Ac anti-gliadine
La présence d’anticorps agglutinants dirigés contre le
gluten de froment dans le sérum de patients atteints de
maladie cœliaque (MC) est décrite de longue date
(Berger, 1958) et le développement de méthodes sen-
sibles pour rechercher les anticorps anti-gliadine
(AGA), la fraction soluble dans l’éthanol du gluten, a
validé l’intérêt de leur recherche pour le diagnostic de
la MC (Unworth, 1981). La diffusion de leur recherche,
en association avec d’autres marqueurs tels que les anti-
corps anti-endomysium (EMA), apermis de montrer
que la MC est plus fréquente qu’on apulepenser et
qu’elle se présente avec une grande variabilité clinique.
Antigènes
La gliadine (16–40 kDa) est un mélange d’environ
50 composants. En fonction de leur mobilité électro-
phorétique, les gliadines peuvent être séparées en quatre
fractions principales :α-gliadines, â-gliadines, ã-glia-
dines et ù-gliadines. Des études in vitro et in vivo
montrent que toutes ces fractions, de même que les pro-
lamines contenues dans l’avoine, l’orge et le seigle, ont
des effets toxiques chez le malade cœliaque. La glia-
dine A, composant des α-gliadines, contient 32 résidus
glutamine et 16 résidus proline pour 100 acides aminés.
En cas d’augmentation de la perméabilité intestinale, la
pénétration d’une quantité importante de gliadine et ses
peptides dans la muqueuse peut favoriser une réponse
immunitaire vis-à-vis des résidus d’acide glutamique
provenant de la désamidation de la glutamine.
Anticorps
Les anticorps recherchés en routine sont les AGA IgA
et IgG, mais des IgE, des IgD et des IgM peuvent égale-
ment être retrouvées chez ces patients.
Le rôle pathogène des AGA n’a pas été prouvé. Les IgG
étant de sous-classes IgG1 et IgG3, elles sont capables
de fixer le complément et de déterminer des altérations
cellulaires au niveau de la muqueuse intestinale ;cepen-
dant, aucun argument ne permet d’incriminer le rôle
direct des AGA (absence de formation ou de dépôts de
complexes antigène-anticorps au niveau de la
muqueuse) et les titres élevés d’AGA dans le sérum des
patients semblent plutôt être la conséquence d’une aug-
mentation de la perméabilité intestinale.
La recherche avec quantification des AGA IgA et IgG
se fait principalement par techniques immuno-
enzymatiques :ilexiste de nombreuses trousses com-
merciales, avec des préparations antigéniques
différentes. Les résultats sont exprimés en unités arbi-
traires, en l’absence d’un étalon international. Les seuils
significatifs et les résultats présentent donc une grande
hétérogénéité, tant qualitative que quantitative. Des
techniques qualitatives de dépistage par dot-blot sont
également disponibles.
Les AGA IgA sont plus sensibles chez l’enfant (85 %)
que chez l’adulte (55 %). Les AGA sont tout particuliè-
rement indiqués chez l’enfant de moins de 2ans, car les
EMA et anti-transglutaminase peuvent faire défaut.
La spécificité des AGA pour la MC, et plus particulière-
ment des AGA IgG, est faible (50–70 %), très inférieure
àcelle des EMA. Des AGA ont été décrits au cours de
nombreuses autres pathologies :pemphigoïde, psoria-
sis, eczéma atopique, néphropathies àIgA, polyarthrite
rhumatoïde, syndrome de Gougerot-Sjögren, thyroï-
dites autoimmunes, infection par le VIH, mucovisci-
dose, diverses hépatopathies chroniques et sarcoïdose.
Les AGA IgG sont aussi retrouvées dans diverses
atteintes gastrointestinales :œsophagite, gastrite,
gastroentérite, maladies inflammatoires intestinales,
intolérance alimentaire (protéines du lait de vache). La
meilleure sensibilité des IgG et la meilleure spécificité
des IgA engagent àrechercher les deux isotypes simulta-
nément.
En pratique, il est courant d’associer plusieurs mar-
queurs sérologiques de la MC, pour allier sensibilité et
spécificité. Les guidelines de 2005 recommandent en
première intention les tTG IgA et/ou EMA, mais les
AGA sont utiles chez l’enfant de moins de 2ans, chez
qui les EMA et tTG ne sont pas toujours exprimés.
Lorsque seuls les AGA IgG sont positifs, il faut recher-
cher un déficit en IgA par dosage des IgA totales,
puisque tous les autres marqueurs recherchés en routine
(y compris les anticorps anti-transglutaminase tissu-
laire) sont des IgA et que la MC aurait une incidence
environ dix fois supérieure en cas de déficit en IgA. En
revanche, et du fait de leur défaut de spécificité, il peut
être délicat d’interpréter un profil où seuls seraient posi-
tifs les AGA IgG. Pour indiquer l’endoscopie, il importe
alors de prendre en considération l’ensemble du dossier,
signes cliniques d’appel et autres signes biologiques
(malabsorption) ainsi que l’existence de pathologies
associées (diabète de type 1, autre affection auto-
immune, trisomie…).
Sous régime d’exclusion du gluten (REG) bien suivi, les
AGA diminuent, persistent àdes taux bas, voire dispa-
raissent ;les IgG persistent plus longtemps que les IgA.
Ils réapparaissent lorsque le patient devient moins
compliant. Cependant, ils ne représentent pas un
bon marqueur de compliance au REG :des expé-
riences d’ingestion de 100 mg/j de gliadine pendant
4semaines n’ont pas montré d’élévation significative du