L’AVENIR,12septembre1831,pp.1‐3.
presquefauve;etcegénieduNord,cebardedumoyenâge,cettegrande
figurequisembleerreurtriste,fantasque,surlesruinesdumonde
primitif,Beethovenenunmot;etnotreRossinienfin,quin’estgrand,qui
n’estgéantqu’àcettecondition.Etc’estlà,aprèstout,cequ’ontfaitles
Werner,lesByron,lesGoethe,lesChateaubriand,etceNovalisquenous
neconnoissionspasilyaquelquejours,etquemaintenantnous
connoissonssibien!C’estdelà,decelaboratoireintimequesontsortisle
Moïsed’AlfreddeVigny,leBonapartedeLamartine,etleDidier,
l’admirableDidierdeVictorHugo.Etmoisjedisquequandonseretirelà,
danssoname,pourycouveramoureusementsongénie,pourle
réchaufferincessamment,lepréserverducontactd’unartfacticeetfardé
alorsqu’ils’enéchappe,sousdesformesrayonnantes,despensées
sublimes,d’immortellescréationsquis’élèventd’autantplushautqueleur
sourceestplusprofonde.Unefoisquevousêtesainsidescendulà,dans
votrecœur,viennelafouledesimitateurs,descopistes,desbroyeurs,ne
craignezrien:ilsnevoussupplanterontpas,ilsn’usurperontpasvotre
rang,carenfinvousêteslà,chezvous,dansunasileimpénétrable,etvotre
génien’estpasdépossédépourlesavoirprotégésquelquesinstantscontre
leurproprefoiblesse,pourleuravoirlaisséprendrequelquepeu
d’hospitalité.–Quesivousensortezparintervalles,quecenesoitpas
pourdisperserletrésorquevousrecélezaudedans,quecesoitpour
l’augmenter,pourrevenirplusriche;nelaissezpaséteindrecefoyer,et
avantdelequitter,n’oubliezpasdecouvrirlabraisesouslescendres.Si,
aucontraire,vouslaissezévaporervosinspirationsaugrandair,au
souffledelamode,sic’estdansunboudoirparfumé,auxroulades
capricieusesd’uneprimadonna,auxfantaisiesd’unpianisteJeune‐France,
quevousallezsaisirauvollestraitsprincipauxdevotreœuvre,oh!alors
neditespasquevousaimezl’art,neprenezpaslenomd’artiste,parceque
l’artn’apasdeplusmortelsennemisquevous:ceseroituneperfidie!
LesœuvresdeCimarosa,dePaesiello[Paisiello],dePaërforment
l’ancienneécolebrillantedel’opéraItalien.Rossinifondittousces
élémentsdansunnouveausystèmeplusvivant,maisaussiplusmatériel.
Uneécoledégénéréeaprétendusegreffersurcesystème,etdéjàelle
sembleundecesrameauxmortssuruntroncpleindevigueur.Viendra
uncoupdeventquil’abattra,etl’arbreresterabeau.IlMatrimonio
présentetouscesélémentsdansleurgerme,dansleurpuretéprimitive.
L’ouverture,pleined’idéescharmantesetdemélodiesfraîcheset
originales,n’estpasunchef‐d’œuvredemusiqueinstrumentale.Etl’art,
mêmeaujourd’hui,sortiplusbrillantdesmainsdeRossini,n’estpasplus
avancésouscerapport.Maisqued’inventiondanslamusiquedudrame!
qued’esprit,degrâce!commetoutcelaestcrée!Queltalentilafallupour
soutenirl’intérêtmusical,sanslesecoursdeschœursetdesgrands
appareilsdelascènequijouentmaintenantunsigrandrôledansnotre
systèmemoderne!J’aioubliédediretoutàl’heurequeletriodestrois
femmes,cemodèledefacture,decomique,deverve,aétéditavec
beaucoupd’ensembleparMmes.Tadolini,RossinietAmigo.
L’opéradeCimarosaserad’unbonsecourslesjoursoùles
dilettantiserontprivésdelaprésencedeMme.Pasta;etl’onpeutprédireà
M.Robertquel’assembléeneseranimoinsnombreuse,nimoinsbrillante