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Reins-Échos n°10 - www.rein-echos.fr
Pourquoi l’hémodialyse
conventionnelle (HDC) est-elle
à 3 séances / semaine ?
Dès les premiers essais de traite-
ment par le rein artificiel des insuffi-
sants rénaux chroniques au but des
années 60, on s’aperçut ts vite que
des épurations épisodiques (toutes
les 2 ou 3 semaines) conduisaient
à de mauvais sultats. On fut ainsi
ame à augmenter la fréquence des
séances à 1, puis 2 etnalement 3 fois
par semaine enduisant la durée de
celle-ci à 12, 10 puis 8 heures. Cette
stratégie (3 x 8h) permettait de corri-
ger les anomalies constituées pen-
dant l’interdialyse et dobtenir des
conditions humorales relativement
satisfaisantes. Au cours des anes
70, les séances furent raccourcies à
4 h environ gce à de nouveaux dia-
lyseurs plus performants. La dialyse
courte s’imposa rapidement car les
séances de 4 h étaient appréces par
les patients et elle permettait de trai-
ter un plus grand nombre de malades
avec le même équipement. Depuis
plus de 35 ans cette stragie (3 x
4 h / semaine) constitue le traitement
conventionnel.
Au but des années 70, quelques
équipes augmentèrent la fréquence
des séances jusqu’à 5 ou 6 par
semaine sur un nombre restreint de
patients et constatèrent une meilleure
tolérance ainsi qu’une amélioration
clinique mais ces essais furent mal-
heureusement interrompus pour des
raisons matérielles etnancres.
Pourquoi une hémodialyse
quotidienne (HDQ) est-elle
préférable ?
Le rein normal élimine en continu les
déchets de l’organisme mais surtout
il maintient stable l’équilibre hydro-
humoral du milieu inrieur.
En HDC, le caracre intermittent
des ances avec un intervalle de 2
ou 3 jours est responsable de varia-
tions importantes des constantes
humorales et de l’hydratation. Pen-
dant les dialyses, la correction bru-
tale des anomalies peut être source
d’intolérance avec des épisodes d’hy-
potension, des crampes musculaires,
desphalées et une fatigue post dia-
lyse prolongée. Certes, cette stragie
a permis à des patients de vivre plu-
sieurs cennies, mais, me si la
dose d’épuration (malheureusement
basée sur le seul Kt/V) semble adé-
quate, il persiste dans 20 à 30 % des
cas une hypertension arrielle, une
hypertrophie ventriculaire gauche,
une amie, une dénutrition…
Le caracre non physiologique de
l’HDC a é noncé depuis long-
temps par certains.
En HDQ, l’intervalle entre deux
séances est réduit et cela diminue
l’amplitude des oscillations des solu-
tés et de l’hydratation; ainsi les pics
de concentration avant dialyse, le taux
moyen (TAC) et surtout l’amplitude
des variations (TAD) de l’urée sont
réduits.
En somme, on obtient un milieu in-
rieur plus proche des valeurs nor-
males et surtout plus constant
(meilleure hoostasie), ce qui per-
met aux fonctions viscérales et ta-
boliques de retrouver un environne-
ment plus physiologique.
L’intérêt pour l’HDQ (5 à 7 séances /
semaine), a pris un nouveau part à
partir des anes 90 tant en Europe
qu’en Arique du nord. Actuelle-
ment, quelques milliers de patients
sont ainsi trais selon deux modali-
tés soit l’HDQ courte diurne 2 à 2h30 /
séance soit l’HDQ longue nocturne 6 à
8 h / séance.
Quels sont les néfices de l’HDQ ?
Toutes les études ont monts :
Une alioration de la tolérance du
traitement
L’HDQ (nocturne ou diurne) s’est -
lée beaucoup mieux supportée que
l’HDC. Pendant les séances, il n’y a ni
hypotension, ni crampe, ni céphae,
ni nausée, ni asthénie post dialyse,
probablement car l’ultrafiltration est
plus faible et le gradient de concentra-
tion sang / bain est moindre.
Dans l’interdialyse, il y a moins de
contraintes diététiques et moins de
peur de faire une erreur alimentaire;
il y a également une disparition de la
soif, une diminution des dicaments,
une atténuation du prurit et une a-
lioration du sommeil.
Un meilleur contrôle de la ten-
sion artérielle avec réduction et ts
souvent art en quelques semaines
des dicaments antihypertenseurs
chez les patients qui en recevaient.
Cet effet sur la tension artérielle est
rapide mais il est aussi malheureuse-
ment versible si le patient revient à
l’HDC. Ce contrôle optimal de la ten-
sion arrielle est certainement dû
au poids sec plus facilement obtenu
lors des ances sans chute de ten-
sion et sans crampe, mais également
aux prises de poids interdialytiques
LHÉMODIALYSE QUOTI DIE
À SAVOIR
DR ROULA GALLANDE
CALYDIAL
Lyon
mars - septembre 2011 - Reins-Échos n°10
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MODIALYSE QUOTI DIENNE
À SAVOIR
réduites et probablement à la diminu-
tion des sistances péripriques.
Une régression de l’hypertrophie
ventriculaire gauche. Celle-ci est p-
sente chez environ 75 % des patients
au stade terminal de l’insuffisance
rénale et persiste souvent après la
prise en HDC. Après transfert en HDQ,
on constate une diminution de l’IMVG
surtout chez les patients qui avaient
une hypertrophie importante, il existe
également une diminution du dia-
mètre du ventricule gauche surtout en
cas de dilatation ventriculaire et une
alioration voire une normalisation
de la fraction de raccourcissement
chez les patients hypokitiques. En
HDQ, la surcharge de pression est
bien r diminuée par un meilleur
contrôle de la tension arrielle mais,
il existe surtout une duction de la
surcharge volémique le aux prises
de poids interdialytiques plus faibles.
Une alioration de l’état nutritionnel
Après transfert de lHDC à l’HDQ, l’ap-
port proo-calorique augmente de
fon significative et on constate une
alioration de tous les marqueurs
nutritionnels avec en particulier une
augmentation de l’albuminémie et du
poids sec (de 0,5 à 10 kg la première
année dans notre expérience).
Une augmentation spontae de l’ap-
pétit et des apports alimentaires est
mentione par toutes les équipes
qui pratiquent l’HDQ. Elle est proba-
blement due à une sensation de bien-
être général, une augmentation de
l’activité physique, un élargissement
du régime alimentaire, une diminu-
tion desdicaments et une moindre
rétention azotée. Enfin le caracre
plus physiologique de l’HDQ diminue
les perturbations du tabolisme
proique et la sistance aux facteurs
anaboliques.
Un meilleur contrôle de la phospho-
rémie
L’HDC permet difficilement dobtenir
à elle seule un contrôle satisfaisant
de la phosphomie; la plupart des
patients sont oblis de prendre des
clateurs du phosphore en quanti
importante et avec des risques d’ef-
fets secondaires.
L’épuration du phosphore est plus
importante lors des deux premières
heures de dialyse mais la sortie du
phosphore intracellulaire étant lente,
le transfert de masse se poursuivra
ensuite de fon presque constante
même en dialyse longue. L’augmen-
tation de l’élimination du phosphore
peut donc être obtenue en augmentant
soit la fréquence desances soit leur
durée soit les deux. Les études en HDQ
courte et longue l’ont conrmée. En
HDQ, on peut diminuer voir arrêter les
clateurs du phosphore malg des
apports alimentaires plus importants
et en HDQ longue, il est parfois néces-
saire de prescrire une suppmenta-
tion orale en phosphates ou de mettre
du phosphore dans le bain de dialyse.
Une alioration de l’anémie.
Après transfert de l’HDC à l’HDQ, on
constate une élévation du taux d’Hb
(avant l’ère de l’EPO) ou le maintient
d’un taux satisfaisant d’Hb avec une
dose plus faible d’EPO. Ce résultat
favorable a é surtout rappor avec
l’HDQ diurne courte. L’atnuation du
syndrome inflammatoire umique
sous l’effet de lHDQ contribue pro-
bablement à une érythropèse plus
active.
Une alioration de la quali de vie
Malgré les progs du traitement,
la quali de vie des patients en HDC
reste ale du fait des contraintes
imposées par le traitement, de la
mauvaise torance des séances, des
incidents et accidents survenant entre
les dialyses et de la persistance de la
symptomatologie urémique.
Après passage en HDQ, les études de
quali de vie globale (SF36, KDQOL,
NHP) lent une amélioration des
dimensions physiques, du bien être et
parfois des dimensions psychiques.
Les séances quotidiennes courtes
diurnes s’ingrent plus facilement
dans la vie professionnelle, sociale et
familiale. À noter également une dimi-
nution du nombre et de la due des
hospitalisations.
Une augmentation de la survie
Les effets favorables de l’HDQ sur
l’état cardiovasculaire et nutritionnel
des patients laissaient espérer une
alioration de la survie. De fait, un
taux de survie particulrement élevé
(par comparaison avec l’USRDS) a été
rapporté dans plusieurs études.
Les données sont encore restreintes,
de plus, leur interptation doit tenir
compte de l’âge et de la comorbidi
des patients au moment du début de
l’HDQ. En effet, il existe une grande
difrence d’esrance de vie entre les
patients transférés en HDQ en raison
de problèmes cardiovasculaires ou
nutritionnels très res (indications
de sauvetage) et les patients, souvent
plus jeunes, ayant choisi l’HDQ pour
ses avantages (indications de choix).
Les registres nationaux permettront
d’obtenir plus de dones sur la sur-
vie en HDQ.cemment une étude
randomie a é effecte, mais le
recul est encore insuffisant pour des
résultats exploitables.
Y a-t-il des problèmes
de faisabili ?
Pour le patient
L’acceptation de la méthode est
néralement bonne après expli-
cations des avantages attendus,
plus facile pour les patients traités
à domicile, les transferts DP vers
modialyse et les retours de greffe.
Les malades ainsi traités resteront
pour la plupart en hémodialyse quoti-
dienne à long terme car ils ne veulent
pas retourner en HDC.
On pouvait craindre que lutilisation
plus fréquente de l’acs au sang soit
source de complications, mais cela n’a
pas é confir au moins en ce qui
concerne les fistules natives. Une fis-
tule de bonne quali est souhaitable
et certaines équipes utilisent la tech-
nique du « Button hole ».
Pour la structure de soins
Le passage de l’HDC à l’HDQ est facile
à domicile ; en autodialyse, l’uni
doit être ouverte six jours / semaine;
en Centre, en l’absence d’un sec-
teur déde, il y a une diminution du
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Reins-Échos n°10 - www.rein-echos.fr
nombre de patients traités / semaine.
La stragie quotidienne peut égale-
ment être faite en modiafiltration
voir en hémofiltration.
Tous les rateurs existants ont été
utilis, mais des rateurs spécia-
lement conçus, plus simples, rapides
en pparation etsinfection sont en
cours de veloppement.
Les dialyseurs doivent être biocompa-
tibles, de haute perabilité, ces-
siter peu d’héparine, avoir une perte
d’albumine minime, et une bonne res-
titution.
Pour la soc
Le coût de l’modialyse quotidienne
peut, à première vue, être consi
comme un obstacle à son développe-
ment. En effet, le coût des séances de
dialyse est presque multipl par deux
ainsi que les cts directs non di-
caux (tierce personne pour la dialyse
à domicile et transports des patients
pour l’AD, UDM, Centre). Mais il faut
prendre en compte aussi les coûts
médicaux hors dialyse, directs ou indi-
rects (médicaments, hospitalisations,
examens biologiques, Rx, traitements
des complications …) qui eux sont
dimins ainsi que les coûts indirects
nondicaux (absenisme du tra-
vail, invalidité…) et humains. Au total,
le coût global pour la société sera plus
faible en HDQ qu’en HDC surtout si
on fait une analyse coût- utilité par la
méthode des QALY.
Quelles sont les indications actuelles
de l’ HDQ ?
Elles sont représentées par les échecs
et les insuffisances de l’HDC et concer-
nent 20 à 30 % des ces patients : lHTA
non conte, une myocardiopathie
dilatée avec insuffisance cardiaque,
une nutrition malgré une dialyse
apparemment aquate, une mau-
vaise tolérance desances et de l’in-
tervalle entre deux séances (prises de
poids excessives, anx). Les com-
plications cardiovasculaires ou nutri-
tionnelles importantes constituent de
À SAVOIR
véritables indications de nécessi (ou
de sauvetage).
Autres indications : une grossesse
en cours, rendre transplantables
des patients ajournés d’inscrip-
tion sur la liste d’attente de greffe
(pour des problèmes cardiaques et
d’état général), l’enfant en période
de croissance (car l’HDQ permet de
rattraper le retard statural avant la
transplantation), le sujet âgé fra-
gile (pour la tolérance accrue et l’ef-
fet bénéfique nutritionnel), le désir
d’une meilleure adaptation au travail
et à la vie familiale.
A l’avenir, faut-il recourir à l’HDQ
qu’aps l’apparition des complica-
tions en HDC ou faut-il plutôt faire de
l’HDQ pventive ? \\\
Référence : Hémodialyse quotidienne :
théorie et pratique. J. Traeger, R. Galland,
N.K. Man. Médecine Sciences. Flamma-
rion. 2010.
LA REVUE SEMESTRIELLE GRATUITE DE LA LIGUE REIN ET SANTÉ
page 15 à 25
CAHIER DIALYSE
n°10
AVRIL-OCTOBRE. 2011
page 33 à 38
PHROPÉDIATRIE
NUMÉRO
SPÉCIAL
DIALYSE
page 52 à 56
DIABÈTE
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