LA RELATION D’AIDE 241
Vol. 2 no 2, Automne 1998 INTERACTIONS
fréquent dans une relation d’aide ponctuelle : la nécessité de recadrer la demande
initiale. Il est évident, en effet, que Doris refuse d’être complice d’une recherche
d’arguments visant à imposer une décision à Karine; celle-ci fait partie du système-
client, tel que défini par Doris. Trois possibilités ont été offertes, compatibles avec
une intervention en psychologie des relations humaines : 1) explorer différentes
solutions (intervention 3), 2) aider le couple à faire un choix par mode de consensus,
ce qui aurait amené Doris à exercer davantage un rôle de médiateur, ou 3) aider
Monsieur PER à se ressaisir. À partir de l’intervention 8, Monsieur PER s’engage
dans la relation d’aide qui correspond à cette troisième option; à la fin du dialogue, il
demande de poursuivre cette démarche.
Comme tous les autres rôles12 exercés en psychologie des relations humaines, le rôle
d’aidant exige que l’on structure, dès le point de départ, une relation de coopération.
Par définition, la coopération comporte trois éléments : un but commun, une
définition précise des champs de compétence de chacun des partenaires et un
équilibre du pouvoir en fonction de ces champs de compétence (St-Arnaud, 1995, p.
138-139). Dans la gestion d’une relation d’aide, les premières minutes d’une
rencontre unique, ou la première rencontre d’une intervention qui en comprend de six
à dix, permettent ordinairement de s’entendre rapidement sur un but commun. La
définition des champs de compétence et du type d’influence qu’on exercera de part et
d’autre est une opération plus complexe qui amène les partenaires à clarifier leurs
conceptions respectives du changement personnel. Dans le dialogue avec Monsieur
PER, Doris a limité son champ de compétence, à l’intervention 8, en précisant que
son rôle n’était pas « de convaincre qui que ce soit ». Il reste à définir positivement
les champs de compétence de toutes les personnes impliquées dans l’intervention.
LES CHAMPS DE COMPÉTENCE
Pour comprendre les compétences que l’on met à la disposition d’une personne qui
demande de l’aide, il faut d’abord traiter des ressources de la personne aidée. La
perception que l’on aura de celles-ci influencera le choix que l’on fera des stratégies
d’intervention. Les ressources de la personne aidante seront décrites, quant à elles, à
partir de deux grandes fonctions dites de suppléance et d’assistance. La première
comprend toutes les interventions qui servent à transmettre une expertise sur la
situation ou à gérer le processus même de l’intervention. La seconde comprend toutes
les interventions par lesquelles la personne aidante utilise ou active les ressources de
la personne qui consulte.
12 La liste des rôles varie selon les auteurs, mais on y retrouve, par exemple, les rôles d’agent
de feed-back, d’analyste, d’aidant, d’animateur, de coach, de conseiller, de formateur et de
médiateur.