Les prélèvements ORL
Chapitre 1
8
2.1. Les contextes
Les contextes justiant l’analyse d’un prélèvement pha-
ryngé sont très variés:
- recherche de l’étiologie d’une angine;
- diagnostic des candidoses oropharyngées;
- recherche de Neisseria gonorrhoeae dans un contexte
d’IST;
- surveillance des ores des sujets immunodéprimés;
- recherche du portage de germes multi-résistants aux
antibiotiques (SARM par exemple) chez les patients
admis dans certains services hospitaliers ou chez le
personnel soignant 1.
Une angine, aection douloureuse, correspond à une
inammation aiguë d’origine infectieuse des amyg-
dales palatines, structures latérales au fond de la gorge
(photographie 3 ). Les douleurs irradient souvent vers
les oreilles (otalgie) avec une sensation de brûlure de la
gorge associée à des dicultés de déglutition.
La ore commensale des voies aériennes supérieures va-
rie selon les sites (tableau 2 ). Elle est particulièrement
abondante au niveau du pharynx.
R5 La ore de la muqueuse buccale
Elle est essentiellement constituée de streptocoques
alpha hémolytiques (Streptococcus salivarius, S. mitis, S.
sanguis, S. milleri...) et de bactéries anaérobies (Bacte-
roides melaninogenicus, Fusobacterium spp., Veillonella)
qui adhèrent aux cellules de l’épithélium lingual et ju-
gal.
R5 La ore salivaire
Elle est le reet de la ore de la muqueuse buccale; elle
contient un nombre élevé de bactéries (105-106/mL),
avec une nette prédominance des streptocoques et par-
ticulièrement de S. salivarius.
R5 La ore du pharynx
Elle est abondante (108/mL) et de composition similaire
à celle de la salive ; elle s'en distingue par la présence des
Haemophilus, des Neisseria et des Branhamella.
R5 La ore des fosses nasales
Elle est composée essentiellement de Staphylococcus
epidermidis, de corynébactéries et, dans une moindre
mesure, de streptocoques alpha hémolytiques et de
Neisseria.
Les sinus, à l’état normal, sont stériles.
R5 La ore du conduit auditif
Elle est qualitativement proche de la ore cutanée
(staphylocoques, microcoques et corynébactéries) mais
limitée quantitativement par l’activité bactéricide du
cérumen.
À ces germes commensaux, s’ajoutent en petite quantité
des bactéries en transit: entérobactéries, Pseudomonas.
Certains sujets sont porteurs de germes potentiellement
pathogènes comme:
-Staphylococcus aureus, au niveau des fosses nasales (un
tiers des individus);
-Neisseria meningitidis, Streptococcus pneumoniae et
Streptococcus pyogenes, au niveau du pharynx.
Les infections ORL (Oto-Rhino-Laryngées) concernent
les voies aériennes supérieures.
Les voies aériennes supérieures comprennent (gure 1 ):
- la cavité nasale;
- le pharynx divisé en 3 zones: le naso ou rhinopharynx,
l’oropharynx et l’hypopharynx;
- la bouche;
- l’oreille reliée au rhinopharynx par la trompe d’Eus-
tache;
- le larynx.
Seront développés dans ce chapitre, les diagnostics des
angines, des otites et des sinusites avec, dans un premier
temps, les ores commensales des voies aériennes supé-
rieures, ores riches et variées dont l’existence complique
le diagnostic des infections ORL ; il est possible, en
outre, de trouver au sein de cette ore, des espèces poten-
tiellement pathogènes et il est alors dicile de distinguer
un simple portage d’une infection.
Le traitement des infections ORL virales étant seule-
ment symptomatique (antalgique et antipyrétique), leur
diagnostic ne sera pas développé.
Bien que ce ne soit pas une infection ORL, le diagnostic
bactériologique de la coqueluche sera présenté en der-
nière partie de ce chapitre puisqu’il est établi à partir
d’un prélèvement nasopharyngé.
1. LA FLORE COMMENSALE DES VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES
2. LES PRÉLÈVEMENTS PHARYNGÉS
1. Ces deux derniers contextes sont développés dans le tome 3 de Bactériologie médicale, au chapitre Rôle du laboratoire de bactériologie dans la lutte contre les
infections nosocomiales.