LES RECETTES D’HILAIRE BORDUAS
1. DESCRIPTION DE L’ACTIVITÉ
Hilaire Borduas est cuisinier pour le seigneur
Gonzague Prologue. Il habite un petit village
virtuelle du XIXe siècle au Bas-Canada: le Vil-
lage Prologue. Dans ce village hors du commun, les habitants ont trouvé
une façon de communiquer avec les élèves du XXIe siècle. Ils ont beaucoup de choses à
partager sur leur époque et veulent aussi en savoir long sur la vie des élèves au XXIe
siècle.
Hilaire Borduas connaît plusieurs recettes. Il peut faire du sirop à la crotte de mouton
pour guérir la grippe. Il connaît la recette de tire Sainte-Catherine et dit la tenir de la
sainte en personne... Il peu faire du «p’tit blanc», de la crème glacée et toutes sortes de
friandises et sucreries. Bref, il peut tout faire ce qui est nécessaire pour satisfaire un
seigneur et sa famille. À son service depuis plus de vingt ans, il aimerait toutefois trouver
quelques nouvelles recettes. Pour ce faire, il compte utiliser les Lignes de communication
entre son époque et le futur pour demander de l’aide aux élèves.
Pour cette activité, les élèves sont donc invités à donner la recette d’un ou de plusieurs
plats à Hilaire Borduas afin qu’il puisse les préparer au manoir et les servir au seigneur et
à sa famille. Les élèves doivent tenir compte que les aliments de base que l’on retrouve
en 1852 ne sont pas les mêmes que ceux retrouvés à notre époque. Par exemple, le
chocolat n’est pas un aliment courant au XIXe siècle, tout comme il faudrait expliquer
comment faire de la sauce à pizza.
Les élèves construiront donc un livre de recettes du «futur» afin que Hilaire Borduas
puisse faire connaître la culture culinaire du XXIe siècle au seigneur et à sa famille. Il
serait intéressant de faire travailler toute la classe sur un même livre de recettes. Les
élèves devront d’abord trouver des recettes originales qui n’existaient pas à l’époque. Ils
énuméreront ensuite les ingrédients et les méthodes de préparation. Toute la classe
pourra alors tenter de trouver des solutions afin de pouvoir préparer ce ou ces mets à
Prologue.
Prenons par exemple la pizza. Pour la prépaprer, il faudra d’abord trouver de quoi faire la
sauce; au XIXe siècle, il y a déjà de la pâte de tomate mais elle est très rare au Bas-
Canada. Les élèves devront trouver qui, dans le Village Prologue, serait suceptible d’avoir
cet ingrédient chez lui. La pâte de tomate vient d’Italie, un habitant d’origine italienne
pourrait bien en avoir un petit pot, mais qui? De plus, si les élèves veulent mettre des
champignons dans la recette, ils devront savoir qu’il en pousse plusieurs sortes aux
alentours du village, mais que les champignons blancs de Paris sont très rares à Pro-
logue. Une fois le problème des ingrédients résolu, les élèves devront aussi penser à la
cuisson du mets. Ne serait-il pas plus simple d’utiliser le four à pain de la boulangère?
Après avoir ramassé toutes ces informations, votre classe peut rejoindre Hilaire Borduas,
le dit cuisinier du manoir de Prologue. Une classe peut lui proposer un ou plusieurs mets,
nous vous suggérons cependant de limiter votre liste à cinq (5) mets. Cette étape du
projet est facultative, elle peut toutefois être très intéressante puisque les élèves voudront
sûrement savoir si le seigneur et sa famille ont aimé le mets préparé par Hilaire Borduas.
Pour communiquer avec Hilaire, votre classe aura besoin d’un code d’accès qui vous
permettra de lui écrire dans un groupe de discussion. Pour recevoir ce code, vous devrez
d’abord écrire à Marianne Tremblay à cette adresse électronique:
[email protected]. Une fois le code reçu, vous devrez préparer une
petite lettre de présentation et y introduire votre ou vos recettes. Hilaire répondra à une
seule lettre s’adressant à toute la classe à la fois.
2. DÉROULEMENT DE L'ACTIVITÉ
1- Lire la lettre de présentation du cuisinier aux élèves
2- Lire les textes sur l'alimentation au XIXe siècle
3- Faire les recherches sur les ingrédients
4- Écrire la recette au cuisinier
5- Rédiger un texte imagineant la dégustation du mets
6- Illustrer le récit
7- Nous faire part de vos commentaires, suggestions et réalisations.
3. LETTRE DE PRÉSENTATION DU CUISINIER
Chers amis du futur,
Je suis heureux de vous faire cette proposition de mon cru. Ayant maintes fois reçu des
compliments au sujet de mes repas préparés pour la famille du seigneur Prologue, je me
considère comme un très bon cuisinier: un des meilleurs du coin. Pour alimenter mes
journées, j’ai toutefois besoin d’un peu d’originalité et comme tout cuisinier, j’ai envie de
préparer de nouveaux mets. J’ai eu l’idée de construire un livre de recettes hors du
commun, un livre de recettes du futur...
J’ai besoin de votre aide afin de nourrir les pages de ce livre très spécial.
Je peux faire du sirop à la crotte de mouton pour guérir la grippe. Je connais la recette de
tire Sainte-Catherine qui me vient de la sainte en personne... Je peux faire du «p’tit
blanc», de la crème glacée et toutes sortes de friandises et sucreries. Bref, je peux tout
faire ce qui est nécessaire pour satisfaire un seigneur et sa famille. Je suis au service du
seigneur Prologue depuis plus de vingt ans, j’aimerais l’étonner encore et trouver quelques
nouveautés. Je compte utiliser les Lignes de communication pour vous demander de
l’aide.
Grâce à mon idée originale qui a beaucoup plu au seigneur Prologue j’ai eu la permission
toute spéciale de recevoir des lettres de quiconque voudra bien me proposer quelques
recettes du futur... Vous devrez me décrire les aliments dont j’aurai besoin, m’aider à les
trouver au village et m’expliquer clairement comment concocter ces recettes que vous
me ferez parvenir. Vous savez que les réalités de nos époques sont différentes, il faudra
prendre ces éléments en considération lors de la rédaction de votre message car je
compte bien essayer chacune de vos suggestions.
Mes fours sont chauds et mes couteaux aiguisés, j’attends donc de vos nouvelles avec
impatience. J’espère que vous serez nombreux à m’écrire.
Culinairement vôtre, H. Borduas.
4. LES RECHERCHES
Nous vous suggérons de faire travailler les élèves en équipe pour réaliser cette activité.
Ils pourront ainsi comparer leurs référents culinaires à ceux de leurs coéquipiers. Une
fois les équipes faites, vous devez organiser une structure de travail pour réaliser l’activité.
Vous pouvez décider, par exemple, d’allouer une période de travail par semaine et de
donner un devoir à faire par semaine. L’activité peut se dérouler sur une courte période
que vous devrez déterminer en fonction du niveau scolaire des élèves.
Pour écrire une recette, il faut d’abord choisir un mets qui n’existe pas en 1852. Les
élèves ont l’embarras du choix: pizza, poutine, hamburgers, etc. Ils découvriront que
leurs habitudes alimentaires sont bien différentes de celles du XIXe siècle.
Pour comparer les habitudes alimentaires entre les époques, vous pouvez lire aux élèves
les textes à la fin de ce guide sur les habitudes alimentaires des habitants de Prologue.
Pour vérifier si un mets existait en 1852, les élèves peuvent utiliser Le dictionnaire universel
de la langue française de 1835. Ils n’ont qu’à inscrire le nom du mets dans l’espace
approprié et lancer la recherche. Si le mets n’existe pas, il sera inconnu au dictionnaire,
il faut bien sûr faire attention à l’orthographe du mot. Vous pouvez tenter l’expérience
avec «pizza». Il arrive parfois que le mot existe en 1852, mais qu’il ait une autre signifi-
cation.
Une fois le mets choisi, les élèves doivent écrire sa recette. Ils peuvent demander de
l’aide à leurs parents, lire les ingrédients sur une boîte ou un sachet (de sauce à poutine
par exemple) ou chercher les recettes dans un livre de cuisine ou sur Internet. Il existe
plusieurs sites qui permettent de chercher des recettes sur le Web.
5. RÉDACTION DE LA RECETTE
Quand vous aurez réussi à trouver des solutions aux problèmes soulevés lors de l’étude,
vous pourrez écrire votre recette. Pour vous aider, vous pouvez apporter un livre de
recettes en classe et demander aux élèves d’écrire leurs recettes de la même façon. Ils
pourront écrire les recettes sur une feuille de papier ou sur l’ordinateur. Ils pourront aussi
accompagner leur recette d’un dessin illustrant le mets.
Une fois les recettes écrites, la classe rédigera une lettre pour Hilaire Borduas (facultatif).
Une équipe d’élèves s’occupera d’écrire un texte de présentation de la classe. Une autre
équipe s’occupera de taper les recettes à l’ordinateur ou de les regrouper dans un même
document. Une autre équipe pourrait être en charge de la correction des textes, etc.
Vous devrez faire parvenir une seule lettre pour la classe à Hilaire Borduas. Un grand
livre de cuisine virtuel se construira ainsi. Notez toutefois qu'il se peut que quelques-
unes de vos recettes ne soient pas retenues si elles ont déjà été faites par une autre
classe.
6. ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
Afin d’ajouter un peu de piquant à l’activité, il serait intéressant d’inviter vos élèves à
écrire un court texte imaginant le cuisinier en train de faire la recette, de la servir et la
famille seigneurial en train de la goûter et de la commenter.
Demandez aux élèves de se mettre «À la place» d’un des personnages impliqués dans
cette aventure: Hilaire Borduas, le seigneur Gonzague Prologue, un ami du cuisinier, un
invité du seigneur, le journaliste de Prologue qui veut tout savoir, etc. Selon le personnage
choisi, l’élève devra adapter son récit. Par exemple, le cuisinier qui prépare la recette, le
seigneur qui goûte avec ses invités, le journaliste qui regarde par la fenêtre, le garçon de
table qui sert le repas, etc.
Dans chaque cas, il faut observer ce que le personnage pourrait voir et savoir. Ces infor-
mations seront notées dans un cahier brouillon. Les élèves pourront aller sur le site du
Village Prologue afin d’observer les lieux où se déroulera le récit. Cet exercice permettra
de nourrir l’imagination du scripteur. Les élèves devraient noter tout ce qu’ils voient et
qui leur semble intéressant. Ils peuvent aussi noter toutes les idées qui leur viennent à
l’esprit et prendre le temps de s’arrêter et de bien regarder les objets, les gens, de
chercher les détails amusants, etc. Pour nourrir l’écriture, il faut s’inspirer du réel et se
mettre en situation de réflexion et d’observation d’un environnement. Plusieurs grands
écrivains procèdent de cette façon. Il faut surtout se poser beaucoup de questions:
Si j’étais le personnage, quelle partie de cette aventure me concernerait?
Qu’est-ce qui m’étonnerait à propos ce mets?
Comment réagirais-je devant ce mets?
Accepterais-je de goûter?
Est-ce que mon personnage aura des conversations avec d’autres habitants de la
seigneurie?
Etc.
Illustrer
L’élève peut illustrer un ou plusieurs mets et ajouter son dessin au livre de recettes de la
classe ou à son texte personnel. Il peut aussi illustrer son récit en imaginant la famille
seigneurial à la table ou le cuisiner dans ses fourneaux.
7. TEXTES SUR L’ALIMENTATION AU XIXe SIÈCLE
L'alimentation en général à Prologue
À Prologue, la majorité des habitants demeurent sur une ferme et la plupart des produits
alimentaires consommés proviennent de la terre et des animaux de leur cheptel. Il y a
les céréales dont le grain sert à obtenir de la farine (le seigle, le sarrasin, le blé) et puis
il y a l'orge et un peu de maïs.
Dans les légumes, il y a les pois qui constituent une part importante de l’alimentation. Il
y a aussi la pomme de terre, les choux, les carottes, les navets, les rutabagas, les
échalottes, les oignons, les bettraves. C'est à l'automne que sont rentrés les grains et les
légumes qui sont mis en conserve pour en faire provision jusqu'à l'été suivant. Dans le
potager il y a aussi des laitues, des radis, concombres, haricots, courges mangés à
mesure qu'ils sont prêts à être consommer. Il y a également des citrouilles et des fines
herbes comme par exemple, le thym, la sariette, le persil, la ciboulette et le cerfeuil.
Elles son mangées fraîches, séchées ou salées. La cuisinière s’en sert pour rehausser le
goût de ses plats cuisinés.
Le menu de l’auberge Harfang des Neige
À la table de Thérèse Chiasson on mange de tout comme ragout, steak de boeuf, de
l’anguille, du jambon «vert», de la volaille, de la dinde, du dindon, des oignons marinés,
des oeufs et même de la «ice-cream» (au moins depuis 1830). Marguerite Desbiens, la
principale cuisinière de l’auberge, utilise dans sa pratique, à l’instar de monsieur Hilaire
Borduas, les livres de cuisine suivant: «La cuisinière bourgeoise» et «La cuisinière de la
campagne et de la ville ou Nouvelle cuisine économique».
Le menu à l’auberge l’Harfang des Neiges se compose souvent de gruau, soupe, viande
de boeuf ou de porc, en particulier du bacon et du jambon, du poisson, des oeufs, des
pommes de terre, du pain, du thé et du café. L’aubergiste sert également du pâté de
viande froide, du châpon rôti, du jambon de Yorkshire, de la langue de porc et de la
tourte de pigeon dûment arrosée de bière blonde Hodgson. À la demande de l’ingénieur,
monsieur James MacPherson le déjeuner est parfois servi à l’anglaise et se compose
d’oeufs, de jambon, de côtelettes et de saucisses.
Tout comme monsieur Hilaire Borduas, le cuisinier du seigneur Prologue, dame Margue-
rite mijote de nombreuses recettes de gibiers et de poissons. Elle accompagne ces mets
de légumes et de fines herbes le plus souvent frais cueillis du potager comme, pois verts,
haricots, choux, carottes, persil et ciboule, oignons, navets, radis et raves, laitues,
asperges, chicorée, thym, basilic, cresson et estragon. C’est son fils Michel (unique en-
fant de Thérèse Chiasson), qui est en charge du potager et il paraît qu’il en est très fier.
Dans la voûte de la cave de l’auberge on retrouve les saloirs dans lesquels sont conservés
quantité de viande comme «pork and cheeks, corn beef, tongues, fresh beef».
Maurice Leblanc, le deuxième époux de madame Chiasson, préfère, comme plusieurs
habitants de Prologue, les mets de gibier et particulièrement ceux dans lesquels on
retrouve des canards sauvages, des bécasses, oies sauvages, lièvres, castors, ours.
Cependant il n’est pas donné à tous les jours d’avoir ces sortes de plats à table.
La tourte était le plat préféré de madame Chiasson. Malheureusement depuis plusieurs
années, la campagne de Prologue a été déserté par ces sortes d’oiseaux qui étaient
autrefois si nombreux à venir picorer sur les terres des habitants de la seigneurie. Deux
naturalistes qui ont visité le village Prologue il y a de cela un an disent que c’est parce
que l’oiseau a été trop chassé et qu’il est en voie de disparition.
Thérèse est également amateure de breuvages de toutes sortes et, il le faut le dire tout
bas, des boissons fortes. Elle aime bien le vin, le cidre de pommes, la bière, le whisky
irlandais et ma foi, ce n'est pas elle qui ira sermoner le pauvre Sean McLean. Ses clients
la voient consommer surtout des jus, du café, du thé car elle considère que son petit
péché ne doit pas sortir de la cuisine. C'est Jane-Édith Caldwell qui a renseigné Augustin
Lebeau sur ce trait de caractère de l'aubergiste. Il paraît que sa cave n’a rien à envier à
celle du seigneur Prologue: si on les compare relativement à l’approvisionnement en
boissons de toutes sortes, bien entendu!
Madame Chiasson vous dira cependant qu'il ne faut pas abuser des boissons et qu'il faut
savoir garder sa place pour ne pas nuire à sa réputation.
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