3 % par trimestre). Il ne s’agit pas d’un
changement de régime de la croissance : les prochains
trimestres, la croissance devrait être plus proche de
cette tendance de fond que du + 0,6 % du 1er
trimestre. Sur un an, le PIB augmente de 1,3 % et il
pourrait avoir progressé de 1,6 % à 1,7 % au 2e
trimestre. Les révisions statistiques de l’Insee sur la
période 2013-2015 dessinent une économie un peu
plus en aval dans le cycle de reprise que les statistiques
précédentes. L’acquis de croissance s’établit à
+ 1,1 %. Il faudrait un rythme de croissance trimestrielle
de 0,2 % à 0,3 % pour atteindre la prévision
gouvernementale de croissance annuelle de 1,5 % en
2016 : l’objectif paraît atteignable. L’inflation, négative
en début d’année, redevient positive (estimation à
0,2 % en juin) et devrait être légèrement croissante au
2nd semestre.
La crise liée au risque de « Brexit » pourrait affecter la
croissance via le canal commercial, mais
marginalement. Le canal qui est à surveiller de plus près
est celui de la confiance. Si la défiance sur les marchés
Graphique 1 : croissance du PIB réel en zone euro
(%, T/T)
Source : Datastream, sources nationales