mars - septembre 2011 - Reins-Échos n°10
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MODIALYSE QUOTI DIENNE
À SAVOIR
réduites et probablement à la diminu-
tion des résistances périphériques.
• Une régression de l’hypertrophie
ventriculaire gauche. Celle-ci est pré-
sente chez environ 75 % des patients
au stade terminal de l’insuffisance
rénale et persiste souvent après la
prise en HDC. Après transfert en HDQ,
on constate une diminution de l’IMVG
surtout chez les patients qui avaient
une hypertrophie importante, il existe
également une diminution du dia-
mètre du ventricule gauche surtout en
cas de dilatation ventriculaire et une
amélioration voire une normalisation
de la fraction de raccourcissement
chez les patients hypokinétiques. En
HDQ, la surcharge de pression est
bien sûr diminuée par un meilleur
contrôle de la tension artérielle mais,
il existe surtout une réduction de la
surcharge volémique liée aux prises
de poids interdialytiques plus faibles.
Une amélioration de l’état nutritionnel
Après transfert de l’HDC à l’HDQ, l’ap-
port protéo-calorique augmente de
façon significative et on constate une
amélioration de tous les marqueurs
nutritionnels avec en particulier une
augmentation de l’albuminémie et du
poids sec (de 0,5 à 10 kg la première
année dans notre expérience).
Une augmentation spontanée de l’ap-
pétit et des apports alimentaires est
mentionnée par toutes les équipes
qui pratiquent l’HDQ. Elle est proba-
blement due à une sensation de bien-
être général, une augmentation de
l’activité physique, un élargissement
du régime alimentaire, une diminu-
tion des médicaments et une moindre
rétention azotée. Enfin le caractère
plus physiologique de l’HDQ diminue
les perturbations du métabolisme
protéique et la résistance aux facteurs
anaboliques.
• Un meilleur contrôle de la phospho-
rémie
L’HDC permet difficilement d’obtenir
à elle seule un contrôle satisfaisant
de la phosphorémie; la plupart des
patients sont obligés de prendre des
chélateurs du phosphore en quantité
importante et avec des risques d’ef-
fets secondaires.
L’épuration du phosphore est plus
importante lors des deux premières
heures de dialyse mais la sortie du
phosphore intracellulaire étant lente,
le transfert de masse se poursuivra
ensuite de façon presque constante
même en dialyse longue. L’augmen-
tation de l’élimination du phosphore
peut donc être obtenue en augmentant
soit la fréquence des séances soit leur
durée soit les deux. Les études en HDQ
courte et longue l’ont confirmée. En
HDQ, on peut diminuer voir arrêter les
chélateurs du phosphore malgré des
apports alimentaires plus importants
et en HDQ longue, il est parfois néces-
saire de prescrire une supplémenta-
tion orale en phosphates ou de mettre
du phosphore dans le bain de dialyse.
• Une amélioration de l’anémie.
Après transfert de l’HDC à l’HDQ, on
constate une élévation du taux d’Hb
(avant l’ère de l’EPO) ou le maintient
d’un taux satisfaisant d’Hb avec une
dose plus faible d’EPO. Ce résultat
favorable a été surtout rapporté avec
l’HDQ diurne courte. L’atténuation du
syndrome inflammatoire urémique
sous l’effet de l’HDQ contribue pro-
bablement à une érythropoïèse plus
active.
Une amélioration de la qualité de vie
Malgré les progrès du traitement,
la qualité de vie des patients en HDC
reste altérée du fait des contraintes
imposées par le traitement, de la
mauvaise tolérance des séances, des
incidents et accidents survenant entre
les dialyses et de la persistance de la
symptomatologie urémique.
Après passage en HDQ, les études de
qualité de vie globale (SF36, KDQOL,
NHP) révèlent une amélioration des
dimensions physiques, du bien être et
parfois des dimensions psychiques.
Les séances quotidiennes courtes
diurnes s’intègrent plus facilement
dans la vie professionnelle, sociale et
familiale. À noter également une dimi-
nution du nombre et de la durée des
hospitalisations.
Une augmentation de la survie
Les effets favorables de l’HDQ sur
l’état cardiovasculaire et nutritionnel
des patients laissaient espérer une
amélioration de la survie. De fait, un
taux de survie particulièrement élevé
(par comparaison avec l’USRDS) a été
rapporté dans plusieurs études.
Les données sont encore restreintes,
de plus, leur interprétation doit tenir
compte de l’âge et de la comorbidité
des patients au moment du début de
l’HDQ. En effet, il existe une grande
différence d’espérance de vie entre les
patients transférés en HDQ en raison
de problèmes cardiovasculaires ou
nutritionnels très sévères (indications
de sauvetage) et les patients, souvent
plus jeunes, ayant choisi l’HDQ pour
ses avantages (indications de choix).
Les registres nationaux permettront
d’obtenir plus de données sur la sur-
vie en HDQ. Récemment une étude
randomisée a été effectuée, mais le
recul est encore insuffisant pour des
résultats exploitables.
Y a-t-il des problèmes
de faisabilité ?
Pour le patient
L’acceptation de la méthode est
généralement bonne après expli-
cations des avantages attendus,
plus facile pour les patients traités
à domicile, les transferts DP vers
hémodialyse et les retours de greffe.
Les malades ainsi traités resteront
pour la plupart en hémodialyse quoti-
dienne à long terme car ils ne veulent
pas retourner en HDC.
On pouvait craindre que l’utilisation
plus fréquente de l’accès au sang soit
source de complications, mais cela n’a
pas été confirmé au moins en ce qui
concerne les fistules natives. Une fis-
tule de bonne qualité est souhaitable
et certaines équipes utilisent la tech-
nique du « Button hole ».
Pour la structure de soins
Le passage de l’HDC à l’HDQ est facile
à domicile ; en autodialyse, l’unité
doit être ouverte six jours / semaine;
en Centre, en l’absence d’un sec-
teur dédiée, il y a une diminution du