Numéro 4
Les hébergements alternatifs aux
chambres d’hôpital
Lundi 5 juillet 2011
Cette note intervient en complément de la note d’analyse n° 3 portant sur le développement
de la chirurgie ambulatoire en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. A la demande du bureau
R3, la mission Stratégie a effectué une recherche documentaire portant sur les modèles
d’hébergement substitutifs à l’hospitalisation complète pour les patients avant ou après
l’hospitalisation.
Entre un modèle de type hôtel situé à proximité des centres de chirurgie ou des hôpitaux
n’offrant que de l’hébergement avec des services hôteliers et l’hospitalisation complète avec
une importante surveillance médicale, le concept des « medihotels » ou « medimotels »
développé en Australie représente un compromis intéressant à étudier d’autant que le
modèle est soutenu par une politique gouvernementale active visant à améliorer l’accès aux
services hospitaliers.
1. LES « MEDIHOTEL » EN AUSTRALIE
1.1. L’émergence du concept: des structures créées pour soulager les tensions sur la
demande de soins hospitaliers
En 2001, pour soulager la pression sur la demande
en soins d’urgences et en soins hospitaliers, le
gouvernement de l’Etat de Victoria lançait le
programme Hospital Demand Management
Strategy (HDMS). Ce programme a pour objectif
d’améliorer l’accès aux soins hospitaliers sans
pour autant recourir obligatoirement à l’ouverture
de nouveaux lits d’hospitalisation. En synergie
avec le programme fédéral initié à la même époque
sur les alternatives à l’hospitalisation, le
programme HDMS finançait des expérimentations
de nouveaux modèles de soins pour la population
de l’Etat destinées à minimiser les hospitalisations
évitables, réduire la durée d’hospitalisation et
prévenir les réadmissions .
Etat du Victoria
Situé dans l'angle sud-est de l'Australie,
c'est le plus petit État continental australien
par sa superficie (237 629 km²) mais aussi le
plus urbanisé et celui à plus forte densité de
population (22 habitants au km²). Avec
5 037 700 habitants, l'État est le deuxième
État australien par son nombre d'habitants
derrière la Nouvelle-Galles du Sud.
La capitale, Melbourne, abrite plus de 70 %
de la population de l'État.
Source : Wikipedia
C’est dans ce contexte que 9 medihotels ont été construits et financés entre 2001 et 2004,
tous situés autour de Melbourne, dans le but d’assurer la transition des patients entre le
domicile et le secteur des soins aigus.
Les Medihotels représentent un modèle relativement nouveau de soins qui fournit un
substitut pour plusieurs jours à l’hospitalisation en unité de soins aigus.
En 2005-2006, 4 nouveaux hôtels ont été financés.
En 2006, le ministère de la san de l’Etat de Victoria commanditait un audit pour mieux
apprécier les apports de ces nouvelles structures. L’audit concluait au maintien du modèle
tout en recommandant l’élaboration d’un cadre de référence, non normatif, à destination
des services publics de santé, afin de s’assurer de la cohérence dans la planification, dans
l’organisation et la prestation de services des medihotels, ainsi que de leur financement.
1.2. Les premiers retours d’expérience : des structures de taille modeste gérées par les
hôpitaux, donnant une grande satisfaction aux clients et viables économiquement.
Leur caractère pionnier fait que leurs offres de services sont différentes d’un
medihotel à l’autre.
Les premiers medimotels construits sont des structures :
de petite taille (8 à 15 lits)
localisées soit à l’intérieur de l’hôpital (la grande majorité constituée
d’anciennes unités de soins rénovées), soit à proximité
accueillant des patients alertes, autonomes dans les tâches de la vie quotidienne
et nécessitant une surveillance médicale minimale pour des séjours pré-
opératoires ou post-opératoires ainsi que pour des examens pouvant s’étaler
sur plusieurs jours.
offrant une surveillance médicale légère, en général dans la journée. Certaines
structures l’étendent pour couvrir la nuit.
Ayant souvent une direction rattachée à celle de l’hôpital.
Du fait de leur caractère expérimental, les premiers medihotel présentent des modèles
variés en termes d’offre de services, de management, de collaboration avec l’hôpital et ses
services cliniques.
L’annexe 1 présente une synthèse des différents aspects analysés par l’audit concernant ces
hôtels.
1.3. Un bilan encore contrasté
L’audit souligne les points positifs suivants :
Degré élevé de satisfaction des patients (>94%),
Modèle souple, s’adaptant aux besoins de l’hôpital,
Impact positif sur la gestion des lits et la gestion des flux de patients
Meilleure gestion des admissions
Accès aux soins aigus améliorés pour les patients
Par contre, l’audit relève que :
Une coopération plus forte avec les services cliniques permet d’améliorer le taux
d’adressage des patients par ces services. En effet, ce taux est faible et ne
dépasse pas en général les 8%, même s’il s’améliore avec l’ancienneté de l’hôtel
Un environnement de travail peu motivant pour les infirmières : isolement,
perte de compétence avec des soins simples fournis aux patients,
Un système informatique peu performant, sans interopérabilité avec le système
d’information de l’hôpital, ne facilitant pas ainsi l’adressage des patients
Une insuffisance de capacité en lits de certaines structures
1.4. Une rentabilité économique avérée
L’analyse compare le coût d’une journée d’hospitalisation avec celle passée dans le
medihotel. La comparaison s’effectue sur la période 2004-2005 et ne porte que sur le coût
des services hôteliers et de soins infirmiers fournis par l’hôpital (excluant ainsi les coûts liés
aux actes, aux médicaments, aux examens …), à catégorie de patients équivalente (basé sur
le codage de type PMSI). La comparaison montre que les medihotels sont viables
économiquement et sont rentables.
Coût moyen d’une journée
d’hospitalisation
Coût moyen d’une journée Medihotel
$356, 20
$251,21
Soit un gain total pour les 8 hôtels étudiés dépassant les $1,5 millions.
Ces chiffres restent néanmoins à relativiser car la collecte des données concernant les
Medihotels est incomplète et non uniforme d’une structure à l’autre.
Les Medihotels sont financés par une dotation annuelle du Ministère de la santé au budget
de l’hôpital. Ce financement s’élève à $ 3,3 millions durant les 2 années 2004-2005.
Cette dotation est indépendante du niveau effectif d’activités de l’hôtel. Ce qui pose
problème car les Medihotels les plus anciens commencent à être victimes de leur succès.
Outre le fait que le nombre de clients s’accroît, les patients adressés nécessitent des soins
de plus en plus sophistiqués.
2. LE CADRE DE REFERENCE ELABORE EN 2009
Le cadre de référence ainsi que le développement d’un modèle de financement transparent
et cohérent ont été les principales recommandations de l’audit de 2006. Ce cadre, élaboré
par le Ministère de la santé de l’Etat de Victoria, permet d’éviter un développement
anarchique des medihotels par les services publics de santé.
Pour autant, le cadre de référence n’a pas un caractère opposable. Il est conçu comme une
aide à la décision et une aide à la conception des medihotels. Les recommandations ont tiré
parti des retours d’expérience des premiers medihotels financés.
Nous décrirons ci-après les principaux points du cadre de référence.
2.1. Rôle et services d’un medihotel : un intermédiaire et un facilitateur entre le patient et
l’hôpital. Des services centrés principalement sur un hébergement de qualité et une
préparation au retour à domicile
Du point de vue de l’Etat de Victoria, les medihotels doivent être conçus dans une approche
globale et intégrative de la chaîne de soins. Ils jouent un rôle de « facilitateur » dans l’accès
aux soins, dans la sortie d’hospitalisation et dans la continuité des soins.
Les personnes logées dans un medihotel ne sont pas considérés comme des patients.
Un medihotel est d’abord un hébergement de qualité avec services hôteliers pour des
patients et leurs accompagnants.
Il doit être situé à proximité ou dans l’enceinte de l’hôpital. Les bâtiments doivent refléter ce
caractère hôtelier (fourniture des repas, sécurité, accessibilité, intimité des personnes,
chambres équipées de confort moderne…).
Dans un second temps, on peut envisager des services à caractère médical : surveillance
médicale légère, soins épisodiques.
Les horaires d’ouverture doivent être en cohérence avec ceux des services cliniques
(diagnostics ou chirurgie).
La superficie des bâtiments dépend du modèle de service choisi et de la viabilité
économique. Une capacité minimale soit de 8 lits et les horaires d’ouvertures compatibles
avec ceux des services cliniques hospitaliers.
2.2. La sélection des patients : un processus de sélection qui doit être formalisé et bien
compris par les services « adresseurs »
Les critères de sélection des patients sont à établir par la direction du medihotel. Ces
critères doivent être documentés et doivent faciliter la prise de décision des services
cliniques et ne pas mettre en danger la sécurité des patients. Des sessions d’information
organisées par le medihotel, à destination des services cliniques peuvent être utiles.
Les patients sélectionnés doivent être alertes, médicalement stables, autonomes dans les
tâches de la vie quotidienne, capables de gérer leurs propres médicaments ou avec une
intervention minimale, ne pas présenter de troubles mentaux ou d’addiction.
Les critères de sélection doivent aussi tenir compte des conditions de retour à domicile du
patient et du plan de soins demandé.
2.3. L’adressage des patients : le processus doit être défini par le medihotel et maîtrisé par
les services hospitaliers
Les patients peuvent être adressés par les services cliniques (soins ou diagnostics), des
services de chirurgie de jour, voire des maisons médicalisées. La coopération avec tous ces
acteurs est primordiale pour un medihotel. Il en est de même avec les services d’admission,
de gestion des lits ou de sorties d’hôpital.
Cet adressage ne peut être optimal que si une politique et un processus d’adressage sont
clairement définis par le medihotel. A contrario, cette tâche peut être vite considérée
comme une source de perte de temps et le taux d’occupation des lits de l’hôtel s’en
ressentira.
Le processus d’adressage doit :
Permettre aux « adresseurs » de connaître, outre les critères de sélection des
patients du medihotel, toutes les options d’hébergement ainsi que la gamme des
services offerts lors de la planification des dates d’examens, de soins ou de sortie
d’hospitalisation,
Fournir aux patients une information suffisante sur leurs droits et responsabilités
pour que ceux-ci donnent un consentement éclairé, notamment sur la
transmission de données personnelles de santé.
Les informations à communiquer par le service clinique lors de l’adressage d’un patient
peuvent comporter, outre les résultats de l’évaluation des critères éligibles à un medihotel,
des données médicales telles que le plan de soins, les médicaments à administrer,
ordonnance de sortie…Toutes ces données sont à enregistrer dans le dossier médical du
patient.
D’autres informations relatives aux dispositions que le patient doit prendre à son retour de
domicile (soins de ville, consultations de spécialistes, prises de rendez vous avec d’autres
services hospitaliers…) sont également à joindre.
Le processus d’adressage est facilité par l’interconnexion du système d’information de
l’hôtel avec celui de l’hôpital.
2.4. L’enregistrement des clients : les personnes hébergées dans des medihotels sont
considérées comme des clients et non des patients.
La décision d’admettre ou de refuser un patient adressé revient à la direction du medihotel.
Le patient est enregistré comme un client de l’hôtel. De ce fait, l’enregistrement du client a
lieu soit avant l’admission du patient par l’hôpital, soit à sa sortie d’hospitalisation. Une
notification du rejet ou de l’enregistrement doit être envoyée au service adresseur.
Durant son séjour au médihotel, le client peut faire plusieurs allers-retours à l’hôpital pour
subir les soins ou les examens requis.
2.5. Les soins médicaux
Les types de soins médicaux prodigués par les medihotels sont à définir par les autorités
qui gèrent les services publics de santé. Ce sont soit une surveillance médicale légère, soit
des soins épisodiques. Ces soins doivent être personnalisés visant à soutenir le client dans
son traitement (qui doit être capable par ailleurs de le gérer sans une aide active). De ce fait,
le client doit être parfaitement informé de ses droits et de ses responsabilités.
2.6. Le retour à domicile du client : le rôle actif du medihotel dans sa préparation
Le medihotel doit faciliter le retour à domicile du patient en faisant une revue du plan de
sortie d’hospitalisation élaboré par le service clinique. Il s’assure que le service clinique a
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