tion entre concentration en acides biliaires
et sévérité de l’œsophagite (1). Une
méthode avec aspirations ambulatoires
du liquide de reflux a montré que le reflux
de bile et d’enzymes pancréatiques se
produisait fréquemment chez les patients
atteints de RGO.
La sonde Bilitec®est une sonde spectro-
photométrique utilisant la bilirubine
comme marqueur de la présence du
contenu duodénal. Il existe une bonne
corrélation entre la concentration en bili-
rubine mesurée par cette sonde optique
et la concentration totale en bilirubine,
les concentrations en acide biliaire et
en enzymes pancréatiques.
Les études ayant recherché la relation
entre symptômes typiques de reflux et la
nature de son contenu (acide ou biliaire)
ont montré que le reflux duodéno-gastro-
œsophagien ne semblait pas être un fac-
teur important de production de symp-
tômes typiques œsophagiens (4).
Il a été montré, par contre, qu’il existait
une augmentation progressive du reflux
duodéno-gastro-œsophagien tout au long
du spectre que constitue le RGO avec une
prévalence élevée chez les patients at-
teints d’œsophagite compliquée comme
l’endobrachyœsophage (5).
Un effet synergique de reflux acide et
de reflux duodénal contribue à la ge-
nèse des lésions œsophagiennes. Le
reflux duodéno-gastro-œsophagien a un
rôle chez les patients présentant des symp-
tômes persistants de reflux malgré une
thérapeutique avec des doses standard ou
élevées d’inhibiteurs de la pompe à pro-
tons. Dans un groupe de 65 patients (1)
ayant toujours un pyrosis ou des régur-
gitations malgré 3 mois de traitement par
fortes doses d’IPP, les enregistrements
combinés ont montré un reflux acide
anormal chez 37 % des patients et un
reflux duodéno-gastro-œsophagien chez
64 % des patients. Seulement 11 % des
malades avaient uniquement une expo-
sition acide pathologique, 38 % avaient
uniquement un reflux duodéno-gastro-
œsophagien, et 26 % avaient un reflux
anormal mixte. La persistance d’une
œsophagite érosive était en rapport
avec la présence d’un reflux anormal
mixte.
Implications cliniques
La conférence de consensus franco-
belge (6)a clairement énoncé que l’ob-
jectif majeur et le plus souvent suffisant
du traitement était “le soulagement des
symptômes, permettant un retour à une
qualité de vie normale”.
La stratégie initiale recommandée dis-
tinguait deux situations cliniques en cas
de symptômes typiques (pyrosis et/ou ré-
gurgitations acides), sans signes d’alarme :
–symptômes typiques espacés : un trai-
tement à la demande par alginates, anti-
acides ou anti-H2 faiblement dosés, en
association à une information sur les me-
sures posturales et hygiénodiététiques ;
–symptômes typiques rapprochés : un
traitement pendant 4 semaines par IPP
demi-dose ou anti-H2 à dose standard.
En ce qui concerne la prise en charge
à long terme, le jury de la Conférence
de consensus distinguait quatre situa-
tions cliniques :
●en cas de disparition des symptômes :
le traitement initial doit être arrêté, sauf en
cas d’œsophagite sévère ou compliquée ;
●dans les cas fréquents de récidives très
espacées des symptômes, il est recom-
mandé de traiter de façon intermittente
les patients en reprenant le traitement
initialement efficace (alginates, anti-
acides ou anti-H2 faiblement dosés) ;
●les patients avec des rechutes fré-
quentes et précoces à l’arrêt du traitement
nécessitent un traitement d’entretien par
IPP à doses adaptées ;
●enfin, lorsque la nécessité d’un trai-
tement d’entretien est certaine, le choix
entre la chirurgie ou le maintien du trai-
tement médical doit se discuter. Toute-
fois, une confirmation diagnostique doit
être faite en raison du caractère excep-
tionnel de l’échec d’un traitement médi-
cal bien conduit et des conséquences
d’une décision opératoire.
La compilation de trois essais multi-
centriques, randomisés, contrôlés, en
double aveugle dans le reflux avec endo-
scopie négative, a permis d’évaluer l’effi-
cacité de l’oméprazole 20 mg/j et de
l’ésoméprazole 20 ou 40 mg/j. Au bout
de 4 semaines de traitement, le pyrosis
avait disparu dans les mêmes proportions
dans chaque bras thérapeutique (7).
Le taux de succès (absence de pyrosis
pendant les 7 derniers jours) variait en
effet de 58,1 % à 67,9 % avec l’omépra-
zole 20 mg/j, de 60,5 % à 61,9 % avec
l’ésoméprazole 20 mg/j et de 56,7 % à
70,3 % avec l’ésoméprazole 40 mg/j. Il
n’y avait pas de différence significative
entre les trois traitements, ce qui de dé-
montre que l’augmentation de l’effet anti-
sécrétoire ne permet pas de contrôler plus
fréquemment les symptômes chez les
patients souffrant de RGO non érosif,
patients les plus fréquents en pratique (7).
À côté des médicaments visant à dimi-
nuer le contenu acide du liquide de reflux,
il faut noter l’existence de traitements
visant à limiter le reflux lui-même : les
alginates ; ceux-ci précipitent et forment
un gel en présence d’acide. Les formu-
lations à base d’alginate contiennent du
bicarbonate de sodium ou de potassium
qui donne un dégagement de CO2en
présence d’acide. Le gaz carbonique
est enclavé dans le gel, ce qui aboutit
à la formation d’une mousse flottant à
la surface du contenu gastrique à la façon
d’un radeau sur une rivière (8). La résis-
tance de ce radeau en fait une barrière
efficace contre le reflux. De plus, en
cas de reflux sévère, ce radeau, plus léger
que le contenu gastrique, va refluer en pre-
mier dans l’œsophage pour former un
écran de protection de la muqueuse œso-
phagienne. Grâce à son pH proche de la
neutralité, il protège l’œsophage de l’aci-
dité gastrique, dans le respect de la phy-
siologie de l’estomac. Les essais contrô-
lés ont montré que les alginates avaient un
effet symptomatique significativement
supérieur à celui du placebo (8). Ainsi
ce radeau diminue la fréquence et la
durée des épisodes de reflux, amendant
efficacement la symptomatologie cli-
nique avec 84 % de soulagement sur le
pyrosis et la dyspepsie, après seulement
2semaines de traitement (9).
La solidité du radeau d’alginate dépend
de plusieurs facteurs parmi lesquels on
peut citer la quantité de CO2produite
et contenue dans le radeau, les pro-
priétés de l’alginate utilisé et la présence
de calcium dans la préparation. La for-
Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. VIII - janvier-février 2005 19
Question d’actualité
Question d’actualité