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[Healthcare Executive • N°64 • 2012]
résultats de laboratoire ne constituant ici qu’un
volet des données disponibles. Elle permet d’éla-
borer un dossier central pour chaque patient. Ce
dossier, présent sur un serveur, est exclusivement
accessible sur autorisation du patient, par les
seules parties habilitées à cet effet.
Cette plateforme exclut toute présentation par les
laboratoires de résultats sous forme non normali-
sée, un aspect qui ne se rapporte pas uniquement
au cryptage électronique. Il est notamment ques-
tion d’utiliser les unités ad hoc, afin que tout mé-
decin consultant le dossier puisse évaluer correc-
tement les résultats.
Il y a aussi des normes
européennes…
Dès 1977, l’Europe a décidé que les unités utilisées
seraient les unités S.I. Si certains pays ont effecti-
vement appliqué ces normes (Royaume-Uni, Pays-
Bas et pays scandinaves), aucun consensus n’a pu
être atteint à cet égard en Belgique.
Situation actuelle
La commission de biologie clinique se penche sur
ce problème depuis longtemps. Les Professeurs
Chapelle (ULiège) et Blanckaert (KULeuven), sou-
tenus par l’ISP, ont donné l’impulsion visant à uni-
formiser les unités. Il existe aujourd’hui des dispo-
sitions précises en vue de l’introduction par
étapes d’unités uniformes en Belgique. A cet
égard, il importe que l’ISP, dans le contexte de
l’évaluation externe de la qualité (EEQ), élabore à
l’avenir ses rapports uniquement sur la base
d’unités préférentielles.
La mise en oeuvre des nouvelles unités HbA1c –
converties en mmol/mol à partir de % dans de
nombreux pays européens – a récemment dé-
montré que les biologistes cliniques pouvaient
effectivement adapter les unités. Cette conversion
a également des conséquences majeures pour le
patient. Les anciens résultats habituels ne corres-
pondent plus. Le patient est contraint de s’adap-
ter, et y parvient progressivement…
Feuille de route
Heureusement, il existe aussi des dosages –
consensuels – pour lesquels les mêmes unités
sont d’ores et déjà utilisées. Il apparaît par ailleurs
que la Belgique ne va pas adopter les unités S.I.
pour tous les dosages, mais bien des unités
préférentielles. La créatinine et le cholestérol (et
d’autres valeurs) seront notamment exprimées en
mg/dL et non en mmol/L. L’unité de volume dL
continuera donc à être utilisée pour les dosages
utilisés par tout un chacun.
Certaines unités – telle l’unité américaine BUN – ne
peuvent plus être utilisées. L’urée est également
exprimée en mg/dL. La détermination en «mg%»
est obsolète et ne peut plus être appliquée.
Le Tableau 2 indique ces dosages et leurs unités.
Seuls les utilisateurs particulièrement attentifs
remarqueront la 1e étape (1er mars 2012). La
valeur numérique ne sera pas modifiée lors de
cette conversion, le litre restant l’unité de volume.
L’opération consiste à convertir mg/mL en g/L ou
mEq/L, ensuite exprimé en mmol/L (sodium, po-
tassium, chlorure, bicarbonate). À partir du 1er
mars 2012, tous les marqueurs tumoraux seront
également exprimés sur la base de 1 litre.
Le dosage en mg/L est utilisé pour la TDM, à l’ex-
ception du lithium, exprimé en mmol/L. Le tableau
3 indique la liste de ces dosages sur la base des
unités uniformes (depuis le 1er mars 2012).
Cela peut sembler une étape facile, puisque les
données chiffrées ne changent pas, mais la com-
munication des données requiert toutefois des
efforts importants de la part des laboratoires.
L’unité doit en effet être adaptée partout (où cela
s’avère nécessaire). De plus, les bilans présentant
un aperçu des résultats antérieurs devront égale-
ment être adaptés en fonction de ces unités, afin
d’assurer l’uniformité des résultats et d’éviter tout
doute chez les utilisateurs.
La 2e étape, à mettre en oeuvre par tous les labo-
ratoires le 1er décembre 2012, sera beaucoup
plus exigeante pour les laboratoires et les utilisa-
teurs, car elle se rapporte à des paramètres né-
cessitant un changement d’unité et de valeur nu-
mérique. La modification dépend naturellement
de l’unité utilisée par le laboratoire avant la transi-
tion. Certains laboratoires ne doivent donc opérer
aucun changement pour des paramètres donnés.
Une transition relativement homogène est égale-
ment prévue à cet égard. A compter du 1er dé-
cembre, les protéines seront exprimées en g/L, une
modification applicable aux «grandes» immunoglo-
bulines, mais non, par exemple, aux CRP. Les pro-
téines CRP seront exprimées en mg/L et non plus
en mg/dL. De même, certains ions, tels le calcium,
le phosphate et le magnésium, seront exprimés en
mmol/L à partir du 1er décembre. Les paramètres
concernés sont indiqués dans le tableau 4.
La valeur numérique des CRP sera donc dix fois
plus élevée. En ce qui concerne le calcium, la
conversion dépend des anciennes unités. Le pro-
blème est lié au fait que le médecin prescripteur
va devoir appréhender les résultats anormaux sur
une base nouvelle, sans conversion. Il suffit de
penser au passage des anciens francs belges aux
euros et à la longue période pendant laquelle cer-
tains continuaient à effectuer une conversion
lorsqu’ils doivent prendre une décision impor-
tante, par exemple pour l’achat d’une voiture.
La 3e étape, pour laquelle aucune date n’a à ce
jour été fixée, concerne essentiellement un cer-
tain nombre d’hormones pour lesquelles l’unité
ainsi que la valeur numérique devront être adap-
tées dans de nombreux laboratoires. Tous les la-
boratoires seront tenus de procéder à cette modi-
fication.
L’importance de cette dernière conversion est il-
lustrée par les valeurs fT3 et fT4, aujourd’hui ex-
primées sur la base d’un poids et d’une mesure
de volume, et qui seront exprimées en fonction
d’unités nouvelles. Si ces paramètres étaient ex-
primés dans l’unité S.I. proposée, soit pmol/L,
nous pourrions disposer d’une base de comparai-
PROTEINES IONOGRAMME
Protéines totale g/L
Albumine g/L
IgA g/L
IgG g/L Calcium mmol/L
IgM g/L Fosfor mmol/L
CRP mg/L Magnesium mmol/L
Tableau 4: Paramètres et unités
correspondantes à partir du 1er
décembre 2012.
AFP µg/L
GH µg/L
Prolactine µg/L
FT3 pmol/L
FT4 pmol/L
Peptide C nmol/L
Cortisol nmol/L
Testostérone totale nmol/L
DHEA-S µmol/L
Tableau 5: Série d’hormones pour lesquelles
une date doit encore être fixée.
Le groupe de travail «chimie» de la
commission de biologie clinique a
examiné le problème des unités et de leur
normalisation. Le Professeur Dr Frank
Martens (AZ Groeninge, Courtrai) préside
ce groupe de travail et poursuit le projet
entrepris par les Professeurs Blanckaert
et Chapelle. Nous avons discuté de la
situation actuelle, à Courtrai, avec le
Professeur Martens et Piet Cammaert
(biol. clin. apr., Laboratoire clinique Van
Poucke, Courtrai).