Charente-Maritime SAINT-DENIS-D`OLERON Phare de Chassiron

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Charente-Maritime
SAINT-DENIS-D'OLERON
Phare de Chassiron
D. DOC 2
Fiche signalétique
Localisation : Charente-Maritime - Saint-Denis d'Oleron
(département, commune)
Dénomination : Phare de Chassiron
(fonction + appellation)
Adresse : 17650 Saint-Denis d'Oleron
(lieudit, voirie, n°..)
Références cadastrales :
G 842
Coordonnées Lambert : X = 310 124m
Y - 2123 191m
Type de protection existante :
f immeuble non protégé
• site protégé
intitulé : site inscrit
date: 14 mai 1970
D immeuble protégé MH
intitulé :
date :
D autres (ZPPAUP, POS, secteur sauvegardé)
intitulé :
date :
Utilisation actuelle : Phare et musée
Statut de la propriété :
• publique
D privée
Epoque(s) de construction : XIXe
Date(s) : 1836
Epoque(s) de restauration (remaniement) :
Date(s) :
Maître(s) d'oeuvre : Lescure-Bellerive
Catégorie : génie civil
Etat de conservation :
• complet
J vestiges
G restauré
remanie
Etat sanitaire :
• bon n mauvais état
Ouverture au public :
D en péril
• oui
D non
D. Doc 3
Charente-Maritime
SAINT-DENIS-D'OLERON
Phare de Chassiron
Historique
Les nombreux naufrages de vaisseaux royaux et la proximité de l'arsenal de Rochefort incitèrent
Colbert à bâtir des tours à feu aux Baleines sur l'île de Ré en 1682 et à Chassiron sur l'île d'Oléron
en 1685. D'une hauteur de 33 m, la tour de Chassiron présente deux foyers de hauteur différente ce
qui la distingue des feux de Cordouan et des Baleines.
Extrait de FICHOU, LE HENAFF, MEVEL.
Phares, histoire du balisage et de l'éclairage des côtes de France.
Chasse-Marée, 2006
Plan du phare de Chassiron
en 1716. A celte époque où rien
ne ressemble plus à un feu qu'un
autre feu, les risques de confusion
entre deux phares - accentués par
l'incertitude- de l'estime - sont loin
d'êire négligeables. C'est pourquoi
certains établissements sont dolés
d'un double foyer. Ainsi équipé, le
phare de Chassiron se différencie
de celui des Baleines, qui. lui, n'a
qu'un seul brasier
Alimentés en bois toute la nuit par les gardiens, ces feux étaient protégés par des cages en fer pour
empêcher les bûches de s'envoler avec le vent. La faible luminosité et la difficulté
d'approvisionnement de ces feux de bois conduiront à leur remplacement par des réchauds à
charbon en 1716. En 1778, la tour est remaniée et une nouvelle armature en fer de 5,20 m
présentant 16 faces vitrées coiffée d'une coupole munie d'ouvertures pour l'évacuation des fumées
est installée (cf Annexes plans et archives : dessin de la plateforme et du fanal d'après le relevé de
M, Dor le 30 janvier 1824 et description de 1812).
Pendant l'Empire, le désengagement de l'administration est sensible. On renonce à ériger de
nouvelles tours et on néglige même l'existant d'autant plus que les feux pouvaient servi l'ennemi.
C'est ainsi que l'on s'emploie à supprimer les rares feux qui existent : celui de Stiff est éteint lors du
blocus du port de Brest et Chassiron éteint provisoirement en 1809 puis définitivement le 17 mai
1811 en raison de la présence des anglais dans le pertuis d'Antioche. Les Baleines seront également
éteints.
Un rapport de 1813 décrit l'état de l'édifice et indique qu'il serait utile de donner plus d'intensité à la
lumière. Le phare est bien placé mais le parement extérieur est en mauvais état.
L'intensification du trafic maritime autour du port de La Rochelle exige une signalisation que la tour
à feu n'apporte plus. Un état des navires qui ont fait naufrage à l'entrée du Pertuis établi le 23
octobre 1833 sur une période de 1810 à 1833 dénombre 15 navires naufragés, 1 équipage complet
noyé, la perte de près d'une trentaine d'hommes et de toutes les cargaisons (Cf. annexe archives).
Entre 1824 et 1832 plusieurs mémoires et dossiers sont établis qui mettent en balance le projet
d'exhaussement de la vielle tour avec la construction d'un nouveau phare. En l'occurrence,
l'administration toujours soucieuse de faire des économies, avait d'abord songé à exhausser la vieille
tour de Vauban de 20 mètres environ car il fallait que l'appareil de 1er ordre se trouve à une hauteur
de focale minimum de 56 mètres au-dessus du niveau de la mer. Mais le prix élevé de ces travaux et
le caractère aléatoire du résultat longuement développé dans le « mémoire à l'appui du projet de
reconstruction du phare du 25 janvier 1832 » (Cf. annexe archives), ont conduit l'ingénieur Leclerc
à proposer la construction d'une nouvelle tour. Le projet définitif de Lescure-Bellerive est présenté
en mars 1833 et les travaux adjugés neuf mois plus tard au sieur Jean Baptiste Meunier entrepreneur
à La Rochelle (affiche d'adjudication du 11 novembre 1833, et adjudication en date du 11 décembre
1833 pour la somme de 161 586 francs + 16 000 f pour la pose de la lanterne et du paratonnerre).
Ce dernier a sans doute obtenu le chantier grâce au rabais de 10,50% qu'il a proposé.
Dans les faits, cette somme sera largement dépassée car le montant définitif atteindra 211 788 f
(voir le décompte des travaux du 25 février 1837 avec les diverses observations justifiant le surcoût
des travaux ainsi que les problèmes d'approvisionnement liés à l'absence d'accès).
La première pierre est posée le 4 septembre 1834 et le phare de Chassiron sera achevé en 1836
en même temps que celui de la pointe de Fagnet à Fécamp allumé le 1er juin 1836 et celui de Batz,
le 1 er octobre. Le phare de 1 er ordre de Chassiron sera quant à lui allumé le 1 er décembre de cette
même année.
Le plan adopté pour le phare de Chassiron est identique à celui de Goulphar à Belle île en Mer de
Léonor Fresnel, Ce dernier, fort de son expérience et des difficultés rencontrées sur ce chantier avec
les hommes sur place, assurera largement la diffusion des calques de son plan type de phare de 1er
ordre. Ainsi, de nombreux ingénieurs qui participent au vaste programme décidé par la commission
de 1825 s'inspireront t-ils de ce modèle que l'on retrouve à Batz, Sein, Penmarc'h, Yeu, Biarritz, Le
Pilier et Chassiron. Ils se présentent tous sous la forme d'une tour sobre et élancée, cerclée d'un
bandeau plus ou moins accusé et sommée d'un couronnement encorbellé à astragale et congé
portant balustrade en fer forgé.
0
Extrait âe l'ouvrage FICHOU,LE HENAFF,MEVEL.Phares,
Histoire du balisage et de l'éclairage des côtes de
France, Ed. Chasse-marée, 2006
L'administration prenant en charge les gardiens de phare, il convenait de leur offrir un logement
décent. Entre 1850 et 1880, elle se lance dans de vastes opérations de construction de logement ou
l'amélioration des habitations existantes. Ces habitations sont réalisées selon des critères formalisés
plus tard par Wattier, auteur d'un « cours de travaux maritimes ». Il stipule qu'il est indispensable
d'avoir des maisons séparées par ménages pour les disputes entre les femmes. Il conseille de
marquer la maison du gardien chef par un détail tel qu'un pignon plus élevé...A Chassiron, la
servitudes formant rotondes au pied de la tour seront surélevées en 1851 (Cf. état estimatif des
travaux du 10 novembre 1849 de l'ingénieur Botton et leurs rectifications par l'ingénieur en chef
Job du 30 mai 1850 pour une somme évaluée à 9 651,61 f ainsi que les plans). Le 16 septembre
1851, on note l'intervention de M Reynaud sur ce chantier qui fait quelques observations lors de son
passage à La Rochelle sur la corniche pas assez saillante, l'attique disproportionné, la disposition
des salles (avec dessin joint)... Ces nouveaux logements sont meublées et aménagés en 1854.
De nouvelles réparations ont lieu en 1856 à l'intérieur des bâtiments dépendants du phare réalisés en
régie. En 1880, une nouvelle couverture en zinc est posée par M. Révol, plombier zingueur à La
Rochelle.
André Blondel a permis des avances significatives sur la perception physiologique des lumières
brèves qui ont conduit à remplacer progressivement les feux fixes. Dans un premier temps ces
travaux ont surtout concerné les grands feux indispensables à la pêche hauturière et en 1910, il
existait encore 456 feux fixes ou directs en Manche et dans l'Atlantique. Cependant, à la veille de
la 1ère guerre mondiale tous les grands feux d'atterrissage voulus par le programme de 1825 seront
équipés de lumières avec éclats ou occultations.
A Chassiron, ce changement s'est opéré le 27 septembre 1891.
Quelques années plus tard, un nouveau système est prescrit, l'éclairage de l'incandescence par le gaz
d'huile à haute pression en remplacement de l'éclairage au gaz. Le 2 avril 1895, l'ingénieur en chef
Vicaire prépare un devis pour l'installation d'une usine pour la fabrication du gaz d'huile (montant :
3 000 f). Le phare est donc équipé d'une unité de production de gaz d'huile. Cette installation
comprend une salle des chaudières, une salle des épurateurs, un gazomètre de 5 m 3 avec réservoir de
surcharge; un gazomètre de 25 m3 et un réservoir d'eau de 10m 3 .
PICHOU J-C, LE HENAFP S-, MEVEL X.
PHARES HISTOIRE DËO BALISAGE ET DS
L'ECLAIRAGE DES COTES DE FRANCE.
Chasse-Marée. 2005
Le phare de Chassiron est équipé
en 1895 d'une unité de production
de ga7 d'huile. Cette installation
comprend une salle de» chaudières,
«ne salle des épuratcurs, un gazomètn
de 5 mètres cubes avec un réservoir
de surcharge, un gazomètre
de 25 mètres cubes et un réservoir
d'eau de 10 mètres cubes. L'édicule
blanc, au premier plan à gauche,
esi la vespasienne des gardiens.
Depuis 1895, le carbure de calcium est produit industriellement au moyen de puissants fours
électriques ce qui rend facile la fabrication d'acétylène, gaz inflammable dégagé par le carbure de
calcium mis en contact avec l'eau. Dès 1855 Georges de Joly, ingénieur au service central se charge
des premières expériences et le seul essai à grandeur réelle est tentée à Chassiron à partir du 15
novembre 1902, expérience qui sera interrompue en 1905.
Le gaz est fabriqué dans une nouvelle usine comprenant un petit bâtiment vertical, deux gazomètres
et un réservoir d'eau sur .pylône issu de l'ancien système. Ce gaz est ensuite dirigé vers des brûleurs
à manchons au sommet du phare à la tombée de la nuit. Des wagonnets montés sur rails
permettaient alors de jeter (lait de chaux) jusqu'à une fosse voisine. L'ancienne usine quant à elle,
devient un lieu de stockage pour les bidons de carbure de calcium.
En 1926, le phare sa coloration en bandes noires et blanches. 3 bandes noires de 6 m de hauteur sont
peintes sur le fut. Cette peinture ressortait de directives nationales et d'une campagne initiée en
1890 par le service des phares Tous les amers sont concernés mais aussi le beau granit des phares.
Malgré une circulaire de 1891 et une demande insistante des marins qui avaient du mal à repérer la
phares, les responsables opposèrent quelques réticences et la plupart des tours échappèrent au
badigeonnage. Mais pas Chassiron qui par cette signalisation se distingue des Baleines peint en
blanc.
En 1930, le 1er octobre à 19 heures, un nouveau feu électrique est mis en place, Cela représente un
véritablement tant pour les marins que pour les gardiens. Côté mer, une ampoule électrique de 40
cm de hauteur et de 24000 watts rend le phare visible jusqu'à 52 km par temps clair, Une alarme
prévient les gardiens en car de panne. L'installation d'un groupe électrogène et des transformateurs
exigent de nouvelles formations pour les gardiens. La rotation de l'optique étant assurée par un
moteur électrique et la lampe surveillée par une alarme. Les gardiens n'ont plus à rester la nuit dans
la chambre de veille.
Le dernier gardien part de Chassiron en 1998, désormais ce phare, comme les autres, est
télécommandé et télésurveillé depuis La Rochelle,
Enfin, ce bâtiment a fait l'objet d'un délégation de service public par l'Etat auprès de la commune de
Saint Denis qui en a la gestion touristique depuis 1999. Depuis le mois d'Avril 2007, le site de
Chassiron a été entièrement réhabilité, les jardins ont été réaménagés et un musée a été crée au
premier étage du phare. La maison des gardiens du phare, appelée "maison de la pointe" à été
rénovée. Elle abrite aujourd'hui des expositions temporaires et des ateliers pédagogiques destinés à
faire découvrir aux enfants et aux adultes, les richesses du milieu marin.
Travaux récents : (optique tournante sur bain de mercure), modernisation du phare avec
regroupement des équipements dans un local technique situé dans un quartier de la rotonde au pied
du phare.
Charente-Maritime
SAINT-DENIS-D'OLERON
Phare de Chassiron
D. Doc 4
Description
Hauteur du phare au dessus des hautes mers : 50 m. Taille générale : 46,20 m. Hauteur moyenne :
43m.
Tour cylindrique en maçonnerie lisse centrée sur un soubassement en maçonnerie de pierre de un
niveau. Surélevé à deux niveaux en 1851,Corniches et moulures. Le fut se termine par un congé et
une astragale. Rambarde métallique. La lanterne est peinte en noir. Bâtiments annexes, chenil, salle
technique, magasin. A côté : sémaphore de la Marine. Terrain. Inscription dans le phare : 1er XII
1836.
Le phare actuel fut édifié dès 1834 et mis en service le 1er décembre 1836, comme l'atteste
l'inscription au-dessus de la porte d'entrée. Pour sa construction, on a utilisé du sable des dunes
alentours et des pierres de la carrière de Crazanne. 189 des 224 marches sont en granit de Vendée.
Les autres sont métalliques.
L'architecture du phare est sobre. C'est une tour cylindrique blanche à l'origine. Ce n'est qu'en 1926
que trois bandes noires de six mètres sont peintes pour distinguer le phare de Chassiron du phare
des Baleines. Il est percé de six ouvertures ouest et six autres à l'est.
La plate-forme est surmontée d'une lanterne éclairée par une lampe au xénon de 250 W et qui brille
d'un feu à éclats blancs 10s. Sa portée est d'environ 52 km.
A côté de la tour, des constructions ont été aménagées pour abriter l'annexe de la salle des
machines, la salle des moteurs et le magasin à carburant.
Phare de C H A S S I R O N
ÉLÉMENTS
AMER
POSmON ET DESCRIPTION
« l'extrémité Nord-Ouest de l ' î l e d'Oiéron
Sur ta p o i n t e de Chassiron
U6' Q2* 5l", 77 N - Or Ji- ?2".3i W
Tour c y l i n d r i q u e «n naçonnerie l i s s e sur un
satinent c y l i n d r i q u e en maçonnerie ! isse
CARACTÈRES
Bandes .•'srizontaies,
aï t e r n e t ^ ï S T e n t nni r
PORTEES
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HAUTEURS
(mètres)
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RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
Dans |« b*t;«.mt a,
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s; :'anc
avec chambre pour le personnel de
passage
- 25 m environ au Sud-Ouest de la tour,
constructions dont l'annexe de la s a l i t
le magasin à carburant
S u p e r f i c i e de Tétabl isseraent :?9699r?2
Régime j u r i d i q u e : Domaine Public
Maritime
FEU
iclats £ • ânes
Sur la tour
Sonnai
: Lent 8 P au 1/6 f = 0.92 m
Prismes fle relèvement des faisceau»
Lampe 1 r - ' O » - 115/ZCO V /iSiits
Lampe «0 W -
12 V
L = 0,2 s
0 = JL9 _s
T = ET s
nent de 0" a -f 10*
Gardé
*' TENTATION
LIAjSCW
-cet s
jjoraialj : Secteur 127/220 V - 50 Hz triphasé
Secours : Groupe électrogène 127/220V - 50 HzAccumulateur 12 V - 80 Ah
Téléphone
«orraal
6,25 kvA triphasé
28
"3,00
50,10
2 100 000 cd
Masqué partiellement par la forêt des
Saumonards et les b o i s de Saint-Pierre
d'Oléron dans un secteur de 5H' environ entre ses relèvements approiimati f:
Charente-Maritime
SAINT-DENIS-D'OLERON
Phare de Chassiron
D. DOC 5
Synthèse
Le phare de Chassiron construit entre 1834 et 1836 sous la conduite de l'ingénieur Lescure
Bellerive est venu remplacer une tour mise en service en 1685 pour assurer la signalisation de cette
passe particulièrement dangereuse dans le pertuis d'Antioche, commandant en outre l'entrée de
l'arsenal de Rochefort. La première pierre est posée le 4 septembre 1834 et sa mise en service est
effective le 1er décembre 1836 avec une lampe à huile et appareil lenticulaire pour feu fixe de 1er
ordre. La construction une nouvelle tour est décidée après que l'administration des phares ait projeté
de surhausser la vieille tour. Toutefois son emplacement trop proche de la côte de plus en plus
attaquée par la mer, le mauvais état des maçonneries et le caractère aléatoire de cette solution ont
conduit à la démolition de ce premier phare et à la construction d'un phare de 1er ordre tels que la
commission de 1825 les avait préconisés en adoptant le plan de phare construit par Léonor Fresnel à
Goulphar (Belle île en Mer). Une rotonde à sa base sert de logement aux gardiens. Elle mesure
16,50 mères de diamètre est indépendante de la tour. Le fût, sobre et effilé, abrite un escalier de 224
marches (184 en granit et deux échelles de meunier de 17 et 18 marches), une pièce de stockage et
une chambre de veille. La lanterne avec son paratonnerre s'élève à 50 mètres au-dessus des hautes
mers et 43 mètres au-dessus du sol. La hauteur totale de la tour est de 46, 20 mètres au-dessus du
sol. La rotonde sera surélevé d'un étage en 1851 et recouverte d'une couverture en zinc en 1880. Les
maçonneries de cette tour sont en moellon et s'enracinent à 2,80 mètres dans le sol et les pierre de
granit sont taillées en queue d'aronde pour assurer solidité et étanchéité des murs. Peinte en blanche
au départ, la tour a été dotée de trois bandes noires de six mètres en 1936 pour mieux la distinguer
des phares voisins. Dès l'origine, Chassiron a été équipé des dernières technologies en matière
d'éclairage. Le premier système se compose d'une lampe à huile végétale (colza) de 6 mèches
équipée d'une pompe et fonctionnant comme une horloge. Un régulateur à ailette permet
l'alimentation en huile. Le 27 septembre 1891, Chassiron est un des premiers phares a être équipé
avec des lentilles à échelons dites de Fresnel (appareil lenticulaire à éclipse de 10 en 10" de 1er
ordre monté sur galets). En 1895, une usine à gaz d'huile est installée au pied du phare et c'est à
Chassiron que l'on expérimente l'incandescence du gaz d'huile dans un manchon. Par la suite, de
1902 à 1905 et à titre expérimental encore, la lampe du phare de Chassiron utilise le gaz d'acétylène
qui a pu être stocké sans risque d'explosion à partir de 1899 grâce à l'utilisation d'une matière
poreuse garnissant les citernes. Une seconde usine est construite à côté de la première. L'acétylène
est produit dans un gazogène de 1,50 m de haut et 70 cm de diamètre en ajoutant du carbure de
calcium à de l'eau. Le gaz est dirigé vers un gazomètre et le résidu (lait de chaux) récupéré dans un
wagonnet et évacué dans un fosse. Le 1er octobre 1930, un système d'éclairage par ampoule
électrique de 24000 watts est mis en place, ultime bouleversement technologique. Des
transformateurs sont installés dans l'ancienne usine à gaz d'huile. Depuis, des ampoules de plus en
plus performantes vont se succéder offrant une intensité lumineuse de plus en plus puissante : 18
juin 1936, ampoule électrique de 1000 W à incandescence; 26 juin 1952, mise en place de prismes
de relèvement pour faisceaux aériens; 10 avril 1958, ampoule électrique de 1500 W à
incandescence; 1er janvier 1986, ampoule électrique de 650 W aux halogènes; 1998, automatisation
du phare, ampoule électrique de 250 W aux halogénures métalliques.
NB : il ne reste de l'ancien phare qu'une modeste maison de gardien du 17 ou du 18ème siècle (les
hangars, logements en brique et blockhaus ont été détruits). Elle a été restaurée en 2007 par le
conseil général et sert de salle de réception pour la commune. Elle abrite une somptueuse cheminée
datée de 1588 et provenant d'une riche demeure occupée au 18ème siècle par les sœurs de la
Sagesse devenu aérium et maintenant démoli.
Proposition de protection : Classement de ce phare, le premier phare de 1er ordre construit
sur nos côtes, siège d'expérimentation des différents systèmes d'éclairage.
Poitiers, le 16 novembre 2010
Brigitte Montagne,
Chargé d'études documentaires principal
Charente-Maritime
SAINT-DENIS-D'OLERON
Phare de Chassiron
Propriétaire : L'ETAT, délégation de service public auprès de la commune de Saint Denis
qui en a la gestion touristique depuis 1999
Protection existante : site inscrit 14 mai 1970
Présentation : Brigitte Montagne
RAPPORT
Le phare de Chassiron construit entre 1834 et 1836 sous la conduite de l'ingénieur Lescure
Bellerive est venu remplacer une tour mise en service en 1685 pour assurer la signalisation de
cette passe particulièrement dangereuse dans le pertuis dAntioche, commandant en outre
l'entrée de l'arsenal de Rochefort. La première pierre est posée le 4 septembre 1834 et sa mise
en service est effective le 1er décembre 1836 avec une lampe à huile et appareil lenticulaire
pour feu fixe de 1er ordre. La construction d'une nouvelle tour est décidée après que
l'administration des phares ait projeté de surhausser la vieille tour. Toutefois son emplacement
trop proche de la côte de plus en plus attaquée par la mer, le mauvais état des maçonneries et
le caractère aléatoire de cette solution ont conduit à la démolition de ce premier phare et à la
construction d'un phare de 1er ordre tels que la commission de 1825 les avait préconisés en
adoptant le plan de phare construit par Léonor Fresnel à Goulphar (Belle île en Mer). Une
rotonde à sa base sert de logement aux gardiens. Elle mesure 16,50 mères de diamètre, est
indépendante de la tour. Le fût, sobre et effilé, abrite un escalier de 224 marches (184 en
granit et deux échelles de meunier de 17 et 18 marches), une pièce de stockage et une
chambre de veille. La lanterne avec son paratonnerre s'élève à 50 mètres au-dessus des hautes
mers et 43 mètres au-dessus du sol. La hauteur totale de la tour est de 46,20 mètres au-dessus
du sol. La rotonde sera surélevée d'un étage en 1851 et recouverte d'une couverture en zinc en
1880. Les maçonneries de cette tour sont en moellon et s'enracinent à 2,80 mètres dans le sol
et les pierres de granit sont taillées en queue d'aronde pour assurer solidité et ctanchcitc des
murs. Peinte en blanche au départ, la tour a été dotée de trois bandes noires de six mètres en
1936 pour mieux la distinguer des phares voisins.
Dès l'origine, Chassiron a été doté des dernières technologies en matière d'éclairage. Le
premier système se compose d'une lampe à huile végétale (colza) de 6 mèches avec une
pompe et fonctionnant comme une horloge. Un régulateur à ailette permet l'alimentation en
huile. Le 27 septembre 1891, Chassiron est un des premiers phares a être équipé avec des
lentilles à échelons dites de Fresnel (appareil lenticulaire à éclipse de 10 en 10" de 1er ordre
monté sur galets). En 1895, une usine à gaz d'huile est installée au pied du phare et c'est à
Chassiron que l'on expérimente l'incandescence du gaz d'huile dans un manchon. Par la suite,
de 1902 à 1905 et à titre expérimental encore, la lampe du phare de Chassiron utilise le gaz
d'acétylène qui a pu être stocké sans risque d'explosion à partir de 1899 grâce à l'utilisation
d'une matière poreuse garnissant les citernes. Une seconde usine est construite à côté de la
première. L'acétylène est produit dans un gazogène de 1,50 m de haut et 70 cm de diamètre en
ajoutant du carbure de calcium à de l'eau. Le gaz est dirigé vers un gazomètre et le résidu (lait
de chaux) récupéré dans un wagonnet et évacué dans ur^,fosse. Le 1er octobre 1930, un
système d'éclairage par ampoule électrique de 24000 watts est mis en place, ultime
bouleversement technologique. Des transformateurs sont installés dans l'ancienne usine à gaz
d'huile. Depuis, des ampoules de plus en plus performantes vont se succéder offrant une
intensité lumineuse de plus en plus puissante.
Il ne reste de l'ancien phare qu'une modeste maison de gardien du 17 ou du 18ème siècle (les
hangars, logements en brique et blockhaus ont été détruits). Elle a été restaurée en 2007 par le
CRPS du 14 décembre 2010
30
conseil général et sert de salle de réception pour la commune. Elle abrite une somptueuse
cheminée datée de 1588 et provenant d'une riche demeure occupée au 18ème siècle par les
sœurs de la Sagesse devenue aérium et maintenant démoli,
VOTE
La commission régionale du patrimoine et des sites donne un avis favorable a
l'unanimité au classement du phare de Chassiron et à l'inscription au titre des
monuments historiques des dépendances ainsi que de la parcelle sur laquelle ils se
situent le tout figurant au cadastre de la commune de Saint-Denis-d'Oléron en
Charente-Maritime section G parcelle 842 en raison de l'intérêt historique et
architectural de cet ensemble.
CRPS du 14 décembre 20ÎO
31
Liberté • Egalité • Fraternité
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
PRÉFET DE LA RÉGION POITOU-CHARENTES
Direction régionale
des affaires culturelles
.
„ . .
Poitiers, le
« « -.-„
] 3 DEC, 2010
Service régional de l'Archéologie
Affaire suivie par : Anne-Marie COTTENCEAU BOULLE
Téléphone: 05.49.36.30.43
Télécopie : 05.49.3630.65
anne-marie, [email protected]
référence : AMCB/CT/A1 0/
Charente-Maritime
Thématique : phares et balises
Avis du conservateur régional de l'archéologie
La Commission Régionale du Patrimoine et des Sites de Poitou-Charentes du 14 décembre
consacre sa séance à la thématique nationale « phares et balises », réflexion commencée en 2008
par le ministère de la culture sur les phares encore opérationnels du littoral français.
Un travail de recensement, de tri et de sélection a été fait en amont de cette présentation et 8 phares
sont proposés à la protection au titre des Monuments historiques.
Chacun d'eux a été sélectionné en fonction de critères historiques, typologiques, techniques et
architecturaux et à ce titre sont proposés comme des unicum ou s'intégrant à une série particulière.
Ils sont aussi le témoignage d'activités spécifiques le long des côtes et d'un travail humain qui tend
à disparaître au profit d'un fonctionnement automatisé et informatisé.
Ces phares font partie intégrante du paysage littoral depuis deux siècles et il est important qu'ils
puissent soit continuer à être utilisés dans leur vocation première de signalisation, soit dans une
fonction plus culturelle et patrimoniale en étant ouverts aux visites. II est important que la
protection de ces monuments soit faite sur la parcelle cadastrale concernée afin de garder les traces
encore nombreuses des maisons de gardiens, souvent construites au pied des phares, et des jardins
y attenant.
Hôtel de Rochefort - 102, Grand'Rue - B.P, 553 - 86020 POITIERS CEDEX - Téléphone : 05 49 36 30 30 - Télécopie : 05 49 88 32 02
drac.poitou-charentesC^culture.gouv.fr-www.poitou-charentes.culture.gouv.fr
La protection de cet ensemble de 8 phares résulte d'un travail d'analyse et de synthèse qui prend
tout son sens dans leur présentation commune,
La position et les avis du service régional de l'archéologie seront identiques pour l'ensemble des
dossiers présentés : avis favorable à l'inscription au titre des Monuments historiques des
phares de :
1 phare de Chassiron (Ile d'Oléron)
2 phare des Baleines et des baleineaux (Ile de Ré)
3 phare de Chauveau (Ile de Ré)
4 phares de La Rochelle
5 phares de l'Ile d'Aix
6 phare de Terre-Nègre (Saint-Palais-sur-Mer)
7 phare de la Coubre (La Tremblade)
8 phare de Saint-Georges-de-Didonne
Avis du conservateur des Monuments Historiques
Thématique Phares et Balises
14 décembre 2010
La dangerosité des côtes atlantiques a, depuis la haute antiquité entraîné, la mise en place de
dispositifs lumineux afin de prévenir les marins : du simple fanal, en passant par un feu de bois, ces
dispositifs ne donnaient pas satisfaction. Les premiers phares sont construits à la fin du XVIIè siècle
dans notre région, mais ce fut au XlXè siècle qu'une grande campagne de construction eut lieu. Peu
de ces monuments sont aujourd'hui protégés : seuls la Tour de la lanterne et le premier phare des
Baleines sont protégés au titre des MH en Poitou-Charentes.
Les huit dossiers présentés à la CRPS du 14 décembre 2010 permettent de dresser un panorama
assez vaste de ce type de construction. En effet, la variété de la typologie fait l'intérêt de cette
présentation.
Certains sont très représentatifs de la production du XlXè (et notamment les phares trompette), c'est
le cas de celui de Chauveau (qui, de plus, possède encore une grande partie de son mobilier
intérieur).
D'autres, au contraire, s'en détachent comme celui en béton de ciment à la Tremblade (qui en plus a
conservé son décor en carreaux d'opaline) ou encore celui de Saint-Georges de Didone qui présente
un plan carré et un étonnant décor architectural très classicisant. Certains sont les derniers
témoignages de système de balisage très ancien comme celui de Saint-Palais-sur-Mer. Dans la rade
de l'Ile d'Aix, un système de tours jumelles a subsisté, exemple quasiment unique en France, de
même qu'à la Rochelle, a subsisté les deux phares d'alignement qui servaient à la sécurité des
bâtiments du port.
De ce bel ensemble, deux phares se distinguent particulièrement : celui de Saint-Clément les
Baleines, accompagné du phare des Baleinaux ainsi que le phare de Chassiron.
Reconstruit à partir de 1854 à proximité du premier phare, le phare Saint-Clément des Baleines sur
l'île de Ré a été conçu par Léonce Reynaud. De plan octogonal, il est accompagné d'un second
phare, situé en mer : le phare de Baleinaux. A l'intérieur, un soin tout particulier a été apporté au
décor : sols en marbre, consoles assemblées, carrelage décoratif, portes sculptées. La combinaison
exceptionnelle de ces deux phares, situés à proximité du premier phare déjà protégé, en font un
ensemble exceptionnel.
Le phare de Chassiron, quant à lui, a été constuit à l'emplacement d'un édifice plus ancien, daté du
XVIIè siècle. Il est construit sur une rotonde qui sert de logement au gardien. Ce phare de premier
ordre a expérimenté différents système d'éclairage, passant de la lampe à huile végétale, à
l'utilisation de gaz d'huile, puis le gaz d'acétylène avant d'être électrifié. Il fut, en quelque sorte, un
laboratoire d'expérimentation.
Avis favorable à l'inscription pour
les phares d'alignement de la Rochelle
le phare de Chauveau à Rivedoux-Plage
les deux phares du fort de la Rade, Ile d'Aix
le phare de Terre-Nègre-sur-Mer à Saint-Palais-sur-Mer
le phare du port de Saint-Georges de Didonne
le phare de la Coubre à la Tremblade
Avis favorable au classement pour
le phare de Chassiron
le phare Saint-Clément des Baleines et le phare des Baleinaux
Fait à Poitiers, le 7 décembre 2010
Anne Embs
^Poitou
Cnarentes
la démocratie participative
Direction Générale des Services,
DVF, - [.Patrimoine / n°
/ FB-LJ
Dossier suivi par Pascale Moisdon
Tel : [email protected]
Poitiers, le
>A
Commission régionale du patrimoine et des sites du 14 décembre 2010
Avis du Service de l'inventaire général du patrimoine culturel
sur la thématique phares et balises de Charente-Maritime
La proposition de protection au titre des Monuments Historiques de huit phares situés entré La
Rochelle et Royan est particulièrement cohérente ; chacun d'eux possède des particularités liées à
son époque de construction, à sa forme, aux bâtiments annexes, aux techniques d'éclairage utilisées,
à ses machines, voire à son mobilier.
Cet intérêt porté au patrimoine littoral rejoint Tune des préoccupations du Conseil national de
l'inventaire et Tune des priorités de l'inventaire par la Région : trois de ces phares sont situés dans
l'estuaire de la Gironde actuellement en cours d'étude.
Conclusion d'instruction :
- Phares d'alignement, La Rochelle : avis favorable à leur inscription au titre des Monuments
Historiques.
- Phare des Baleines et des Baleineaux, Saint-Clément-des-Baleines : avis favorable pour le
classement du phare à terre et du phare en mer, ainsi que des bâtiments annexes.
- Phare de Chauveau, Rivedoux-Plage : avis favorable à son inscription au titre des Monuments
Historiques.
- Phare de la Coubre, La Tremblade : avis favorable à son inscription au titre des Monuments
Historiques en totalité.
15, rue de l'Ancienne Comédie - BP 575 - 86 021 Poitiers Cedex
Tél. 05 49 55 77 00 - Fax. 05 49 55 77 88 - [email protected]
www.poitou-charentes.fr / www.portail.poitou-charentes.fr / www.jeunes.poitou-charentes.fr
- Phare de Terre-Nègre, Saint-Palais-sur-Mer : avis favorable à son inscription au titre des
Monuments Historiques en totalité.
- Phare de Chassiron, Saint-Denis-d'Oleron : avis favorable à son classement.
Pour les deux phares suivants, le Service de l'inventaire du patrimoine culturel de Poitou-Charentes
se prononce en faveur d'un classement plutôt que d'une inscription au titre des Monuments
Historiques :
- Le phare du fort de la Rade, à L'Ile-d'Aix, constitue l'unique cas de tours jumelles sur la côte
Atlantique (second exemple connu en France).
- Le phare du Port, à Saint-Georges-de-Didonne, pour la rareté de son plan carré, la présence
d'éléments de décor et de son bon état de conservation.
CHARENTE MARITIME
Protection phares au titre des monument historiques
Les phares concernés par le projet de protection au titre des monuments historiques se
trouvent dans des situations très différentes, au regard de leur environnement réglementaire,
de leur état sanitaire et de leur intérêt architectural.
1)
Le grand phare des baleines s'élève au nord ouest de l'Ile de Ré, en abord immédiat et
en covisibilité avec l'ancienne tour des baleines, classée monument historique. Il est situé au
centre d'un parc, en site classé. Son état sanitaire ne pose aucun problème particulier et toute
intervention sur des façades et toitures serait soumise, simultanément, au visa conforme de
l'architecte des bâtiments de France et à celui du Préfet du département ou du Ministre chargé
des sites. Sa conservation n'est donc pas menacée et une protection supplémentaire, au titre
des monuments historiques, serait donc totalement superflue.
2)
Le phares des Baleineaux, Implanté sur le platin rocheux, au large de la pointe des
Baleines, n'a pu être visité, il est seul au milieu du domaine public maritime. Sa conservation
peut être compromise par des modernisations techniques. S'il possède des lambris, il
conviendrait de les protéger au titre des objets mobiliers et de les présentés dans l'espace
muséal du grand phare.
3)
Le phare de Chauveau n'a pas été visité.
4)
Les phares du Gabut et du quai Valin sont situés à l'intérieur du secteur sauvegardé de
La Rochelle ; ils sont dans un état sanitaire très satisfaisant, leur protection, au titre des
monuments historiques ne semble pas indispensable puisqu'ils sont partie intégrante du
secteur sauvegardé.
5)
Les phares de Fouras, dans le marais des Soumards, sont deux phares d'alignement à
l'extérieur de toute servitude de protection patrimoniale., leur architecture singulière et rare,
reprenant une typologie 1930, (à ma connaissance, seuls les phares de l'Ile d'Yeu et de l'entrée
du port de Saint Jean de Luz sont bâtis dans ce style). L'intérêt architectural milite donc pour
une inscription monument historique.
6)
Les phares jumeaux de l'Ile d'Aix sont élevés sur le rempart du fort de la Rade, classé
monument historique (ils sont donc adossés à un monument historique) et inclus dans le site
classé de l'Ile d'Aix qui protège leur intérêt du point de vue du paysage. La convergence des
servitudes fortes qui s'appliquent sur ces deux phares, est suffisamment efficace ; une
protection monument historique supplémentaire n'est pas nécessaire.
7)
Le phare de Chassiron est, lui aussi, érigé en site inscrit, futur site classé de l'Ile
d'Oléron. Son intérêt, du point de vue du paysage, est suffisamment pris en compte par le code
de l'environnement. Sa protection ne semble pas indispensable.
8)
Le phare de la Coubre n'est couvert par aucune servitude de protection patrimoniale.
Son état sanitaire est très préoccupant. Sa haute silhouette très élancée, voire élégante, en fait
un des plus beaux phares récents de la façade atlantique. Son revêtement intérieur en opaline
que l'on ne retrouve que sur les parois de son homologue de l'ILE VIERGE, sur la côte des
ABER, est un élément constructif particulier (tout comme la petite échauguette) qui en fait un
édifice singulier dont la conservation, aujourd'hui menacée, justifie, en outre, une protection
urgente au titre des monuments historiques.
9)
Le phare de Terre Nègre n'a pas été visité. Il est repéré comme édifice remarquable
dans la ZPPAUP de Saint Palais sur Mer.
10)
Le phare de Saint Georges de Bidonne, avec la jetée du port et la petite capitainerie,
constitue un ensemble cohérent témoignant des combats qui se sont déroulés autour de la
poche de Royan. Ce phare, qui n'est couvert par aucune protection, une fois inscrit monument
historique, générerait un périmètre qui couvrirait, en partie, la pointe de Valière (le bâti
existant n'est pas de qualité, sauf un château d'eau 1950, exceptionnel). Son état sanitaire
satisfaisant ne justifie pas une protection. Il mériterait d'être repéré au titre du L 123-l-7ème
dans le PLU de la commune.
En conclusion, seuls des deux phares d'alignement des Soumarts à Fouras et le phare de la
Coubre nécessitent une protection au titre des monuments historiques.
La Rochelle, le 13 décembre 2010
L'Architecte des bâtiments de France,
Max Boisrobert
m «
PHILIPPE VILLENEUVE
A R C H I T E C T E EN C H E F
DES MONUMENTS HISTORICMJES
Rêf
: 17102578
AVIS SUR DOSSIER DE RECENSEMENT
PHARES DE POITOU-CHARENTES
En préambule, nous devons indiquer que nous ne sommes pas compétents pour ce qui concerne les
différents systèmes d'éclairages des phares. Les notices, très bien documentées sur ce point, constituent
une information complète. Cet élément entre évidemment dans l'intérêt que présentent ces installations.
Nous nous sommes donc toutefois borné à donner un avis sur l'architecture et le témoignage historique
que représentent ces différents phares.
m ILE D'AIX - PHARE DU FORT DE LA RADE
Allumé en 1841 et complété par une tour jumelle en 1899, le phare de l'île d'Aix, est avec celui de
Sénétose à Sartène, en Corse, le seul exemple de phare double dont la fonction est de préciser
notamment un secteur rouge devant être évité par les bateaux.
Situé sur les fortifications du Fort de la Rade, il succède à plusieurs phares construits en bois.
La construction du phare est bien documentée.
Son état aujourd'hui, pour ce qui concerne la tour du feu est préoccupant suite aux lézardes qui se sont
produites dans les maçonneries du fût.
Constituant le dernier exemple en France, avec celui de Sartène en Corse, d'un dispositif à deux tours, le
phare de l'Ile d'Aix mérite une protection par inscription à l'inventaire supplémentaire des MH.
• SAINT-GEORGES-DE-DIDONNE - PHARE DU PORT
Ce phare, de plan carré et d'une hauteur avoisinant les 30 mètres, est particulièrement soigné d'un point
de vue architectural. Son plan carré est en outre l'une de ses singularités.
Bâti en 1900 et éteint en 1969, il présente aujourd'hui quelques dégradations qu'il conviendra de
reprendre rapidement si l'on ne veut pas que cela s'aggrave.
Incontestablement, du point de vue de la qualité et de l'originalité de son architecture ce phare mérite une
protection par inscription à l'inventaire supplémentaire des MH.
• SAINT-PALAIS-SUR-MER - PHARE DE TERRE NEGRE
Bâti vers 1770, le phare de Terre Nègre, malgré les modifications, notamment celles issues de la fin de la
seconde guerre mondiale, reste un témoignage des dispositifs établis au XVIIIème siècle,
Son architecture est des plus simples, sans aucune rnodénature. La maison du gardien qui est bâtie à son
pied témoigne elle aussi de la vie des gardiens de phare.
Si l'architecture ne constitue pas vraiment un argument décisif, c'est davantage pour le témoin historique
qu'il représente que ce phare mérite une protection par inscription à l'inventaire supplémentaire des MH.
• LATREMBLADE- PHARE DE LA COURBE
Ce phare, édifié en 1905, après que le phare précédent a été détruit par l'avancée de la mer, est le plus
haut de Poitou-Charentes. fi est aussi le seul phare construit en béton répertorié en France. Il est donc, à
ces divers titres, tout à fait remarquable.
Son architecture et ie soin des aménagements intérieurs, de même que la technique de construction en
font un édifice remarquable.
Pour ces raisons, ce phare mérite une protection par inscription à l'inventaire supplémentaire des MH.
• SAINT-DENIS D'OLERON - PHARE DE CHASS1RON
Le phare de Chassiron fut édifié à partir de 1834. Il remplace une tour plus ancienne voulue par Colbert en
1685, Au vu du nombre de naufrages la construction d'un nouveau phare fut nécessaire, car le
rehaussement de la tour ancienne n'était pas possible et le prix trop important.
Ce phare fut conçu par Lescure-Bellerive, qui s'inspira largement des phares édifiés par Léonor Fresnel à
qui l'on doit notamment l'es phares de Batz, Sein, Belle-Ile en Mer, etc.
La tour est édifiée au centre d'un soubassement circulaire qui abrite le logement et des locaux techniques
et qui fut rehaussé d'un niveau en 1851.
La tour abrite un escalier bâti autour d'un noyau creux. La qualité de la construction est remarquable. Le
sous-sol du bâtiment annulaire est de ce point de vue tout à fait remarquable.
Du point de vue de l'éclairage, ce phare a permis de mettre au point plusieurs systèmes et techniques.
Ce phare par la qualité et l'homogénéité de son architecture, mérite une protection par inscription à
l'inventaire supplémentaire des MH.
• SAINT-CLEMENT-LES-BALEINES - PHARE EN TERRE ET EN MER
Le phare des Baleines et celui des Baleineaux, édifiés à l'extrémité de l'Ile de Ré ont succédé en 1854 à
la vieille tour des Baleines, édifiée en 1682.
Cet ensemble constitue, avec les bâtiments annexes non seulement un exemple parfait, mais aussi une
qualité architecturale tout à fait remarquable tant pour ce qui concerne le soin de la construction que pour
l'élégance de l'ensemble.
Malgré les modifications du système d'éclairage, les anciennes dispositions ont subsisté. L'escalier qui
mène à ia plateforme supérieure est d'une très grande élégance, de même que la salle haute revêtue de
boiseries.
Ces deux phares, par leur ordonnancement et leur qualité méritent une protection par inscription à
l'inventaire supplémentaire des MH.
Philippe Villeneuve, A.C.M.H.
Charente-Maritime
Saint-Denis-D'Oléron
Phare de Chassiron
Fiche de présentation aux membres de la C.R.P.S. du 14 décembre 2010
Propriétaire : L'Etat, délégation de service public auprès de la commune de Saint Denis qui en a la
gestion touristique depuis 1999
Protection existante : site inscrit 14 mai 1970
Etendue de la protection vrovosée : Classement au titre des monuments historiques en totalité
Intérêt historique et archéologique :
Le phare de Chassiron construit entre 1834 et 1836 sous la conduite de l'ingénieur Lescure Bellerive
est venu remplacer une tour mise en service en 1685 pour assurer la signalisation de cette passe
particulièrement dangereuse dans le pertuis d'Antioche, commandant en outre l'entrée de l'arsenal de
Rochefort. La première pierre est posée le 4 septembre 1834 et sa mise en service est effective le
1er décembre 1836 avec une lampe à huile et appareil lenticulaire pour feu fixe de 1er ordre. La
construction une nouvelle tour est décidée après que l'administration des phares ait projeté de
surhausser la vieille tour. Toutefois son emplacement trop proche de la côte de plus en plus attaquée
par la mer, le mauvais état des maçonneries et le caractère aléatoire de cette solution ont conduit à la
démolition de ce premier phare et à la construction d'un phare de 1er ordre tels que la commission
de 1825 les avait préconisés en adoptant le plan de phare construit par Léonor Fresnel à Goulphar
(Belle île en Mer). Une rotonde à sa base sert de logement aux gardiens. Elle mesure 16.50 mères de
diamètre, est indépendante de la tour. Le fût, sobre et effilé, abrite un escalier de 224 marches (184
en granit et deux échelles de meunier de 17 et 18 marches), une pièce de stockage et une chambre
de veille. La lanterne avec son paratonnerre s'élève à 50 mètres au-dessus des hautes mers et 43
mètres au-dessus du sol. La hauteur totale de la tour est de 46,20 mètres au-dessus du sol. La
rotonde sera surélevée d'un étage en 1851 et recouverte d'une
couverture en zinc en 1880. Les maçonneries de cette tour sont en
moellon et s'enracinent à 2,80 mètres dans le sol et les pierres de granit
sont taillées en queue d'aronde pour assurer solidité et étanchéité des
murs. Peinte en blanche au départ, la tour a été dotée de trois bandes
noires de six mètres en 1936 pour mieux la distinguer des phares
voisins. Dès l'origine, Chassiron a été doté des dernières technologies
en matière d'éclairage. Le premier système se compose d'une lampe à
huile végétale (colza) de 6 mèches avec une pompe et fonctionnant
comme une horloge. Un régulateur à ailette permet l'alimentation en
huile. Le 27 septembre 1891, Chassiron est un des premiers phares a
être équipé avec des lentilles à échelons dites de Fresnel (appareil
lenticulaire à éclipse de 10 en 10" de 1er ordre monté sur galets). En
1895, une usine à gaz d'huile est installée au pied du phare et c'est à
Chassiron que l'on expérimente l'incandescence du gaz d'huile dans un
manchon. Par la suite, de 1902 à 1905 et à titre expérimental encore, la
lampe du phare de Chassiron utilise le gaz d'acétylène qui a pu être
stocké sans risque d'explosion à partir de 1899 grâce à l'utilisation
d'une matière poreuse garnissant les citernes. Une seconde usine est
construite à côté de la première. L'acétylène est produit dans un
gazogène de 1,50 m de haut et 70 cm de diamètre en ajoutant du
carbure de calcium à de l'eau. Le gaz est dirigé vers un gazomètre et le
résidu (lait de chaux) récupéré dans un wagonnet et évacué dans un
fosse. Le 1er octobre 1930, un système d'éclairage par ampoule
électrique de 24000 watts est mis en place, ultime bouleversement
technologique. Des transformateurs sont installés dans l'ancienne usine
à gaz d'huile. Depuis, des ampoules de plus en plus performantes vont
se succéder offrant une intensité lumineuse de plus en plus puissante.
NB : II ne reste de l'ancien phare qu'une modeste maison de gardien du 17
ou du ISème siècle (les hangars, logements en brique et blockhaus ont été
détruits). Elle a été restaurée en 2007 par le conseil général et sert de salle
de réception pour la commune. Elle abrite une somptueuse cheminée datée
de 1588 et provenant d'une riche demeure occupée au ISème siècle par les
sœurs de la Sagesse devenue aérium et maintenant démoli.
COMMISSION NATIONALE DES MONUMENTS HISTORIQUES
SECTION CLASSEMENT DES IMMEUBLES
Séance du 18 juin 2012
SAINT-CLÉMENT-DES-BALEINES (Charente-Maritime) - phare des Baleines et
phare des Baleineaux
Proposition de classement au titre des monuments historiques
Protection existante :
inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 15 avril 2011 en totalité, du phare
des Baleines, de l'ensemble des bâtiments et du sol des parcelles correspondantes, avec leurs
murs de clôture, ainsi que du phare des Baleineaux
Présentation : Mme Brigitte Montagne et M. Yannick Comte, recenseurs des
monuments historiques
Rapport : Mme Anne Embs, conservatrice des monuments historiques
Avis : M. Bernard Brochard, inspection des patrimoines (collège des monuments
historiques)
En préambule, Mme Montagne indique que lors de la CRPS de Poitou-Charentes du 14
décembre 2010 consacrée à la thématique nationale «phares et balises», un travail de
recensement, de tri et de sélection a permis de retenir pour le littoral charentais 8 phares.
Parmi eux se trouvent les phares historiques les plus anciens, comme ceux des Baleines et des
Baleineaux à l'île de Ré, Chassiron à l'île d'Oléron, mais aussi les phares d'alignement,
comme à La Rochelle, les deux phares de l'île d'Aix, et le phare de la Coubre à La
Tremblade, menacé par la mer, et qui est un phare en béton du XXe siècle. Parmi tous ces
phares, 4 sont proposés aujourd'hui au classement.
Présentation : Les phares des Baleines et des Baleineaux forment l'un des trois plus anciens
phares de France avec ceux de Cordouan et de Chassiron. Avant le XVe siècle, rien n'alertait
les navigateurs des écueils qu'ils pouvaient rencontrer dans le Pertuis Breton et d'Antioche et
dans les estuaires de la Charente et de la Seudre. Au XVIIe siècle, la fréquence des naufrages
au large des îles alerte le pouvoir royal. La création de l'arsenal de Rochefort et
l'intensification du trafic maritime, marchand et militaire, imposent, en 1682, la mise en
place d'une tour à la pointe des Baleines, pour signaler les récifs à l'entrée des pertuis. Cette
tour sera suivie, trois ans plus tard, en 1685, par la tour de Chassiron, qui marquera
l'extrémité de l'île d'Oléron. La tour des Baleines est classée au titre des monuments
historiques depuis le 22 juin 1904. Ce monument est défendu des attaques de la mer par une
digue qui a été construite au pied même de l'édifice. Le vieux phare des Baleines était doté
d'un éclairage à huile, qui a subi plusieurs évolutions, surtout avec la construction d'une
lanterne en fer bordée de glaces et par l'emploi d'un système de lampe à réflecteurs
paraboliques. En quinze ans, les côtes verront se construire une trentaine de phares dotés de
ce nouveau système, mis au point par Augustin Fresnel, alors que les fabricants peinaient à
satisfaire la demande.
Mais le voisinage de ce phare avec celui de Chassiron, qui était organisé à peu près selon le
même système et dans le même alignement, occasionnant de nombreuses méprises des
navigateurs, et l'insuffisance de l'éclairage, ont eu des conséquences dramatiques, notamment
entre 1793 et 1838, où on compta 125 naufrages sur les rochers des Baleines et 470 noyés.
Les réclamations vont porter leurs fruits, et le directeur général des Ponts et Chaussées donne
l'ordre aux ingénieurs des travaux maritimes du port de commerce de s'occuper du
changement d'un feu fixe aux Baleines en un feu mobile. Ce changement va être assez
efficace, et le feu mobile mis en place en 1820 fonctionnera jusqu'au 15 janvier 1854, date
d'achèvement des deux nouveaux phares des Baleines et des Baleineaux. Ces deux nouveaux
phares sont issus du programme d'éclairage de la commission de 1825, et ils vont mettre un
certain temps à voir le jour.
Sur l'île de Ré, la vieille tour est jugée inapte au service. Son exhaussement étant estimé trop
onéreux, 3a construction d'une nouvelle tour, dont l'appareil lenticulaire est inauguré le 15
janvier 1854, est privilégiée, en même temps que celle d'un feu de 3ème ordre sur le haut
banc du nord. Les travaux débutent en juillet 1849 pour s'achever en 1854. Léonce Reynaud,
ingénieur général des Ponts et Chaussées, a suivi ces travaux, menés par les ingénieurs en
chef Job de Soulangy et Le gros.
Mme Montagne indique qu'on trouve la trace des tergiversations et de nombreux rapports de
construction des deux phares aux archives départementales. On abandonne donc le phare
ancien qui ne servira plus, et le nouveau phare à terre du XIXe siècle sera construit un peu en
retrait de la mer. Le phare en mer appelé'phare des Baleineaux, prendra l'aspect du modèle
(tour trompette). Mme Montagne présente quelques coupes et élévations de l'édifice, et
précise que sa construction fui assez épique, car on a du apporter tous les matériaux sur ce
petit bout de récif, grâce à des bateaux qui étaient amarrés au large d'une plate-forme créée de
toutes pièces. Des barques et des flotteurs amenaient les matériaux sur cette plate-forme, et la
construction s'est faite à l'aide d'une grue qui fut d'abord placée sur l'armature et les
fondations, puis, au fur et à mesure, on s'est appuyé sur les maçonneries en construction.
Les deux constructions se sont faites conjointement, pour pouvoir occuper tout le temps les
ouvriers, qui travaillaient à marée basse au Baleineaux, et le reste du temps, à terre, au phare
des Baleines. Le phare à terre correspond aux conceptions architecturales des phares
construits après 1820, qui sont simples : une colonne, avec une base (soubassement de
l'édifice), un fût (la tour) et un chapiteau (couronnement qui supporte la balustrade et la
lanterne). La hauteur de la tour est déterminée par rapport à l'altitude du site et à la portée
souhaitée (54 m pour les Baleines, 23 m pour les Baleineaux). Tous les intérieurs des tours
sont cylindriques, mais les extérieurs peuvent être circulaires (les Baleineaux), carrés ou
octogonaux (les Baleines). Léonor Fresnel privilégie le fut rond tandis que Léonce Reynaud
introduit le fut octogonal qui selon lui avait l'avantage d'être : « un peu plus économique en
ce qu'il n'admet que des surfaces planes, de se mieux agencer avec le corps de logis qui
s'établit parfois au pied de la tour et de présenter enfin quelque chose de plus élégant à
raison des arêtes qui divisent la tour comme le font les cannelures sur des colonnes ».
Différents plans ayant servi à la construction du phare des Baleines sont présentés. En 1882,
un bâtiment est construit au pied de la tour et du logement des gardiens, qui va servir d'atelier
et de salle des machines. Il abrite dans son soubassement une forge, et la centrale électrique
du phare. En 1861, le site fait l'objet d'un aménagement paysager par l'architecte paysagiste
Perrier, avec des promenades et des bosquets. C'est un endroit fermé par des murs, et la
promenade que l'on peut faire autour du phare est tout à fait agréable.
Mme Montagne présente plusieurs plans montrant le jardin à l'anglaise au pied du phare des
Baleines. Diverses constructions se sont ajoutées au fil du temps, notamment des annexes qui
servaient de logements à l'école de gardiens de phares, et qui sont aujourd'hui toujours
propriété de l'Etat et servent de résidences de vacances.
Mme Montagne montre quelques vues du phare des Baleines, et indique qu'il s'agit d'un très
beau phare, dans un site splendide, avec un jardin très vert à la base de la tour, qui sert pour
partie de logement. Ce sont des espaces très soignés. Aujourd'hui, le phare fait l'objet d'une
délégation de service public (DSP) et est géré par la société « Patrimoine Océan ». Les
anciens logements de gardiens sont occupés par des lieux d'exposition et la résidence du
gestionnaire du site, ainsi que divers bureaux à l'étage. C'est un endroit extrêmement visité,
toute l'année, et ouvert tous les jours.
Dans l'ancien bâtiment des magasins de 1882, se trouve aujourd'hui une librairie, et dans les
salles basses, les machineries.
Mme Montagne présente des photos de la tour, des salles basses, du soubassement voûté du
logement des gardiens, des vues de ces anciens logements et de l'escalier en vis en granit bleu
de Kersanton. Suivent des photos de la chambre des gardiens et de la lanterne qui, l'année
dernière, a fait l'objet d'une restauration complète. Elle a été repeinte et son décor restauré.
Le phare des Baleineaux est construit sur le modèle des phares de type dit « trompette », dont
on a plusieurs exemples en France, et c'est l'exacte réplique du phare de la Banche en LoireAtlantique. Mme Montagne présente des coupes du phare, et indique que ce phare est à
l'abandon, qu'il n'y a plus de gardien depuis 1929, et qu'il est tout juste entretenu pour
l'éclairage. Il faut l'aborder avec précaution, uniquement lorsque la mer est très calme.
Il possède une base évasée au profil concave qui assure une bonne assise à l'édifice et une
bonne résistance aux vagues. Il est doté de plusieurs étages qui sont recouverts de calottes
plates en brique. Des photos montrent le mauvais état de la chambre des gardiens, et l'état
d'abandon général de l'édifice. Après la montée de l'escalier, qui est situé dans l'évidement de
la tour, on accède au sommet et à sa balustrade en granit.
Pour conclure Mme Montagne précise que le phare des Baleines et le phare des Baleineaux
sont situés à la pointe nord de l'île de Ré, en site classé, et que la CRPS du 14 décembre 2010
a proposé l'inscription au titre des monuments historiques de la totalité du phare des Baleines
et de l'ensemble des bâtiments et du sol des parcelles correspondantes avec leurs murs de
clôture, ainsi que du phare des Baleineaux, et le classement du phare des Baleines et du phare
des Baleineaux, puisqu'ils ressortant tous les deux du même programme, et du bâtiment des
machines.
Rapport :
M. Bernard Brochard lit le rapport de Mme Embs : « La dangerosité des côtes atlantiques
a, depuis la haute antiquité, entraîné la mise en place de dispositifs lumineux afin de prévenir
les marins. L'ancien phare, la vieille tour des Baleines, sur l'île de Ré, est construit de 1669 à
1682. Jugé trop vétusté, il est remplacé par un second phare, inauguré en 1854. Ce phare a été
conçu par Léonce Reynaud. De plan octogonal, il est accompagné d'un second phare situé en
mer, le phare des Baleineaux.
Les deux constructions se font de manière parallèle. À l'intérieur, un soin tout particulier a été
apporté au décor : sol en marbre, consoles assemblées, carrelage décoratif, portes sculptées.
La combinaison de ces deux phares, situés à proximité du premier phare déjà protégé, en fait
un ensemble exceptionnel. Depuis 2001 la gestion et l'entretien du site ont été délégués à la
société « Patrimoine Océan ». Le phare est ouvert, à la visite, et fait partie des monuments les
plus visités de l'île.
Avis favorable au classement ».
Avis :
M. Brochard rappelle que pour le littoral de Charente-Maritime, sur un compte de 300 feux
divers, dont 12 phares, on a présenté 8 de ces phares à la CRPS lors de sa séance du 14
décembre 2010. Tous ont été retenus pour l'inscription, et quatre d'entre eux ont été proposés
pour le classement.
Toutefois il n'est. peut-être pas sans intérêt de relever les nuances d'appréciation qui
apparaissent, avant la discussion en séance, dans les différents avis réglementaires et qui
témoignent ainsi de l'approche particulière de chacun des responsables du secteur patrimonial
avant le consensus obtenu en fin de débat.
M. Brochard indique avoir constitué un tableau récapitulatif où il ressort, sur les 8 exemples
présentés, l'existence de deux anomalies. D'abord, l'absence de distinction de niveaux de
protection dans les avis du service régional de l'archéologie et de l'architecte en chef des
monuments historiques ; le premier par principe, puisque la sélection découle d'une enquête
méthodique et exhaustive, le second pour des raisons sans doute différentes, puisque l'intérêt
architectural de chacun des phares est bien analysé.
Autre anomalie, la réticence de l'architecte des bâtiments de France à la protection, au motif
que la plupart des bâtiments présentés sont déjà protégés par une législation (abords ou
adossement MH, classement ou inscription au titre des sites, règlements de ZPPAUP, secteur
sauvegardé, domaine maritime etc.) à l'exception du phare de la Coubre, alors sans protection,
en raison de sa modernité (c'est une construction en béton armé du début du XXe siècle) et en
raison de son esthétique et des deux phares des Soumards à Fouras, datant des années 1930,
mais non retenus dans la sélection.
Les avis du service régional de l'Inventaire général et de la conservatrice des monuments
historiques justifient au contraire par des arguments précis une distinction dans le niveau de
protection : le premier souligne la rareté des phares jumeaux du fort de l'île d'Aix, et la qualité
architecturale particulière de celui de Saint-Georges-de-Didonne. Le second distingue plutôt,
au titre de l'ancienneté, de l'histoire de la technique, de l'architecture et de l'aménagement, les
deux phares emblématiques connus depuis longtemps des Baleines dans l'île de Ré et de
Chassiron dans l'île d'Oléron.
Ces derniers avis ont donc déterminé les propositions de classement présentées aujourd'hui.
M. Brochard souligne des dossiers qui sont très documentés, comprenant : réception
d'ouvrage, devis, plans, et photographies anciennes qui permettent de voir l'évolution de la
construction, et de connaître en détails l'histoire des monuments.
En raison de l'ancienneté de leur installation; de leur importance historique dans la
signalisation maritime, de leur qualité architecturale, représentative de la première série des
grands phares du XIXe siècle (1820-1850), les deux phares emblématiques des deux îles ont
la priorité pour le classement.
D'abord le phare des Baleines, d'aspect vraiment monumental., avec son bâtiment ordonnancé
à deux niveaux et la composition, assez compliquée d'ailleurs, qui l'entoure, ses bâtiments
annexes très soignés (bâtiment des machines), ses murs de clôture. Ce phare possède un bel
escalier intérieur offrant une perspective magnifique ainsi que des restes significatifs
d'aménagement (lambris, huisseries). Il forme avec l'ancienne tour (déjà classée au titre des
monuments historiques) et le phare en mer des Baleineaux qui lui est associé, un ensemble
particulièrement complet, qui demande une protection cohérente.
Débat :
M. Emmanuel Etienne, adjoint au sous-directeur des monuments historiques, propose
de montrer à nouveau le plan général, et de préciser l'étendue exacte de la proposition de
classement.
M. Brochard exprime le souhait que l'on classe bien aussi le bâtiment des machines., qui est
situé à l'arrière, et qui forme avec le phare une composition tout à fait particulière.
M. Etienne précise que c'est bien ce qui est prévu dans la proposition de la CRPS, qui sera
soumise au vote.
Vote:
La Commission nationale des monuments historiques se prononce à l'unanimité pour le
classement au titre des monuments historiques, en totalité, du phare des Baleines et du
bâtiment des machines, ainsi que du phare des Baleineaux à Saint-Clément-des-Baleines
(Charente-Maritime), considérant leur intérêt historique et la qualité de leur
architecture.
Le chef du bureau de la protection
des monuments historiques
Frantt
COMMISSION NATIONALE DES MONUMENTS HISTORIQUES
SECTION CLASSEMENT DES IMMEUBLES
Séance du 18 juin 2011
SÉANCE THÉMATIQUE CONSACRÉE AUX PHARES
M. Philippe Bélaval, directeur général des patrimoines, M. Philippe Paolantoni, directeur des
affaires maritimes au ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du
logement ont ouvert le 22 novembre 2010 la première séance thématique de la Commission nationale
des monuments historiques consacrée aux phares du littoral pour les régions Bretagne, Corse, NordPas-de-Calais et Haute-Normandie.
M. Paolantoni a précisé que, parmi les mesures envisagées par le MEDDTL pour la conservation
de ces phares, un partenariat avec le conservatoire du littoral était envisagé, pour qu'il prenne, dans
des conditions financières acceptables, la responsabilité d'une cinquantaine d'entre eux.
M. Vincent Guigueno, chargé de mission pour le patrimoine des phares et balises au
MEDDTL, a ensuite présenté rapidement le patrimoine des phares, en précisant la typologie qui peut
être établie en fonction des périodes et de l'architecture, après avoir rappelé que dans le cadre de la
proposition 103 du Grenelle de la mer, les phares ont été reconnus comme un élément important du
patrimoine littoral.
Les phares sont, pour l'essentiel, un patrimoine du XIXe siècle. Ils devaient permettre aux
navigateurs de se repérer, de se localiser. Or aujourd'hui, les nouveaux systèmes de guidage ou de
repérage par satellite, entre autres, permettent d'identifier parfaitement les bateaux et leur vitesse, et
assurent la sécurité de la navigation grâce aux centres régionaux de surveillance et de sauvetage
(CROSS). Les phares n'ont donc plus le rôle dominant d'aide à la navigation qui a été le leur depuis le
début du XIXe siècle.
Mais depuis la fin des années 1980 et le début des années 1990, un vrai engouement du public s'est
développé pour ces édifices. Ce patrimoine n'est pas seulement celui des gens de mer, et beaucoup de
personnes qui ne pratiquent pas la navigation sont attachées aux phares.
Un phare est un feu important, défini par un certain nombre de critères : une certaine portée, une
certaine hauteur et - critère auquel le public est généralement le plus attaché - le fait d'avoir été habité
par un gardien. On a identifié quelques 130 ouvrages correspondant à cette définition, dont la moitié
sont des phares isolés, sur une île, au bout d'un cap ou d'une pointe. 40 sont des phares urbains, et 25
sont en mer, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent être atteints qu'avec des moyens nautiques.
Une présentation chronologique permet de distinguer quatre ou cinq périodes dans l'architecture des
phares.
Les phares les plus anciens étaient un simple feu, juché sur une fortification existante. Apparaissent
ainsi comme « phares » dans la base Mérimée la lanterne Saint-Michel ou la tour du Leughenaer à
Dunkerque, qui sont des bâtiments de cette première période, essentiellement dans un contexte urbain.
Sous l'impulsion de Vauban, à la fin du XVIIe siècle et au début du XVÏÏF siècle, un certain nombre
de tours à feu sont construites, comme le Stiff ou la tour des Baleines, sur l'île de Ré. Cette
« protosignalisation » répond aux besoins du commerce, du côté de Rouen, avec le phare de Barfleur,
ou de la marine royale, aux abords de Rochefort ou de Brest.
Sous l'Ancien Régime, il y a très peu de phares, qui sont d'ailleurs pratiquement tous déjà protégés
1
au titre des monuments historiques et éteints. Seul le phare du Stiff, sur l'île d'Ouessant, le phare du
cap Fréhel et le phare de Cordouan (phare Renaissance en partie basse, avec une chapelle et une
« chambre du Roi », surmonté par un fût ajouté par l'ingénieur Teulère au XVIIIe siècle, phare
exceptionnel classé dès 1862), demeurant en activité.
Le XIXe siècle est la grande période des phares : la plupart des phares du littoral français ont été
construits entre 1830 et 1880. Le premier responsable en est Augustin Fresnel (1788-1827), qui
invente l'appareil lenticulaire qui porte son nom. Après la chute de l'Empire, la France engage un plan
national de signalisation des côtes. Une cinquantaine de sites sont alors identifiés comme devant être
éclairés. C'est donc un vrai programme d'équipement qui est décidé par la commission des phares, en
1825. Une quarantaine de phares subsiste encore sur les 50 construits dans le cadre du plan- type
établi alors pour les phares « de premier ordre » - les plus importants - qui consistait en une colonne
sur un soubassement, avec un couronnement. Le prototype en est Belle-île-en-Mer. Ces phares
comportent cependant des variantes, parfois importantes, comme la forme du soubassement. Plusieurs
anciens « phares » sont reconstruits, car ils ne peuvent supporter le poids très important de l'appareil
de Fresnel.
La plupart des phares de Corse ne seront pas édifiés dans le cadre de ce plan de 1825, mais avec
retard, vers 1837. Ils appartiennent toutefois à la même typologie, même s'ils sont souvent plus bas,
car édifiés sur des points hauts. Ce qui compte pour le marin, ce n'est pas, en effet, la hauteur de la
tour, mais ce qu'on appelle le plan focal, c'est à dire la hauteur à laquelle se trouve la lumière par
rapport au niveau de la mer,
La vague de construction suivante adopte le « style Reynaud ». Ce directeur du service des phares,
architecte et architecte diocésain, a imposé ses principes constructifs, en matière de phares, dans la
deuxième moitié du XIXe siècle. Il impose en effet la séparation de la partie fonctionnelle de la tour et
du logement, qui n'est pas forcément construit avec les mêmes matériaux. L'idée est de construire des
bâtiments de part et d'autre, pour deux familles de gardiens. Il est donc le premier à apporter des
notions de confort et d'habitabilité dans ces programmes. C'est à lui que l'on doit une bonne part des
bâtiments annexes, qui ne sont aujourd'hui, pour l'essentiel, plus habités. Il est également le
concepteur d'une petite particularité française, la maison-phare.
À la fin du XIXe siècle, les technologies changent : l'électricité arrive, les feux sont plus rapides,
plus forts : on peut donc les faire porter plus loin. Pour cela, il faut augmenter un peu la taille des
phares : les phares de Penmarc'h et de l'île Vierge sont construits à côté d'un autre phare, datant de
1835, déjà un peu dépassé pour porter ces nouveaux feux. La fin du XIXe siècle voit la construction de
quelques phares monumentaux, ainsi que des phares de ITroise, les « Enfers » situés en pleine mer.
La dernière période, qui commence dans les années 1930, est celle des phares d'architectes. C'est la
première fois qu'on fait appel à des architectes pour dessiner et pour construire des phares. Ce principe
s'est étendu après la Deuxième Guerre mondiale, la Kriegsmarine ayant fait sauter énormément de
phares : on fait appel, pour les reconstructions, de manière quasi systématique, à l'agence ou à
l'architecte qui reconstruit la ville voisine.
Le service des phares et balises dispose de nombreux documents, archives, livres, photographies,
témoignages de gardiens... Les registres de la commission des phares sont déposés aux archives
nationales. Ils sont la mémoire de la construction des phares des côtes de France. La commission
discutait de la construction, de l'endroit où il fallait établir les phares, et était très active au XIXe
siècle. 3 700 plans de phares sont également conservés aux archives nationales.
Les phares constituent un patrimoine visité. Il y a en France aujourd'hui 25 phares ouverts à la
visite, et on estime à plus de 600 000 le nombre annuel de leurs visiteurs.
M. François GOVEN, inspection des patrimoines (collège des monuments historiques), a été
chargé de coordonner la campagne de protection des phares au titre des monuments historiques.
Cette campagne concerne treize régions au total, onze régions métropolitaines et deux régions
d'outre-mer. Ces régions devaient avoir un littoral, une façade côtière, mais elles devaient également
être concernées par le résultat d'une succession d'études, d'enquêtes, de réunions de groupes de travail.
2
La campagne a débuté par l'établissement d'un protocole d'accord en 2000 entre les deux ministères,
MCC et MEDDTL, suivant lequel un groupe de travail interministériel devait effectuer un inventaire
patrimonial sur l'ensemble des éléments de signalisation maritime. Ce groupe s'est mis en place dès
l'année 2000, sous le double pilotage de la direction de l'architecture et du patrimoine et de la direction
des affaires maritimes. Y participaient notamment la sous-direction des études, de la documentation et
de l'inventaire du ministère de la culture, dans le cadre de sa méthode scientifique de recensement
systématique, adoptée par la convention, et le bureau des phares et balises. Cette approche
systématique portait sur ces ensembles de signalisation maritime, phares, feux, maisons-phares,
évalués au départ, de manière très globale, à environ 180 éléments.
L'établissement de la méthodologie et la détermination des critères ont nécessité un travail
important, croisant une série de paramètres : d'un côté ceux qui relèvent de la reconnaissance
patrimoniale, la rareté, la représentativité de l'œuvre, le nom ou la personnalité de son auteur, sa
valeur historique etc. ; de l'autre, les différentes périodes chronologiques qui ont été évoquées, quatre
au total, mais en réalité trois, puisque pour la première, antérieure à la Révolution française, il fut
considéré a priori que tous les éléments subsistants devaient être pris en compte. Ont donc surtout fait
l'objet des réflexions les trois périodes suivantes : Fresnel-Reynaud, jusque dans les années 18701880, puis ce qui a été appelé la consolidation de la signalisation, de 1880 à 1940, et enfin la période
de la Reconstruction, postérieure à 1945.
Le critère typologique était bien entendu important : phares à terre, phares en mer, maisons-phares,
édifices métalliques... Un critère d'ordre technique, lié aux appareils de signalisation conservés, a
également été envisagé. Le phare est en soi un équipement technique, avec une finalité fonctionnelle
tout à fait précise. Ainsi, l'importance des ouvrages sur le plan de la signalisation maritime, leur
capacité d'adaptation à des technologies nouvelles, les contraintes climatiques, d'entretien ou autres,
qu'ils pouvaient générer, ont aussi été considérées.
Enfin, il a été décidé de prendre en compte le critère des perspectives d'utilisation de ces édifices,
lié à la valorisation potentielle du site, à sa reconnaissance par le public, aux possibilités de visite, ou à
l'adaptabilité du bâtiment à un projet de reconversion.
De ce groupe de travail est issu le premier inventaire conjoint, toutefois conçu sans finalité de
protection.
Dans un deuxième temps,, vers 2005, il a été procédé à une première sélection de 12 édifices
susceptibles d'être protégés. À cette date, 15 phares seulement étaient protégés, dont seulement cinq
classés. Un seul avait encore une fonction opérationnelle : Cordouan. Les autres phares classés étaient
d'anciens phares éteints, souvent depuis très longtemps.
Cette première liste n'a pas eu de suite immédiate, et le projet de protection a été repris, sous une
forme plus ambitieuse, toujours dans le cadre interministériel. Cette fois, l'administration centrale a
demandé aux services régionaux de lui transmettre des propositions de protection, rangées en quatre
catégories, avec une technique de notation de 1 à 10 en fonction des quatre critères historique,
architectural, environnemental et de sécurité maritime. Cette grille d'évaluation étant censée permettre
aux services de parvenir rapidement et efficacement à un examen le plus systématique possible.
Un courrier fut adressé par le directeur de l'architecture et du patrimoine aux préfets de région
concernés, le 15 février 2008, demandant qu'une sélection de phares soit proposée pour examen en
Commission nationale des monuments historiques. Les éléments concernés devaient faire
préalablement l'objet d'une présentation en commission régionale du patrimoine et des sites. Un
tableau des ouvrages était proposé, avec 120 phares et 56 feux, intégrés dans la base Mérimée, avec
une première sélection de 75 éléments, non protégés ou déjà inscrits, qui étaient donc signalés aux
services régionaux comme étant ceux sur lesquels le travail devait être effectué en priorité.
Entre-temps, un élément nouveau était intervenu : un courrier avait été adressé par le directeur de
cabinet du ministre de l'écologie aux directeurs inter-régionaux de la mer, pour leur signaler que
l'éventualité de mutations domaniales, notamment au profit des collectivités territoriales, devait être
envisagée. De même, le transfert de la responsabilité de certains phares, dont l'intérêt patrimonial
primait désormais par rapport à l'intérêt fonctionnel, au conservatoire de l'espace littoral et des rivages
3
lacustres, était évoqué.
Certaines DRAC ont achevé le travail tel qu'il leur était demandé. Outre les régions BasseNormandie, qui avait déjà effectué ce travail (classement de pahres en 2009) et Aquitaine, pour
laquelle la commission régionale du patrimoine et des sites n'a proposé aucun classement à ajouter à
celui du phare de Cordouan, il s'agit des régions Bretagne, Corse, Nord-Pas-de-Calais et HauteNormandie, qui ont présenté une première série de phares à la Commission nationale des monuments
historiques du 22 novembre 2010.
Seront présentés à la deuxième séance thématique de la Commission nationale, le 18 juin 2012, les
phares proposés au classement par les CRPS de Languedoc-Roussillon, Poitou-Charentes, ProvenceAlpes-Côte d'Azur et Pays de la Loire, Réunion, ainsi qu'un phare supplémentaire pour la Bretagne et
un phare pour Saint-Pierre-et-Miquelon.
P^jartëfpe'nÇ^^! ^^^^^te.CcËrimunçr^^^^|
Aquitaine
Gironde (33)
Côtes-d'Armor (22)
Bretagne
. .
Morbihan (56)
Nord-Pas-de-Calai s
Pas-de-Calais (62)
Basse-Normandie
Haute-Normandie
Manche (50)
Eure (27)
Pra\ence-Alpes-Côte d'Azur
Corse
Var (83)
Haute-Corse (2B)
Verdon-sur-Mer (Le)
Bréhat
Plé\enon
Plé\enon
Ouessant
Ouessant
Penmarc'h
Penmarc'h
Plouguemeau
Plouguemeau
Brignogan-Plage
Plougomelin
Bangor
Dunkerque
Dunkerque
Calais
Calais
Le Touquet
Gatteulle-ie-Phare
FatoiMlle-Grestain
Rochelle (La)
Saint-Clément-des-Baleines
Fréjus
Ersa
sli'tiïfHâi&i1!,' ii-.'.W!^v.'^'J!*tf''ÏJCÎ1S«!* jftt'S,'-!
iTitre- eourantsllfe
Phare de Cordouan
Phare des Héaux de Bréhat
Phare du Cap Fréhel
Ancien phare du Cap Fréhel
Phare du Stiff
Phare du Créac'h
Ancien phare de Penmarc'h
Phare d'Eckmuhl
Phare de l'îe Vierge
Ancien Phare de l'îe Vierge
Phare de Pontus\al
Phare de Saint-Mathieu
Grand phare de Belle-Ile ou
Phare de Gouiphar et annexe
Tour du Leughenaer
Phare du Ri s ban
Tour du Guet
Phare de Calais
Phare de la Canche
Phare de Gattewlle
Phare de Fatouwlle
Tour de la Lanterne
Phare dit tour des Baleines
Lanterne d'Auguste
Phare de laGiraglia
Date de passement^
1862
23/05/2011
23/05/2011
23/05/201 1
12/07/2011
23/05/201 1
23/05/201 1
23/05/201 1
23/05/2011
23/05/2011
23/05/2011
23/05/2011
23/05/2011
10/01/1995
19/04/2011
06/11/1931
19/04/2011
19/04/2011
19/06/2009
13/09/2011
17/02/1879
22/06/1904
1886,1987
19/04/2011
Poitiers, le 14 juin 2012
Bernard BROCHARJD
Inspecteur des Patrimoines
Hôtel Jean des Moulins de Rochefort
102 grand-rue, 86020 POITIERS cedex
Monsieur le Sous-directeur des Monuments
historiques et des espaces protégés
Tel. 05 49 36 33 30, Fax. 05 49 88 67 38 ,
Email [email protected]
Avis pour la Commission nationale des Monuments historiques
Séance du 18 juin 2012, 2ème Thématique Phares
Objet: Charente-Maritime, Phares du littoral charentais : Aix,, St-Clément-les-Baleines, StDenis d'Oléron , St-Georges - de -Didonne .
Dossiers de protection, propositions de classement (immeubles)
réf. CRPS Poitou-Charentes, du 14 décembre 2010
Dans le cadre général des études menées de façon inter-ministérielle pour la protection des phares
français, dont les enquêtes, les méthodes, les critères de séleection et les résultats sont rappelés dans le
discours liminaire de cette séance, la région Poitou-Charentes, qui ne possède qu'un seul département
maritime , a effectué son recensement. Celui-ci doit beaucoup à MM. Bleynie et Alligné ( Subdivision
des Phares et Balises de La Rochelle). Sur un compte de 3OO feux divers dont 12 phares, huit de ces
derniers ( ou 11 en tenant compte des phares doubles) ont été présentés à la Commission régionale du
Patrimoine et des sites, en sa séance du 14 décembre 2010. Tous ont été retenus pour une inscription à
l'inventaire supplémentaire ( arrêtés du 15 avril et 23 mai 2011 )3 et quatre d'entre-eux ont été proposés
pour le classement ( dont deux, Les Baleines, Chassiron, avaient été auparavant désignés par l'enquête
nationale ).
Toutefois il n'est peut-être pas sans intérêt de relever les nuances d'appréciation qui apparaissaient
dans les différents avis réglementaires, émis en amont de la discussion en séance, et qui témoignent
ainsi de l'approche particulière de chacun des services patrimoniaux, avant le consensus obtenu en fin
de débat.
communes
ACMH
Aix, Fort de la rade, 1 84 1 , 1 889
is
Rivedoux, Chauveau, 1 842
is
CMH
ABF
SRA Inv.
appréciations
is
cl
Intérêt
technique
scientifique
is
is
is
Phare en mer, une des 9 tours
de la série, possède son
aménagement
La Rochelle, vieux port, Gabut et
Valin, 1850, 1880
Secteur Sauv. is
is
is
Phares d' alignement, insérés
ds le contexte urbain
St-Clément les Baleines, Baleines is
et Baleineaux, 1669,1849/54,
Abords Mb, cl
Site classé
is
cl
Série de Phares, ancien et
XDCe, emblématique, le plus
Site classé, cl,
rempart cl mh
et
visité . Bâtiments annexes
Site IS en cl
voie de CL.
is
cl
Phare,emblématique,
belle
présentation,
aménagement
muséal, jardin
le is
À repérer ds cl
le PLU
is
cl
Qualité architecturale,
carré, situation. Eteint
St-Palais sur Mer, Terre-Nègre, is
18e, 1842, fui 19e
Repéré dans is
ZPPAUP
is
is
Construction ancienne de
balisage
du
XVIIIe,
transformée en phare au XIX
La Tremblade, La Coubre, 1 904- is
1905
Urgence , fav. is
protection
is
is
Le plus grand phare, le plus
puissant, début XXe, le seul de
France construit en béton
St-Denis
Chassiron, 1834/36
St-Georges
port,c.!900
de
d'Oléron, is
Didonne,
plan
Deux anomalies apparaissent :
- l'absence de distinction de niveaux de protection dans les avis du SRA et de l'ACMH ; le premier par
principe, puisque la sélection découle d'une enquête méthodique et exhaustive, le second, pour des raisons sans
doute différentes, puisque l'intérêt architectural particulier de chacun des phares y est bien analysé.
- La réticence de l'ABF à la protection, au motif que la plupart des bâtiments présentés sont déjà protégés par
une législation ( abords ou adossement MH, Classement ou inscription Sites, Règlement de Zppaup, Secteur
sauvegardé, domaine maritime..). Le phare de la Coubre est cependant proposé en raison de sa modernité
( esthétique et technique) et de son état de péril, ainsi que des deux phares des marais des.Soumards à Fouras
( années trente ) mais qui n'étaient pas retenus dans la sélection.
Les avis du Service régional de l'inventaire général et de la Conservatrice des MH, justifient au contraire par
des arguments précis une distinction dans le niveau de protection. Ils soulignent l'intérêt des deux phares
emblématiques des Baleines et du Chassiron, la rareté technique des phares jumeaux du fort de î'ile d'Aix, et la
qualité architecturale de celui de Saint -Georges de Didonne. qui peuvent en motiver le classement.
Ces derniers avis ont donc déterminé les propositions de classement présentées aujourd'hui.
Reprenant les arguments énoncés dans les rapports de présentation de la cellule de recensement de la
CRMH, dont il faut souligner ici la clarté et la précision ainsi que la très riche documentation rassemblée
(relevés, devis et marchés, réceptions d'ouvrages., photographies anciennes...) qui permet de connaître en détail
l'histoire de ces monuments, jr émets donc les avis suivants :
En raison de 1' ancienneté de leur installation, de leur importance historique dans la signalisation
maritime, de leur qualité architecturale, représentative de la première série des grands phares du XIXe siècle
(1820 -1850 ), les deux phares emblématiques des deux îles ont la priorité pour le classement.
- d'abord le phare des Baleines, d'aspect vraiment monumental, avec son bâtiment ordonnancé à deux niveaux et
la composition qui l'entoure, son bâtiment annexe très soigné ( bâtiment des machines), ses murs de clôture. Ce
phare possède un bel escalier intérieur (à vis rampante ) offrant une perspective magnifique, et des restes
significatifs de son aménagement ( lambris, huisseries, dallages ). Il forme avec l'ancienne tour du XVÏÏe ( déjà
classée MH depuis 1904 ) et le phare en mer des Baleineaux qui, à la même époque, lui est associé en mer, un
ensemble particulièrement complet et cohérent, qui semble réclamer un niveau de protection identique.
- puis celui du Chassiron, réalisé de 1834 à 1836, mais à partir des modèles antérieurs de 1824, intéressant par
sa distribution interne, son escalier à noyau creux, son important soubassement annulaire à un niveau dressé sur
sous-sol voûté. Il l'est aussi par l'évolution de son système optique, par la présentation soignée de son
environnement ( jardin contemporain créé en 2007 sur le thème de la rosé des vents ) ainsi que par son
aménagement museal intérieur. A signaler, dans la maison de la pointe (1816) une très rare cheminée scuptée de
1588 provenant d'une ancienne demeure de St Denis, remontée ici récemment. Le classement devrait concerner
la totalité de la parcelle et son bâti.
- La gernmelité rapprochée des deux phares du Fort la Rade de l'Ile d'Aix, répond à la signalisation d'un danger
ponctuel au large, d'étendue restreinte. C' est une disposition d'une extrême rareté en France ( cf. Sartène en
Corse), qui, pour cette unique raison pourrait justifier un classement. A mon sens, ces deux constructions dont 1'
architecture n' a rien de remarquable, déparent, plutôt qu'ils ne l'embelissent, le beau site des fortifications. Ils
sont à la fois hors d'échelle et malheureusement répétés. L'argument de rareté technique me paraît donc
s'opposer ici avec la considération de l'esthétique du site historique principal, et j' émets en conséquence un avis
réservé à leur classement, sachant qu'ils sont déjà inscrits à l'inventaire .
- L'intérêt du phare de Saint-Georges de Didonne a été souligné par les services de l'Inventaire. C'est en effet
par la qualité de son architecture : plan, qualité des matériaux et de leur mise en oeuvre, appareillage, dessin
général et proportions, traitement soigné des détails ( entourages des différentes baies, corniche, rambarde
ajourée supérieure, dôme terminal ), sur lesquels la documentation réunie est abondante, que ce monument,
érigé tardivement, vers 1900, se démarque de ses semblables. Le soin apporté à sa construction, la beauté de ses
lignes et le vocabulaire ornemental employé, reflet d' un style académique épuré et inspiré des modèles de la fin
du XVnie siècle, témoignent d1 une recherche particulière due au voisinage de la très sélecte station balnéaire
royannaise. Cela le met au rang des meilleures réalisations en ce domaine et milite pour son classement.
Bernard Brochard
Copies: Isabelle Balsamo, Chef de 1TDP
Anne-Christine Micheu, DRAC Poitou-Charentes
Je.an-Pierre Cazenave, CRMH
Anne Embs, CMH
Max Boirobert, ABF, chef du STAP.
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