Questions pour un champion en réanimation 619
CRP ne peut donc pas être interprété en tant que valeur absolue, mais il doit
prendre en considération les différentes caractéristiques du patient.
La PCT, précurseur de la calcitonine, est un bio-marqueur de l’infection utilisé
et validé initialement en pédiatrie et couramment mesuré aux urgences et en
réanimation. Les premières études ont montré que la PCT présente une forte
spécificité pour le diagnostic et le pronostic des infections bactériennes de l’en-
fant et du nouveau-né, en particulier en cas de méningites [5-6]. Synthétisée par
les cellules C de la thyroïde, une synthèse extra thyroïdienne par les monocytes
et les hépatocytes s’effectue lors de différents processus inflammatoires, con-
séquence de la sécrétion d’IL6 et de TNF. Clivée par une protéase spécifique, la
concentration de PCT est peu influencée par l’insuffisance rénale et l’hémodia-
lyse [7]. Le dosage peut être quantitatif ou semi quantitatif. Chez le volontaire
sain, le taux de PCT dépend de l’état nutritionnel du sujet, et augmente en cas
de prise d’OKT3 [8]. Un taux de PCT augmenté est retrouvé chez le nouveau-né,
en postopératoire, au cours de cancer de la thyroïde, ainsi que lors de processus
inflammatoire.
2.1.2. CINÉTIQUE DE LA CRP ET DE LA PCT
Quelques études se sont intéressées à la cinétique de production de CRP
et de PCT au cours de l’infection [9-10]. La CRP est un marqueur précoce des
processus infectieux. Sa concentration plasmatique augmente dès la sixième
heure de la réaction inflammatoire et jusqu’à la cinquantième heure, où elle
atteint une valeur maximale. Sa décroissance signe un contrôle de l’inflamma-
tion et donc de l’infection. La stabilité de ses taux peut traduire une absence
de contrôle. Mais la CRP ne croit pas en cas d’aggravation de l’inflammation.
La PCT s’élève plus tardivement au cours des vingt-quatre premières heures
du processus inflammatoire post-infectieux. Son taux croit avec la sévérité de
l’infection et la survenue de défaillances viscérales et diminue avec le contrôle
de l’infection [9-10]. Ainsi, lors d’infections, l’analyse de la cinétique de la CRP
et de la PCT pourrait refléter la gravité du patient.
2.1.3. DOSAGES CRP/PCT : INTÉRÊT DIAGNOSTIQUE ?
De nombreuses études se sont attachées à évaluer l’intérêt du dosage de la
CRP ou de la PCT dans la discrimination entre SRIS infectieux et non-infectieux
chez l’adulte. En moyenne, elles retrouvent une sensibilité de la mesure de la
PCT comme marqueur d’infection proche de 80 % et sont constamment supé-
rieures à la sensibilité du dosage de la CRP. Toutefois lors d’infection localisée et
en l’absence de bactériémie, la PCT ne s’élève pas de façon constante [8]. De
même, elle n’augmente pas lors d’infections à mycobactéries ou au cours de
la maladie de Lyme. A l’inverse, lors d’infections fungiques ou de vascularites,
des taux élevés de CRP et de PCT sont fréquemment constatés [11]. Ainsi les
études actuelles retiennent la CRP et la PCT comme des marqueurs de réac-
tions inflammatoires systémiques [8,11]. L’étude prospective de Crain et al. sur
la prescription des antibiotiques, guidée par le dosage de la PCT dans les infec-
tions respiratoires, modère ces conclusions. De décembre 2002 à avril 2003,
243 patients admis aux urgences pour infection respiratoire, ont été inclus. A
l’entrée et à visée diagnostique, les patients bénéficiaient d’examens clinique,
biologiques (dont CRP et PCT) et radiologiques. Puis ils étaient randomisés en
deux groupes : dans le premier groupe, la décision de prescription d’antibiotiques
était laissée à la discrétion du clinicien ; dans le deuxième groupe dit « PCT », le
clinicien se référait au dosage de la PCT et un arbre décisionnel basé sur le taux