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publiques en matière d’alcool et de tabac transforment en profondeur le fonctionnement de ces
marchés réglementés qui ont une forte dimension internationale. Le poids respectif et l’éventuelle
synergie des différents modes d’action utilisés (restrictions législatives et réglementaires, politique
tarifaire et fiscale, campagnes publiques de prévention, lutte contre la contrebande,…) sont à étudier
en conjuguant une approche nationale et une approche comparative dans des objectifs à la fois de
compréhension et d’évaluation. S’agissant du tabac, cet angle d’analyse semble prometteur dans le
contexte actuel marqué par la conduite en France et dans d’autres pays européens d’une politique
intégrée de restriction du tabagisme et par le fait que la France a souscrit en la matière un certain
nombre d’engagements internationaux en ratifiant la convention - cadre de l’OMS sur le contrôle du
tabac et qu’elle doit donc s’assurer des moyens de les réaliser.
6) Les addictions aux jeux. Plusieurs spécialistes des « addictions sans produit » attirent depuis
plusieurs années l’attention de la MILDT sur le développement des phénomènes d’addiction aux jeux
entendus à la fois dans leur acception classique (jeux d’argent, jeux de hasard) mais également dans
leurs nouvelles formes que sont l’addiction à l’Internet et aux jeux vidéo, lesquelles peuvent concerner
des enfants relativement jeunes et des adolescents. Leur nature, leur fréquence et leurs conséquences
sanitaires sont peu étudiées en France alors que certains pays ont d’ores et déjà mis en place des
dispositifs de réponse sanitaire proches de ceux existants pour les drogues (Canada et Pays-Bas
notamment). Les projets attendus pourront aborder plusieurs dimensions : ampleur épidémiologique,
mécanismes psycho-sociologiques, conséquences sanitaires, modes de prévention et de prise en
charge.
Des projets de recherche n’ayant pas directement trait à l’une ou l’autre de ces six priorités ne seront
pris en considération que s’ils présentent une originalité ou une qualité évidente.
On trouvera ci-dessous l’exposé détaillé des items correspondant à chacune des six priorités retenues.
Priorité 1 : Démarches innovantes dans le champ de la prévention et dans celui de la thérapie
des conduites addictives.
a) Démarches innovantes dans le champ de la prévention.
Comme indiqué plus haut, des projets de recherche en sciences humaines et sociales et/ou en santé
publique s’attachant à proposer de nouvelles interventions (recherche-action évaluative), à expliciter et
à mesurer les effets des démarches et des modes d’intervention existants, les difficultés rencontrées et
proposant des outils d’évaluation et/ou de modélisation des effets des actions feront l’objet d’une
attention particulière. S’agissant des éléments contextuels des démarches de prévention, les angles
d’analyse suivants mériteraient d’être analysés :
Les enjeux de la prévention autour des conduites d’alcoolisation des jeunes et de leurs comportements
tabagiques. On constate que les produits psychoactifs dont l’usage est le plus répandu dans la
population (alcool, tabac, cannabis) sont paradoxalement ceux qui sont le moins étudiés du point de
vue de leurs fonctions sociales et relationnelles dans différentes populations. S’agissant notamment de
l’alcool, l’expertise collective Inserm relative aux dommages sociaux liés aux usages de ce produit
(expertise commanditée par la MILDT en 2002) souligne le retard pris en France en ce qui concerne
l’histoire et l’anthropologie des usage sociaux de l’alcool et qui conduit à sous-évaluer l’ensemble des
facteurs sociaux liés à la consommation d’alcool. Ce constat vaut tout particulièrement pour l’analyse
des conduites d’alcoolisation des adolescents et des jeunes adultes. On sait que les modes de
consommation ont fortement évolué chez les jeunes en relation avec les transformations des formes de
la fête : plusieurs fêtes à la suite, déplacements en voiture, consommation d’alcool et d’autres produits
psychoactifs, ambiance musicale bruyante,… Il semble que ces nouvelles formes de fêtes soient très
différentes de celles qui ont prévalu jusqu’au seuil des années soixante dix et induisent des modes de
consommation spécifiques qui, en France, ne coïncident pas nécessairement avec le « binge drinking »
propre à la culture anglo-saxonne. Des recherches sur les recompositions de l’espace festif de la