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décideurs & dealmakers
insider
Décideurs. Réussite rare pour une biotech tricolore, Biom’Up
a levé plus de 31 millions d’euros auprès d’investisseurs pri-
vés. Comment expliquer une telle collecte ?
Étienne Binant. Depuis longtemps, nous savions que notre
marché, celui de l’hémostase, pouvait intéresser les bail-
leurs de fonds en raison de son potentiel de croissance
important. De plus, notre produit phare, Hemoblast, une
poudre hémostatique qui arrête les saignements modérés
en chirurgie, a constitué une innovation sur un segment
d’activité resté
flat
depuis près de dix ans. Ce marché,
sans être source d’espoirs infondés, représente tout de
même une valeur annuelle de deux milliards de dollars.
Cependant, les investisseurs nous
ont soutenus à compter du moment
où nous avons renforcé le mana-
gement : respectivement nommés
directeur médical et président du
Conseil d’administration, le Pr Wil-
liam Spotnitz et le Dr Jan Ohrstrom
ont contribué à la sécurisation de
cette levée.
Décideurs. Quelle sera l’allocation
de ces fonds ?
E. B. Il nous fallait initialement vingt
millions d’euros pour entreprendre ce que nous avions
prévu. Avec 31,3 M€, nous allons aller encore plus vite !
La priorité de notre développement va au lancement de
l’étude clinique sur 400 cas aux États-Unis et en Europe.
Ensuite, les fonds supplémentaires vont à la fois nous per-
mettre d’avoir un horizon de trésorerie étendu et de lancer
Hemoblast en Europe d’ici la fin de l’année prochaine sans
l’aide d’un quelconque partenaire.
Décideurs. Quels sont les avantages de votre produit, l’He-
moblast ?
E. B. En chirurgie du foie, du cœur ou encore de la colonne,
les petits saignements peuvent gêner la bonne conduite
d’une opération et ainsi mettre indirectement la santé d’un
patient en jeu. Dans ces cas-là, un produit hémostatique
est appliqué. Hemoblast, dont nous comptons démontrer
l’efficacité à plus de 90 % à six minutes, est prêt à l’em-
ploi et ne nécessite donc aucune préparation avant son
utilisation. D’autres produits font perdre plusieurs minutes
cruciales au déroulement de la chirurgie. Par ailleurs, sous
forme de poudre, il peut, selon les besoins, couvrir une
large zone ou un endroit précis. Il est ainsi plus maniable
qu’un gel.
Décideurs. Les medtech/biotech américaines enchaînent les
levées de fonds privées et publiques spectaculaires. Leurs
consoeurs françaises ont-elles à rougir de ce dynamisme ?
E. B. Premier commentaire : la
France est le marché le plus actif
d’Europe continentale en ce qui
concerne les IPO de medtech/
biotech. Plus d’une trentaine
d’introductions ont été réussies !
Le marché est donc mûr pour les
ouvertures de capital publiques.
Il n’y a qu’à regarder DBV Tech-
nologies qui a parfaitement
évangélisé le marché avec 200
M€ collectés sur le Nasdaq. Gen-
fit, Cellectis ou Adocia ne déméritent pas non plus avec des
valorisations proches ou supérieures à 500 M€.
Néanmoins, lors de tours de table privés, la donne est diffé-
rente : ce premier semestre, l’ensemble des biotech/med-
tech avait levé un montant très limité en tour privé, alors que
Biom’Up à elle seule vient de collecter plus de 30 M€. En
France, si vous n’êtes pas soutenu par Sofinnova, InnoBio
ou EDRIP, l’appui d’investisseurs privés est compliqué pour
les gros tours privés.
«Nous voulions 20 M€ et nous
récupérons plus de 30 M€ »
Étienne Binant
Directeur général, Biom’Up
«
En France, si les biotech ne
sont pas soutenues par les gros
capital-risqueurs de la santé, la
réussite d’un tour privé impor-
tant est compliquée
»
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