Un nouveau jouet pour bobos ? Les promoteurs du projet s’en défendent. Loin d’eux l’idée de « jouer au
Monopoly entre nous ». Une monnaie locale doit aussi servir à améliorer la vie des plus démunis,
comme le souligne Serge Ascencio :
« Par exemple, on pourrait imaginer donner plus de monnaie locale que d’euros, une sorte de bonus
comme c’est le cas à Toulouse où pour 20 euros on reçoit 21 Sols. »
La ville de Toulouse travaille d’ailleurs avec trois Maisons des chômeurs, des associations d’aide, pour
intégrer des familles à la situation précaire dans le dispositif, en distribuant des prestations sociales en
sol-violette (http://www.spirale.attac.org/article/le-sol-violette-toulouse). S’investir dans une démarche
sociale et solidaire est « à la portée de tous » veut croire Cécile Favé, convaincue que chaque citoyen
a la capacité de « se réapproprier l’économie ».
Avec une « monnaie fondante », pas de spéculation possible
Une monnaie locale complémentaire ne se substitue pas à l’euro, même si sa valeur d’échange y est
adossée. Une unité de monnaie locale vaut un euro. Les monnaies locales sont dites « fondantes » car
elles perdent de leur valeur avec le temps si elles ne sont pas utilisées. Ainsi à Toulouse, chaque sol-
violette a une date d’émission et perd 2% de sa valeur après trois mois sans utilisation. Pour remettre
le coupon-périmé dans le circuit, il faut payer auprès de la banque 2 centimes d’euros par sol-Violette.
L’objectif étant que cette monnaie circule rapidement, car plus l’argent circule vite, plus il crée de
l’activité. Les partenaires et les particuliers peuvent reconvertir leur monnaie contre des euros, à
condition toutefois de verser une commission de 3 à 5%. L’usager peut aussi payer avec un mix
euro/stück, comme avec un ticket resto. A Strasbourg, les promoteurs n’ont pas encore choisi si la
monnaie d’un paiement en stück pourra être rendue en euros, comme c’est le cas pour d’autres
monnaies locales.
Pour les utilisateurs, il faudra adhérer à une structure – qui reste à définir- pour échanger ses euros
contre des stücks. Les euros déposés sur un fonds de garantie seront ensuite gérés par la structure
avec l’aide d’une banque partenaire. Ce pécule sera réutilisé pour financer des projets de
développement local. A Toulouse, les « solistes », membres de l’association sol-violette (http://solviolet
te-www.b4.catalyz.fr/), échangent leurs euros contre des billets de 1 à 50 Sols au Crédit coopératif ou
au Crédit municipal. Cécile Favé, elle, espère que la société financière de la Nef (nouvelle économie
fraternelle) (http://www.lanef.com/), une coopérative de finances solidaires, deviendra la banque de la
monnaie locale strasbourgeoise. Elle explique ce choix :
« Alors qu’avec le Crédit coopératif on ne peut pas vraiment flécher où va l’argent et où il est
dépensé concrètement, avec la Nef, cela permettrait de réinvestir localement les euros déposés sur
le fonds de garantie, pour un projet concret. Par exemple, participer à l’achat d’un outil de production
pour un prestataire partenaire… »
Lancement espéré pour la rentrée 2014
Le projet de créer le stück a émergé en juin 2012 à l’initiative du réseau Colibris et de l’association
Éco-Quartier. Quelques mois de documentation et d’études plus tard, le groupe a obtenu une
subvention du fonds social européen pour une étude de faisabilité (à hauteur de 17 000€) et l’appui de
co-financeurs : la Région Alsace, la Ville de Strasbourg et l’Ademe (http://www.ademe.fr/alsace/) (à
hauteur d’environ 2 000€ chacun).