Maquis de l'Ain et du Haut-Jura 1
Maquis de l'Ain et du Haut-Jura
Maquis de l'Ain et du Haut-Jura
Le mémorial des maquis de l'Ain et de la Résistance à Cerdon.
Informations générales
Date janvier 1943 - mi-septembre 1944
Lieu Bugey et Haut-Jura
Issue Retrait des troupes allemandes.
Belligérants
Maquisards,
puis FFI
‚Reich allemand
État français
Milice française
• GMR
Commandants
Henri Romans-Petit Karl Pflaum
Forces en présence
485 hommes,[1] (fin
1943)
7‚206‚hommes
(juin 1944)
Allemagne' :'
8€600 à
10€500€hommes
GMR :
1€500€hommes
Pertes
FFI :
320‚morts
145‚blessés
6‚disparus
maquisards : 60‚morts,
~ 300‚morts,
Seconde Guerre mondiale
Batailles
Maquis de l'Ain et du Haut-Jura 2
opération Caporal du 5 au 13 février 1944
opération Frühling[2] du 7 au 18 avril 1944
opération Treffenfeld du 11 au 21 juillet 1944
bataille de Meximieux du 31 août au 2 septembre 1944
2e campagne de France
Corse‚· Ain et Haut-Jura‚· Les Glières‚· Ascq‚· Mont Mouchet‚· Opérations SAS en Bretagne‚· Bataille de Normandie‚· Guéret‚· 1er Tulle‚· 2e Tulle‚·
Argenton-sur-Creuse‚· Oradour-sur-Glane‚· 1er Ussel‚· Saint-Marcel‚· Saffré‚· Mont Gargan‚· Vercors‚· Penguerec‚· Lioran‚· Égletons‚· 2e Ussel‚·
Débarquement de Provence‚· Port-Cros‚· La Ciotat‚· Toulon‚· Martigues‚· Marseille ‚· Nice‚· Rennes‚· Saint-Malo‚· Brest‚· Paris‚· Montélimar‚·
Maillé‚· Ecueillé‚· La Saulx‚· Meximieux‚· Nancy‚· Reddition de la colonne Elster‚· Dunkerque‚· Arracourt‚· Saint-Nazaire‚· Lorient‚· Metz‚· Royan et
de la pointe de Grave‚· Campagne de Lorraine‚· Colmar
Front d'Europe de l'Ouest
Front d'Europe de l'Est
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Bataille de l'Atlantique
Guerre du Pacifique
Guerre sino-japonaise
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Les maquis de l'Ain et du Haut-Jura sont des groupes de résistants français et étrangers ayant opéré et s'étant
cachés dans les montagnes et forêts du Bugey et du Haut-Jura durant la Seconde Guerre mondiale.
Ces groupes ont commencé à se former dès le début de l'année 1943 où l'impopularité du régime de Vichy s'accroit à
cause de la réquisition forcée d'ouvriers pour le service du travail obligatoire. L'organisation sous forme de camp est
due à Henri Romans-Petit qui place ces personnes dans différentes fermes isolées sur les reliefs du Haut-Bugey. Une
organisation militaire est mis en place notamment grâce à la création d'une école des cadres à Montgriffon en juin
1943.
Plusieurs actions sont menées au cours de l'histoire du maquis. Les premières d'envergures sont les prises des dépôts
d'intendance des Chantiers de la jeunesse à Artemare puis l'intendance de l'Armée à Bourg-en-Bresse en septembre
1943. L'action majeure de l'histoire du maquis de l'Ain et du Haut-Jura est l'organisation d'un défilé par une troupe
d'environ deux cents maquisards le 11 novembre 1943 à Oyonnax, un jour qui marque l'anniversaire de l'armistice de
1918. L'évènement est rapporté dans la presse clandestine ainsi qu'à la radio de Londres offrant une existence
concrète aux yeux de la population française et aux Alliés.
Considérés comme des terroristes dont l'existence est illégale, ces groupes sont la cible d'une forte oppression. Dans
un premier temps, l'objectif de dissolution du maquis est confiée aux forces françaises : des opérations ponctuelles et
ciblées ont lieu régulièrement. Devant le constat de montée en puissance du maquis et dans un second temps à partir
de la fin de l'année 1943, la Wehrmacht se charge d'anéantir les camps de maquis. Plusieurs opérations sont menées
par les Allemands en février, avril et juillet 1944. Malgré les pertes humaines et matériels, la résistance est
maintenue et des sabotages ont lieu sur les axes de communications routiers et ferroviaires pour ralentir les avancées
des convois allemands. Le département de l'Ain est libéré en septembre 1944 entrainant la fin de la lutte armée des
maquisards du département.
Maquis de l'Ain et du Haut-Jura 3
Histoire
Création du maquis
Débuts de la résistance dans l'Ain
La ligne de démarcation durant l'occupation.
L'occupation de la France par l'Allemagne nazie pendant la Seconde
Guerre mondiale entraîne la découpe du territoire français en deux
parties soumises à deux législations différentes. Entre les mois de juin
1940 et novembre 1942, le département de l'Ain est inclus dans la zone
libre soumise au Régime de Vichy sauf le Pays de Gex qui fait partie
de la zone interdite. Des lois sont mises en place dès le 4 octobre 1940
pour placer les « étrangers de race juive » dans des camps
d'internement français. Les persécutions s'intensifiant vers la fin de
l'année 1942, une partie de la population décide d'assister les victimes
de ces persécution et forme les premiers groupes de résistance civile.
Dès 1941, des élèves du lycée Lalande à Bourg-en-Bresse s'unissent
pour tenter de s'opposer au Régime de Vichy. En octobre, ils forment
un groupe de six personnes dont les actions sont la distribution de tracts et de journaux clandestins. D'autres élèves
rejoignent l'organisation qui comptera jusqu'à trente membres à la fin de l'année. Le mouvement s'élargit grâce aux
internes qui créent des groupes dans leur communes d'origine Pont-de-Vaux, Nantua, Bellegarde-sur-Valserine,
Oyonnax et Belley. Le groupe acquiert le nom des Forces unies de la jeunesse en novembre 1942.
Plaque commémorant la médaille de la
Résistance décernée au lycée Lalande.
Dans un même temps, l'occupant met en place la Relève, dont le but est
d'envoyer des travailleurs français en Allemagne participer à l'effort de
guerre du Reich, en échange de la promesse de libérations de
prisonniers de guerre. Cette main dœuvre est constituée de volontaires,
auxquels ont a promis un bon salaire et une bonne nourriture. À partir
de la fin de l'année 1943, cette participation volontaire est remplacée
par un «service du travail obligatoire», couramment abrégé STO. Pour
y échapper, de nombreux réfractaires décident de se cacher.
Fin 1941, Henri Petit est engagé dans le réseau Espoir à Saint-Étienne.
Lors de la fête de Noël 1942, un résistant indépendant Marcel Demia,
maraîcher-horticulteur de la commune d'Ambérieu-en-Bugey s'y rend
pour visiter ses parents. Les deux hommes se rencontrent et échangent leurs points de vue sur la situation. Leur
engagement commun incite Henri Petit à découvrir l'organisation de la Résistance dans le département de l'Ain.
Marcel Demia lui parle des jeunes réfractaires qu'il a placé dans des fermes isolées et des difficultés qu'il rencontre
dans son organisation. Henri Petit arrive dans l'Ain à la fin de l'année 1942 et commence à aider les réfractaires du
STO à s'héberger chez des habitants locaux. Il les incite à trouver un travail.
Maquis de l'Ain et du Haut-Jura 4
Mise en place des camps
Aux Pézières, la route pour Malaval, Colognat et
les fermes des Gorges.
À la fin de l'année 1942, des réfractaires au STO sont cachés par
groupe de deux ou trois autour des villages d'Aranc, de Montgriffon et
de Corlier. À Montgriffon, en janvier 1943, le nombre de réfractaires
augmente dans la ferme des Gorges jusqu'à contenir une vingtaine de
membres. Cette ferme abandonnée et isolée est située au fond d'un
ravin, à proximité immédiate d'un grand pré en pente et d'un ruisseau.
Le hameau le plus proche est celui de Résinand. L'organisation
d'encadrement et d'instruction militaire mis en place dans ce camp,
pourtant moins peuplé que d'autres camps-refuges, en fait le premier
camp de maquis.
Pour organiser ce premier camp de maquis du département de l'Ain et gérer l'arrivée de nouveaux réfractaires, les
responsables départementaux de l'Armée secrète par le biais de René Greusard cherchent un responsable militaire.
Aucun des officiers démobilisés des différents régiments du département et aucun responsable local de l'Armée
secrète ne se manifeste pour effectuer cette mission. Il est fait appel au directoire régional des Mouvements unis de
la Résistance et une réunion tenue en 1943 au Café français à Bourg-en-Bresse confirme Henri Romans-Petit comme
responsable du maquis de l'Ain et du Haut-Jura.
En mai 1943 sur le mont de l'Avocat près de la commune d'Izenave. Pierre Marcault rassemble des réfractaires au
STO et quelques volontaires originaires des communes de Villereversure et Bourg-en-Bresse. Les abris sont
sommaires et composés de quelques tôles ondulées récupérées près des exploitations agricoles de la région ainsi que
de branchages. Ce camp est surnommé « Bir-Hakeim », il devient également le refuge de quatre républicains
espagnols travaillant dans une exploitation agricole. Le ravitaillement est assuré par les paysans d'Izenave ainsi que
les « frères Turc » habitant la commune de Corlier.
La nuit du 9 au 10 juin 1943, aux granges de Faysse entre Aranc et Boyeux-Saint-Jérôme, Henri Romans-Petit
organise la première réunion avec la vingtaine de personnes regroupées sur le mont de l'Avocat. Il s'agit de
commencer à organiser le maquis. Ce lieu est désigné pour être le dépôt de vêtements et de vivres. Il craint un
découragement de leur part et les place dans la ferme des Gorges, suivant les conseils de Marius Chavant, adjoint au
maire de la commune de Montgriffon. Celle-ci à l'avantage d'un emplacement géographique favorable à la mise en
place de stratégies d'attaques. Manquant de moyens financiers pour l'achat de nourriture, il laisse les autres possédant
un travail se loger chez des cultivateurs ou des artisans tout en conservant leur contact.
Maquis de l'Ain et du Haut-Jura 5
Développement du maquis
Formation des maquisards
Henri Romans-Petit.
En avril 1943, Henri Romans-Petit crée une école de cadres à la ferme des
Gorges près de Montgriffon. C'est la première structure de la région destinée
à former les maquisards. Elle est assurée par Pierre Marcault et a pour but de
former les différents chefs des maquis. Le souhait d'Henri Romans-Petit est
de recruter des officiers et des sous-officiers de l'Armée d'armistice
démobilisés pour encadrer les camps. Les candidatures sont rares, les
maquisards portant une image de terroriste.
Le 14 juillet 1943, de nombreux résistants se regroupent à la ferme de
Terment pour célébrer la fête nationale malgré l'interdiction du Régime de
Vichy. Les premiers groupes de maquis sont ainsi constitués et les promus
de l'école des cadres répartis dans différents camps à Granges, Cize,
Chougeat, Corlier et le Retord. Il s'agit de Pierre Marcault, Jean Vaudan,
puis plus tard au mois d'août 1943 le lieutenant Henri Girousse et l'aspirant
Noël Perrotot qui sont des officiers d'active. L'école des cadres est fermée à la fin du mois de juillet 1943 mais Pierre
Marcault continue l'instruction au camp de Morez dont il a la charge.
Organisation géographique de la Résistance
française
Henri Romans-Petit devient rapidement le meneur de l'organisation du
maquis et organise les différents camps en limitant le nombre
d'occupants à soixante hommes. Le sous-chef régional de l'Armée
secrète, Albert Chambonnet, ainsi que le président du directoire
départemental des Mouvements unis de la Résistance, René Greusard
décident, lors d'une réunion au Buffet de la gare de Bourg-en-Bresse au
mois d'août 1943, de conforter Henri Romans-Petit comme responsable
des maquis de l'Ain. Il lui ait confié la tâche de placer sous son autorité
les camps de réfractaires qui se sont formés spontanément dans le
département.
En septembre 1943, pour gérer le flux des nouveaux arrivants et tenter
de démasquer d'éventuels infiltrés, les nouvelles recrues sont reçues
dans le camp du Mont près de Nantua, un centre dit de triage placé
sous l'autorité de Gabriel Even. À partir de sa création, tous les
candidats au maquis passent par le centre de triage. Les objectifs sont
d'empêcher l'infiltration de miliciens dans les camps du maquis et de
ne retenir que les hommes dont les capacités physiques et mentales sont suffisantes. Après validation de tests
physiques et des interrogatoires, les hommes sélectionnés sont dirigés dans les divers camps du département.
« Une grosse déconvenue : il y a très peu d'armes - seulement pour la garde, pas de vêtements, pas de souliers.
Notre rêve est fini, les conditions de vie au camp de triage seront très dures. Il paraît que c'est pour mieux
détecter les agents ennemis? [] Que penser de la galère où nous sommes, la pauvreté du camp de triage ?
»
‚Témoignage de René Goiffon dans son Journal du maquis pour son arrivée au camp de triage février 1944.
Les cadres répartissent leurs tâches à l'instruction des jeunes, qui dure un mois et doit leur permettre de s'adapter à la
vie du maquis, mais également à la garde des camps. Des patrouilles sont organisées jours et nuits dans des rayons
de trois kilomètres autour des fermes. Elles permettent de prévenir le camp en cas d'attaque inopinée. D'autres
hommes sont placés en embuscade.
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