-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
La Dur@nce Quatrièmes Rencontres- «La population européenne dans tous ses Etats »- mars 2004 - 4 -
Chaque enseignant, en définitive, se sent plus à son aise quand il étudie
l‟Allemagne, le Royaume-Uni ou l‟Espagne – bref, dans un cadre national – que lorsqu‟il doit
assumer l‟étude à l‟échelle européenne.
Cette prégnance de plus en plus sensible de la question européenne dans les
programmes, au fur et à mesure de leur rénovation, doit cependant nous interroger. Chacun
sent bien qu‟il y a ici une évolution inéluctable d‟un espace, celui du "Vieux Continent". Un
avenir est en jeu qui concerne fortement nos élèves.
Je voudrais citer ici un extrait de l‟article de Jean Leduc, publié en 1998 dans la
revue Espaces-Temps :
« Dès les années cinquante, le Conseil de l'Europe organisait des rencontres sur les
manuels et les programmes d'histoire. Les ministres de l'Éducation des États membres,
périodiquement réunis, continuent à explorer des convergences possibles. Ainsi, à Vienne, en octobre
1991, ils déclarent : " L'éducation doit sensibiliser les jeunes au rapprochement des peuples et des
États européens... Elle doit les aider à prendre conscience de leur identité européenne, sans qu'ils
perdent de vue pour autant leurs responsabilités à l'échelle mondiale, ni leurs racines nationales,
régionales et locales... Les jeunes doivent être incités à façonner l'Europe conformément aux valeurs
qui constituent leur héritage commun". À cette fin, il faut leur "donner une conscience plus aiguë des
facteurs historiques qui ont façonné l'Europe" ».
On retrouve ce souci dans le traité de Maastricht. L'Article 126.1 stipule que "l'action de la
communauté vise à développer la dimension européenne de l'éducation", et l'Article 128.1 que "la
communauté contribue à l'épanouissement des cultures des États membres dans le respect de leur
diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l'héritage culturel commun" ».
À travers ces quelques citations transparaissent deux idées-force : il y a une
identité européenne fondée sur un héritage commun (culturel, de valeurs) ; une des
missions de l'enseignement est de développer la prise de conscience de cette identité.
Autant de questions qui interpellent au premier chef l‟enseignant d‟histoire-géographie. Par
rapport à la date de l‟article, 1998, l‟Union européenne a connu une certaine évolution, a
progressé pourrait-on dire, d‟un certain point de vue. Cette évolution s‟avère en même temps
délicate, du fait même de l‟ampleur soudaine de l‟élargissement. Avec une interrogation de
fond sur la cohérence de cet espace, sur la communauté réelle entre ces peuples et entre
ces États européens, sur l‟intégration des populations immigrées. Une interrogation aussi sur
les solidarités complémentaires, parfois contradictoires, pour plusieurs des États de l‟Union,
avec des espaces périphériques, proches ou plus lointains.
Dans ces actes du colloque sur l’Europe, nous avons voulu privilégier les éléments
qui apportent une réelle plus value en termes de réflexion problématique et de pistes
didactiques. Ainsi, le lecteur retrouvera-t-il dans ces pages un compte-rendu fidèle de la
table ronde consacrée au thème central : « Difficultés et enjeux de l‟intégration européenne :
de l‟Union des 15 à l‟Union des 25 », sous ses aspects historiques, géographiques et
institutionnels.