21 et 22 mai 2011
Le 1er juin 1944, les brouillages n'arrivent pas à couvrir l'indicatif sonore
emprunté à la 5e symphonie de Beethoven, et qui signifient en code
Morse "V", comme victoire. Et les auditeurs de la BBC présents ce jour
là derrière leur récepteur n'auront pas manqué de remarquer qu'il se
prépare quelque chose de spécial : en effet, les messages personnels
se multiplient. On en compta près de 200 ce jour là...
Le 5 juin à 21 h 45 sur les ondes de la BBC c’est l’appel des
messages* mystérieux :
Les sanglots longs des violons de l’automne
Bercent mon cœur d’une langueur monotone
et la mobilisation de plus de 400 hommes dans l’Hérault
Depuis Mars 43 et l’instauration du STO, les Maquis ne cessent de se développer mais ils manquent d’armes. Ce n’est qu’à
l’approche du débarquement en Normandie que les parachutages se multiplient car Londres et les Américains se méfient de
ces combattants sans uniforme. 94% des parachutages ont lieu entre le 1° janvier et le 6 juin 1944, soit 31 053 containers.
Dès le 10 puis le 16 juin vient de Londres le contre ordre sur le plan national invitant à freiner la guérilla*, un ravitaillement
suffisant en armes étant impossible, à rompre partout le contact, éviter les gros rassemblements et constituer de petits groupes
isolés, l’aviation étant utilisée sur la tête de pont de Normandie. C’est le glas pour le maquis du Vercors où la république a été
proclamée le 3 par le préfet civil Chavant.
Sitôt mobilisés pour la Libération finale il est inconcevable pour les maquisards de rentrer à la maison. L’erreur sera de ne mas
nomadiser et de vouloir comme dans le Vercors, contrairement aux consignent, engager un combat « traditionnel ».
VALMY
Au N.E. un embryon de maquis est implanté à l'arrêt sur la Séranne au-dessus de Pégairolles et Saint-Jean-de-Buèges où se
trouvent quelques autres réfractaires du S.T.O., le ravitaillement et les liaisons. Trois jeunes gens des classes terminales du
lycée de Montpellier en forment d'abord tout l'effectif qui ne grossit ensuite que très lentement jusqu'au 15 août. Par contre, par
deux fois, quelques villageois de la vallée de la Buèges, attendirent vainement un parachutage sur le plateau du Causse de la
Selle près de la ferme de Gervais.
BIR HAKEIM
Créé durant l'été 1942, par le commandant Rigal, chef de l'Armée Secrète de Toulouse et Jean Capel qui appartenait au
mouvement Combat, il fut rejoint par Coucy, un instituteur de Montpellier à la disparition de Rigal.
En mars 1943, Jean Capel estime que la propagande ne suffit plus et avec les frères Marcel et Christian de Roquemaurel, il
met sur pied un premier groupe de maquisards avec des jeunes étudiants issus de Toulouse, des ouvriers et employés et des
républicains espagnols. Ce groupe s'installa d'abord dans la région de Villefranche de Rouergue avant de partir à Douch, dans
l'Hérault où il livra un des premiers combats importants de la Résistance. Il déploya ensuite son activité en Ardèche, Gard et
Lozère. Il fut rejoint par les membres d'un maquis d'antifascistes allemands, dirigés par le communiste Otto Kühne.
Le groupe Allion est dénoncé par un déserteur. Le 1°mars 1944, M Milhau, maire de La Vacquerie est arrêté et déporté.
Il subit un assaut meurtrier à La Parade le 28 mai 1944 qui fit plus de 60 morts, avant de revenir dans le Clermontais le 6 juin
pour participer à la Libération. Le maquis Bir Hakeim ou plutôt les survivants, est reconstitué par de très rares rescapés du
combat d'extermination de la Parade (28 mai : 59 morts au total en comptant les prisonniers martyrisés à Mende et exécutés
aux environs), et quelques hommes restés en arrière-garde sur l'Aigoual ayant échappé au massacre ; de nouvelles recrues ont
été arrêtées à temps sur le chemin du maquis. Commandé par un officier de Canet, le Capitaine Demarne, ce petit groupe (une
dizaine d'hommes à l'origine) contient à cette date un agent allemand qui faillit réussir à le faire détruire le 12 juin près de
Liausson tandis qu'une rafle s'abattait sur ses amis de Clermont. (On exécuta peu après celui qui avait introduit l'espion et
s'était porté garant pour lui). Il évolue du 6 au 30 entre le pic de Bissous ou de Cabrières (482 mètres) et le rocher des Deux
Vierges (côte 535) au N. de St-Saturnin. D'abord nous le trouvons au nord de Clermont-l'Hérault près de la Lergue, puis sur la
route de Clermont à Liausson s'étant déplacé très légèrement en faisant preuve d'une méfiance justifiée ; il s'échappe le 12
(avec seulement une sentinelle tuée) passe au Sud du cirque de Mourèze, bivouaque sur le Bissous, puis va dans la Vallée de
la Lergue et les hauteurs qui dominent au Nord de St-Jean-de-la-Blaquière sans s'éloigner de Rabieux, petite bifurcation
ferroviaire où il a des amis, et enfin gagne l'extrémité occidentale du cirque de Mourèze.
KOUFRA
(N.O. de Lodève) un petit maquis "Action Ouvrière" est installé au-dessus de Roqueredonde. Quelques jeunes montpelliérains
le rejoignent le 9 à la fin du mois de mai, avec l'aide des F.T.P.F. du Clermontais, un coup de main lui avait permis de se
ravitailler et de s'équiper aux dépens de l'Ecole Pénitentiaire d'Aniane.
Une demi-douzaine d'Espagnols s'y trouve, mais, après la stérile embuscade du 12 (entre Lunas et Lodève) et la perte du
matériel au camp même, ces Espagnols se retirent et tourneront désormais autour de Lodève (logés surtout sur Volarèdes, à
10 kilomètres au sud de la ville). Les maquisards (en fait F.T.P.F.), une vingtaine, s'installent dans le bassin minier le 14 juin,
d'abord au^nord de Frangouille sur le ruisseau de l'Alsou (houillères abandonnées à l'est de Graissessac) avec leur P.C. Au col
de Clare (au-dessus), puis le 22 sur un affluent de l'Orb, le Vemazoubre quelques kilomètres plus au nord, près de l'usine de
Truscas) avec pour position de repli le mont Agut (côte 1023 mètres) au N.O. de Graissessac .
Le 14 août vers 21 h 35, les responsables de la Résistance sont prévenus du débarquement en Provence :
NE BOUSCULEZ PAS L’ESTROPIE : PLAN VERT= RAIL
LE SAINDOUX EST MAUVAIS : PLAN BLEU « TORTUE » = ROUTE
L’APPRENTI FAIT DES VERS : PLAN VIOLET = ELECTRICITE
GUERILLA* : L’AGNEAU EST TEMERAIRE
Les effectifs au soir du 15 août 1944 :
- VALMY à Larret : 20 hommes
- BIR HAKEIM : 60 + 120 gendarmes (1°Cie à Mourèze ) + 40 (2°Cie au Rocher des Vierges) + 100 Guérilleros (11°Brig.)
- KOUFRA: 50 hommes à Fozières, dans le château
Pourchassée, harcelée et morcelée, la colonne allemande est considérablement affaiblie ; elle n’en reste pas moins
militairement puissante. Ses avant et arrière-garde sont constitués de blindés et certaines de ces unités sont aguerries,
disciplinées et puissamment armées. Dans la journée du 22 août, elles sont harcelées par divers groupes de maquisards et par
deux avions américains volant en rase-mottes. Un de ces avions sera abattu et son pilote enterré aux Infruts. Mais Alger a
demandé d’enfermer les Troupes d’occupation allemandes dans la nasse aveyronnaise et, à cette fin, de saboter le goulet
d’étranglement rocheux constitué par le Pas de l’Escalette.
Le combat de La Pezade
Sur le chemin du retour, le groupe de 23 maquisards du Maquis Paul Claie, s’arrête au Caylar pour se ravitailler. Des unités
allemandes passent fréquemment en direction de Saint-Pierre-de-la-Fage ; aussi les villageois terrorisés insistent pour que le
commando parte au plus vite. Mais, probablement dans l’exaltation de la Libération considéré déjà comme acquise, les
hommes ne veulent rien entendre, ni conseils, ni recommandations… Plutôt que d’éviter le contact en passant par le village des
Rives, ils partent à la recherche des Allemands. Ils rembarquent dans leurs véhicules et se dirigent vers l’embranchement de
Cornus. Dans la soirée, l’inévitable affrontement se produit avec un détachement allemand à La Pezade, au nord du Caylar, à
la frontière de l’Aveyron et de l’Hérault. Le groupe : dix Aveyronnais, douze originaires d’autres départements et un déserteur
russe, est totalement anéanti après un bref combat. Les troupes allemandes achèvent les blessés et mutilent les corps.
Désormais, la colonne en retraite évite la RN 9 et préfère emprunter les routes secondaires pour gagner la plaine. Lors de ces
déplacements, les troupes allemandes procéderont à des actes de pillage et de vandalisme. Ce fut notamment le cas à La
Couvertoirade. Dans la soirée du 23 août, le Groupe Léger n° 1 du maquis Paul Claie, lors d’une embuscade, attaque un fort
groupe d’Allemands qui, pour éviter le Pas de l’Escalette, se dirigeait vers Montpellier par la route de Saint-Pierre-de-La-Fage.
Au cours d’une action d’un quart d’heure, les Allemands ont des morts, des blessés et quatre camions détruits.
La libération des villes
19 et 20 Août 1944 : Bédarieux, Lamalou, Sète et le 21 Août KOUFRA tient Lodève
24 août 1944 : VALMY et BIR HAKEIM entrent victorieusement dans Montpellier
* L'invention des messages personnels est attribuée à Georges Bégué, officier français du SOE (service de renseignements
britannique), qui fut démasqué en 1942. 1800 agents du SOE furent envoyés en France pendant l'occupation de 1941 à 1945...
*La guérilla (ou petite guerre en espagnol) se présente généralement comme une lutte armée du faible contre le fort, menée par
des bandes ou des éléments légers cherchant à surprendre, à déséquilibrer et à user l’adversaire. Synonyme : action directe
Contacts : Gilles Nicaise 06.71.70.00.54
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