Introduction
L’e
´volution des troubles de la de
´glutition dans la pathologie
neuromusculaire s’effectue progressivement par alte
´ration
de la phase propulsive. La dysphagie peut ne
´anmoins e
ˆtre
pre
´cocement invalidante. L’atteinte respiratoire touche le
plus souvent les muscles expiratoires alte
´rant la qualite
´de
la toux et conduisant a
`un de
´ficit ventilatoire. L’alte
´ration
musculaire inspiratoire est e
´galement implique
´ede
`slorsque
les pressions sont infe
´rieures a
`20 %. La fonction respiratoire
devra toujours e
ˆtre associe
´ea
`lapriseenchargedela
de
´glutition.
De
´finitions
La de
´glutition est un me
´canisme spontane
´et naturel per-
mettant l’acheminement du contenu de la cavite
´orale et/ou
du pharynx (se
´cre
´tions et/ou aliments) depuis les le
`vres
jusqu’a
`l’estomac via l’œsophage.
Cette activite
´physiologique doit e
ˆtre synchrone et harmo-
nieuse et met en jeu des me
´canismes sensori-sentitivo-
moteurs plus ou moins complexes et plus ou moins re
´flexes.
Sa finalite
´, habituellement reconnue comme telle par le plus
grand nombre, est la pre
´servation de la fonction vitale a
`
travers sa dimension de nutrition. Ainsi, le terme de
´glutition
est-il bien souvent re
´duit a
`sa composante nutritionnelle
«me
´tabolique » et se confond entie
`rement avec le terme
d’alimentation alors qu’il n’en constitue qu’un e
´le
´ment bio-
logique, important certes mais non exclusif. Mais l’activite
´de
de
´glutition joue un ro
ˆle fondamental dans la protection des
voies respiratoires. Il existe une de
´glutition larynge
´e protec-
trice des voies respiratoires qui pre
´ce
`de une de
´glutition pha-
rynge
´e propulsive. L’apne
´e est donc obligatoire mais n’est
possible que si la respiration est ade
´quate et optimale. Ainsi
de
´glutir c’est avant tout se
´curiser l’arbre respiratoire supe
´ri-
eur et infe
´rieur avant le passage du bol alimentaire, des
secre
´tions et/ou de la salive.
Par ailleurs, il convient de bien garder pre
´sent a
`l’esprit sa
dimension psycho-socio-culturelle dans notre pays ou` la gas-
tronomie n’est pas un vain mot. Le diagnostic de troubles de la
de
´glutition chez un patient porteur d’une maladie neuromus-
culaire doit e
ˆtre pose
´en prenant en conside
´ration l’ensemble
des e
´le
´ments sus-de
´crits : alimentation, respiration, percep-
tion, gustation et communication. En effet, ce concept plus
global d’oralite
´permet d’approcher au mieux les desideratas
du patient et de sa famille dans une perspective du primum
non nocere. Il convient donc de bien distinguer le « pouvoir
manger » du « vouloir manger ».
En pe
´diatrie, cette dimension a connu, a
`juste titre, un essor
durant ces dernie
`res anne
´es car la surcharge de soins me
´di-
caux dans la petite enfance et l’agressivite
´autour de la sphe
`re
orofaciale sont des facteurs de risque de dysoralite
´. L’adapta-
tion des e
´quipes aux compe
´tences sensorimotrices du
nourrisson doit conduire a
`e
´viter l’abandonnisme vis-a
`-vis
de l’alimentation orale.
La succion de
´glutition doit e
ˆtre accompagne
´e, soutenue par
des gestes simples (assistance a
`la fermeture labiale par
exemple) re
´alise
´s au mieux par la famille. Elle permettra
un ancrage narratif garant des potentialite
´s bucco-linguo-
faciales a
`l’acceptation des futurs aliments. De
´glutition
« plaisir » et de
´glutition « nutritive » doivent donc e
ˆtre
associe
´es pre
´cocement.
La de
´sensibilisation du re
´flexe nause
´eux, pre
´sent naturelle-
ment chez le nourrisson, est re
´alise
´e par ses expe
´riences
orales. L’incapacite
´motrice de porter ses mains, et les e
´le
´-
ments de son environnement a
`la bouche, limite les expe
´-
riences sensorielles autour des textures, tempe
´ratures,
gouˆts... et la mise en place de praxies buccolinguales vec-
teurs de cette exploration. Ces praxies sont les pre
´mices de la
mastication et de la motricite
´du temps buccal. La perma-
nence de cet hypernause
´eux, associe
´ea
`des expe
´riences
ne
´gatives lie
´es aux soins favorisent les e
´checs d’alimentation,
me
ˆme partiels et peut compromettre la gestion optimale de
l’e
´tat buccodentaire, source de phe
´nome
`nes algiques invali-
dants.
Tout au long de la vie, cette oralite
´doit e
ˆtre respecte
´e,
adapte
´e et stimule
´e pour en limiter la re
´gression (de
´saffe
´-
rentation) et maintenir un acce
`s sensoriel cohe
´rent de la
sphe
`re buccale, qui permettra d’avoir des conduites motrices
possibles.
Proble
´matiques des maladies
neuromusculaires
Les e
´le
´ments physiologiques et physiopathologiques concer-
nant l’e
´valuation et la prise en charge des troubles de la
de
´glutition (chez l’adulte et chez l’enfant) ont connu des
progre
`s conse
´quents depuis ces dix dernie
`res anne
´es mais
il semble indispensable de garder a
`l’esprit une simplification
pragmatique du « parcours de de
´glutition » afin de le rendre
plus lisible et surtout plus accessible au plus grand nombre en
conservant, comme e
´le
´ment interactif, le partage soignant–
soigne
´. Les centres d’expertises de la de
´glutition sont des
phares indispensables afin de « promouvoir », enseigner,
traiter et de
´velopper la recherche clinique applique
´e dans
ce domaine. Ils ne peuvent pas, a
`l’e
´vidence, contenir la masse
croissante des demandes de la population « dysphagique » sur
l’ensemble du territoire et il est par conse
´quent ne
´cessaire de
ge
´ne
´rer une « expertise de proximite
´».
Bilan clinique
Ce bilan clinique devra re
´pondre a
`quatre questions simples
mais urgentes :
existe-il un risque majeur de fausses routes avec inhala-
tions lors de l’alimentation orale ?
O. Merrot et al. Journal de re
´adaptation me
´dicale 2011;xxx:1-4
JRM-205; No of Pages 4
2