UNIVERSITE PARIS

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TD 9
LA POLITIQUE DE CHANGE 2
1) La parité des taux d’intérêt
Vous cherchez à investir 1000€ pendant un an sur un compte à terme. Votre banquier vous
propose le choix suivant : soit placer directement sur un compte en euro à intérêt de 3%,
soit convertir les euro en dollars (sans frais, sans commission de change) et le déposer sur
un compte à terme en dollars à intérêt de 5%, que vous reconvertirez en euro à la fin de
l’année (toujours sans frais).
Le cours spot du dollar en euro (le cours du jour) est de 1,320 $/€ et les journaux
spécialisés anticipent que le taux de change du dollar dans un an (taux forward) sera de
1,346 $/€.
a) Quel est le meilleur taux de rendement ? Faut-il effectuer le placement en euro ou en
dollar ?
b) Que concluez-vous de l’observation du différentiel de taux d’intérêt et de la
dépréciation anticipée du dollar ?
c) Avant que vous n’ayez pris votre décision, l’écran Bloomberg de votre conseiller
clientèle affiche une news selon laquelle la Fed vient d’annoncer un relèvement du taux
d’intérêt de 5% à 6% en réponse aux tensions inflationnistes. La BCE a immédiatement
répondu qu’elle ne changerait pas son taux ; de plus, les marchés à terme continuent à
prévoir un taux de change de 1,346 à échéance d’1 an. Quelle nouvelle vous apprêtez vous
à lire sur le téléscripteur ?
d) Tirez de l’analyse précédente un principe général sur la relation entre taux d’intérêt et
taux de change.
a) On peut construire pour le rendement du compte en dollar le tableau suivant :
Etape
1
Valeur à investir
1000 €
Etape
2
Conversion en dollar au cours spot
1320 $
Etape
3
Valeur du compte après 1 an
1386 $
Etape
4
Conversion en euro au taux anticipé
1030 €
Etape
5
Taux de rendement du compte en dollar
3%
Le rendement du compte en dollar est exactement le même que celui du compte en euro
(3%). Il est donc indifférent de placer dans l’un ou l’autre compte
b) On constate que le différentiel de taux d’intérêt (5% - 3% = 2%) est égal à la dépréciation
anticipée du dollar (1,346 – 1,320 / 1,320 = 2%). Le marché des changes a guidé la valeur
spot euro-dol au niveau qui égalise les taux de rendement sur les différents types de
comptes.
c) Si le différentiel de taux d’intérêt passe de 2% à 3%, et que l’anticipation de cours dans un
an reste au même niveau de 1,346 $/€, il faut que le taux spot s’ajuste à ce nouveau
différentiel et qu’il passe à 1,307 $/€. On peut donc s’attendre incessamment à voir
apparaître une dépréciation de l’euro du cours de 1,320 $/€ à 1,307 $/€
d) On peut en conclure que quand le taux d’intérêt d’un pays augmente, sa monnaie
s’apprécie (ici, la Fed augmente le taux d’intérêt et le dollar s’apprécie) et donc la monnaie
du pays partenaire se déprécie (l’euro perd de sa valeur).
Rappel de la formule canonique de la parité des taux d’intérêt : R = R* + (Ea – E)/E avec R le
taux d’intérêt domestique, R* le taux étranger, Ea le taux de change anticipé (à l’incertain) et
E le taux de change spot (à l’incertain).
2) Le modèle de Mundell et Fleming simplifié
L’équilibre sur le marché des biens de la Syldavie (en économie ouverte) est défini par
l’équation suivante : Y = C + I + G + X – J
où Y est le PIB, C la consommation, I l’investissement, G les dépenses publiques, X les
exportations et J les importations. Le commerce se fait avec le reste du monde considéré
comme un pays unique. Il n’y a pas de taxes.
La consommation C est définie par C = 0,8 Y
L’investissement I est défini par I = 100 – 10 R avec R le taux d’intérêt (mesuré en points de
pourcentage : si le taux d’intérêt est 3%, R = 3)
Les dépenses publiques G sont exogènes et égales à 180
Les exportations X sont exogènes et égales à 260 ; les importations J dépendent
positivement du revenu (le PIB Y) et négativement du taux de change E (défini à
l’incertain), de telle sorte que : J = 0,3 Y – 100 E. Ce taux de change peut varier de 0,5 à 2 et
atteint la valeur 1 à l’équilibre de PPA.
a) Ecrire l’équation de la courbe IS, avec Y en fonction de R et de E
b) La fonction de demande de monnaie en Syldavie est M = Y – 100 R avec R le taux
d’intérêt et M la masse monétaire dont l’offre est fixée à 800 par la Banque centrale. Ecrire
l’équation LM représentant Y en fonction de R. Représentation graphique.
c) La parité des taux d’intérêt (PTI) est réalisée en Syldavie, de telle sorte que le taux
d’intérêt domestique est lié au taux d’intérêt international et au taux de change par la
formule : R = R* + 2 – 2 E. Représentez sur un graphique la relation entre R et E en posant
R* = 4 (on mettra E en horizontale et R en verticale)
d) En utilisant la relation de PTI, écrivez à nouveau l’équation de la courbe IS en éliminant
E et représentez sur le même graphique les courbes IS et LM. Quelles sont les valeurs
d’équilibre de R, Y, E, C, I, et importations ?
e) On cherche maintenant à représenter les effets sur la Syldavie d’une politique
budgétaire et d’une politique monétaire. Ecrivez les fonctions IS et LM (sous leur forme
des questions b et d) en y intégrant les instruments de politique économique ΔG et ΔM ;
que se passe-t-il pour les diverses variables G, M, R, Y, E, C, I et J si ΔG = 20 et ΔM = 0 ?
Même question si ΔG = 0 et ΔM = 100.
f) On se place maintenant en régime de changes fixes : E est supposé invariable et égal à 1.
Que se passe-t-il si l’on tente les politiques budgétaire et monétaire de la question
précédente ? Que faut-il faire pour utiliser la politique budgétaire ? Comment se passerait
une dévaluation ? (on fera l’hypothèse du passage de E = 1 à E’ = 1,2)
a) On part de Y = C + I + G + X – J ; on a C = 0,8 Y ; I = 100 – 10 R; G = 180; X = 260; J = 0,3 Y –
100 E ;
Tout ceci conduit à : Y [1 – 0,8 + 0,3] = 100 + 180 + 260 + 100 E – 20 R
Et en regroupant : Y = 2 × (540 + 100 E – 10 R) qui est l’équation de la courbe IS, mais avec la
variable E en plus. Notons que le multiplicateur est égal à 2.
b) On a 800 = Y – 100 R. Donc Y = 800 + 100 R qui est la courbe LM. Il s’agit d’une demi-droite
partant de (R : 0 ; Y : 800) sur l’axe horizontal et montant vers la droite avec une pente de
100 (pour R = 4, Y = 1200) ; et d’un segment de droite suivant l’axe horizontal allant de 0 au
point (0 ;800).
c) PTI. Avec R* = 4, on a R = 6 – 2 E. C’est une droite joignant le point (0 ;6) au point (3 ;0). En
principe, on peut limiter l’intervalle de variation de E de 0,5 à 2, ce qui fait varier R de 5 à 2
d) Selon la question c, on a E = 3 – R/2 que l’on peut reporter dans la formule trouvée en
question a : Y = 2 × (540 + 300 – 50 R – 10 R) = 1680 – 120 R. La courbe IS peut être
représentée sur le même graphique que la courbe LM : sur l’axe horizontal, elle passe par le
point 1680 ; sur l’axe vertical, elle passe par le point 14. A l’intersection des deux courbes, on
a R = 4 ; Y = 1200 ; E = 1 ; C = 960 ; I = 60 ; J = 260 (et donc le commerce est équilibré).
e) Nouvelle écriture des fonctions IS et LM:
Fonction IS : Y = 1680 + 2 ΔG – 120 R
Fonction LM : Y = 800 + ΔM + 100 R
Ce qui conduit au résultat général : 220 R = 880 + 2 ΔG – ΔM
Avec ΔG = 20 et ΔM = 0 et on obtient R = 4,182 ; donc : Y = 1218 ; E = 0,909 ; C = 974 ; I = 58 ;
G = 200 ; imports = 274,5 ; CA = - 14,5. Notons qu’une politique budgétaire expansionniste
fait augmenter le PIB, mais au prix d’une montée du taux d’intérêt, d’une baisse de
l’investissement, d’une appréciation de la monnaie et d’une détérioration du compte
courant.
Avec ΔG = 0 et ΔM = 100, on obtient R = 3,545 ; donc : Y = 1254 ; E = 1,227 ; C = 1003 ; I = 65 ;
M = 900 ; imports = 253 ; CA = +7. On note que la politique monétaire expansionniste fait
baisser le taux d’intérêt, augmente le PIB, augmente l’investissement, déprécie la monnaie,
et améliore le compte courant.
f) En régime de changes fixes, E est bloqué au niveau 1. Ce qui implique que R est lui aussi
bloqué au niveau de 4% : le taux d’intérêt est obligatoirement fixé au niveau international.
Du coup, la politique monétaire, dont la nature est de modifier le taux d’intérêt en même
temps que l’offre de monnaie, n’a plus lieu d’être. Seule subsiste la politique budgétaire :
mais celle-ci fait également bouger le taux d’intérêt (voir question précédente), et il faut
donc la corriger par une politique monétaire accompagnatrice.
Pour voir précisément les politiques à appliquer, on peut partir de l’équation d’équilibre de
la question a : Y = 2 × (540 + 100 E – 10 R) et on applique R = 4 et E = 1. On obtient Y = 1200
(pas de changement puisque le taux de change et le taux d’intérêt ont été fixés au niveau
précédent). La masse monétaire peut rester au même niveau qu’auparavant : on a Y = Ms +
100 R et si Y = 1200 et R = 4, Ms doit être égal à 800.
Que se passe-t-il si l’on fait une politique budgétaire ΔG ? La courbe IS va se déplacer vers la
droite, le taux d’intérêt va augmenter ce qui est interdit : avec le taux de change fixe, cela
créerait un afflux de capitaux et une pression à la baisse de E. Il faut donc accompagner la
hausse de G d’une hausse de M pour déplacer la courbe LM à droite. La courbe IS s’écrit Y =
2 [540 + ΔG – 10R + 100 E] = 1200 + 2 ΔG. La courbe LM s’écrit Y = M + ΔM + 100R = 1200 +
ΔM ; à l’équilibre, il faut ΔM = 2 ΔG : si l’on augmente les dépenses budgétaires de 20, il faut
augmenter l’offre de monnaie de ΔM = 2 ΔG = 40. On a alors Y = 1240 et un changement de
toutes les variables en conséquence. Sauf R qui reste à 4 et E qui reste à 1.
En cas de dévaluation (changement de parité fixe), on a un changement de E qui passe à E’ =
1,2. Mais le taux d’intérêt ne doit pas bouger : en changes fixes – et ceci reste valide si l’on
passe d’une parité fixe à une autre parité fixe – on doit toujours avoir R = R* = 4 dans notre
cas. On doit donc avoir Y = 2 × (540 + 100 E’ – 10 R) avec R = 4 et E’ = 1,2 (notons qu’on est
en dehors de la courbe de PTI, qui est remplacée en changes fixes par R = R*). On obtient
alors Y = 1240. Il faut donc modifier Ms pour rester à l’équilibre (si on garde Ms = 800, on a Y
= 1200) ; pour avoir Y = 1240, il faut que Ms = 840. La dévaluation doit être accompagnée
d’une hausse de l’offre de monnaie, pour que la baisse des importations – elle-même
créatrice d’une augmentation de la production – ne se traduise pas par une hausse du taux
d’intérêt. On voit en effet que le passage à E’ = 1,2 et Y = 1240 fait passer J = 0,3 Y – 100 E de
260 à 252.
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