NEUROBIOLOGIE Certains enfants ont mal au ventre ou à la tête, ou vomissent quand sonne l’heure de l’école. C’est souvent une phobie de l’école qu’il faut prendre rapidement en charge pour que cette attitude d’évitement n’aboutisse à une déscolarisation, voire à une rupture sociale. Pathologie La phobie scolaire lièrement 4 ans vomit régu de é âg nt fa en « Notre qu’il s’agissait us avons pensé no t, bu dé Au . s aller en classe. à l’école médie pour ne pa co ne lle, d’u , es ic pr de ca ction de materne é en moyenne se tr ne en , t us es pl ’il t ai qu ge rs Lo man re semaine, il ne ; bé ur rt pe ès tr durant la premiè t plus, il étai it ua jo , ne an , us am pl M dormait uche : « ule phrase à la bo se r e oi ’un av à qu it is m va il n’a Il s’est pas à l’école ? ». on demain, je vais nnaissais plus m co re ne je iquées, us pl i l’a ne je , des peurs inexpl ne d’une semai ut bo s Au . pa t on ou rç ait surt petit ga matin. Il ne voul le e qu le co l’é à laissé dormir là-bas ». « M on fils a 14 ans, et souffre de phobie scolaire depuis la sixième. Au collège, personne ne le croit, on le traite de fainéant et de bon à rien. Aujourd’hui, il est victime d’un renvoi de trois jours. Ses professeurs cherchent par tous les moyens à le renvoyer définitivement. Pourtant, mon fils n’a pas de problème de discipline, il n’est pas violent. Ils l’ont donc obligé à accepter un contrat verbal dans lequel il n’a pas le droit d’arriver ne serait-ce qu’une minute en retard, interdit aussi d’oublier le moindre stylo ou un devoir, sous peine de renvoi du collège. Il en souffre beaucoup, et ne veut plus aller en cours. Même ses camarades de classe conviennent que mon fils a un traitement spécial : aucune erreur ne lui est permise. Il n’est pas considéré comme un adolescent qui a un problème, mais comme une tête de turc sur qui chaque professeur se défoule. Mon fils fait un blocage total dès qu’il s’agit de l’école. Impossible maintenant d’aborder le sujet. Il se plaint de fortes migraines le matin en se levant. Il voulait réussir cette année scolaire, mais dès la rentrée il a eu quatre heures de retenue parce qu’il 72 Jérôme PALAZZOLO refusait d’aller en cours (en fait, il était terrorisé à l’idée d’être interrogé). Bref, chaque jour quasiment il revient avec un nouveau mot sur son carnet de correspondance. Je ne sais plus quoi faire d’autant que, pour des raisons financières, il m’est impossible de le changer d’établissement. J’ai essayé à plusieurs reprises de discuter avec le principal et certains professeurs, mais, à chaque fois, j’ai eu droit au même monologue : lorsque je prononce l’expression « phobie scolaire », ils refusent de m’écouter. Je suis totalement désemparée. Qui plus est, on ne cesse de sous-entendre que je ne suis pas une bonne mère, car je suis trop à l’écoute de mon fils… » La phobie scolaire est un trouble du comportement de l’enfance et de l’adolescence qui touche environ cinq pour cent de cette population. Volonté d’évitement de l’école et peur irraisonnée liée à la rentrée en classe ou à la séparation d’avec les parents en sont les principales caractéristiques. Décrite par la psychiatre américaine Adelaïde Johnson en 1941, la phobie scolaire touche des enfants qui refusent d’aller à l’école et manifestent des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaye de les y forcer. Elle semble plus fréquente chez le garçon, et apparaît généralement entre 5 et 13 ans, lorsque l’enfant ou l’adolescent entre à l’école primaire ou au collège. Au moment d’aller en classe, l’enfant présente une réaction d’angoisse intense : il s’agite, manifeste une grande © Cerveau & Psycho - N° 17 panique, pleure, supplie ses parents de rester à la maison, promet qu’il ira en cours le lendemain... Si on le force, la crise prend une tournure dramatique : il s’enferme dans sa chambre, se sauve en pleurant. L’enfant est alors inaccessible à tout raisonnement. Dans certains cas, la contrainte semble calmer l’affrontement : il se laisse conduire passivement à l’école, mais très vite il quitte sa classe, s’enfuit pour rentrer chez lui ou errer dans la rue comme une âme en peine si la porte de son domicile est fermée. Parfois (surtout vers cinq-sept ans), il se plaint de maux divers (maux de tête, maux de ventre), et vomit. Ce qui est assez caractéristique, c’est que dès que l’enfant n’est plus confronté au départ à l’école, il se calme, promettant d’y aller sans difficulté « plus tard ». Dans tous les autres domaines, c’est un enfant sage, coopérant. Il tente de rationaliser sa phobie : le professeur est trop sévère, ses copains se moquent de lui, c’est à cause du changement d’école récent, voire de sa dernière absence pour cause de maladie. Très vite, la phobie s’autoalimente puisque l’enfant a peur de ne plus pouvoir rattraper son retard par rapport aux autres, de n’être pas capable de suivre le programme. En revanche, l’enfant ne refuse pas d’apprendre ses leçons ou de faire ses devoirs à la maison : il tente de rattraper son retard, parfois même on constate un hyperinvestissement, passant toutes ses journées à réviser, si bien que malgré une absence prolongée son niveau peut rester excellent. © Cerveau & Psycho - N° 17 La famille d’un phobique scolaire présente souvent certaines particularités. L’enfant est toujours très dépendant de ses parents (certains justifient leur phobie scolaire par la peur que leur papa ou leur maman ne meure lorsqu’ils seront à l’école). Dans plus de 80 pour cent des cas, il s’agit d’un enfant unique ou de l’aîné d’une fratrie. La mère est plutôt d’un naturel angoissé. Généralement, elle est surprotectrice, parfois envahissante avec son enfant, qu’elle maintient dans une relation de dépendance étroite. Le père est souvent peu sécurisant, voire absent (divorce ou décès). À l’heure de faire son cartable pour partir en classe, les enfants phobiques de l’école ont mal à la tête, au ventre, parfois vomissent, et refusent de se mettre en route. Un milieu familial favorisant Qu’en est-il du contexte scolaire ? Tout enseignant connaît le potentiel mobilisateur sur la plupart des élèves de l’annonce d’un contrôle des connaissances. Mais tout enseignant connaît aussi le pouvoir déstabilisateur de cette annonce auprès de certains bons élèves, qui perdent alors une grande partie de leurs moyens. À cause de cette peur de l’examen et du travail accru qui en découle, les examens sont souvent maintenus en fin d’année, parfois en complément d’un contrôle continu des connaissances. Les élèves anxieux sont souvent de bons, voire de très bons élèves, à condition qu’ils ne soient pas envahis par cette anxiété. Passer la nuit entière à réviser avant un examen, voire s’absenter le jour de l’épreuve de peur d’échouer sont des attitudes 73 Bibliographie C. ANDRÉ et MUZO, Petites angoisses et grosses phobies, Seuil, 2005. P. COFFIGNEAU et J. PALAZZOLO, Des mots du corps aux maux de l’âme, Ellébore, Collection Champs Ouverts, Paris, 2005. J. PALAZZOLO, Guérir vite - Soigner les angoisses, la dépression, les phobies par les TCC, Hachette Pratique, 2005. A. SOTTO et V. OBERTO, Dénouer l’échec scolaire, Desclée, De Brouwer, 2004. inadaptées qui engendrent parfois un handicap pouvant aller jusqu’à la phobie scolaire. La pathologie identifiée, comment faut-il la prendre en charge ? Tout d’abord, avant de traiter, il faut déterminer si les problèmes présentés par un élève entrent dans le cadre d’une réelle phobie scolaire. Cela peut être difficile à reconnaître, tout spécialement lorsqu’il s’agit d’enfants dont les manifestations digestives (maux de ventre, vomissements…) sont au premier plan. Seule une évaluation médicale soigneuse permet d’éliminer une maladie organique et de rassurer l’enfant, les parents et le milieu scolaire. Désapprendre des réflexes anxiogènes Il faut absolument éviter que les symptômes ne deviennent chroniques. Aussi est-il important de souligner que les difficultés psychologiques de l’élève ne pourront pas être traitées simplement par la mise en œuvre de cours par correspondance. Ces derniers ne feront que renforcer ses difficultés, car l’enfant va ainsi « éviter » les situations qui l’angoissent, mais rien ne sera résolu. De surcroît, des changements d’école répétés ne feront que déplacer les problèmes sur un autre établissement (parfois après une amélioration passagère). L’objectif à atteindre est non seulement le retour à l’école, mais aussi une réinsertion sociale de bonne qualité. Le traitement associera la plupart du temps une psychothérapie individuelle pour l’enfant, parfois une psychothérapie familiale et une médication, rarement une hospitalisation. La place de la médication est limitée, mais parfois nécessaire, par exemple dans le cas d’une dépression associée chez un adolescent. Les antidépresseurs agissant sur la sérotonine – un messager cérébral qui intervient dans la régulation du sommeil, de l’humeur, de la température, de l’appétit, notamment – sont alors le traitement de choix, mais ils sont rarement prescrits au-dessous de 15 ans. Quand la situation risque de devenir chronique avec d’apparentes phases d’amélioration rapidement suivies de rechutes, une hospitalisation peut être proposée. Elle permettra de compléter l’évaluation et de tenter un retour progressif à l’école avec un accompagnement spécialisé (infirmière, psychologue, éducateurs). Les thérapies cognitivo-comportementales sont particulièrement indiquées dans la phobie scolaire. Le thérapeute cognitivo-comportementaliste cherche à modifier le comportement de l’enfant ou de l’adolescent afin de lui permettre de se libérer rapidement des symptômes qui le font souffrir. Lorsqu’un jeune garçon ou une jeune fille est confronté(e) à une phobie scolaire, il est intéressant d’adopter une approche pragmatique : plutôt que de rechercher le sens de ces symptômes (ce que ferait un psychanalyste), le thérapeute cognitivo-comportementaliste aide l’enfant à « désapprendre » les comportements inadaptés qui le gênent, et à en adopter d’autres qui permettent une vie plus normale. Le thérapeute tente d’agir sur les comportements, mais prend aussi en compte les idées et les sentiments de l’enfant, son univers intérieur. Ces thérapies n’apportent donc pas de réponses à une difficulté existentielle ou à une meilleure connaissance de soi-même ; elles aident à se débarrasser de symptômes que l’on peut isoler et décrire. Le thérapeute analyse ce qui motive la demande d’aide, étudie la fréquence et l’intensité des symptômes, les circonstances dans lesquelles ils se produisent, les facteurs qui les modifient. Il cherche à identifier les réactions corporelles que provoquent la situation angoissante, les circonstances au cours desquelles les symptômes sont apparus la première fois, les conséquences familiales, sociales, professionnelles, les réactions de l’entourage, etc. Témoignage d’une ancienne phobique de l’école Je redouble actuellement ma première ES,et depuis environ quatre mois je suis victime de phobie scolaire. J’avais mal au ventre, à la tête, et je ne pouvais pas rester plus de dix minutes en classe. J’étais prise de panique.Alors je suis allée voir l’infirmière du lycée (qui n’a rien mis en évidence) et mon médecin traitant qui m’a fait passer plusieurs examens médicaux.Finalement,le diagnostic de phobie scolaire a été posé.Au tout début,je ne voulais pas rencontrer un psychiatre, car je ne voyais pas comment un inconnu pourrait m’aider alors que mes amis n’y arrivaient pas, et que même moi je ne savais pas d’où cela venait. Puis je n’ai pas vraiment eu le choix :les professeurs parlaient de réorientation,personne ne me comprenait.Alors j’y suis allée (et j’y vais toujours), et il m’a proposé une thérapie comportementale et cognitive pour que j’apprenne à contrôler mes crises d’angoisse. Aujourd’hui, c’était mon dernier rendez-vous, car je suis « guérie » ! Je peux aller en cours et passer mes contrôles, même si mes notes sont encore mauvaises. Grâce à cette démarche,j’ai pu retrouver ma « vie d’avant » en trois mois. Lorsqu’on est phobique scolaire,on souffre intérieurement, 74 et on doit faire quelque chose. Les remarques des autres élèves à l’école sont blessantes, mais grâce à ce suivi j’ai pu les surmonter et cela m’a permis d’avoir confiance en moi, ce qui était pour moi inimaginable auparavant. De plus, la phobie scolaire est souvent accompagnée de dépression, et il faut donc agir vite. Enfin, il faut souligner l’importance du soutien des proches. Sans mes parents et mes amis, je ne serais certainement plus là actuellement, car j’ai trop souffert. J’ai vraiment enduré un supplice physique et moral. Ils m’ont beaucoup aidée.Avec le temps, j’ai compris qu’il ne faut pas hésiter à engager une thérapie, car reconnaître ses faiblesses c’est faire un premier pas sur le chemin de la guérison ; qu’il est nécessaire de s’entourer de gens qui croient en nous,parce que souvent les phobies sont encouragées par le manque de confiance en soi ; qu’il est important de bien suivre les recommandations du psychiatre ; qu’il faut pratiquer une activité extrascolaire où l’on est doué car cela permet de retrouver confiance en soi ; et surtout qu’il y a toujours une cause à ces phobies. Et plus que tout, il faut dédramatiser cette maladie. © Cerveau & Psycho - N° 17 Alors s’élabore une stratégie thérapeutique adaptée. Le plus important est d’abord d’enseigner à l’enfant une technique de relaxation. Puis l’enfant apprend progressivement à réduire et à gérer son angoisse. Quand il doit aller en classe, l’enfant est en proie à un monologue intérieur, à un flot continu de pensées qui donne une coloration émotionnelle à la réalité : tristesse, angoisse ou colère. Ce monologue intérieur devient vite un schéma mental, une image qui déclenche une émotion négative. L’ensemble de ces schémas est stocké dans la mémoire à long terme, et est activé automatiquement lorsque le même événement se reproduit. Le passé fait irruption dans le présent, ce qui explique que généralement le phénomène s’amplifie au fil du temps. L’élève anticipe ce qui va se passer, c’est-à-dire se met en situation d’angoisse et d’échec avant même l’heure de l’école. La perception de la réalité et la réalité ellemême sont déconnectées. Le thérapeute aide l’enfant à comprendre comment ses pensées déclenchent et maintiennent les émotions et les comportements qui engendrent la souffrance. Cette prise de conscience accomplie, il aide à rompre cet enchaînement. Aider l’enfant à extérioriser ses angoisses La part relative de chaque facteur identifié lors de l’évaluation est une indication lors du choix de la technique psychothérapique à envisager : pour les jeunes qui évitent les situations provoquant des sentiments négatifs, la désensibilisation systématique, c’est-à-dire l’exposition graduelle aux conditions scolaires, est la première technique à mettre en œuvre. L’enfant est accompagné à l’école d’abord pendant une heure, puis deux, puis une matinée. Le thérapeute demande à l’enfant de décrire comment cela s’est passé, lui fait dire si les autres élèves ont été désagréables ou non, lui fait prendre conscience que tout s’est plutôt bien passé, que l’enseignant lui a fait des compliments, etc. Pour ceux qui tentent d’échapper à une angoisse massive incontrôlable, on utilisera les jeux de rôle et la thérapie cognitive. Les jeux de rôle peuvent être utiles quand on souhaite mettre en scène la situation qui pose problème. Le comportement adapté est présenté par le thérapeute, puis l'enfant doit le reproduire en présence du thérapeute, puis dans des situations similaires. Quant à la thérapie cognitive, elle travaille sur la cognition, c’est-à-dire sur la représentation des sentiments, des émotions, des pensées, des images mentales que notre esprit fabrique lorsqu'un événement se produit ou va se produire. En essayant de comprendre comment les pensées négatives déclenchent et maintiennent les émotions et les comportements sources de souffrance, le thérapeute aide l’enfant à les modifier. Dans tous les cas, l’objectif est d’augmenter les habiletés de gestion du stress et d’adaptation, ce qui permet de réduire les réactions anxieuses de l’enfant. En ce qui concerne un jeune qui refuse d’aller à l’école uniquement pour obtenir plus d’attention de la part de ses proches, les parents apprennent à l’aider à gérer son stress, à augmenter sa confiance en lui et à s’affirmer. Dans ce cas, une thérapie familiale peut également être indiquée. Lorsque plusieurs facteurs sont à la source de la phobie scolaire, diverses © Cerveau & Psycho - N° 17 Prise en charge d’une phobie scolaire omment aborder les enfants phobiques qui refusent d’aller à l’école ? Outre la phobie scolaire, un enfant d’âge préscolaire peut avoir d’autres phobies : peur des chiens, du tonnerre, des microbes, du noir… Un enfant sur deux d’âge scolaire vivra une phobie quelconque ! C Reconnaître les symptômes de la phobie scolaire Comment reconnaître les symptômes de la phobie scolaire ? Ils peuvent aller du simple mal de ventre à de graves migraines ou des douleurs articulaires aiguës. Dans le doute, il vaut mieux consulter un médecin afin d’éliminer tout autre problème d’origine physique. Aider l’enfant à identifier l’origine de sa phobie Pour le parent confronté à un enfant qui refuse d’aller à l’école, la situation est délicate. La raison invoquée peut sembler banale ou même ridicule, mais pour l’enfant il s’agit souvent d’un stress majeur qui lui semble insurmontable et qu’il veut à tout prix éviter ! Parfois, l’enfant éprouve des difficultés à identifier le facteur qui cause sa phobie et qui peut être la peur d’établir des relations avec ses pairs, la peur d’être la risée des camarades, la peur de l’échec... Comment déjouer le mystère des symptômes pour amener l’enfant à être conscient de ses propres peurs ? Rien ne vaut la reformulation d’une situation de stress vécue par l’enfant : « Se pourrait-il que tu aies mal au ventre parce que tu n’as pas envie de revoir le « grand » qui t’a bousculé ? » Discuter avec les intervenants scolaires Dans certaines situations, il est souhaitable de discuter de la situation avec les intervenants scolaires. Ces derniers pourront aider à évaluer le problème et à envisager des solutions pour permettre un retour à l’école sans heurts. Quel que soit le plan mis en œuvre, le retour en classe est impératif. D’ailleurs, à ce propos, une consigne est de mise : si l’enfant est assez en forme pour se lever et avoir des activités à la maison, il est suffisamment en forme pour aller à l’école ! techniques thérapeutiques doivent souvent être combinées, mais il faut commencer par identifier pourquoi l’enfant refuse d’aller à l’école. Les parents ne peuvent pas obliger un enfant ou un adolescent à affronter sa phobie : sans une aide psychologique adaptée, la phobie scolaire peut parfois prendre des formes graves, pouvant aller jusqu’à une déscolarisation – et une désocialisation – complète. Il arrive que certains adolescents passent des années scolaires entières à prendre des cours particuliers chez eux, sans voir aucun ami, sans pratiquer aucune activité extérieure. La question de leur avenir se pose alors : ils seront incapables de vivre en société, auront des difficultés à travailler, n’auront pas de relations sociales et affectives... Dans tous les cas, si l’enfant ou l’adolescent commence à avoir peur de situations qu’il affrontait naturellement auparavant, il est important d’en parler avec lui, même si ces craintes paraissent parfois saugrenues. Et pour aborder ces problèmes, il est préférable de choisir une personne neutre, comme le médecin de famille ou l’infirmière scolaire par exemple, qui peuvent ensuite orienter vers un spécialiste qui a l’habitude de gérer ce type de troubles. N’oubliez pas que c’est lorsqu’une peur n’est pas verbalisée qu’elle a le plus de risques de se transformer en phobie ! ◆ Jérôme PALAZZOLO est psychiatre libéral à Nice, professeur de socioanthropologie de la santé à l’Université internationale Senghor d’Alexandrie et chargé de cours à l’Université de Nice-Sophia Antipolis. 75