
faut donc savoir agir avec douceur et sans précipitation.
Il importe de ne pas avoir la simple vue des amygdales
mais de tout l’intérieur de la bouche. Il n’est pas toujours
aisé d’apercevoir un enduit pultacé plus ou moins caché
dans les replis des piliers. Il faut s’efforcer de ne procé-
der qu’à une seule investigation mais ne pas hésiter à
la recommencer s’il persiste un doute d’exploration
incomplète des amygdales, des piliers, de la luette, du
voile du palais, de la paroi postérieure du pharynx, des
muqueuses jugale, gingivale et linguale. Ce geste sera
complété par la palpation des ganglions cervicaux et un
examen clinique complet, notamment cardiovasculaire.
APPROCHE DU DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
Les germes isolés dans les prélèvements de gorge
chez des patients atteints d’angines sont nombreux, mais
ils restent largement dominés par les virus et le strepto-
coque du groupe A.
Les streptocoques des groupes C, G, E, F, le gono-
coque, l’Arcanobacterium Hæmolyticum sont très rares
et peuvent aussi être en cause. Ces bactéries ne donnent
qu’exceptionnellement les complications du SGA, elles
ne sont pas sensibles à la pénicilline et ne poussent pas
sur les milieux de culture utilisés pour les angines à SGA
(gonocoque). Autrement dit, ni un traitement systéma-
tique par la pénicilline, ni les prélèvements de gorge
systématiques ne permettent de dépister et de traiter
ces patients. Enn, certaines bactéries n’ont aucun rôle
pathogène démontré et ce sont des bactéries commen-
sales, comme Hæmophilus inuenzae et parainuenzae,
Brahamella catarrhalis, pneumocoque, staphylocoque,
anaérobies. Quant à Corynebacterium diphtheriae, il
n’est plus en cause dans notre pays du fait de la vaccina-
tion contre la diphtérie (Tab.I).
Sur le plan scientique, la différenciation entre une
angine à SGA et une angine virale est indispensable pour
une prise en charge optimale de l’angine, dont l’objectif
est de limiter le coût économique de l’antibiothérapie
systématique et de contribuer à réduire la sélection des
résistances bactériennes. Ainsi, selon certaines enquêtes
effectuées auprès du corps médical, cette distinction
serait très utile en pratique médicale courante pour
une grande proportion des médecins interviewés : 78%
selon une étude tunisienne et 67% pour des médecins
marocains. Selon ces médecins interviewés, les signes
cliniques qui doivent faire évoquer une angine bacté-
rienne, sont dans 51% la présence d’exsudat sur les
amygdales, la èvre intense dans 41%, la rougeur dans
23% et la présence d’adénopathie cervicale pour 21%
de ces médecins. En réalité, cette distinction n’est pas
aussi simple.
1. La distinction entre angine virale et angine
bactérienne n’est pas facile cliniquement, car aucun
des critères fonctionnels et physiques d’angine aiguë
n’est totalement discriminant. En effet, la combinai-
son de plusieurs critères cliniques tels que l’exsudat, les
adénopathies cervicales antérieures, l’absence de toux
et la présence de la èvre peuvent aider le praticien à
seulement prédire l’origine streptococcique de l’angine,
mais sans la conrmer. A l’opposé, la symptomatologie
évoquant une origine virale comporte l’absence de èvre,
l’existence d’une toux, d’un enrouement, d’un coryza,
d’une conjonctivite, d’une diarrhée et la présence de
vésicules ou d’une stomatite. Toutefois, l’exsudat peut
être retrouvé même en cas d’angines virales (Tab.II).
2. De nombreux scores cliniques sont proposés pour
aider les médecins à prescrire une antibiothérapie ou
non devant une angine. Ces différents scores cliniques
ont une sensibilité et une spécicité variables, mais dont
les résultats, par rapport à la culture, ne sont pas toujours
satisfaisants. Ainsi, dans les pays en développement
où le RAA demeure un problème de santé, il s’avère
donc nécessaire d’adapter et contextualiser ces scores
cliniques, an d’obtenir localement une sensibilité
élevée et une spécicité adéquate (Tab.III et IV) [3,4,5].
On peut citer :
- Le score clinique de l’OMS, appliqué en Egypte
chez des enfants de 5 à 12 ans, révèle une spécicité de
93,8 à 97,4%, mais une très faible sensibilité de 3,6 à
8,5%. Cela est insatisfaisant dans une prise charge basée
uniquement sur la clinique vu le fort pourcentage des
faux négatifs.
- Le score de Breese varie de 18 à 38. Un score posi-
tif, supérieur ou égal à 26, correspond à un risque signi-
catif d’angine streptococcique. Une forte probabilité
d’angine streptococcique, autour de 85%, est obtenue si
le score est supérieur à 31. Selon une étude menée en
Turquie portant sur des enfants de 3 à 17 ans, pour un
score de Breese supérieur ou égal à 30, la sensibilité était
8Rev Mar Mal Enf 2013; 31 : 5-15