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FOCUS
service, recrutements impossibles et insuffisants en raison
de désorganisations persistantes, temps additionnel pas
toujours reconnu, notamment en raison des demi-journées
élastiques. Mais surtout, absence de clarté et flou entretenu
par les textes d'application de la RTT qui, localement, ont
permis toutes les interprétations, contraignant les PH à
engager parfois des recours en contentieux lorsqu'ils se
sentaient lésés.
« Travailler plus pour gagner plus » ? Mais, quelle valeur don-
ner au travail médical : quelle référence ? Les rémunérations
du secteur privé ? Celles en vigueur à l'étranger ? Le temps
médical et sa valeur sont-ils uniquement transformables en
salaire ?
LE TRAVAIL NE SE RÉSUME PAS À
L'ADDITION DE TEMPS PASSÉ ET
D'ARGENT GAGNÉ, AU RYTHME DE
LA JOURNÉE, DE LA SEMAINE,
DU MOIS OU DE L'ANNÉE !
Notre travail est aussi ce qui s'accomplit durant le temps que
nous y consacrons : ce que l'acteur met de lui-même, avec
son expertise, son savoir-faire, sa relation aux autres, son
entrain, pour accomplir une tâche qui constitue le résultat de
son travail et non le travail en soi.
Il semble difficile de demander aujourd'hui aux médecins de
travailler plus en charge horaire et si l'on doit améliorer
l'offre médicale hospitalière dans le contexte démographique
actuel, on doit alors admettre que la seule solution réside bien
dans l'amélioration des conditions de travail, gage de
qualité. L'efficience au travail, l'organisation à l'hôpital, la
reconquête de la sérénité professionnelle sont des chantiers
à ouvrir sans tarder, mais sous une forme différente de
l'injonction qui se profile consistant à « acheter plus de
temps » aux médecins.
CONSIDÉRATION, IMPLICATION,
RECONNAISSANCE, TRANSPARENCE :
LES MOYENS D'UNE SÉRÉNITÉ
PROFESSIONNELLE QUELQUE PEU
PERDUE CES DERNIÈRES ANNÉES
Il faut poser autrement le dogme « travailler plus pour gagner
plus » : pour le SNPHAR, il faut à présent « travailler mieux
pour gagner mieux » !
1-Reconnaître le travail effectué, c'est-à-dire, reconnaître
effectivement le temps passé, en service de jour et en
permanence des soins, et ce qu’il s'y fait.
2-Rémunérer le PH à sa valeur. Mais laquelle ? Indéniablement
celle qui permet de limiter la fuite actuelle des médecins
vers le privé où les revenus sont notoirement plus élevés
et les médecins plus indépendants dans leurs organisa-
tions. Jamais nous n'atteindrons le niveau du Privé, mais
l'écart doit rapidement se réduire en valorisant ce qui fait
la spécificité de l'engagement public.
3-Travailler mieux, c'est mettre un terme aux facteurs de
déresponsabilisation qui s'accumulent, aux isolements
professionnels, faute de temps de partage. C'est aussi
mettre fin au mépris, aux situations de harcèlement de plus
en plus fréquentes, lutter contre la tendance au morcel-
lement des tâches. C'est faire progresser les valeurs de
responsabilité, d'autonomie, de reconnaissance, de
confiance, de dignité, de sérénité dans des organisations
adoptées collectivement.
4-L'objectif est de conserver les PH à l'hôpital public en
rendant une attractivité aux carrières hospitalières qui
l'ont aujourd'hui perdue :
améliorer notablement la grille salariale des débuts de
carrière ;
reconnaître la pénibilité de la permanence des soins,
spécifique à l'hôpital, et lui adosser des droits, notam-
ment au temps réduit en fin de carrière selon des
règles de cumul ;
rémunérer correctement et partout le temps addition-
nel qui doit être identifiable et contractualisé comme
le prévoient les textes, sans contournement ;
reconnaître le travail effectué dans le delta 39/48
heures sans pour autant tomber dans les calculs
d'apothicaire dont les médecins ne sortiraient pas
grandis. Mais il est vrai que l’absence de dialogue social
de ces dernières années ne facilite pas les choses ;
donner une vraie place aux PH dans l'institution hospi-
talière, alors que la mise en place des pôles s'apparente
plus à une nouvelle concentration des pouvoirs.
5-Travailler sur une organisation hospitalière centrée sur
le patient et ses vraies attentes et non plus sur le
maintien des privilèges de certains qui profitent de la
désorganisation installée.
La reconnaissance d'une place pour le PH dans l'institution
ne passe pas par l'installation d'une prime au rendement, ni
par l'augmentation d'une durée de travail déjà longue, et
encore moins par l'achat impensable de la qualité des soins.
Elle relève de moyens définissant effectivement la place de
chacun et les outils qui doivent lui être donnés pour la tenir.
En ce sens, « travailler mieux » est décidément la revendica-
tion légitime et lucide des praticiens hospitaliers. Elle s’insère
« naturellement » dans la plate-forme revendicative du
SNPHAR. Les pouvoirs publics peuvent se mettre au travail
pour le comprendre…
Max-André DOPPIA
Secrétaire général
Nicole SMOLSKI
Vice-présidente du SNPHAR