raymond ramousse
Les araignées (Araneae Clerck) sont des Arthropodes* prédateurs d'insectes, d'acariens et de petits
crustacés terrestres (cloportes). Ces carnivores sont, dans leur grande majorité, solitaires. Quelques-
unes chassent à courre mais la plupart d'entre-elles utilisent des pièges de soie. Eneffet, toutes
secrètent différents types de soie. Ces soies servent à construire des loges, dans lesquelles elles
seretirent le jour et/ou la nuit, des cocons emprisonnant leurs proies ou protégeant leursœufs
ouleurs juvéniles, mais aussi des pièges-filets (toiles) pour capturer leur proie.
Elles tirent, toutes, derrières elles un fil de sécurité qui leur permet soit de se laisser tomber
hors de la vue de leurs prédateurs au bout de ce fil de rappel, soit d'établir des passerelles entre
dessupports éloignés, soit de se laisser porter par les courants d'air, pour se disperser souvent
àtrès grande distance. Les araignées sont ubiquistes, mais sont spécialisées en termes d'habitat.
Ellespeuvent, ainsi, coloniser les nombreux micro-habitats et les micro-climats variés que pro-
cure le milieu urbain. On peut distinguer les araignées construisant une toile suspendue entre
deux supports (Zygiella, Linyphiidées, Nesticus, Tegenaria), celles se tenant dans un trou dumur
ettissant une toile contre le mur (Amaurobius, Filistata, Segestria, Dictyna) et celles qui sont
errantes (Scytodes, Salticus).
Les rebords de fenêtres et de toits, les pylônes, les poteaux électriques, les lampadaires, les clô-
tures, les rambardes des ponts et passerelles, souvent ajourées, et illuminées la nuit, assurent
les supports nécessaires à la construction des toiles individuelles de l'Épeire des fenêtres,
Zygiella x-notata (5-6 mm). Sa toile orbitèle (en forme de roue) présente un secteur vide de spires.
Lefilradiaire qui traverse ce secteur joint le centre de la toile à la retraite de l’araignée et transmet
lesinformations sur les proies qui ont heurté le piège aérien. Les toiles abimées en fin de journée sont
reconstruites pendant la nuit. Des centaines de ces toiles peuvent être observées aisément àl'aube sur
la balustrade ajourée de la passerelle du Collège entre le lycée Ampère et la rive gauche duRhône.
Certaines espèces colonisent des îlots verts des villes (ronds-points routiers, jardins privés ou
publics). Ce sont essentiellement des Linyphiidées (inférieur à 2mm) : Erigone atra, E. dentipalpis
et E. vagans, Meioneta rurestris, Bathyphantes gracilis, Lepthyphantes tenuis qui tissent une toile
en nappe, sans retraite, éventuellement surmontée d'un réseau enchevêtré, sous laquelle se tient
l'araignée en position renversée.
Les lieux sombres et humides : caves, celliers, égouts sont occupés par de petites araignées caver-
nicoles Nesticus cellulanus. Les Steatoda (Theridiidées), de taille moyenne, sont assez fréquentes
dans les dépendances des maisons. Leurs toiles irrégulières sont des « pièges à piéton ». En-dessous
de fils enchevêtrés non collants, des fils gluants descendent jusqu’au sol. Quand un petit animal
déambulant au sol heurte l’un de ces fils, il s’y colle, le casse et se trouve entraîné au-dessus du sol,
où l’araignée vient l'achever.
Dans les encoignures des pièces inhabitées, des caves, des greniers, se trouvent les Tegenaria
qui sont parmi les plus grandes araignées d’Europe (corps 18-20mm, pattes étendues 5 à 6cm).
LaTégénaire domestique Tegenaria domestica vit dans les zones sombres des maisons ; elle se
rencontre souvent dans les pièces les plus communes telles que la chambre ou la salle à manger.
Elle est solitaire et nocturne et vit sur une toile en forme d'entonnoir qu'elle refait chaque nuit.
Onles rencontre le plus souvent dans les baignoires ou les éviers des maisons car elles n'arrivent
pas à escalader des parois aussi lisses. Du fait de leur grande taille, les tégénaires déclenchent
fréquemment des réactions phobiques, bien qu’elles soient inoffensives.
Dans les Monts d'Or, contre les murs de pierre et les palissades en bois, les Amaurobius, araignées
cribellates* de taille moyenne (6 à 16mm, longueur du corps), fabriquent une retraite tubulaire
dans une fissure ou un creux autour duquel elles tissent une toile, qui ressemble à de la dentelle et
présente une forte adhésivité de type mécanique (soie criblée*). ●●●
Les araignées dans la ville
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{L'ESPACE BÂTI}
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Une Tégénaire (
Tegenaria sp
), hôte des habitations. © Hugues Mouret - Arthropologia
Segestria florentina
au débouché de sa cache, dans un mur de pierre. © Hugues Mouret - Arthropologia
{REGARDS SUR LES MILIEUX
NATURELS ET URBAINS
DE L'AGGLOMÉRATION
LYONNAISE}