DOI : 10.1684/med.2012.0810
THÉRAPEUTIQUES
La Rédaction
de Médecine
Brèves de pharmacovigilance
Hyperkaliémies
médicamenteuses
Les centres de pharmacovigilance et les services de
néphrologie et de cardiologie des Régions Midi-Pyré-
nées et Aquitaine ont relevé 168 observations d’hyper-
kaliémie > 6,5 mmol/L chez les patients hospitalisés.
Les médicaments étaient responsables, au moins en
partie, de 102 cas (60,7 %), chez des sujets âgés (76 ans
en moyenne) souffrant dans 88 % des cas d’HTA ou de
maladies cardiovasculaires. Il s’agissait le plus souvent
d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion (47 %), de spiro-
nolactone (41 %), d’antagonistes des récepteurs à l’an-
giotensine II (23 %) et de suppléments potassiques
(23 %). Dans 10 % des cas, le décès était en rapport
avec l’hyperkaliémie. L’association de ces médicaments
est largement conseillée, notamment depuis l’étude RA-
LES, mais elle est dangereuse et grave puisque le risque
létal existe chez 1 patient sur 10 et nécessite une surveil-
lance clinique et biologique étroite.
Mots clés : hyperkaliémie [hyperkalemia]
Référence :
Montastruc JL. BIP31.fr. 2011;18(4):42-3.
Dérivés terpéniques
Les dérivés terpéniques (camphre, cinéole, niaouli,
thym sauvage, terpinol, terpine, citral, menthol, huiles
essentielles d’aiguille de pin, d’eucalyptus et de téré-
benthine) sont traditionnellement indiqués en traite-
ment d’appoint des infections respiratoires aiguës béni-
gnes. Ils ont été associés chez l’enfant à diverses
complications neurologiques : convulsions, somno-
lence et agitation, en particulier chez le petit enfant, en
raison de l’immaturité du système nerveux central, et
en cas d’antécédents d’épilepsie ou de convulsion fé-
brile. Ils étaient déjà contre-indiqués par voie cutanée ou
inhalée. Les formes suppositoires le sont (15 décembre
2011) chez les enfants de moins de 30 mois ou ayant
des antécédents de convulsion fébrile ou d’épilepsie.
Formes nourrisson (re-
tirées du marché)
Bronchodermine®,
Bronchorectine au ci-
tral®, Terpone®, Trophi-
rès composé®.
Formes enfant (contre-
indiquées avant
30 mois ou en cas d'an-
técédents d'épilepsie
ou de convulsions fébri-
les)
Biquinol®, Bronchorec-
tine au citral®, Broncho-
dermine®, Coqueluse-
dal®, Eucalyptine®,
Ozothine®, Ozothine à
la diprophylline, Phol-
cones Bismuth®,Ter-
pone®, Trophirès®, Tro-
phirès composé®.
Mots clés : infections communautaires, infections
des voies respiratoires supérieures [community-acqui-
red infections; respiratory tract infections]
Référence :
Afssaps. Lettre aux professionnels de santé. Novembre 2011.
Antitranspirants :
l'aluminium en question(s)
La relation entre l’exposition professionnelle aux pous-
sières d’aluminium et les cancers du poumon et de la
vessie est établie depuis longtemps : la production
d’aluminium est classée depuis 1987 dans le groupe 1
des cancérogènes pour l’homme par le Centre inter-
national de recherche sur le cancer (CIRC). Parmi les
composés de l’aluminium, plus de 25 sont utilisés
dans des antitranspirants. L’absorption cutanée in vi-
tro varie de 0,5 % sur peau normale à 18 % sur peau
lésée. De 2004 à 2009, 3 déclarations d’effets indési-
rables ont été rapportées à l’Afssaps :
une réaction prurigineuse modérée d’aspect papuleux
après un mois d’utilisation d’un antitranspirant à base
d’aluminium (résolution spontanée en une semaine) ;
une réaction caustique après 3 jours (tests épicuta-
nés négatifs excluant une allergie) ;
des démangeaisons et sensations de brûlures sur-
venues quelques heures après l’application.
Mais malgré ce très faible nombre de déclarations, on
a observé des cas d’irritations cutanées chez des pa-
tients traités pour une hyperhydrose, des cas (rares)
de sensibilisation. L’hypothèse d’un lien de causalité
entre utilisation d’antitranspirants contenant de l’alu-
minium et cancer du sein, en particulier du quadrant
supéro-latéral, fait controverse. La conclusion rassu-
rante d’un rapport fait en 2008 ne permet pas d’ex-
clure définitivement ce lien.
L’Afssaps recommande de réduire la concentration
d’aluminium dans les produits antitranspirants ou déo-
dorants à 0,6 % d’aluminium, bien au-dessous des va-
leurs utilisées dans les produits cosmétiques, et de ne
pas les utiliser sur peau lésée (par exemple après rasage
ou en cas de lésion de la peau de type microcoupures).
Mots clés : composés de l’aluminium [aluminum
compounds]
Référence :
Afssaps. Évaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits
cosmétiques. Octobre 2011.
Médicaments et crampes
nocturnes
La forte prévalence (37 à 50 %) des crampes muscu-
laires nocturnes chez les sujets âgés est parfois en
rapport avec l’utilisation de médicaments. Trois
110 MÉDECINE mars 2012
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classes ont notamment été incriminées : thiazidiques, stati-
nes et β2 mimétiques de longue durée d’action (LABAs). Une
étude canadienne sur les prescriptions de quinine, prescrite
pour « crampes musculaires », chez les adultes de plus de
50 ans avant et après début d’un traitement par ces médica-
ments apporte des données moins anecdotiques à partir des
données du registre de Colombie britannique (4,2 millions de
patients) sur 1 590 traitements diurétiques, 1 326 par stati-
nes et 576 par LABAs. Le ratio quinine après/avant était res-
pectivement de 1,47 (1,33-1,63 ; p < 0,001), 1,16 (1,04-1,29 ;
p = 0,004) et 2,42 (2,02-2,89 ; p < 0,001), confirmant que ces
médicaments augmentent le risque de crampes nocturnes
(toutefois peu en ce qui concerne les statines et les associa-
tions thiazidiques/diurétiques de l’anse). La prescription de
ces médicaments risque d’aggraver les symptômes chez des
patients souffrant déjà des crampes nocturnes.
Mots clés : crampe musculaire [muscle cramp]
Référence :
Garrison SR, Dormuth CR, Morrow RL, Carney GA, Khan KM. Nocturnal Leg Cramps and
Prescription Use That Precedes Them A Sequence Symmetry Analysis. Arch Intern Med.
2012;172:120-6.
Métoclopramide :
contre-indication avant 18 ans,
prudence après...
L’AMM du métoclopramide (Primpéran®et génériques) en
prévention des vomissements date des années 1960. Le ris-
que d’effets extrapyramidaux de ce neuroleptique est impor-
tant chez les enfants, avec comme principal facteur de risque
le surdosage. L’Afssaps [1] contre-indique son utilisation
chez les moins de 18 ans (9 février 2012) et en souligne les
risques neurologiques et cardiovasculaires chez l’adulte.
Une récente revue Cochrane [2] rappelait que la réhydratation
par voie orale est la pierre angulaire de la prise en charge de
la gastro-entérite aiguë chez l’enfant et l’adolescent. Si les
vomissements ne la permettent pas, la prise d’antiéméti-
ques peut être nécessaire. Quelques essais randomisés, sur
de faibles effectifs, ont montré qu’une dose orale unique
d’ondansétron réduit le taux d’hospitalisation et la nécessité
de réhydratation par voie IV.
Pour mémoire, les indications du métoclopramide sont ex-
trêmement limitées chez les moins de 20 ans en Grande Bre-
tagne depuis 2006 [3].
Mots clés : antiémétiques, dyskinésies [antiemetics; dyski-
nesias]
Références :
1. Afssaps. Primpéran®et éngériques (métoclopramide) contre-indication chez l’enfant et
l’adolescent. Février 2012.
2. Fedorowicz Z, Jagannath VA, Carter B. Antiemetics for reducing vomiting related to
acute gastroenteritis in children and adolescents. Cochrane Database of Systematic Re-
views 2011, Issue 9. Art.No.: CD005506. DOI: 10.1002/14651858.CD005506.pub5.
3. British National Formulary for Children. London : British Medical Association, Royal
Pharmaceutical Society of Great Britain, the Royal College of Paediatrics and Child Health,
and the Neonatal and Paediatric Pharmacists Group ; 2006.
Diarrhée prolongée sous IPP
La FDA américaine a enregistré de nombreuses déclarations de
diarrhées à Clostridium difficile chez les patients prenant un
traitement par IPP. La plupart concernaient des personnes
âgées, ou atteintes de maladies chroniques et/ou de patholo-
gies associées, ou qui avaient pris des antibiotiques à large
spectre, facteurs prédisposant connus. Cependant, la respon-
sabilité des IPP ne peut être définitivement exclue et la prise
d’IPP a pu aggraver le risque. La FDA a également examiné
28 études d’observation : 23 montraient un risque d’infection
ou de maladie (diarrhée comprise) à Clostridium difficile de 1,4 à
2,75 fois plus élevé sous IPP qu’en son absence ; les données
cliniques rapportées dans 5 études signalaient chez certains
patients des colectomies et quelques (rares) décès. Les études
publiées ne permettent pas toujours d’évaluer la force de l’asso-
ciation entre IPP et infection à Clostridium difficile et ne fournis-
sent pas assez de données sur la relation entre le risque et les
doses ou la durée d’utilisation des IPP, ou les circonstances
(prescription médicale ou auto-prescription). Cependant, la FDA
considère que les faits sont suffisamment probants pour que la
responsabilité du Clostridium difficile soit évoquée en cas de
diarrhée persistante chez un patient sous IPP, surtout en cas de
fièvre et douleurs abdominales. Elle recommande des prescrip-
tions courtes et aux plus faibles doses possibles.
Mots clés : diarrhée, inhibiteurs de la pompe à protons, re-
flux gastro-œsophagien [diarrhea; proton pump inhibitors;
gastroesophageal reflux]
Référence :
FDA Drug Safety Communication: Clostridium difficile-associated diarrhea can be associa-
ted with stomach acid drugs known as proton pump inhibitors (PPIs). Safety Announce-
ment [02-08-2012].
111mars 2012MÉDECINE
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