La ponctuation Partie I Catherine Doublet www.plume-direct.fr www.plume-direct.fr ISBN : 978-2-9534938-LF-11.027 Date de publication : 14/05/2016 Tous droits réservés® 2 Plusieurs personnes m’ont interrogée sur l’utilité de la ponctuation dans un texte, en poésie ou dans un roman. Ce document de synthèse vous donne les règles essentielles et, sur cette première partie, nous ne nous sommes attachés qu’à quelques signes : la virgule, certainement la plus complexe à manipuler, le point, le point d’interrogation, le point d’exclamation, les deux points, les parenthèses. Dans une seconde partie, nous verrons plus particulièrement le cas des crochets, des tirets, des points de suspension, des guillemets avec quelques cas de présentation particulière. Il faut savoir que “la ponctuation est la respiration d’une phrase“ (F. Gregh), selon la place qu’on lui attribue, on peut donner des sens différents et parfois contradictoires à un texte. Prenons cet exemple : André n’est pas malade comme on le supposait. André n’est pas malade, comme on le supposait. Dans le premier cas, André est malade, mais pas de la maladie qu’on supposait. Dans le second cas, André n’est pas malade, c’était juste une rumeur. On le voit, la ponctuation compréhension. 3 a son importance pour la 1 – La virgule 1.1 – utilisation générale C’est certainement la marque de ponctuation la plus complexe. On se demande souvent où la placer : Pour l’amusement, voici quelques quiproquos possibles avec l’utilisation ou non de la virgule : - Le vin bien connu du Père Langlois peut griser. – Le vin, bien connu du Père Langlois, peut griser. On voit que, dans le second cas, le Père Langlois aime le vin, tandis que dans le premier cas, c’est lui qui l’élève. - Elle allait auparavant acheter ses légumes au marché. – Elle allait, auparavant, acheter ses légumes au marché. Dans le premier cas, elle va d’abord acheter ses légumes avant de faire autre chose. Dans le second cas, elle allait autrefois au marché, mais elle n’y va plus. - Il partit de Paris, très vite il arriva à Lyon. – Il partit très vite, il arriva à Lyon. Dans le premier cas, il a rejoint Lyon très rapidement, dans le second cas, il a quitté Paris rapidement, pour rejoindre Lyon. 4 Alors quel usage peut-on faire de cette virgule ? - elle sépare plusieurs sujets : les champs, les bois, les animaux, étaient englués dans le brouillard ; - elle sépare les attributs d’un sujet : le cheval est puissant, aérien, intelligent ; - elle sépare des participes présents ou adjectif verbaux : on mettra une virgule si plusieurs participes présents introduisent une phrase : riant, gesticulant, sautillant, ils allaient au bal ; lorsqu’ils sont placés après un sujet déjà évoqué, mais non leur état : les jeunes, riant, gesticulant, sautillant, allaient au bal - elle sépare les compléments d’un verbe : il aimait regarder le ciel, la course des nuages, les oiseaux ; - elle sépare des propositions : il court dans le jardin, saute comme un cabri, se roule dans l’herbe ; - elle isole un complément : là-haut, sur le toit, on entend les oiseaux chanter : - elle isole une proposition intercalée dans la proposition principale : il avait, dit-on souvent, l’habitude de boire du café ; - elle sépare le lieu de la date (dans une lettre, par exemple) : Orléans, le 27 février 2016 ; - elle sépare le numéro de la rue dans une adresse : 45, avenue des Montagnards (Les services postaux aimeraient supprimer cette habitude de nos jours) - elle sépare une formule de politesse dans une lettre : Madame, Monsieur, …, bien respectueusement, signature ; 5 1.2 – avec les conjonctions de coordination • Mais - on place la virgule avant mais pour indiquer une restriction, une opposition de deux idées : Il s’était mis en tête d’écrire un roman, mais il ne parvint pas à finaliser ; - pour renforcer ce qui vient d’être dit : il est bête, mais il est bête ! - on place la virgule après mais pour indiquer une réflexion suivie d’une décision soudaine : mais, vite faites quelque chose ! - pour marquer une hésitation suivie d’un ordre : mais, j’y pense… ; • Ou (ou bien) - pas de virgule entre deux noms, adjectifs, infinitifs unis par ou : le pain ou la brioche sont meilleurs réchauffés ; - on place la virgule avant ou pour séparer plusieurs termes amenés par ou (et ou bien) : ils étaient étendus là, morts, ou blessés, ou tétanisés par la peur ; - lorsque ou est mis pour c’est-à-dire : Il allait à Paris, ou ville des amoureux, ou cité des lumières, pour y faire du tourisme ; • Et - on la place avant et pour indiquer une répétition de la conjonction : tout se paye, et le pain, et le vin, et l’électricité ; - lorsqu’on veut insister sur un terme particulier : la musique, et les paroles, sont de bonne qualité ; - lorsqu’on peut supprimer la portion de phrase introduite par et : il sera bientôt, et je vous l’affirme, un futur grand stratège (on peut très bien dire il sera un grand stratège, cela ne change pas le sens de la phrase) ; 6 - lorsque la conjonction prend le sens de alors, de ce fait : il avait battu son adversaire trop facilement, et un sentiment confus le saisit ; - on place la virgule après, pour renforcer une idée, une affirmation : je suis persuadé et, croyez-moi, c’est ma certitude, qu’il fera un bon professeur • Donc - pas de virgule lorsqu’on veut exprimer la surprise, l’interrogation, l’ironie… : que faites-vous donc comme ça ? - on place la virgule avant lorsqu’on veut amener une conclusion ou une conséquence : Je pense, donc je suis ; - on place la virgule après lorsqu’on veut renforcer une assertion : il faut bien y aller donc, puisque je suis le seul à savoir le faire ; • Or - on ne met pas de virgule généralement après or : or il a dit que cela lui était indifférent ; - on place une virgule après pour introduire une proposition incise : il voulait partir or, ce jour-là, le temps ne s’y prêtait pas ; • Ni - pas de virgule lorsque ni regroupe deux termes ou deux groupes de mots de même valeur : il ne fait ni chaud ni froid ; - on place la virgule avant lorsque ni est utilisé plus de deux fois : il n’arrivait pas à se décider, ni pour aller la voir, ni pour lui téléphoner, ni même pour lui écrire ; - lorsque l’on veut insister sur le second terme : il n’avait plus d’envie, ni la force de continuer ; 7 - lorsque l’on veut introduire une disjonction entre deux propositions : ne vantez pas votre puissance devant un humble, ni votre richesse devant un miséreux ; • Car - pas de virgule après car, sauf si l’on introduit une incise : car on le lui dit chaque jour ; car, il faut bien le dire, il n’est pas attentif ; - par contre, on mettra la virgule avant car : il faut éviter le bord de la mer en ce moment, car la pollution a envahi les plages ; 1.3 – Conjonctions de subordination - on place la virgule pour indiquer une cause, un but, une conséquence, une condition, une supposition… : je le ferais bien à votre place, si je n’étais pas si maladroite ; - Avec bien que, avant que, tandis que, de sorte que, encore que, on ne met pas de virgule s’il n’y a pas élision : bien qu’il soit fatigué, il est parti les rejoindre ; - on mettra la virgule s’il n’y a pas élision : bien que, assez fatigué, il est parti les rejoindre ; 1.4 – L’ellipse On met la virgule lorsqu’on supprime un mot ou un groupe de mots dans la seconde partie de la phrase : j’ai de la force, vous, pas ; c’est plus qu’une insulte, un outrage ! On évitera la virgule si sa présence doit trop hacher la fluidité de la phrase : la France est un pays, la Bretagne une région, l’Oise un département. 8 1.5 – Gérondif Lorsqu’il précède la proposition principale, on mettra la virgule : En riant, il lui déposa un baiser sur le front ; On ne mettra pas la virgule lorsqu’il est rejeté en fin de phrase : il lui déposa un baiser sur le front en riant ; On mettra la virgule s’il est placé en incise : il lui déposa, en riant, un baiser sur le front. 1.6 – Qui - lorsque qui précède une proposition explicative et incidente, on place ra une virgule devant : les Montagnes de Pyrénées, qui sont de race géante, gardent les troupeaux dans les montagnes ; tous les Montagnes des Pyrénées sont de race géante. - on ne met pas de virgule lorsqu’on utilise qui dans un sens restrictif : Les Montagnes des Pyrénées qui accompagnent le berger garderont le troupeau cet été ; seuls ces Montagnes-là garderont le troupeau de leur berger ; 1.7 – Les inversions - on mettra la virgule en cas d’inversion : ces gâteaux, tous les attendaient avec impatience ; - lorsque ainsi, aussi précèdent une inversion sujet verbe, on ne mettra pas une virgule après ainsi : ainsi faisait-il toujours la même chose ; aussi a-t-il fait tout son possible ; - on mettra la virgule, par contre, lorsqu’il n’y a pas inversion verbe sujet : ainsi, il faisait toujours la même chose ; aussi, il a fait ce qu’il a pu. 9 2 – Le point-virgule Il indique généralement une pause de durée moyenne dans un groupe de phrases et sépare des propositions de même nature ou des parties déjà subdivisées par des virgules. On l’utilise pour : - séparer des propositions coordonnées indépendantes : la vie de M. Martin était en jeu ; celle de sa femme, par contre, n’était pas en danger ; - séparer des propositions dont la seconde comporte une ellipse : avec ces séminaires, vous aurez une bonne formation ; avec ces ouvrages, un complément ; - séparer des propositions longues émettant des idées opposées : les chats sont des animaux sauvages, aimant griffer et mordre ; par ailleurs ils peuvent se montrer câlins, tendres et parents attentionnés avec leurs petits ; - ponctuer une énumération, une répétition : son premier geste du matin est de préparer son café ; son deuxième, c’est de prendre une douche glacée ; - remplacer la virgule lorsque le verbe est commun à plusieurs propositions : les livres, en général, sont stockés dans cette partie de la maison ; les cahiers et les feuilles, sur ces étagères ; les crayons, gommes et autres fournitures, dans ce placard ; - séparer des propositions, même courtes, comportant des virgules : le chien, disparu depuis plusieurs jours, est retrouvé ; ses maîtres sont rassurés, ils vont le chercher ; - ponctuer la fin de chaque énumération dans une suite : à faire aujourd’hui : aller au marché ; emmener le petit au zoo ; passer chez le boulanger pour la commande de samedi ; récupérer les enfants à l’école… 10 3 – Le point Il indique la fin d’une phrase. C’est une longue respiration dans la phrase et il permet le passage d’une idée à une autre. - Il évite des phrases interminables qui essoufflent le lecteur. Mais il peut aussi séparer de la proposition principale des propositions subordonnées afin de donner plus d’impact, faire ressortir une atmosphère, des descriptions… Elle avait longtemps pleuré sa disparition. Ravagée. Isolée. Désespérée. Comme si sa vie était finie. - pour indiquer une date entièrement en chiffres arabes : 11.5.2016 - dans des sigles : R.A.T.P. ; S.N.C.F. ; C.S.A. lorsque ces sigles sont constitués uniquement de la première lettre de chaque mot. 4 – les deux points On les utilise pour : - introduire une explication, un éclaircissement, une citation, etc. : il faut bien que tu comprennes toutes ces règles, par exemple : la conjugaison ; il n’y avait plus qu’une solution : partir le plus vite possible ; - précéder les guillemets ouvrants d’une citation, d’un dialogue : il lui dit : « vois-tu, je ne suis pas très en forme en ce moment » ; - en mathématiques, c’est le signe de la division : 786 : 63 ; 11 5 – Les parenthèses Lorsqu’on veut isoler une citation, une réflexion, une énumération, préciser quelque chose, introduire un nombre, on utilise des parenthèses. A noter que la parenthèse ouvrante n’est jamais précédée d’une virgule ou d’un point-virgule. - pour isoler une précision, un nombre : il savait très bien (il avait vu un documentaire là-dessus) que ces animaux étaient dangereux ; ils avaient rassemblé leur monnaie et il en manquait encore (deux ou trois euros) pour payer en espèces ; - pour indiquer un jeu de scène : Edwige (se dirigeant vers la porte) : voilà, voilà, j’arrive ; - pour exprimer une réflexion personnelle, non dite, indépendante dans une phrase : il posa son livre, (le bruit l’empêchait de se concentrer) et décida de prendre un peu l’air. 6 – Le point d’exclamation - Il s’utilise après une interjection, même si celle-ci est répétée : Ha ! Ha ! Monsieur veut rire ! - pour appuyer un sentiment, une émotion, formuler un appel : Quel beau paysage ! Quelle ingratitude ! Au secours ! Vous ! Jeune homme ! - on ne répète pas le point d’exclamation dans Ha ha ha ! qui indique un éclat de rire ; 12 - on ne sépare pas l’interjection d’une autre interjection, d’une conjonction ou d’un terme faisant locution avec elle : Ah oui ! ; Non mais ! - lorsque l’on veut marquer l’ironie dans une phrase interrogative qui marque une exclamation : Avez-vous vu comme ils se gobergent ! - lorsqu’il est indiqué seul, entre parenthèse, le point d’exclamation exprime un doute, une ironie de l’auteur, l’incrédulité ou le besoin de souligner un point de son écrit : il se pavanait dans le salon, ce génial (!) poète. 7 – Le point d’interrogation Il marque l’interrogation, comme son nom l’indique, même si on a une forme interro-négative : n’est-ce pas lui qui dirigeait la chorale ? Avezvous vu Jean ? - dans le cas de plusieurs phrases interrogatives coordonnées, on mettra le point d’interrogation à la fin de l’énumération : n’a-t-il pas, dans cet ouvrage, montré tout son talent, mis en exergue ses personnages, décrit magnifiquement les paysages ? - par contre, si chaque proposition réclame une réponse, on mettra le point d’interrogation après chaque phrase : il ne va pas bien, n’est-ce pas ? Une dépression, vous croyez ? Ou aurait-il attrapé un sale microbe ? - on ne met pas de point d’interrogation lorsque question est posée de façon indirecte, sans attendre réellement de réponse : je ne sais si je dois faire cette sauce. - on met un point d’interrogation entre parenthèse pour marquer le doute : il a dit qu’il allait se remettre au sport ( ?). 13