Le Parc amazonien de Guyane et le changement climatique

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Le Parc amazonien de Guyane
et le changement climatique
Contribution au document de synthèse PNF pour la COP21 sur le climat
Juillet 2015
1. Enjeux du changement climatique pour le Parc amazonien
Effets attendus
Les projections climatiques calculées par les modèles globaux du climat prévoient en
Guyane une augmentation des températures moyennes particulièrement fortes (de 2,6 à
3,7°C en Guyane d'ici 2050 contre de 1,8 à 2,4°C dans les Caraïbes et l'Océan Indien) et
vraisemblablement (avec une plus grande incertitude) une stabilisation des précipitations (3 à +6%).
La répartition devrait varier dans l’année, avec des saisons sèches plus longues et plus
sévères, une intensification de la puissance des vents et des précipitations plus fortes,
conséquence directe de l'augmentation de la température de l'eau). L'augmentation de
l'intensité des épisodes pluvieux pourrait se traduire par une aggravation des phénomènes
érosifs et notamment par des glissements de terrain plus fréquents.
Du point de vue biologique, le massif forestier devrait être très affectées par le caractère
plus violent des phénomènes extrêmes, avec l’accroissement des températures et surtout
l’altération du régime des précipitations. On peut ainsi s’attendre à un phénomène
d’assèchement dans certaines forêts de plaines, à un déplacement en altitude des forêts
submontagnardes ainsi qu'à une baisse de la productivité forestière. Les sécheresses plus
intenses pourraient aussi conduire à une aggravation du risque d’incendies sur des milieux
sensibles comme les savanes-roches.
On pourrait donc assister à :
des déplacements (plus haut en altitude) des aires de répartition potentielles de
certaines espèces liées aux forêts humides d’altitude ;
des disparitions d'espèces localement (celles qui ne pourraient trouver refuge plus
haut) ;
des changements dans les communautés végétales : remplacement de certaines
espèces par des espèces supportant mieux une forme de sécheresse ;
des changements de la phénologie des espèces (décalage des périodes de migration,
de reproduction, de floraison, de chutes des feuilles… ) pouvant entraîner des ruptures de
symbioses et de chaînes trophiques ;
et enfin des perturbations importantes consécutives aux cyclones et tempêtes sur les
côtes caribéennes, susceptibles de dévier la trajectoire d’oiseaux migrateurs hivernant en
Guyane ou de détruire sur leurs axes leurs zones de halte et d’alimentation.
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Si pour le massif intérieur de la Guyane il n’est pas encore clairement avéré le risque
d’expansion d’espèces invasives, on peut en revanche s’attendre à une représentativité
accrue des espèces déjà les plus communes (qui voient tomber certaines barrières
géographiques et environnementales et libérer des niches écologiques).
Seraient les plus perdantes, les espèces à faible mobilité, les espèces longévives, à faible
taux de reproduction (ne faisant qu’un ou deux petits par an), à faible dispersion, à faible
compétitivité, très spécialisées sur un habitat donné, enfermées par des barrières
géographiques, ou ne disposant pas d’aires d’extension potentielles (espèces sommitales).
La diminution des régimes hydriques des cours d’eau en saison sèche et les inondations en
saison des pluies, auxquels on peut s’attendre avec des phénomènes plus extrêmes et plus
long dans le temps, devraient impacter outre les communautés biologiques liées aux
milieux dulçaquicoles, principalement, directement et à relativement court terme les
populations humaines de l’intérieur implantées sur les rives des fleuves et leurs activités
(subsistance, transport).
Il faut remarquer que le massif forestier du Plateau des Guyanes a déjà par lors de l’ère
quaternaire (holocène jusqu’aux derniers 10000 ans) les effets d’épisodes climatiques
marqués par une plus grande sécheresse, entrainant des modifications dans la répartition
des espèces, la création de zones refuges d’altitude générant une spéciation, des
perturbations favorisant le développement de milieux forestiers plus ouverts.
Enfin les modèles de prévision climatiques se basent pour l’heure sur un dispositif de
mesures à échelle mondiale, avec une maille assez large pour l’extrapolation des
phénomènes prédictifs, qui mérite ainsi d’être renforcé par une approche plus précise à
l’échelle de la région du Plateau des Guyanes.
2. Principales actions menées par le Parc amazonien
Afin de se placer dans une démarche vertueuse vis-à-vis des principaux impacts liés aux
activités de l’établissement, une stratégie écoresponsable pluriannuelle est en cours de
mise en œuvre. Quatre axes portent les objectifs stratégiques pour l’établissement pour la
durée du COB 2015-2017 :
Axe 1 : Ancrer l’exemplarité du Parc amazonien dans la construction et la rénovation de
ses infrastructures,
Axe 2 : Instaurer la généralisation d’une démarche responsable dans l’établissement,
Axe 3 : Créer les conditions de réplication des méthodes et des actions innovantes, vers
les acteurs des territoires,
Axe 4 : Impliquer l'établissement dans la réduction des impacts climatiques liés aux
activités.
Diagnostic de fonctionnement de l’établissement et atténuation des émissions
Le bilan Carbone du PAG, datant de 2012, sera révisé de manière ciblée au cours de
l’année 2015 pour mesurer la progression sur un certain nombre d’indicateurs
prioritaires (liés aux émissions de Carbone associées aux déplacements vers et au sein
des territoires : avions, pirogues). L’adoption de mesures de réduction sur ce poste
notamment, a permis de mettre en place une démarche de progrès au sein de
l’établissement, dont l’activité est fortement contrainte par les postes d’émission liés aux
déplacement notamment.
Le parc de véhicules est aujourd’hui composé de véhicules légers, quads, motos, vélos,
pirogues de différentes motorisations afin de permettre aux agents d’effectuer un choix
adapté à chaque type de déplacement. La visio-conférence est privilégiée aux
déplacements, dans la mesure des moyens de communication disponibles.
Un diagnostic de performance énergétique des bâtiments est en cours (consommation
énergie et eau), pour les implantations définitives. Une étude comparée, portée par
l’association AQUAA, visant près de 80 bâtiments guyanais permettra d’adapter
progressivement les bâtiments, au regard des retours d’expériences positives (architecture
bioclimatique et efficacité énergétique).
Dispositif de suivi scientifique & accompagnement de recherches ciblées (climat,
effets sur le patrimoine naturel, sur les activités humaines)
En Guyane, la mesure des évolutions sous forçage climatique ne sera possible que si l'on
dispose d'un état de référence. C'est pourquoi le Parc amazonien est engagé auprès de
nombreux partenaires pour caractériser les différents habitats forestiers notamment à partir
d'images satellitaires et de relevés terrain (en particulier le Programme HABITAT).
3. Suivi des changements globaux à l’échelle du PAG / Un effort sur des sites de
référence
Le suivi des changements globaux nécessite la définition d’un état de référence de la
biodiversité et des habitats qui est encore méconnu sur la majorité des territoires du Parc
amazonien de Guyane. Sur ce territoire, le PAG a ciblé en concertation avec son Conseil
Scientifique et des organismes de recherche partenaires impliqués dans cette
problématique, trois zones d’intérêt et complémentaire dans leur disposition pour la mise en
œuvre de protocoles de suivi à long terme des changements climatiques : le Mont Itoupé
(830 m, Camopi – Maripasoula), la Montagne Bellevue de l’Inini (851 m, Maripasoula) et les
Monts Galbao (730 m, Saül). Ces montagnes figurent parmi les plus hauts sommets de
Guyane et leurs massifs forestiers sont pressentis comme étant ceux qui devraient
répondre de manière la plus sensible aux changements climatiques globaux.
Sur le Mont Itoupé en 2010, un inventaire pluridisciplinaire a été effectué ayant permis
d’évaluer la pertinence et la capacité d’investir sur ce site pour un dispositif de suivi des
changements climatiques. Le diagnostic écologique d’Itoupé suite à cette mission de 2010
est en cours de finalisation. L’analyse des images satellitaires montre que ce site figure
comme celui ayant dans l’intérieur de la Guyane la plus longue période annuelle de
nébulosité dans sa partie sommitale, et de fait présente une forêt d’altitude
« submontagnarde » à nuages favorable pour témoigner de variations climatiques. Ainsi
une des pistes envisagées pour le suivi des changements climatiques sur Itoupé réside
dans le suivi par imagerie satellitaire de la couverture nuageuse (conventionnement
NOOA), permettant d’acquérir des données de bases à corréler avec les relevés de terrain
qui seront issus des différents indicateurs identifiés tels que la température, l’hygrométrie,
le type d’habitat…
Dans le cadre de cette reconnaissance du Mont Itoupé en tant que site de référence pour le
développement de suivis à long terme, le PAG a investi dans l’acquisition d’imagerie
LIDAR.
En 2014, une nouvelle mission a été organisée et sera complétée par une mission saison
des pluies en début d’année 2016. Durant celles-ci, notamment :
Des capteurs hygrométrie-température ont été disposés en sous-bois au sein du dispositif
d’étude. L’acquisition d’équipements relatifs à une station météorologique est à l’étude pour
une installation sur site en 2016-2017.
Des enregistreurs de sons vont également être installés, afin de suivre les populations
d’espèces de grenouilles indicatrices, inféodées à des altitudes et des conditions T,P, H20,
spécifiques (Pristimantus espedeus et Pristimantus sp. 4).
Les équipes du programme DIADEMA (Labex CEBA) dans le cadre de leurs objectifs
d’écologie et d’inventaire de la biodiversité, mettront en place des placettes sur les
différentes strates altitudinales qui serviront plus tard de placettes de référence.
Le programme DYNFORDIV (UMR AMAP) dans lequel le PAG est partenaire interviendra
également sur ce site (puis sur Bellevue de l’Inini et Galbao en 2016-2017) en vue
d’appréhender les phénomènes des turnovers forestiers au regard des conditions variables
régnantes selon les versants.
Les Mont Galbao, autre site de référence identifié au sein du PAG, fait l’objet en effet d’un
projet de station d’accueil scientifique plus permanent, en vue de développer des
protocoles de suivis des changements climatiques pour des indicateurs nécessitant des
retours sur des pas de temps plus serrés, saisonniers ou annuels ; en complémentarité
avec ce qui peut être développé sur le Mont Itoupé.
4. Suivi de l’occupation des sols
Le PAG a créé un observatoire de l’occupation des sols (par imagerie satellitaire SPOT) qui
permet depuis 2009 de caractériser la dynamique d’occupation des sols et fournir un
support concret de travail aux acteurs du Sud de la Guyane.
5. Participation aux réseaux de suivi au niveau régional
Il est prévu de travailler à partir de 2015, sur un partenariat avec EcoFoR pour l’intégration
de parcelles sur le territoire concerné par le PAG, entrant dans le dispositif du réseau
régional de placettes de suivi permanent (programme GUYAFOR). Ces placettes devraient
se situer sur des sites de références du PAG (Monts Galbao, Itoupé en particulier).
Sur ces placettes sont effectués sur le long terme des suivis dendrométriques et
biologiques. Ce projet qui vise à mieux connaître les stocks de biomasse des forêts
guyanaises permettra aussi de détecter des modifications démographiques des
peuplements forestiers et leurs conséquences sur le bilan du carbone. Cette approche est
complémentaire de SPOTVEGETATION qui vise à identifier par satellite les grands
paysages forestiers, et de Terra-MODIS qui donne des informations sur la phénologie de
ces différents paysages et donc sur le comportement temporel de la végétation. Ces
informations sont précieuses pour modéliser les échanges d'eau et de carbone selon un
pas de temps fin: on observe ainsi que, paradoxalement, l'activité chlorophyllienne est plus
intense en saison sèche qu'en saison humide, principalement du fait de la couverture
nuageuse qui filtre le rayonnement ultraviolet. Ces techniques satellitaires sont aussi
précieuses pour suivre les changements d'affectation des terres, notamment les abattis
mais aussi l'orpaillage illégal qui constitue la première menace sur les écosystèmes
guyanais.
Dans le cadre du club climat animé par l’OREDD, le PAG apporte sa contribution aux
réflexions sur la stratégie de suivi des changements climatiques à l’échelle régionale.
Au-delà du réseau propre à la Guyane française dans lequel les sites de références du
PAG doivent s’inscrire, il sera primordial que l’appréhension des changements climatiques
dans cette écorégion du Plateau des Guyane puisse s’appuyer sur un réseau de stations
de mesures à l’échelle transfrontalière.
Dans le contexte latino-américain, le Parc amazonien est dorénavant intégré dans le
réseau des aires protégées REDPARQUES (Amériques du Sud et Centrale), qui prévoit
d’adopter en août 2015 à Lima une déclaration commune portant sur le rôle des aires
protégées en matière d’adaptation, notamment face aux changements climatiques ; ceci en
vue d’une annonce à la COP21.
Gestion adaptative
Le PAG est engagé avec l’Office national des forêts, certaines communes (Saül,
Maripasoula) et les communautés locales dans une réflexion pour définir des plans de
gestion durable, adaptés et multiusages sur des massifs forestiers pour l’exploitation des
ressources forestières ligneuses et non ligneuses.
Solutions basées sur la nature
La mise en place des infrastructures du Parc amazonien est en cours dans les délégations
territoriales de l’Oyapock, du Maroni et du Centre. Plusieurs nouvelles constructions sont
été réalisées (Antenne de Taluen, Antenne de Trois-Sauts), une partie est entrée en phase
opérationnelle (Délégation de Camopi, Délégation de Maripa-Soula) et un bâtiment est au
stade des études préalables (rénovation de la Délégation du Centre). Ces constructions
sont conçues selon des principes de construction durable (Label QEA : Qualité
Environnementale Amazonienne, architecture bioclimatique, etc), en lien étroit avec les
architectes.
Leur vocation est à la fois de recevoir les activités au sein d’une architecture climatique, et
de véhiculer une démarche d’exemplarité sur les territoires concernés par le Parc (principes
constructifs, matériaux sourcés).
En contexte de sites parfois très isolés, ces bâtiments sont aujourd’hui complétés par des
services autonomes associés, en matière d’énergie, d’assainissement des eaux usées
notamment.
Ainsi, au cours de l’année 2014, deux démarches exemplaires ont pu être mises en place
(détaillées en partie 3) :
Mise en place d’un système de production d’énergie photovoltaïque dans les antennes,
Conception bio-climatique de la Maison des services publics de Taluen, assainissement
par lagunage et sobriété énergétique.
L’utilisation de matériaux et de savoir-faire locaux est également un axe fort de la mise en
place de ces nouvelles implantations. Par exemple, l’ensemble du mobilier des
implantations permanentes a été réalisé en bois locaux par des artisans.
Communication et sensibilisation des acteurs
Les actions de sensibilisation et de communication sont portées dans le cadre de la
stratégie d’Education à l’Environnement et au Développement Durable 2015-2017. Cette
stratégie vise des publics cibles intermédiaires auprès desquels sont menées des actions
d’accompagnement, de conseil, de formation (Personnels des milieux scolaire et
périscolaire, Associations, Professionnels du tourisme, Elus / Institutionnels) ainsi que des
publics cibles finaux (Jeunes dans et hors du cadre scolaire, Habitants, Visiteurs, Usagers,
Professionnels).
6. Description détaillée d’actions exemplaires
Action 1 : Electrification de l’antenne du PAG à Trois-Sauts - Recours à un
équipement photovoltaïque - Energie renouvelable
Description du projet
L’antenne du PAG à Trois Sauts est occupée de manière permanente par trois agents
(bureaux et espace de dépôt), et constitue également un lieu de passage lors de missions
ponctuelles (scientifiques, développement local).
Deux constructions légères en bois ont été mises en service en 2010, pour une surface
totale de 115 m² (90m² de bureaux et 25m² de dépôt). Les besoins énergétiques de
l’antenne sont limités, et étaient couverts jusqu’alors par la mise en fonctionnement d’un
groupe électrogène à la demande (3KVA), rendant la structure dépendante aux énergies
fossiles dans un contexte de fort éloignement.
Détail du projet
Le système photovoltaïque mis en place a Trois Sauts a été dimensionné pour une
consommation instantanée de 600W, et une consommation journalière de 1350Wh/j,
autorisant l’utilisation simultanée des appareils électriques nécessaires aux activités.
La durée d’autonomie des batteries est de l’ordre de 5 jours consécutifs.
Historique et Durée du projet
Le projet s’est structuré en quatre étapes :
Année
Action
Novembre 2013
Diagnostic de la performance énergétique de l’antenne de
Trois-Sauts (ADEME Guyane)
Avril à juin 2014
Soutien à la mise en place de formations participatives à
l’échelle villageoise (Association Kwala Faya) et mise en
place de deux « kits photovoltaïques » test
Septembre à Novembre
Installation autonome à la Maison du PAG
2014
Novembre 2014
Formation des agents et passage d’habilitations
électriques
A venir
Généralisation de l’approche auprès des habitants
Partenaires
-
ADEME Guyane (diagnostic de performance energétique).
Société CARIBSOL,
Association Kwala Faya.
Budget et Financements
-
Financement propre par le Parc amazonien (installation autonome antenne PAG) :
15 000 €,
Financements croisés pour la mise en place d’ateliers participatifs par l’association
Kwala Faya et de kits de démonstration (Région Guyane, CNES, Programme
Régional pour la Maîtrise de l’énergie, Commune de Camopi) : 9 500 €.
Résultats attendus
-
Réduction de la dépendance aux énergies fossiles,
Mise en place d’une démarche d’exemplarité,
Dynamique globale d’accompagnement à la transition énergétique à l’échelle
territoriale, par la mise en valeur de solutions de production autonome d’énergies
renouvelables.
Résultats déjà obtenus
-
Réduction intégrale de la dépendance aux énergies fossiles pour les locaux de
travail à Trois Sauts.
Perspectives
Généralisation de la démarche par la mise en place de systèmes équivalents dans les
locaux du PAG en cours de construction :
Antenne de Taluen (Haut Maroni),
Délégation de Camopi (Haut Oyapock).
Illustrations photographiques du projet
Crédits photographiques : PAG
Action 2 : Conception bio-climatique de la Maison des services publics de Taluen,
assainissement par lagunage et sobriété énergétique
Description du projet
La Maison des services de Taluen, hébergeant l’Antenne du Parc amazonien, l’annexe
Mairie a été réalisée selon des principes constructifs durables, au cours de l’année 2014.
Trois composantes ont été déclinées de manière opérationnelle :
Conception bioclimatique du bâtiment,
Mise en place d’une filière d’assainissement non-collectif règlementaire (ANC)
alternative à un dispositif ANC standard de type fosse et épandage en site isolé,
Mise en place d’un système de production énergétique solaire autonome.
Détail du projet
Ce chantier phare, de par son architecture et sa maîtrise d’ouvrage partagée avec la
commune de Maripa-Soula, a révélé toutes les difficultés de construire un bâtiment public
exemplaire sur un site isolé.
1. Le bâtiment a été conçu selon des principes de Qualité Environnementale
Amazonienne (QEA)
L’orientation du bâtiment, les débords de toiture en limitation des projections de pluie et de
l’incidence solaire, la gestion de la circulation d’air au sein du bâtiment, les matériaux de
construction (bois dominant) en constituent les axes principaux.
2. Le bâtiment comporte notamment un dispositif d’assainissement écologique par
macrophytes flottants
Le choix du type de dispositif a fait l’objet d’une étude complète mettant en œuvre des
investigations à la fois socio-culturelles (par le biais d’une démarche participative) et
techniques. Le caractère imperméable du sol (infiltration impossible) et le choix d’un
dispositif sans électricité (pas de relevage des eaux) a orienté le choix sur le lagunage à
macrophytes flottants, permettant un assainissement des eaux usées liées à la présence
de 7 personnels permanents (public : 15 personnes, Passage : 15 personnes).
3. Le bâtiment est à énergie positive
Une centrale photovoltaïque a été dimensionnée pour les besoins de la structure, et
permettra de réinjecter le surplus sur le réseau électrique en cours de déploiement par
EDF. L’outil de production intègre un dispositif de stockage par batteries et un dispositif de
secours (énergie thermique).
Historique et Durée du projet
Le projet a été conçu en 2007. La construction a débuté en 2012 et est entrée en phase
opérationnelle en 2015. La construction du bâtiment de services publics (annexe mairie et
antenne du Parc amazonien de Guyane) s’est achevée au début de l’année 2015.
Budget et Financements
Montant des travaux d’assainissement t : 27 000€, dont formation, pas de surcoût
par rapport à une filière fosse septique épandage classique.
Montant des travaux de construction : 697 476 €
Montant des travaux d’électrification : 93 813€ + 4500€ d’AMO
Partenaires du projet
Commune de Maripasoula, Architecte JAG, BE Etiage
Résultats attendus
Réduction de la dépendance aux énergies fossiles,
Mise en place d’une démarche d’exemplarité,
Promotion de système d’assainissement par lagunage.
Dynamique globale d’accompagnement à la transition énergétique à l’échelle
territoriale, par la mise en valeur de solutions de production autonome d’énergies
renouvelables.
Résultats déjà obtenus
Travail d’étude préalable pour une recherche d’exemplarité et finalisation des travaux (mise
en fonctionnement)
Perspectives
Accompagnement à la généralisation des projets pilotes de filières alternatives (énergie,
assainissement).
Illustrations photographique du projet
Crédits photographiques : PAG
Annexes : Autres contribution du PAG au suivi des
changements globaux
1. NOTE METHODOLOGIQUE : Estimation du stock carbone sur le territoire du
Parc amazonien de Guyane
Auteur : Pauline Perbet, service systèmes d’informations, Parc amazonien de Guyane - Mai
2015
Cette note cherche à expliquer succinctement la méthode employée pour estimer le stock
carbone sur le territoire du Parc amazonien de Guyane.
La biomasse calculée en premier lieu, correspond à la masse fraîche aérienne vivante des
végétaux ligneux d’un diamètre supérieur à 20 cm, elle est exprimée en tonne par hectare.
Les calculs ont été réalisés à partir d’une étude de Stéphane Guitet et collègues (2015)
qui prend en compte des inventaires forestiers de Guyane, pour mettre en place un
modèle incluant des caractéristiques environnementales et spatiales. Ce travail concerne
seulement le compartiment de biomasse constitué par les grands arbres. D’autres
compartiments rentrent en jeux pour estimer le stock carbone. Une étude bibliographique
(Guitet, 2006) a permis d’estimer la biomasse de ces différents compartiments :
- Arbre entre 10 et 20 cm : 10 à 14% de la biomasse aérienne total (AGB), (Guitet,
2015) ;
- Biomasse épigée vivante autre que les arbres > 10 cm (lianes, palmiers, épiphytes,
- petites tiges) : 15 à 30 T/ha ;
- Biomasse épigée morte (litière et bois mort) : 20 à 40 T/ha ;
- Biomasse racinaire (hypogée vivante) : 30 à 80 T/ha ;
- Matière organique du sol : 75 à 100 T carbonne/ha.
Néanmoins ces estimations peuvent encore être améliorées par des études en cours
(biomasse des sols….), et l’étude bibliographique pourrait être mise à jour.Une estimation
de la biomasse vers le carbone est ensuite nécessaire. De manière très simple, sans
prendre en compte la variabilité verticale et l’incertitude due au type de bois, la proportion
de carbone dans le bois est généralement estimée à 50% (Brown, 1997).Une interpolation
pour l’enveloppe totale du Parc amazonien de Guyane et de la zone de cœur a été réalisée
à partir d’une carte, d’une résolution de 1km, représentant la biomasse aérienne. L’outil «
Statistique Zonal » du logiciel Arcgis® a permis de calculer la moyenne et l’écart-type pour
ces deux zones. La biomasse aérienne en cœur de parc est donc estimée à 632 millions de
tonnes, avec un intervalle de confiance moyen de plus ou moins 1,6 million, au seuil de
95%.
Pour l’enveloppe globale du parc, la biomasse aérienne est estimée à 1,06 milliard de
tonnes avec un intervalle de confiance moyen de plus ou moins 2,4 millions, au seuil de
95%.Ensuite, pour évaluer le stock de carbone global, une approximation de la biomasse
des différents compartiments a été rajoutée à la biomasse aérienne. Enfin, celle-ci a été
transposée en volume de carbone. Il s’avère que le stock de carbone peut être estimé à
650 millions de tonnes de carbone (TC) pour la zone de cœur et 1,08 milliard TC pour
l’enveloppe totale du parc national.
Avec un taux moyen de 317 TC/ha, les résultats sont cohérents avec ceux obtenus par
d’autres études (Adams, Woomer 1998). En prenant en compte l’approximation de chaque
compartiment, le stock de carbone dans le parc national varie de 278 à 354 TC/ha.
Ces estimations devraient pouvoir être largement améliorées avec la cartographie des
habitats et des végétations particulières, ainsi que par le travail en cours de Stéphane
Guitet et collègues sur le carbone dans le sol.
Figure 1: Carte de l’AGB (Biomasse aérienne) en tonne par hectare en Guyane française
basée sur un model Kriging (Guitet, 2015).
Bibliographie
Adams J., Estimates of preanthropogenic carbon storage in global ecosystem types.
Environmental Sciences Division, Oak Ridge National Laboratory, TN 37831, USA
http://www.esd.ornl.gov/projects/qen/carbon3.html
Brown, S. 1997. Estimating biomass and biomass change of tropical forests: A Primer. FAO
Forestry Paper 134. Rome, Italy : Food and Agriculture Organization of the United Nations
(FAO).
Guitet S., Blanc, L., Chave, J. & Gomis, A. (2006) Expertise sur les références
dendrométriques necessaires au renseignement de l'inventaire national de gaz a effet de
serre pour la foret guyanaise. (ed. M.d.l.A.e.d.l. Peche).
Guitet S., Hérault B., Molto Q., Brunaux O., Couteron P. Spatial structure of above-ground
biomass at the landscape scale limits the accuracy of carbon mapping in rainforests, 2015,
en cours de publication
Woomer, P.L., Palm, C.A., Qureshi, J.N., Kotto-Same, J. 1998. Carbon sequestration and
organic resource management in African smallholder agriculture. pp. 153–173. in: Lal, R.,
Kimble, J., Levine, E., Stewart, B.A. (eds.). Soil Processes and the Carbon Cycle. CRC
Press,
Boca
Raton,
FL.,
(cité
par
la
FAO
http://www.fao.org/docrep/005/y2779f/y2779f05.htm)
2. Fiche de suivi de projet : 2ème mission pluridisciplinaire sur le Mont Itoupé
Le programme
Le Mont Itoupé, sommet tabulaire de plus de 800 m de haut a été désigné par le CS Pag
comme étant un site d’intérêt à la fois par sa position géographique particulière (orientation
nord-sud) mais aussi par sa forêt qui est une forêt dite à nuages. L’inventaire
pluridisciplinaire du Mont Itoupé en 2010 visait à mieux connaître le milieu et rechercher
des espèces qui pourraient servir d’indicateur pour les changements climatiques. Cet
inventaire a montré une flore de sous-bois originale et a permis de découvrir une espèce de
poisson qui serait endémique d’Itoupé et inféodée à une altitude particulière. Par ailleurs,
des relevés d’abondance de la faune ont montré qu’il s’agissait d’un des endroits de
Guyane les plus riches en grande faune.
Cette année, il ne s’agit plus d’un inventaire groupe par groupe mais d’une mise en
commun de programmes scientifiques en écologie sur le Mont Itoupé et d’un
enrichissement des connaissances déjà acquises auparavant.
Objectifs
-
Quel protocole de suivi des changements climatiques sur le Mont Itoupé ?
Etude de la dynamique forestière est et ouest
Mise en place de placettes de référence
Complément d’inventaire des habitats forestiers
Complément d’inventaire entomologique
Pose de capteurs météorologiques
Pose d’enregistreurs de chants d’amphibiens
Organismes scientifiques partenanires
UMR AMAP, UMR ECOFOG, SEAG, ONF, CNRS, BIOTOPE
Budget : 100 000 € sur fonds propres PAG
Localisation : Mont Itoupé
Durée : 2 ans
Bilan 2014 : Mission saison sèche sur 1 mois avec la présence d’une quarantaine de
scientifiques sur le terrain pour les programmes DYNFORDIV (UMR AMAP), DIADEMA
(UMR ECOFOG), Inventaire entomologique (SEAG), Habitats (ONF)
Suite 2016 : Mission en saison des pluies pour l’inventaire herpétologique, vers de terre,
chiroptères et distribution altitudinale des Hartiella sp. Recherche d’espèces indicatrices de
changements climatiques.
Crédit photo : Aurélien BRUSINI ©
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