La phobie scolaire

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NEUROBIOLOGIE
Certains enfants ont mal au ventre ou à la tête,
ou vomissent quand sonne l’heure de l’école.
C’est souvent une phobie de l’école qu’il faut prendre
rapidement en charge pour que cette attitude d’évitement
n’aboutisse à une déscolarisation, voire à une rupture sociale.
Pathologie
La phobie scolaire
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on fils a 14 ans, et souffre de
phobie scolaire depuis la
sixième. Au collège, personne
ne le croit, on le traite de
fainéant et de bon à rien. Aujourd’hui, il est victime
d’un renvoi de trois jours. Ses professeurs cherchent par tous les moyens à le renvoyer définitivement. Pourtant, mon fils n’a pas de problème de
discipline, il n’est pas violent. Ils l’ont donc obligé
à accepter un contrat verbal dans lequel il n’a pas
le droit d’arriver ne serait-ce qu’une minute en
retard, interdit aussi d’oublier le moindre stylo ou
un devoir, sous peine de renvoi du collège. Il en
souffre beaucoup, et ne veut plus aller en cours.
Même ses camarades de classe conviennent que
mon fils a un traitement spécial : aucune erreur ne
lui est permise. Il n’est pas considéré comme un
adolescent qui a un problème, mais comme une
tête de turc sur qui chaque professeur se défoule.
Mon fils fait un blocage total dès qu’il s’agit de
l’école. Impossible maintenant d’aborder le sujet.
Il se plaint de fortes migraines le matin en se levant.
Il voulait réussir cette année scolaire, mais dès la
rentrée il a eu quatre heures de retenue parce qu’il
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Jérôme PALAZZOLO
refusait d’aller en cours (en fait, il était
terrorisé à l’idée d’être interrogé). Bref,
chaque jour quasiment il revient avec
un nouveau mot sur son carnet de
correspondance. Je ne sais plus quoi faire d’autant
que, pour des raisons financières, il m’est impossible de le changer d’établissement. J’ai essayé à
plusieurs reprises de discuter avec le principal et
certains professeurs, mais, à chaque fois, j’ai eu droit
au même monologue : lorsque je prononce l’expression « phobie scolaire », ils refusent de m’écouter. Je suis totalement désemparée. Qui plus est, on
ne cesse de sous-entendre que je ne suis pas une
bonne mère, car je suis trop à l’écoute de mon fils… »
La phobie scolaire est un trouble du comportement de l’enfance et de l’adolescence qui touche
environ cinq pour cent de cette population. Volonté
d’évitement de l’école et peur irraisonnée liée à la
rentrée en classe ou à la séparation d’avec les
parents en sont les principales caractéristiques.
Décrite par la psychiatre américaine Adelaïde
Johnson en 1941, la phobie scolaire touche des
enfants qui refusent d’aller à l’école et manifestent
des réactions d’anxiété très vives ou de panique
quand on essaye de les y forcer. Elle semble plus
fréquente chez le garçon, et apparaît généralement
entre 5 et 13 ans, lorsque l’enfant ou l’adolescent
entre à l’école primaire ou au collège. Au moment
d’aller en classe, l’enfant présente une réaction d’angoisse intense : il s’agite, manifeste une grande
© Cerveau & Psycho - N° 17
panique, pleure, supplie ses parents de rester à la
maison, promet qu’il ira en cours le lendemain... Si
on le force, la crise prend une tournure dramatique :
il s’enferme dans sa chambre, se sauve en pleurant.
L’enfant est alors inaccessible à tout raisonnement.
Dans certains cas, la contrainte semble calmer
l’affrontement : il se laisse conduire passivement à
l’école, mais très vite il quitte sa classe, s’enfuit pour
rentrer chez lui ou errer dans la rue comme une âme
en peine si la porte de son domicile est fermée. Parfois
(surtout vers cinq-sept ans), il se plaint de maux
divers (maux de tête, maux de ventre), et vomit.
Ce qui est assez caractéristique, c’est que dès
que l’enfant n’est plus confronté au départ à l’école,
il se calme, promettant d’y aller sans difficulté
« plus tard ». Dans tous les autres domaines, c’est
un enfant sage, coopérant. Il tente de rationaliser
sa phobie : le professeur est trop sévère, ses copains
se moquent de lui, c’est à cause du changement
d’école récent, voire de sa dernière absence pour
cause de maladie. Très vite, la phobie s’autoalimente puisque l’enfant a peur de ne plus pouvoir
rattraper son retard par rapport aux autres, de
n’être pas capable de suivre le programme.
En revanche, l’enfant ne refuse pas d’apprendre
ses leçons ou de faire ses devoirs à la maison : il
tente de rattraper son retard, parfois même on
constate un hyperinvestissement, passant toutes ses
journées à réviser, si bien que malgré une absence
prolongée son niveau peut rester excellent.
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La famille d’un phobique scolaire présente
souvent certaines particularités. L’enfant est
toujours très dépendant de ses parents (certains
justifient leur phobie scolaire par la peur que leur
papa ou leur maman ne meure lorsqu’ils seront à
l’école). Dans plus de 80 pour cent des cas, il s’agit
d’un enfant unique ou de l’aîné d’une fratrie. La
mère est plutôt d’un naturel angoissé. Généralement, elle est surprotectrice, parfois envahissante
avec son enfant, qu’elle maintient dans une relation de dépendance étroite. Le père est souvent
peu sécurisant, voire absent (divorce ou décès).
À l’heure de faire
son cartable
pour partir en classe, les
enfants phobiques de
l’école ont mal à la tête,
au ventre, parfois
vomissent, et refusent
de se mettre en route.
Un milieu familial favorisant
Qu’en est-il du contexte scolaire ? Tout enseignant connaît le potentiel mobilisateur sur la plupart
des élèves de l’annonce d’un contrôle des connaissances. Mais tout enseignant connaît aussi le pouvoir
déstabilisateur de cette annonce auprès de certains
bons élèves, qui perdent alors une grande partie de
leurs moyens. À cause de cette peur de l’examen
et du travail accru qui en découle, les examens sont
souvent maintenus en fin d’année, parfois en
complément d’un contrôle continu des connaissances. Les élèves anxieux sont souvent de bons,
voire de très bons élèves, à condition qu’ils ne soient
pas envahis par cette anxiété. Passer la nuit entière
à réviser avant un examen, voire s’absenter le jour
de l’épreuve de peur d’échouer sont des attitudes
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Bibliographie
C. ANDRÉ et MUZO,
Petites angoisses et grosses
phobies, Seuil, 2005.
P. COFFIGNEAU et
J. PALAZZOLO, Des mots
du corps aux maux de
l’âme, Ellébore,
Collection Champs
Ouverts, Paris, 2005.
J. PALAZZOLO, Guérir vite
- Soigner les angoisses, la
dépression, les phobies par
les TCC, Hachette
Pratique, 2005.
A. SOTTO et V. OBERTO,
Dénouer l’échec scolaire,
Desclée, De Brouwer,
2004.
inadaptées qui engendrent parfois un handicap
pouvant aller jusqu’à la phobie scolaire.
La pathologie identifiée, comment faut-il la
prendre en charge ? Tout d’abord, avant de traiter, il faut déterminer si les problèmes présentés
par un élève entrent dans le cadre d’une réelle
phobie scolaire. Cela peut être difficile à reconnaître, tout spécialement lorsqu’il s’agit d’enfants
dont les manifestations digestives (maux de ventre,
vomissements…) sont au premier plan. Seule une
évaluation médicale soigneuse permet d’éliminer
une maladie organique et de rassurer l’enfant, les
parents et le milieu scolaire.
Désapprendre
des réflexes anxiogènes
Il faut absolument éviter que les symptômes ne
deviennent chroniques. Aussi est-il important de
souligner que les difficultés psychologiques de
l’élève ne pourront pas être traitées simplement
par la mise en œuvre de cours par correspondance.
Ces derniers ne feront que renforcer ses difficultés, car l’enfant va ainsi « éviter » les situations
qui l’angoissent, mais rien ne sera résolu. De
surcroît, des changements d’école répétés ne feront
que déplacer les problèmes sur un autre établissement (parfois après une amélioration passagère).
L’objectif à atteindre est non seulement le retour
à l’école, mais aussi une réinsertion sociale de
bonne qualité. Le traitement associera la plupart
du temps une psychothérapie individuelle pour
l’enfant, parfois une psychothérapie familiale et
une médication, rarement une hospitalisation.
La place de la médication est limitée, mais parfois
nécessaire, par exemple dans le cas d’une dépression associée chez un adolescent. Les antidépresseurs agissant sur la sérotonine – un messager cérébral qui intervient dans la régulation du sommeil,
de l’humeur, de la température, de l’appétit, notamment – sont alors le traitement de choix, mais ils
sont rarement prescrits au-dessous de 15 ans.
Quand la situation risque de devenir chronique
avec d’apparentes phases d’amélioration rapidement suivies de rechutes, une hospitalisation peut
être proposée. Elle permettra de compléter l’évaluation et de tenter un retour progressif à l’école
avec un accompagnement spécialisé (infirmière,
psychologue, éducateurs).
Les thérapies cognitivo-comportementales sont
particulièrement indiquées dans la phobie scolaire.
Le thérapeute cognitivo-comportementaliste cherche
à modifier le comportement de l’enfant ou de l’adolescent afin de lui permettre de se libérer rapidement des symptômes qui le font souffrir. Lorsqu’un
jeune garçon ou une jeune fille est confronté(e) à
une phobie scolaire, il est intéressant d’adopter une
approche pragmatique : plutôt que de rechercher
le sens de ces symptômes (ce que ferait un psychanalyste), le thérapeute cognitivo-comportementaliste aide l’enfant à « désapprendre » les comportements inadaptés qui le gênent, et à en adopter
d’autres qui permettent une vie plus normale. Le
thérapeute tente d’agir sur les comportements, mais
prend aussi en compte les idées et les sentiments
de l’enfant, son univers intérieur.
Ces thérapies n’apportent donc pas de réponses
à une difficulté existentielle ou à une meilleure
connaissance de soi-même ; elles aident à se débarrasser de symptômes que l’on peut isoler et décrire.
Le thérapeute analyse ce qui motive la demande
d’aide, étudie la fréquence et l’intensité des symptômes, les circonstances dans lesquelles ils se produisent, les facteurs qui les modifient. Il cherche à
identifier les réactions corporelles que provoquent
la situation angoissante, les circonstances au cours
desquelles les symptômes sont apparus la première
fois, les conséquences familiales, sociales, professionnelles, les réactions de l’entourage, etc.
Témoignage d’une ancienne phobique de l’école
Je redouble actuellement ma première ES,et depuis environ quatre mois je suis victime de phobie scolaire. J’avais
mal au ventre, à la tête, et je ne pouvais pas rester plus de
dix minutes en classe. J’étais prise de panique.Alors je suis
allée voir l’infirmière du lycée (qui n’a rien mis en évidence)
et mon médecin traitant qui m’a fait passer plusieurs examens
médicaux.Finalement,le diagnostic de phobie scolaire a été
posé.Au tout début,je ne voulais pas rencontrer un psychiatre,
car je ne voyais pas comment un inconnu pourrait m’aider
alors que mes amis n’y arrivaient pas, et que même moi je
ne savais pas d’où cela venait. Puis je n’ai pas vraiment eu
le choix :les professeurs parlaient de réorientation,personne
ne me comprenait.Alors j’y suis allée (et j’y vais toujours),
et il m’a proposé une thérapie comportementale et cognitive pour que j’apprenne à contrôler mes crises d’angoisse.
Aujourd’hui, c’était mon dernier rendez-vous, car je suis
« guérie » ! Je peux aller en cours et passer mes contrôles,
même si mes notes sont encore mauvaises. Grâce à cette
démarche,j’ai pu retrouver ma « vie d’avant » en trois mois.
Lorsqu’on est phobique scolaire,on souffre intérieurement,
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et on doit faire quelque chose. Les remarques des autres
élèves à l’école sont blessantes, mais grâce à ce suivi j’ai pu
les surmonter et cela m’a permis d’avoir confiance en moi,
ce qui était pour moi inimaginable auparavant. De plus, la
phobie scolaire est souvent accompagnée de dépression,
et il faut donc agir vite. Enfin, il faut souligner l’importance
du soutien des proches. Sans mes parents et mes amis, je
ne serais certainement plus là actuellement, car j’ai trop
souffert. J’ai vraiment enduré un supplice physique et moral.
Ils m’ont beaucoup aidée.Avec le temps, j’ai compris qu’il
ne faut pas hésiter à engager une thérapie, car reconnaître
ses faiblesses c’est faire un premier pas sur le chemin de
la guérison ; qu’il est nécessaire de s’entourer de gens qui
croient en nous,parce que souvent les phobies sont encouragées par le manque de confiance en soi ; qu’il est important de bien suivre les recommandations du psychiatre ;
qu’il faut pratiquer une activité extrascolaire où l’on est
doué car cela permet de retrouver confiance en soi ; et
surtout qu’il y a toujours une cause à ces phobies. Et plus
que tout, il faut dédramatiser cette maladie.
© Cerveau & Psycho - N° 17
Alors s’élabore une stratégie thérapeutique adaptée. Le plus important est d’abord d’enseigner à l’enfant une technique de relaxation. Puis l’enfant
apprend progressivement à réduire et à gérer son
angoisse. Quand il doit aller en classe, l’enfant est
en proie à un monologue intérieur, à un flot continu
de pensées qui donne une coloration émotionnelle
à la réalité : tristesse, angoisse ou colère. Ce monologue intérieur devient vite un schéma mental, une
image qui déclenche une émotion négative. L’ensemble de ces schémas est stocké dans la mémoire
à long terme, et est activé automatiquement lorsque
le même événement se reproduit. Le passé fait irruption dans le présent, ce qui explique que généralement le phénomène s’amplifie au fil du temps. L’élève
anticipe ce qui va se passer, c’est-à-dire se met en
situation d’angoisse et d’échec avant même l’heure
de l’école. La perception de la réalité et la réalité ellemême sont déconnectées. Le thérapeute aide l’enfant à comprendre comment ses pensées déclenchent
et maintiennent les émotions et les comportements
qui engendrent la souffrance. Cette prise de conscience
accomplie, il aide à rompre cet enchaînement.
Aider l’enfant à extérioriser
ses angoisses
La part relative de chaque facteur identifié lors
de l’évaluation est une indication lors du choix de
la technique psychothérapique à envisager : pour
les jeunes qui évitent les situations provoquant des
sentiments négatifs, la désensibilisation systématique, c’est-à-dire l’exposition graduelle aux conditions scolaires, est la première technique à mettre
en œuvre. L’enfant est accompagné à l’école d’abord
pendant une heure, puis deux, puis une matinée.
Le thérapeute demande à l’enfant de décrire comment
cela s’est passé, lui fait dire si les autres élèves ont
été désagréables ou non, lui fait prendre conscience
que tout s’est plutôt bien passé, que l’enseignant
lui a fait des compliments, etc. Pour ceux qui tentent
d’échapper à une angoisse massive incontrôlable,
on utilisera les jeux de rôle et la thérapie cognitive. Les jeux de rôle peuvent être utiles quand on
souhaite mettre en scène la situation qui pose
problème. Le comportement adapté est présenté par
le thérapeute, puis l'enfant doit le reproduire en
présence du thérapeute, puis dans des situations
similaires. Quant à la thérapie cognitive, elle travaille
sur la cognition, c’est-à-dire sur la représentation
des sentiments, des émotions, des pensées, des
images mentales que notre esprit fabrique lorsqu'un
événement se produit ou va se produire. En essayant
de comprendre comment les pensées négatives
déclenchent et maintiennent les émotions et les
comportements sources de souffrance, le thérapeute
aide l’enfant à les modifier. Dans tous les cas, l’objectif est d’augmenter les habiletés de gestion du
stress et d’adaptation, ce qui permet de réduire les
réactions anxieuses de l’enfant.
En ce qui concerne un jeune qui refuse d’aller à
l’école uniquement pour obtenir plus d’attention de
la part de ses proches, les parents apprennent à l’aider à gérer son stress, à augmenter sa confiance en
lui et à s’affirmer. Dans ce cas, une thérapie familiale peut également être indiquée. Lorsque plusieurs
facteurs sont à la source de la phobie scolaire, diverses
© Cerveau & Psycho - N° 17
Prise en charge d’une phobie scolaire
omment aborder les enfants phobiques qui refusent d’aller à l’école ?
Outre la phobie scolaire, un enfant d’âge préscolaire peut avoir d’autres
phobies : peur des chiens, du tonnerre, des microbes, du noir… Un enfant
sur deux d’âge scolaire vivra une phobie quelconque !
C
Reconnaître les symptômes de la phobie scolaire
Comment reconnaître les symptômes de la phobie scolaire ? Ils peuvent
aller du simple mal de ventre à de graves migraines ou des douleurs articulaires aiguës. Dans le doute, il vaut mieux consulter un médecin afin d’éliminer tout autre problème d’origine physique.
Aider l’enfant à identifier l’origine de sa phobie
Pour le parent confronté à un enfant qui refuse d’aller à l’école, la situation est délicate. La raison invoquée peut sembler banale ou même ridicule, mais pour l’enfant il s’agit souvent d’un stress majeur qui lui semble
insurmontable et qu’il veut à tout prix éviter ! Parfois, l’enfant éprouve des
difficultés à identifier le facteur qui cause sa phobie et qui peut être la peur
d’établir des relations avec ses pairs, la peur d’être la risée des camarades,
la peur de l’échec...
Comment déjouer le mystère des symptômes pour amener l’enfant à
être conscient de ses propres peurs ? Rien ne vaut la reformulation d’une
situation de stress vécue par l’enfant : « Se pourrait-il que tu aies mal au
ventre parce que tu n’as pas envie de revoir le « grand » qui t’a bousculé ? »
Discuter avec les intervenants scolaires
Dans certaines situations, il est souhaitable de discuter de la situation
avec les intervenants scolaires. Ces derniers pourront aider à évaluer le
problème et à envisager des solutions pour permettre un retour à l’école
sans heurts. Quel que soit le plan mis en œuvre, le retour en classe est
impératif. D’ailleurs, à ce propos, une consigne est de mise : si l’enfant est
assez en forme pour se lever et avoir des activités à la maison, il est suffisamment en forme pour aller à l’école !
techniques thérapeutiques doivent souvent être
combinées, mais il faut commencer par identifier
pourquoi l’enfant refuse d’aller à l’école.
Les parents ne peuvent pas obliger un enfant ou
un adolescent à affronter sa phobie : sans une aide
psychologique adaptée, la phobie scolaire peut parfois
prendre des formes graves, pouvant aller jusqu’à
une déscolarisation – et une désocialisation –
complète. Il arrive que certains adolescents passent
des années scolaires entières à prendre des cours
particuliers chez eux, sans voir aucun ami, sans
pratiquer aucune activité extérieure. La question de
leur avenir se pose alors : ils seront incapables de
vivre en société, auront des difficultés à travailler,
n’auront pas de relations sociales et affectives...
Dans tous les cas, si l’enfant ou l’adolescent
commence à avoir peur de situations qu’il affrontait naturellement auparavant, il est important d’en
parler avec lui, même si ces craintes paraissent
parfois saugrenues. Et pour aborder ces problèmes,
il est préférable de choisir une personne neutre,
comme le médecin de famille ou l’infirmière scolaire
par exemple, qui peuvent ensuite orienter vers un
spécialiste qui a l’habitude de gérer ce type de
troubles. N’oubliez pas que c’est lorsqu’une peur
n’est pas verbalisée qu’elle a le plus de risques de
se transformer en phobie !
◆
Jérôme PALAZZOLO
est psychiatre libéral à Nice,
professeur de socioanthropologie de la santé à
l’Université internationale
Senghor d’Alexandrie et
chargé de cours à
l’Université de Nice-Sophia
Antipolis.
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