Chapitre 4 L’information génétique 1. Information et protéines 2. Gènes et chromosomes 3. Les maladies génétiques 4. Les manipulations génétiques 5. La division cellulaire 6. Le cancer 7. Les virus 8. Jurassic Park ? Chapitre 4 Objectifs À la fin de ce module vous serez en mesure de : 1. Expliquer pourquoi la cellule doit posséder de l’information. 2. Expliquer ce qu’est l’ADN 3. Définir les termes : gènes et chromosomes. 4. Expliquer ce que sont les maladies héréditaires. 5. Expliquer ce qu’est une mutation. 6. Expliquer le procédé permettant de transférer un gène d’un organisme à un autre. 7. Décrire les transformations subies par les chromosomes lors de la division cellulaire. 8. Expliquer ce qu’est le cancer. Préciser la différence entre tumeur maligne et tumeur bénigne. 9. Énoncer les principales caractéristiques des cellules cancéreuses. 10. Décrire la structure d’un virus. 11. Expliquer le mode de reproduction des virus. 12. Expliquer la technique permettant de fabriquer un clone d’un organisme à partir d’une de ses cellules. 4-2 1. Information et protéines Comme nous l’avons vu au chapitre 2, les protéines sont de grosses molécules qui remplissent une foule de fonctions différentes dans nos cellules. Les enzymes, par exemple, contrôlent toutes les réactions chimiques qui se déroulent dans la cellule. Chaque protéine (et il y en a quelque chose comme 100 000 sortes différentes) est caractérisée par les acides aminés qui la forment. Pour vivre, une cellule doit donc pouvoir fabriquer les nombreuses protéines dont elle a besoin (protéines de structure, hormones, protéines de membrane, enzymes, transporteurs de membrane, etc.). Cependant, pour fabriquer une protéine donnée, la cellule doit posséder : • Des acides aminés (ce sont les pièces de construction). • L’information, la « recette », permettant d’assembler les acides aminés dans le bon ordre. C’est-à-dire l’information lui indiquant quels acides aminés utiliser et l’ordre dans lequel ils doivent être liés les uns aux autres pour former la protéine. Le lysozyme, par exemple, est une protéine (une enzyme plus précisément) formée par l’enchaînement les uns aux autres de 126 acides aminés. Le premier de ces acides aminés est la lysine (Lys), le second, la valine (Val), le troisième, la phénylalanine (Phe) et ainsi de suite jusqu’au dernier acide aminé, le 126e qui est la leucine (Leu). La moindre erreur dans l’assemblage des acides aminés, la moindre « faute d’orthographe », risque de rendre la protéine non fonctionnelle. Si c’est une enzyme, celle-ci peut alors perdre son pouvoir de catalyser une réaction chimique importante pour la cellule. Le noyau des cellules humaines contiendrait ainsi, sous forme d’ADN, environ 30 à 50 000 recettes différentes de protéines. On appelle « gène » chacune de ces recettes. Où sont donc ces « recettes »? La question a embêté les biologistes pendant près de 50 ans. On sait, depuis les années 40, que c’est l’ADN contenu dans le noyau qui indique à la cellule comment fabriquer toutes les protéines qu’elle doit synthétiser. Pour chacune des milliers de protéines fabriquées par une cellule, il y a, dans le noyau de la cellule, l’information, « la recette », permettant de fabriquer cette protéine. Chapitre 4 2. Gènes et chromosomes L’ADN est un polymère, c’est-à-dire une molécule formée de l’union, les unes aux autres, de molécules plus petites appelées nucléotides. Il y a, dans l’ADN, quatre sortes de nucléotides que les chimistes désignent par les A, T, C et G. A pour adénine T pour thymine C pour cytosine G pour guanine Chaque molécule d’ADN présente dans le noyau de nos cellules est constituée d’une longue, une très longue, une très, très longue succession de nucléotides. Quelque chose comme : A-A-T-C-C-G-C-T-T-A-G-G-C-T-A-C-T-G-C-C-G-A-C…. En fait, la structure de l’ADN est un peu plus complexe que ça. Pour une description plus précise de cette structure, voir le site web du cours à: http://www.dgpc.ulaval.ca/bio90192/chap4/adn.htm Le noyau d’une cellule ne contient pas beaucoup de molécules d’ADN, 46 molécules très précisément dans le cas des cellules humaines. Mais attention, chacune de ces molécules peut contenir plusieurs centaines de millions de nucléotides liés les uns aux autres. Chacune de ces molécules ne mesure que 2 nm de large (deux millièmes de micromètre), mais peut atteindre plusieurs centimètres de longueur. Mises « bout à bout », les 46 molécules d’ADN du noyau d’une cellule humaine formeraient un long fil d’environ deux mètres de longueur. Chaque molécule d’ADN ressemble donc à un long et très, très mince fil. À l’échelle de la cellule illustrée à la fin du premier chapitre (la cellule de la taille d’un immeuble de six logements), chacune des 46 molécules d’ADN du noyau ressemblerait à une ficelle d’environ 2 mm de diamètre par 2 Km de longueur. 4-4 L’information génétique Dans la cellule, chaque molécule d’ADN est associée à des protéines autour desquelles elle s’enroule. Une telle molécule d’ADN est appelée chromosome. Un chromosome, c’est une des 46 molécules d’ADN présente dans le noyau de nos cellules Le nombre de chromosomes par cellule peut varier selon l’espèce. Ex. Pois ..............14 Maïs .............20 Drosophile.....8 Rat................42 Chien.................... 78 Chat...................... 38 Chimpanzé .......... 48 Humain................. 46 Les bactéries ne contiennent par contre qu'un seul chromosome. Cidessous, on peut observer le chromosome d’une bactérie vu au microscope électronique. On a fait éclater la cellule et son chromosome s’est répandu tout autour. Ce qui ressemble à un plat de spaghetti renversé n’est en fait qu’une seule molécule d’ADN formée d’environ 3 millions de nucléotides. Il y a, dans ce long fil, toutes les recettes des quelques 2 000 protéines différentes que peut fabriquer cette bactérie. Un chromosome humain serait beaucoup plus long. Un chromosome = une molécule complète d’ADN Un gène = un bout de chromosome correspondant à une recette de protéine. Chaque chromosome peut être divisé en segments correspondant chacun à une « recette » de protéine. Chacun de ces segments correspondant à une recette complète s’appelle un gène. 4-5 Chapitre 4 On pourrait faire une analogie avec une cassette audio. Le ruban complet enroulé sur son support de plastique s’apparente au chromosome. Chaque segment du ruban correspondant à une chanson complète s’apparente au gène. Un seul chromosome peut ainsi contenir, bout à bout, comme les chansons qui se suivent sur le ruban d’une cassette, des milliers de gènes différents. Un gène, c’est donc une longue succession de nucléotides (A, T, C et G). Ces nucléotides se suivent comme, sur cette page, se suivent les lettres de l’alphabet. Et tout comme les lettres de l’alphabet, ils forment des « mots » que la cellule peut comprendre. Ces mots désignent les acides aminés qui entrent dans la composition de la protéine codée par le gène. Chaque fois qu’une cellule doit synthétiser une protéine, elle doit « activer » le gène de cette protéine, elle doit « aller lire » l’information contenue dans ce gène. Nous n’avons malheureusement pas le temps de voir comment sont contrôlés les gènes dans la cellule, comment un gène s’active puis se désactive (remarquez, on ne connaît pas encore tous les mécanismes qui interviennent) ni comment la cellule fait pour identifier, parmi les centaines de milliers de gènes qu’elle possède dans son noyau, celui correspondant à une protéine précise. Toute l’activité de la cellule est contrôlée par les enzymes qu’elle fabrique. En effet, comme nous l’avons vu au module 2, toutes les réactions chimiques de la cellule sont catalysées par des enzymes spécifiques. Et puisque la production de ces enzymes est sous le contrôle de l’ADN, on peut affirmer que l’ADN contrôle la cellule. Tout le développement embryonnaire, de l’ovule à l’enfant prêt à naître, est également sous le contrôle de l’ADN du noyau des cellules. L’ADN contrôle: • • 4-6 Le fonctionnement de la cellule Le développement embryonnaire L’information génétique Fondamentalement, la différence entre un moustique et un humain, entre un mouton et un poisson, entre un érable et une baleine vient du fait que ces organismes ne possèdent pas exactement le même ADN. De même la différence entre vous et moi, le fait que nous n’ayons pas la même forme de nez, les mêmes oreilles, la même couleur des yeux, la même sensibilité au cancer ou aux maladies cardiaques vient du fait que nous ne possédons pas tout à fait le même ADN. Bien sûr, de nombreux gènes sont les mêmes. Votre gène de l’hémoglobine, la protéine transportant l’oxygène dans le sang, est exactement le même que le mien. Nous fabriquons exactement la même hémoglobine. Il en est de même pour un grand nombre de protéines fabriquées par nos cellules. Un grand nombre, mais pas toutes. De nombreux gènes sont différents et codent donc pour des protéines légèrement différentes les unes des autres. Ce sont ces différences génétiques qui sont responsables de nos différences physiques. Il n’y a pas deux humains qui ont exactement le même ADN sauf un cas. Le connaissez-vous ? Le chimpanzé, notre plus proche parent dans l’évolution, possède un ADN identique au nôtre à 98% La différence entre lui et nous ne vient donc que de ce petit 2% de différence génétique. Plus une espèce est éloignée de nous évolutivement, plus la différence génétique est importante. L’ADN est donc aussi personnel que les empreintes digitales. S’il n’y a pas deux personnes identiques, c’est qu’il n’y a pas deux personnes qui possèdent exactement le même ADN. Les policiers exploitent d’ailleurs ce fait lorsqu’ils désirent démontrer qu’un échantillon biologique (cheveux, sang, sperme, cellules présentes dans la salive, etc.) appartient bien à un suspect. Il suffit alors de comparer son ADN à l’ADN des cellules de l’échantillon. On ne compare pas tout l’ADN, bien sûr, mais seulement quelques petits segments de chromosomes judicieusement choisis. S’ils sont identiques (la même séquence de nucléotides, c’est-à-dire les mêmes nucléotides, dans le même ordre), on est alors presque certain qu’ils proviennent du même individu (moins d’une chance sur plusieurs milliards de faire erreur). Environ 75% des gènes sont exactements les mêmes d’un humain à l’autre. 25% sont dits « polymorphes ». Ce sont des gènes qui peuvent varier d’un individu à l’autre. Certains de ces gènes polymorphes peuvent présenter jusqu’à 20 variations différentes. 4-7 Chapitre 4 Actuellement, on ne sait pas si l’ADN détermine aussi notre niveau d’intelligence et nos principaux traits de caractères. C’est là un des plus anciens débats en psychologie. Notre personnalité est-elle le résultat de nos expériences de vie ou de nos gènes, ou des deux? Le meilleur moyen de trancher la question serait de comparer des jumeaux identiques (mêmes gènes) qui auraient été séparés à la naissance et élevés dans des milieux différents. Mais, vous voyez bien le problème, de tels couples sont rares. Une équipe américaine est tout de même parvenue, il y a quelques années, à réunir une vingtaine de ces cas. Les chercheurs ont observé, chez ces jumeaux, des similitudes de personnalités étonnantes. Même niveau d’intelligence, mêmes goûts, même personnalité, etc. Selon leurs conclusions, nos gènes seraient responsables d’environ 75% de notre personnalité. Cependant, ces études ont été contestées par plusieurs. On a remis en cause la validité des tests psychologiques utilisés et surtout souligné la faiblesse de l’échantillonnage (une vingtaine, ce n’est pas assez pour tirer des conclusions valables). Certains ont également fait valoir que, même si le milieu de vie était différent, les jumeaux avaient évidemment exactement le même physique. Or, il est démontré que l’apparence physique joue un rôle important dans la perception qu’ont les autres de nous et donc dans leur façon de se comporter avec nous. C’est donc peutêtre parce que ces jumeaux se ressemblent physiquement qu’ils ont développé des traits de caractère semblables. Le débat est toujours ouvert. 4-8 L’information génétique 3. Les maladies génétiques Tout comme les lettres de l’alphabet s’assemblent pour former des messages que vous pouvez décoder, les nucléotides se succèdent le long de la molécule d’ADN pour former des messages, les gènes, que la cellule peut décoder en « recettes » de protéines. Mais l’ADN n’a pas la stabilité de la feuille de papier sur laquelle vous lisez ce texte. Différents facteurs peuvent déstabiliser la molécule, la briser ou l’altérer. Parfois, un nucléotide peut, au hasard, être remplacé par un autre (un nucléotide « A » remplacé par un nucléotide « C », par exemple). Cette « erreur de frappe » peut fausser le message. Le gène modifié code maintenant pour une protéine légèrement différente de celle pour laquelle il codait. Le plus souvent, la nouvelle protéine résultant de l’erreur dans l’ADN ne peut remplir adéquatement sa fonction. Si cette protéine était vitale, c’est la mort de la cellule. Vous vous souvenez de l’anémie falciforme, cette maladie héréditaire dont nous parlions dans le deuxième chapitre ? Les personnes souffrant de cette maladie fabriquent une hémoglobine légèrement différente de l’hémoglobine normale. Le 6e acide aminé de leur hémoglobine est une valine (Val) alors qu’on devrait y trouver un acide glutamique (Glu). Cette anomalie est due à une toute petite erreur dans le gène codant pour cette protéine. Suite à un accident génétique, un nucléotide du gène de l’hémoglobine a été changé par un autre nucléotide différent. Cette petite modification a modifié la recette de la protéine codée. Là où la cellule devrait placer l’acide aminé « acide glutamique », elle place l’acide aminé « valine ». Un seul nucléotide qui n’est pas à sa place et c’est la catastrophe. Plusieurs facteurs peuvent être responsables de telles erreurs: 1. Au cours de la reproduction de la cellule, des erreurs peuvent se produire dans la copie des chromosomes (à chaque division, la cellule effectue une copie de chacun de ses chromosomes). Normalement, des enzymes corrigent ces erreurs. Mais, parfois (heureusement c’est rare), l’enzyme correcteur peut ne pas « voir » l’erreur. 2. Certaines substances chimiques toxiques peuvent réagir avec l’ADN et endommager la molécule. Les enzymes de 4-9 Chapitre 4 réparation peuvent alors faire des erreurs en reconstruisant les gènes endommagés. 3. Des radiations (naturelles ou non) peuvent également endommager l’ADN et causer ces erreurs. C’est pourquoi il y a toujours danger à s’exposer à des radiations comme, par exemple, les rayons X. Si l’erreur se produit au niveau d’une des cellules impliquées dans la reproduction, spermatozoïde ou ovule, elle peut alors être transmise. À chaque division cellulaire, l’ADN de la cellule est fidèlement reproduit. Un gène anormal qui serait présent dans un ovule fécondé serait donc reproduit à chaque division cellulaire. Toutes les cellules de l’individu à naître porteront donc l’erreur génétique, y compris ses cellules reproductives. L’erreur génétique pourra donc être transmise à une nouvelle génération. L’anomalie du gène est transmissible de générations en générations, c’est une maladie génétique. On appelle « mutations » ces erreurs apparaissant occasionnellement dans l’ADN et « mutagènes » les facteurs pouvant causer ces erreurs. Parfois une mutation peut résulter en un nouveau gène conférant au « mutant » un certain avantage sur les individus normaux ne possédant pas cette mutation. Cet individu aura donc plus de chances de survie que les autres et plus de chances de se reproduire, donc de transmettre sa mutation. La mutation ainsi sélectionnée à chaque génération (ceux qui la possèdent ont plus de chances de survivre) se répandra de plus en plus dans l’espèce. C’est ainsi, de mutations en mutations, que les espèces se modifient avec le temps. C’est là le principe de base de l’évolution. 4-10 L’information génétique 4. Les manipulations génétiques Toutes les cellules de tous les êtres vivants « lisent » l’ADN de la même façon. Si on place dans une bactérie le gène de l’hémoglobine humaine, celle-ci pourra l’utiliser comme le fait une cellule humaine et fabriquer de l’hémoglobine humaine. On peut ainsi introduire dans une cellule un gène provenant d’une cellule d’une autre espèce. Un gène de cellule de chat introduit dans une cellule de plant de tomate, par exemple. La cellule recevant le gène l’utilisera de la même façon que le faisait la cellule donneuse. Une cellule de tomate peut donc, suite à cette manipulation, fabriquer une protéine normalement fabriquée par un chat. On peut ainsi faire produire des protéines humaines en greffant au chromosome d’une bactérie un gène extrait d’un chromosome humain. C’est tout comme si on découpait le segment de ruban magnétique correspondant à une chanson sur une cassette de Céline Dion pour le coller entre deux chansons sur une cassette de Metallica. Et le plus beau de l’affaire, c’est que lorsque la bactérie se reproduit, elle reproduit également le gène qu’on lui a greffé. Donc, toute sa descendance pourra fabriquer la protéine codée par ce gène greffé. Plusieurs protéines humaines sont actuellement produites par des bactéries ainsi manipulées. Depuis quelques années, par exemple, l’insuline, cette hormone essentielle aux diabétiques, est produite par des bactéries auxquelles on a greffé le gène humain de l’insuline (l’insuline est une protéine). On peut même introduire des gènes d’une espèce dans le noyau de l’ovule fécondé d’une autre espèce. À chaque division de l’ovule, le gène sera reproduit. On obtiendra ainsi un individu dont chacune des cellules possède le gène greffé au départ. On pourrait ainsi introduire des gènes responsables du goût des fraises dans les cellules d’un bananier de façon à obtenir des bananes aromatisées aux fraises. On peut même (ça a déjà été fait) greffer un gène animal à une plante, ou l’inverse. Actuellement, on se livre à de telles manipulations génétiques un peu partout dans le monde. 4-11 Chapitre 4 Il est plus facile de réaliser ces greffes génétiques sur des végétaux que sur des animaux. Dans le cas des végétaux, on peut utiliser n’importe quelle cellule de la plante. Après avoir introduit dans le noyau le gène désiré, un traitement chimique particulier stimule la division de la cellule. De division en division, il se formera une nouvelle plante dont chacune des cellules contient le gène greffé. Chez les animaux, il faut utiliser un ovule fécondé. Le gène est introduit dans le noyau et l’ovule est ensuite réimplanté dans l’utérus d’une mère porteuse. La plupart du temps, l’ovule ainsi manipulé ne parvient pas à se développer. Il faut procéder à de nombreux essais avant de réussir la manipulation. Il n’y a pas de limites à ces manipulations. Plusieurs craignent d’ailleurs le dérapage de certaines de ces expériences. En jouant ainsi avec la vie, ne risque-t-on pas d’introduire dans l’environnement des formes vivantes dangereuses? Que se produirait-il, par exemple, si on introduisait dans une bactérie commune un gène lui permettant de fabriquer une toxine mortelle du type de celle sécrétée par la « bactérie mangeuse de chair ». Nul doute que bien des laboratoires militaires y ont déjà pensé (remarquez, officiellement, les recherches sur de telles armes bactériologiques sont interdites par les traités internationaux; mais...). 4-12 L’information génétique Chromosome principal Plasmide Le gène désiré est localisé sur le chromosome humain. Des enzymes spéciales appelées enzymes de restriction sont utilisées pour découper le chromosome et extraire le gène. On peut aussi le synthétiser artificiellement. On extrait de bactéries des plasmides qui sont ensuite « ouverts » par une enzyme de restriction (enzyme pouvant découper la molécule d'ADN). Les plasmides sont de petites boucles d'ADN présentes dans certaines bactérie en plus du chromosome principal. Ces petites boucles ne sont constituées que de quelques gènes. Faciles à extraire et à manipuler, on les utilise couramment en génie génétique. Plusieurs copies du gène et plusieurs plasmides sont mélangés. Des enzymes spéciales fusionnent les brins d'ADN. Avec un peu de chance, on devrait voir quelques plasmides se reformer en intégrant le gène extrait du chromosome. Gilles Bourbonnais Le plasmide manipulé est introduit dans une bactérie La bactérie recombinante se multiplie. À chaque reproduction, le gène greffé est également reproduit. Toutes les descendantes peuvent ainsi produire la protéine codée par le gène greffé. 4-13 Chapitre 4 5. La division cellulaire L’ADN porte toute l’information nécessaire à la cellule pour synthétiser les milliers de protéines nécessaires à son bon fonctionnement. Une cellule ne pourrait évidemment pas vivre sans cette information. Lorsqu’une cellule se reproduit, elle se divise en deux nouvelles cellules. Si la cellule de départ contenait 46 chromosomes, il est essentiel que les deux cellules obtenues après division contiennent aussi les mêmes 46 chromosomes. Et c’est bien ce qui se produit lors de la division cellulaire. Chaque fois qu’une cellule se divise, les 46 chromosomes sont reproduits puis les copies sont réparties dans les deux nouvelles cellules. Donc, chaque fois qu’une cellule se divise, elle commence par copier chacun de ses chromosomes. À partir de chacun de ses 46 chromosomes, elle en fabrique un autre identique. Jusqu’à leur séparation complète, les deux copies demeurent attachées une à l’autre en un point appelé centromère. De plus, les deux copies, toujours attachées une à l’autre, se spiralisent fortement. Chaque molécule d’ADN s’enroule plusieurs fois sur ellemême. À la fin de ce processus d’enroulement, les chromosomes sont devenus beaucoup plus courts (ils passent de plusieurs centimètres de longueur à quelques µm seulement) et si épais qu’on peut les voir même avec un microscope ordinaire. 4-14 L’information génétique Réplication et spiralisation d’un chromosome Les chromosomes ne deviennent ainsi visibles que lorsque la cellule est sur le point de se diviser. Chaque chromosome s’enroule pour d’abord former une spirale (comme un ressort en spirale). Ce processus d’enroulement a pour résultat de rendre le chromosome plus court et plus épais. Mais le processus ne s’arrête pas là. La spirale obtenue s’enroule de nouveau en spirale pour former une structure encore plus courte et plus épaisse. Le processus se poursuit ainsi plusieurs fois. Lorsque ces spiralisations sont terminées, chaque chromosome, qui pouvait mesurer plusieurs centimètres de long (pour seulement 2 nm de largeur), ne mesure plus qu’environ 2 à 3 µm de long par environ 1 à 2 µm de large. Chaque chromosome est maintenant environ 5,000 fois plus court et 1000 fois plus large que lorsqu’il est complètement déroulé. Sous cette forme compacte, il sera beaucoup plus facile pour la cellule de répartir convenablement les copies des chromosomes dans chacune des deux cellules qui se formeront lorsque la division sera complétée (une copie dans une cellule et l’autre copie dans l’autre, et ce, pour chacun des 46 chromosomes dédoublés). 4-15 Chapitre 4 Un chromosome se dédouble, se spiralise puis, les copies se séparent et migrent chacune dans une des nouvelles cellules formées. Photographie des chromosomes au moment où ils sont dédoublés et fortement spiralisés. Les plus longs mesurent environ 8 µm. Chacun des « X » que vous voyez correspond à deux copies identiques d’ADN attachées l’une à l’autre. À la page suivante, on peut observer les chromosomes dédoublés et spiralisés d’une cellule en division. Les copies ne sont plus unies par leur centromère (mais elles sont encore tout près l’une de l’autre) et s’apprêtent à migrer chacune vers une extrémité de la cellule. Une fois le processus terminé, la cellule se scindera en deux cellules identiques. 4-16 L’information génétique S’agit-il d’une cellule humaine? Comptez les chromosomes... Un chromosome et sa copie exacte Chromosomes dédoublés sur le point de se séparer On appelle mitose, le processus complet de division d’une cellule en deux cellules identiques. À chaque mitose, tous les chromosomes sont reproduits en deux exemplaires identiques qui migrent chacun dans une des deux nouvelles cellules qui se formeront à la fin du processus. Lors de la mitose, on obtient donc deux cellules génétiquement identiques. 4-17 Chapitre 4 MITOSE Cellule à 4 chromosomes Cette cellule n'est pas humaine, puisqu'elle ne contient que 4 chromosomes (une cellule humaine en contiendrait 46, ce qui compliquerait un peu trop le dessin!) Ce dessin n'est pas du tout à l'échelle. Si on devait respecter le rapport entre la largeur de chaque chromosome et sa longueur, chacun de ces chromosomes devrait mesurer plusieurs mètres de long. Chaque chromosome se dédouble. Les deux copies demeurent attachées l'une à l'autre par un point appelé « centromère » Gilles Bourbonnais Ici, le dessin est à peu près à l'échelle; le rapport entre la longueur des chromosomes dédoublés spiralisés et leur largeur est respecté. Par contre, en réalité, ils ne sont pas aussi gros par rapport à la taille de la cellule. 4-18 Les chromosomes (dédoublés) se spiralisent fortement. On peut maintenant les voir avec un bon microscope. La cellule se scinde en deux cellules. Au cours du processus, les copies de chromosomes se séparent et migrent dans les nouvelles cellules. Une copie dans une cellule, l'autre copie dans l'autre cellule. Les chromosomes spiralisés se déroulent. Ils deviennent trop minces pour être vus au microscope. Résultat : à partir d'une cellule à 4 chromosomes, on a obtenu deux cellules identiques à 4 chromosomes. L’information génétique 6. Le cancer Sans division cellulaire, la vie ne serait pas possible. En effet, sans division cellulaire, l’ovule fécondé ne pourrait se multiplier pour former un embryon, un fœtus et, finalement un enfant. Sans division cellulaire, celui-ci ne pourrait grandir jusqu’à l’âge adulte. Sans division cellulaire, les blessures ne pourraient être réparées. Sans division cellulaire, les cellules qui se dégradent ne pourraient être remplacées (à chaque seconde, des millions de cellules meurent et sont remplacées par des millions de cellules provenant de la division des cellules voisines encore vivantes). Mais si la division cellulaire est essentielle à la vie, elle doit tout de même être rigoureusement contrôlée. Suite à une blessure, par exemple, les cellules encore intactes autour de la plaie vont se reproduire activement jusqu’à ce que la brèche soit complètement fermée. Mais si la division cellulaire est essentielle à la guérison, celle-ci doit s’arrêter lorsque la plaie est refermée. On connaît de nombreux mécanismes génétiques qui contrôlent la division cellulaire, qui assurent que les cellules ne se reproduisent que lorsque c’est nécessaire et qu’elles cessent leur division lorsque ce ne l’est plus. Si un de ces mécanismes se dérègle, suite à une mutation dans un des gènes impliqués dans la division cellulaire, par exemple, la cellule peut perdre le contrôle de sa division et se multiplier de façon anarchique. La cellule se divise et se divise sans arrêt. À chaque division, l’erreur génétique responsable de la perte de contrôle est transmise aux descendantes qui présentent alors la même absence de contrôle du processus de division. Il se forme une masse de cellules, une tumeur. Selon l’anomalie génétique responsable de la tumeur, celle-ci peut être bénigne ou maligne. • Tumeur bénigne Lorsque la tumeur est bénigne, les cellules se reproduisent très lentement et forment une masse compacte bien circonscrite à l’intérieur des tissus où elle se développe. Il est alors facile de l’extraire par chirurgie. 4-19 Chapitre 4 • Tumeur maligne Par contre, dans certains cas, la division cellulaire est très active. La tumeur croît rapidement et envahit les tissus environnants. On parle alors de cancer. Chaque cancer, on en connaît un très grand nombre, est caractérisé par le type de cellule à l’origine de la tumeur et l’anomalie génétique responsable de la perte de contrôle de la division. Exemples de cancers : • • • • • Carcinome : tumeur maligne née de cellules épithéliales (les cellules épithéliales sont les cellules qui recouvrent le corps et les organes). Mélanome : tumeur provenant d’un mélanocyte, le type de cellule qui fabrique le pigment responsable de la coloration de la peau. Sarcome; terme général désignant les tumeurs provenant de cellules musculaires ou de tissu conjonctif. Leucémie : cancer causé par une multiplication anarchique des globules blancs du sang. Lymphome : tumeur provenant de cellules des ganglions lymphatiques. Les cellules cancéreuses présentent de nombreuses anomalies par rapport aux cellules normales : 4-20 • Division rapide et anarchique; • Perte d’inhibition de contact Lorsqu’une cellule, entre en contact avec d’autres cellules, elle cesse de se reproduire; c’est ce qu’on appelle l’inhibition de contact. Lorsqu’une plaie se referme, par exemple, les cellules qui se reproduisent cessent de le faire lorsqu’elles entrent en contact avec les autres cellules. Lorsque les lèvres de la blessure se rejoignent, la division cellulaire cesse. Les cellules cancéreuses n’ont plus cette inhibition de contact. Même entourées d’autres cellules, elles continuent à se diviser activement. • Perte de la spécialisation; Chaque type de cellule remplit dans l’organisme une fonction bien précise. Lorsque la cellule devient cancéreuse, elle cesse de remplir sa fonction. Elle semble, en fait, revenir à un stade de L’information génétique cellule embryonnaire non spécialisée. Elle prend une forme ronde souvent très éloignée de la forme qu’elle a normalement. Son noyau devient massif et rugueux. Ce sont d’ailleurs ces caractéristiques qui permettent de dépister, au microscope, les cellules tumorales. • Métastase = Tumeur secondaire formée à partir d’une cellule qui s’est détachée d’une tumeur principale. Absence de cohésion entre les cellules Dans presque tous les tissus, les cellules adhèrent fortement les unes aux autres. Les cellules de la surface de la peau, par exemple, sont solidement liées les unes aux autres de façon à former une membrane continue. Souvent, dans une tumeur cancéreuse, les cellules ne sont liées entre elles que d’une façon très lâche. Des cellules de la tumeur peuvent facilement se détacher et migrer vers d’autres régions du corps. Ces cellules détachées de la tumeur principale peuvent, là où elles finissent par se fixer, former de nouvelles tumeurs appelées métastases. On dit alors que le cancer se généralise. Souvent, lorsque la maladie atteint ce stade, il est généralement trop tard pour tenter de retirer les tumeurs par chirurgie. Seule la chimiothérapie, l’utilisation de médicaments toxiques pour les cellules qui, comme les cellules cancéreuses, se reproduisent rapidement, peut venir à bout de la maladie. 4-21 Chapitre 4 7. Les virus Plusieurs maladies sont causées par des bactéries qui parviennent à percer nos défenses naturelles et à se reproduire à l’intérieur de notre corps. C’est le cas, par exemple, du tétanos, de la coqueluche, de la lèpre, de la peste, du choléra, de la gonorrhée, de sinusites, de la typhoïde, etc. Mais il n’y a pas que les bactéries qui peuvent provoquer des maladies. Plusieurs maladies sont dues à un type d’organisme beaucoup plus petit et totalement différent des bactéries : les virus. On connaît un très grand nombre de maladies à virus, certaines bénignes, d’autres, mortelles. Pensez, par exemple, à la grippe, au rhume, à la plupart des maux de gorge, à la variole, la varicelle, les verrues, la rougeole, la fièvre jaune, la monocucléose, l’herpès, l’hépatite, le SIDA, la polio, etc. Les virus ne sont pas à proprement parler de véritables êtres vivants. Ils se situent à la limite entre le vivant et l’inerte. Contrairement aux véritables cellules, comme les bactéries ou les cellules de notre corps, ils ne font rien par eux-mêmes. Ils ne peuvent ni se nourrir, ni se déplacer, ni respirer. Bref, ils sont complètement inertes. Aucune réaction chimique ne se déroule dans un virus, il est aussi inerte qu’une pierre. On peut d’ailleurs cristalliser certains virus et les conserver pendant des années comme du vulgaire sel de cuisine. Pourtant, inoculés dans l’organisme, ils peuvent devenir mortels. • Structure des virus : Capside faite de protéines Chromosome Enveloppe (pas toujours présente) Virus de l’influenza (la grippe) 4-22 Protéine de surface L’information génétique • Taille : Virus de la variole (environ 210 x 260 nm) Virus de l’herpes (130 nm) Virus du SIDA (ou HIV) (100 nm) Virus du rhume (25 nm) . Plus petite bactérie (475 nm) Une protéine (10 nm) Bactérie de taille moyenne (1 µm par 3µm) Comparaison entre la taille d’une bactérie moyenne, de la plus petite des bactéries et de certains virus. La bactérie de taille moyenne est du type de celle dont vous pouvez voir les photographies à la fin du premier module (le zoom sur l’épingle). • Mode de reproduction : 1. Le virus se fixe à la cellule qu’il parasite. Le lien s’établit entre une des protéines de surface du virus et une protéine particulière de la membrane de la cellule parasitée. Un virus ne peut parasiter que les cellules qui possèdent des protéines auxquelles il peut se fixer. C’est pourquoi, les virus sont habituellement spécifiques à un type particulier de cellule. Le virus de l’hépatite, par exemple, ne peut parasiter que les cellules du foie car seules ces dernières possèdent des protéines auxquelles il peut se lier. Virus de l’herpes se faisant phagocyter par une cellule. La membrane de la cellule réagit à cet intrus qui s’y est fixé en se déformant vers l’intérieur. La membrane se déforme tant et si bien que le virus est bientôt « avalé » par la cellule (phagocytose). 4-23 Chapitre 4 2. À l’intérieur de la cellule, le virus est digéré par des enzymes de la cellule ce qui a pour effet de le briser en morceaux libérant ainsi le chromosome du virus. L’information génétique du virus est maintenant dans la cellule. 3. La cellule ne peut faire la différence entre son propre matériel génétique et celui du virus. Elle commence donc à utiliser le chromosome du virus comme si c’était un des siens. Elle « lit » l’information qui y est inscrite et assemble les protéines virales qui y sont codées. Les gènes du chromosome du virus codent pour : • • • • des protéines formant la capsule recouvrant le virus; des enzymes bloquant ou même détruisant les gènes de la cellule hôte; des enzymes permettant de reproduire en plusieurs exemplaires identiques le chromosome du virus; des enzymes permettant d’assembler toutes les protéines et les chromosomes viraux produits en de nouveaux virus; Résultat de toute cette activité : de nouveaux virus sont fabriqués par la cellule parasitée. Cette activité perturbe le fonctionnement de la cellule au point de la détruire, ce qui permet au virus de s’échapper et d’aller parasiter d’autres cellules. Chaque cellule parasitée peut produire quelques centaines à quelques milliers de virus avant d’être détruite par cette activité. On qualifie le virus « d’ultra parasite ». Il ne fait absolument rien par lui-même. Il ne mange pas, ne respire pas, ne fabrique ni ne produit rien. Il n’a pas de métabolisme propre. Un virus c’est de l’information qui dit à qui sait la lire et l’utiliser « reproduis-moi ». Le virus n’est donc pas vraiment un être vivant. Hors de la cellule hôte, il se comporte comme une substance inerte. 4-24 Chez un malade atteint du Sida (virus HIV), à chaque jour, 1,8 milliards de lymphocytes (c’est une sorte de globule blanc ) sont détruits tous les jours (environ 5% du total) et 10 milliards de virus sont produits (100 à 1000 fois plus chez certains patients). Les virus ne survivront en moyenne que 6 heures dans l’organisme s’ils ne trouvent pas de nouveaux lymphocytes à parasiter. En fait, environ 1 sur 1000 seulement parvient à infecter une cellule. L’information génétique Capside Chromosome Dans la cellule, la capside du Protéine de la capside Gilles Bourbonnais Le chromosome du virus est multiplié en plusieurs De nouveaux virus sont assemblés. 4-25 Chapitre 4 Les antibiotiques utilisés avec succès pour lutter contre les bactéries n’ont aucun effet sur les virus. Il est donc tout à fait inutile de prendre des antibiotiques lorsqu’on a le rhume, la grippe ou toute autre maladie à virus. L’usage inutile d’antibiotiques dans le cas d’infections à virus est d’ailleurs critiqué et dénoncé par tous les épidémiologistes. Malheureusement, cédant souvent aux pressions de leurs patients, de nombreux médecins continuent à en prescrire en cas de grippe ou de rhume. Actuellement, on compte à peine une dizaine de médicaments pouvant agir sur les virus. Chacun de ces médicaments ne peut agir que sur un type bien particulier de virus et n’a que peu d’effets sur d’autres types. Il n’y a actuellement pas de traitement contre la grande majorité des maladies à virus. Tout ce qu’un médecin peut faire, c’est d’atténuer les symptômes de la maladie. 4-26 L’information génétique 8. Le cloning Comme tout le monde, vous avez commencé votre vie sous la forme d’une seule cellule, l’ovule fécondé. Les 46 chromosomes de cette première cellule possédaient toutes les informations nécessaires pour diriger le développement embryonnaire complet puis le fonctionnement de chacune des cellules du corps. À chacune des divisions de l’ovule, les 46 chromosomes ont été intégralement reproduits. Si bien, qu’aujourd’hui, chacune de vos quelques 60,000 milliards de cellules contient les mêmes 46 chromosomes qu’il y avait dans la cellule de départ, l’ovule fécondé. Puisque chacune de nos cellules contient les mêmes instructions que celles qui étaient présentes dans l’ovule fécondé qui lui a donné naissance, théoriquement, on pourrait donc, à partir de n’importe quelle cellule d’un individu, obtenir une copie identique de cet individu, un clone. On a longtemps cru la chose impossible chez les organismes les plus complexes jusqu’à ce qu’en 1997, des chercheurs anglais réussissent à produire un clone, une copie identique, d’une brebis à partir d’une cellule d’un de ses pis. Si la même chose était possible chez les humains, on pourrait par exemple, à partir de 100 cellules prélevées sur votre corps, fabriquer 100 jumeaux identiques qui seraient tous votre copie exacte. Ou encore, si on pouvait retrouver ne serait-ce qu’une seule cellule intacte d’un dinosaure, il serait théoriquement possible de reformer le dinosaure au complet. Ça vous rappelle quelque chose? Un des principaux obstacles à cette prouesse technique, c’est justement de retrouver une cellule intacte. Après la mort, les grosses molécules de la cellule, dont l’ADN formant les chromosomes, sont rapidement détruites par des enzymes. Il semble donc tout à fait impossible de retrouver une cellule dont les chromosomes seraient encore complets. Mais avouez que la chose, puisqu’elle est tout de même théoriquement possible, a quelque chose de fascinant. Mais si toutes nos cellules possèdent exactement le même ADN, les mêmes 46 chromosomes, pourquoi peuvent-elles être si différentes? Pourquoi un neurone fabrique-t-il des protéines que ne fabrique jamais une cellule du foie (et vice-versa)? Pourquoi les cellules de 4-27 Chapitre 4 votre peau ne se reproduisent-elles pas comme, l’ovule fécondé, pour former des embryons (remarquez, la chose se produit chez certains animaux primitifs comme les coraux, des clones « bourgeonnent » constamment à partir de cellules de l’organisme adulte). Au tout début du développement embryonnaire, toutes les cellules sont identiques. Mais rapidement, certaines cellules deviennent différentes des autres. Certaines deviendront des cellules musculaires, d’autres des neurones et d’autres des cellules du foie, par exemple. Cette spécialisation des cellules se fait aux tous premiers jours du développement embryonnaire. Lorsqu’une cellule se spécialise, certains de ses gènes deviennent actifs alors que d’autres sont bloqués. Dans un neurone, par exemple, le gène de l’hémoglobine ne fonctionne pas, il est bloqué, la cellule ne peut l’utiliser. Par contre, d’autres gènes qui sont bloqués dans les autres cellules sont actifs dans le neurone. Pour obtenir un clone d’un individu à partir d’une cellule de sa peau, par exemple, il faudrait trouver un moyen de ramener son ADN à l’état qu’il avait dans l’ovule fécondé, c’est-à-dire un état où tous les gènes contrôlant le développement embryonnaire peuvent être activés (ces gènes sont normalement bloqués dans une cellule spécialisée, heureusement, sinon il risquerait de vous « pousser » un clone à partir de n’importe quelle cellule du corps). C’est le principal obstacle qu’ont dû contourner les chercheurs britanniques qui sont parvenus, en 1997, à cloner une brebis (Dolly) à partir d’une cellule spécialisée retirée de son pis. 4-28 L’information génétique Comment une équipe anglaise a réussi à cloner une brebis On prélève une cellule somatique d’une brebis. L’équipe anglaise de 1997 avait prélevé la cellule dans le pis de la brebis. On prélève un ovule d’une brebis. On enlève (ou on détruit) ensuite le noyau de cet ovule. On retire ensuite le noyau de cette cellule. Le noyau prélevé dans la cellule somatique est implanté dans l’ovule dont on a enlevé le noyau. Gilles Bourbonnais L’ovule possédant le noyau de la cellule somatique est implanté dans l’utérus d’une mère porteuse qui peut être différente de la brebis qui a fourni l’ovule ou de celle qui a fourni le noyau. Après gestation, la mère porteuse donnera naissance à une brebis génétiquement identique à la brebis qui a fourni le noyau. 4-29 Chapitre 4 4-30 Vocabulaire Acide aminé Petite molécule (il y en a 20 sortes différentes) formant, par leur union, les protéines. ADN Acide désoxyribonucléique. Matière chimique formant l’information génétique (les gènes) du noyau de la cellule. L’ADN est un polymère de nucléotides (il y en a quatre sortes). Antibiotique Médicament peu ou pas nocif pour l’organisme mais toxique pour les bactéries. Les antibiotiques n’ont aucun effet contre les virus. Capside virale Enveloppe faite de protéines recouvrant le matériel génétique des virus. Chromosome Une des molécules d’ADN présentes dans le noyau. Les cellules humaines possèdent 46 chromosomes. Enveloppe virale Membrane semblable à la membrane cellulaire (double couche de lipides et protéines) recouvrant plusieurs espèces de virus. Gène Segment de chromosome portant toute l’information nécessaire à la synthèse d’une protéine. Influenza Autre nom de la grippe. Métastase Tumeur secondaire formée à partir de cellules qui se sont détachées d’une tumeur cancéreuse. Mitose Nom donné au processus par lequel une cellule se divise en deux cellules identiques. Mutagène Substance ou facteur pouvant provoquer des mutations. Mutation « Erreur » dans la molécule d’ADN résultant d’une modification chimique de celle-ci. Nucléotide Petite molécule formant l’ADN. Il y a quatre sortes de nucléotides dans l’ADN (A, T, C et G). Plasmide Petite boucle d’ADN présente, en plus du chromosome, dans certaines bactéries. Polymère d’acides aminés. Protéine Tumeur bénigne Tumeur formée de cellules se reproduisant anormalement. Les tumeurs bénignes se développent lentement et forment une masse bien circonscrite. Tumeur maligne Tumeur formée de cellules se divisant de façon anarchique. Les tumeurs malignes se développent rapidement et envahissent les tissus avoisinants. Chapitre 4 Questions de révision 1. Qu’est-ce qu’un chromosome ? De quelle substance est-il constitué ? 2. Qu'est-ce qu'un gène ? 3. Le chien possède 78 chromosomes contre 46 pour l’être humain. Peut-on alors conclure que le chien est un être plus complexe que l’homme ? 4. Qu'est-ce qu'une maladie héréditaire ? Donnez quelques exemples. 5. Des chercheurs ont récemment réussi à produire une variété de pomme de terre dont les feuilles produisent la toxine du Bacillus thuringiensis, ( ou B.t.) une bactérie mortelle pour de nombreuses espèces d’insectes. Comment ont-ils réussi à faire produire par une plante une protéine (la toxine) normalement produite par une bactérie ? 6. Dans une centrale nucléaire, un ouvrier déchire son gant ce qui expose les tissus de sa main à de fortes radiations. Plusieurs mutations se produisent dans les gènes de ses cellules. Cet homme risque-t-il d'avoir des enfants anormaux ? 7. Pourquoi une cellule du foie fabrique-t-elle des protéines différentes de celles d'une cellule du cerveau, leur ADN est-il différent (ne cherchez pas la réponse dans vos notes, elle n’y est pas, mais essayez de trouver la réponse par vous-même) ? 8. D'après vous, y a-t-il des protéines qui sont fabriquées par toutes les cellules du corps ? 9. Énoncez les principales caractéristiques des cellules cancéreuses. 10. Pourquoi le virus du rhume n’attaque-t-il (normalement) que les cellules superficielles des voies respiratoires ? Pourquoi n’attaque-t-il pas les autres cellules du corps ? 11. Quelles sortes de gènes retrouve-t-on dans le chromosome d’un virus ? 12. Pouvez-vous énumérer les principales difficultés auxquelles il faudrait faire face si on désirait, comme dans Jurassic Park, cloner un dinosaure ? 4-32