Contrôle qualité
VC3
rieur de nous-mêmes. Tout le
temps. On est si seul. Je me ca-
chais dans la forêt pour crier.»
Après trois ans de souffrances,
Pablo demande à être interné en
hôpital psychiatrique. A partir de
là, il remonte la pente, douce-
ment, grâce aux médicaments
mais surtout à l’écriture et à la
course à pied. «Ça m’a sauvé.»
Les pieds sur terre
Pour contrecarrer le «mal de l’es-
prit», il se force à entretenir le lien
avec son corps à coups de jardi-
nage, de sport, de massages. «Il
faut à tout prix garder les pieds sur
terre. J’ai aussi réalisé à quel point
la confiance en soi est importante.
Lorsqu’une voix me dit de ne pas
aller voir une personne que
j’aime, j’y vais quand même.»
Stabilisé mais pas encore
guéri, Pablo espère pouvoir jeter
un jour ses neuroleptiques et ses
anxiolytiques. Après quatre ans
de vie dans un foyer, il est à la
recherche de son propre apparte-
ment. «Je suis prêt à partir, sou-
rit-il. J’ai tellement bataillé. J’ai be-
soin d’être un peu tranquille.»
ordonnent de tourner à gauche
dans la rue, d’arrêter de manger
de la viande ou de rester cinq mi-
nutes sous une douche glacée. Il
s’exécute.
Pablo sait qu’il est difficile,
pour le grand public, d’appréhen-
der sa maladie. Elle l’a lui-même
pris au dépourvu. «Le pire, c’est
de ne pas comprendre ce qui se
passe.» Chef du service de psy-
chiatrie générale du CHUV, le
Pr Philippe Conus confirme que le
début des troubles est une pé-
riode particulièrement délicate.
«Faute d’information, les gens
dramatisent alors que l’on peut se
faire soigner. Environ 30% des
malades guérissent. Plus on at-
tend, plus les risques de margina-
lisation augmentent. Les jeunes
quittent leurs études, leur tra-
vail.»
Maux de tête et angoisses
Les tourments endurés par le Vau-
dois durant les premières années
de sa maladie tiennent du cal-
vaire. Patiemment, le jeune rap-
peur, poète et slameur tente d’ex-
pliquer ses angoisses, soucieux
«d’abattre les murs» entre les schi-
zophrènes et les autres. Il raconte
l’esprit fragmenté en millions de
morceaux, les crises d’angoisse
où l’on pense mourir, les maux de
tête infernaux, l’impression de ne
plus être soi-même.
«C’est horrible, résume-t-il. La
schizophrénie est un monde inté-
rieur qui se désagrège. On n’a
aucune protection et aucune ra-
cine. Et il n’existe pas de refuge
puisque le tourment est à l’inté-
Pablo Xavier raconte
son combat contre
la schizophrénie,
une psychose qui
frappe un jeune
sur cent
Marie Nicollier
La schizophrénie n’est pas une fa-
talité. Si ce message tient à cœur à
Pablo Xavier, c’est que le jeune
homme est sur la voie de la guéri-
son. «Je veux dire aux gens: bou-
gez-vous, on peut s’en sortir.
Même si c’est un combat con-
tinu.» L’Yverdonnois fait partie du
1% de Suisses victimes de cette
maladie. Un trouble mental sou-
vent incompris qui frappe de
plein fouet les jeunes et se déclare
habituellement entre 16 et 25 ans.
Pour informer les étudiants, les
9es Journées de la schizophrénie
investissent demain l’Université
(lire encadré).
Souriant, posé, le jeune
homme plante ses yeux dans les
vôtres pour raconter sa bataille
contre la psychose qui a boule-
versé sa vie en 2005. Il a alors
20 ans. Epris de spiritualité, il
s’envole pour l’Inde. Et se plonge,
àsonretour,danslaméditatio
haute dose. C’est alors que «le dé-
lire» commence. «J’entendais une
voix. Je me disais que c’était Dieu
qui me parlait. Que je devais
l’écouter pour atteindre l’illumi-
nation.» Les symptômes s’aggra-
vent au fil des mois. Les voix lui
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Vaud, page 19
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QUI PROPOSERA 372 PLACES
Riviera-Chablais, page 21
Maladies psychiatriques
«Je pensais
que c’était Dieu
qui me parlait»
Espoir
La maladie a surpris Pablo
Xavier à 20 ans. Sept années
plus tard, il voit enfin le bout
du tunnel. PATRICK MARTIN
Urgences psychiatriques:
0848 133 133. L’îlot, association
vaudoise des proches de person-
nes souffrant de schizophrénie:
www.lilot.org. Groupe romand
d’accueil et d’action psychiatrique
(GRAAP): 021 647 16 00.
La Main Tendue: 147.
Appel à l’aide
Rappeur et slameur, Pablo Xavier,
alias Le Fils de la Terre, se produit
aujourd’hui à 12 h 30 au Polydôme
de l’EPFL dans le cadre des
9es Journées de la schizophrénie.
La manifestation investit le
campus pour combattre les
clichés et encourager les jeunes
malades – souvent démunis face à
un trouble mental méconnu - à se
faire soigner. Pour toucher la
jeunesse, les organisateurs misent
sur un format «anti-powerpoint»:
la Pecha Kucha,uneinvention
japonaise brevetée qui s’apparente
àunejouteverbale.Psychiatre,
artiste, journaliste ou scientifiques
auront 6’ 40” chacun pour
démystifier la maladie en image.
Entrée libre.
www. info-schizophrenie.ch
Joute verbale pour démystifier la maladie chez les étudiants
DR
ALAIN ROUÈCHE
24heures |Mercredi 28 mars 2012 17
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