I – ESSAIS
POLITIQUE ET LIBER : ARENDT ET ROSA LUXEMBURG
Charles BOYER
Hon. Lycée La Fontaine, Paris
On connaît l’anecdote, Hannah Arendt la rapporte dans une lettre à son ami
Kurt Blumenfeld du 31 juillet 1956 1: à propos de son essai sur l’autorité, elle lui fait
part de la réaction négative de Jaspers car elle cite Heidegger et parce qu’« il flaire
un trop plein de radicalité l’odeur de soufre de la révolution. Curieux, comme les
gens le détectent. À Berkeley, je n’ai jamais évoqué le nom de Rosa Luxemburg
(excluant qu’il fût connu de qui que ce soit), les étudiants m’ont raconté, pendant une
soirée bien arrosée, qu’entre eux ils s’étaient dit : Rosa est revenue. De tout jeunes
gens. Un beau compliment. Tu seras bien certainement de cet avis. » Deux ans plus
tard, on retrouve la même référence à Rosa Luxemburg dans sa correspondance avec
son (second) mari, Heinrich Blücher 2: de Munich, début juillet 1958, elle lui donne
de ses nouvelles et ajoute, « Il faut que je te dise, le monsieur qui m’a présentée pour
la conférence m’a comparée, c’est un exercice obligé, à Rosa Luxemburg et à Ricarda
Huch [femme de lettres allemande 1864-1947]. Sans parler de Ricarda Huch, j’ai
répondu que c’était un honneur d’être citée au côté de Rosa Luxemburg. À ce
moment, les jeunes dans la salle se sont mis spontanément à applaudir. J’aimerais
bien savoir d’où ils la connaissent. Il n’y a pas la moindre de ses œuvres en librairie.
Piper par exemple savait à peine qui c’était. » Et le 14 de ce même mois, elle lui écrit
de New York : « Je suis très contente que la Révolution hongroise paraisse en Alle-
magne. Si les jeunes ont quelques notions de Rosa Luxemburg, ça leur fera du bien de
reconnaître les vrais moyens pratiques du contrôle politique par des hommes libres et
la crainte qu’ils éveillent chez les vieux pouvoirs obsolètes. »
On pourrait être surpris par de tels propos car on n’a pas l’habitude d’associer
Arendt à cette révolutionnaire. Pourtant sa biographe Elisabeth Young-Bruehl 3nous
1. H. Arendt/K. Blumenfeld, Correspondance 1933-1963, Préface de M. Leibovici, Midrash, Desclée de Brou-
wer, 1998.
2. H. Arendt/H. Blücher, Correspondance 1936-1968, Calmann-Lévy, 1999.
3. E. Young-Bruehl, Hannah Arendt, Coll. Les vies des philosophes, Calmann-Lévy, 1999.
L’enseignement philosophique – 59eannée – Numéro 1
4CHARLES BOYER
apprend que la mère d’Hannah Arendt, Martha, « soutint les Spartakistes lorsque leur
soulèvement aboutit à une grève générale dans la première semaine de 1919 », celle-
ci étant une « fervente admiratrice de Rosa Luxemburg » et Hannah avait donc « onze
ans quand sa mère l’avait emmenée aux manifestations de soutien aux spartakistes à
Königsberg. ». Elle nous apprend aussi qu’en 1936 Arendt rencontre Heinrich Blücher,
spartakiste réfugié, lecteur de Rosa Luxemburg, Trotski et Boukharine et qui devien-
dra son second mari après son divorce d’avec Günther Anders. Et elle précise qu’après
1923 et l’échec du « deuxième Octobre », « le déclin et la chute du PCA (parti commu-
niste allemand), comme Blücher le racontera, fournira à H. Arendt une image claire
à laquelle elle ne manquera jamais de se référer de ce qui est indispensable au suc-
cès d’une révolution : des conseils (Räte) locaux, spontanément organisés, qui ne sont
ni contrôlés par les conseils du parti ici, ceux du parti social-démocrate ni par des
organisations extérieures ou étrangères ici, le parti de Moscou. » En effet, ajoute-t-
elle, « A l’automne 1923, l’idée centrale de la théorie luxemburgiste de la révolution,
selon laquelle « l’organisation de l’action révolutionnaire peut et doit être apprise
dans la révolution elle-même, comme on peut apprendre à nager qu’en nageant »
était largement oubliée. ».
Mais sa biographe nous apprend encore que c’est après 56 qu’elle va « exposer
publiquement les moyens dont un parti politique pouvait disposer pour ne pas perdre
ses racines le système des conseils »quoique l’idée de « spontanéité
révolutionnaire » de Rosa Luxemburg jouât depuis longtemps un rôle dans sa pensée.
« Le premier travail d’Arendt sur l’affaire Dreyfus était pénétré des analyses que Rosa
Luxemburg avait faites de la crise sociale en France à la fin du siècle ; l’Accumulation
du Capital était un élément essentiel de sa réflexion sur l’impérialisme; mais c’est sur-
tout la lecture de La Révolution russe qui accompagnera Arendt au cours de son travail
sur la critique du marxisme dans Condition de l’homme moderne4
Ainsi on peut déjà affirmer, grâce à ces éléments biographiques, que Rosa
Luxemburg fait partie de son « héritage », transmis par sa mère et son second mari, ce
qui serait suffisant pour comprendre l’importance qu’elle a accordée à ce rapproche-
ment, d’autant qu’il semble qu’elle identifiait son couple à celui de Rosa et Léo
Jogiches. Mais on a vu aussi qu’il ne s’agit pas uniquement de personnes, il s’agit
aussi de la pensée politique de Rosa Luxemburg. D’où la nécessité d’y aller voir de
plus près. Pour cela, nous devrons aborder des textes de Hannah Arendt, textes qui
portent sur Rosa Luxemburg et textes dans lesquels on peut, peut-être, déceler son
influence qui, si cela est le cas, devra alors être précisée et analysée. Mais un tel tra-
vail nous oblige d’abord à nous pencher sur Rosa Luxemburg et sa théorie politique
afin de pouvoir comparer avec plus d’exactitude sa pensée et celle d’Hannah Arendt.
ROSA LUXEMBURG ET LA SPONTANÉITÉ RÉVOLUTIONNAIRE 5
Née en 1871 dans une famille juive polonaise, Rosa va acquérir la nationalité
allemande en 1897. Tout en poursuivant de solides études (mathématiques, sciences,
droit, économie politique), elle milite et va devenir une figure importante du parti
social-démocrate de Pologne et de Lituanie mais aussi d’Allemagne, où elle s’opposera
au révisionnisme de Bernstein puis de Kautsky, les deux dirigeants réformistes du
4. L’affaire Dreyfus est le dernier chapitre de Sur l’antisémitisme, première partie des Origines du totalitarisme ;
L’Impérialisme en est la deuxième partie; la critique de Marx se trouve dans le chapitre 3 sur Le travail.
5. Nous utilisons l’ouvrage suivant :Rosa Luxemburg, Textes; réforme, révolution, social-démocratie ; Edit. réali-
sée par Gilbert Badia; essentiel, Edit. Sociales, 1982.
POLITIQUE ET LIBERTÉ: ARENDT ET ROSA LUXEMBURG 5
parti social-démocrate allemand. Ses positions révolutionnaires lui vaudront de nom-
breux séjours en prison, d’autant qu’elle sera une figure de proue de la révolution
allemande qui éclata à la suite de la révolution russe mais qui échouera : après la fon-
dation de la ligue Spartakus puis du parti communiste allemand, elle sera assassinée
avec Karl Liebknecht, l’autre dirigeant spartakiste, le 15 janvier 1919. Marxiste, inter-
nationaliste, pacifiste, s’opposant au réformisme de la social-démocratie, favorable à
la révolution russe, ce n’est qu’après sa mort que sa critique bienveillante des
« erreurs » commises par Lénine et Trotski fera d’elle un « contre modèle » politique.
Voyons donc de plus près sa pensée.
Dès le lendemain de la révolution de 1905 à laquelle elle prend part à Varso-
vie, alors partie intégrante de l’empire russe, elle développe l’idée de « grève de
masse » qu’elle définit comme « la forme que prend le mouvement de la masse prolé-
tarienne, la forme sous laquelle la lutte prolétarienne se manifeste dans la
révolution », s’opposant ainsi à ceux qui distinguaient grève politique et grève écono-
mique pour contrer le mouvement révolutionnaire ou bien prétendaient le diriger. Et
d’ajouter: « L’élément spontané joue, nous l’avons vu, un grand rôle dans toutes les
grèves de masse en Russie, qu’il fasse office de moteur ou de frein. » (Souligné par
nous). Et encore: « Bref, si l’élément spontané joue dans les grèves de masse, en Rus-
sie, un rôle si prédominant, ce n’est point parce que le prolétariat russe est
« inéduqué », mais parce que les révolutions récusent tout magistère. » (Idem). Mais ce
« spontanéisme » ne signifie pas un rejet de l’organisation, du parti, comme l’indique
la Résolution présentée au congrès de Iéna du parti social-démocrate allemand en
1913: en effet, c’est après avoir rappelé l’importance du « développement de l’organi-
sation politique et syndicale » qu’elle ajoute : « Cependant, la grève de masse ne sau-
rait être provoquée artificiellement sur ordre de la direction du parti et des syndicats.
Elle ne saurait se produire qu’au cours d’une action de masse déjà engagée… ». Elle
invite alors le parti « à prendre toutes les mesures pour que le prolétariat allemand
soit prêt, dans toutes les éventualités, à livrer les luttes qui nous attendent. » Et il ne
faut pas oublier que si elle participe activement aux congrès nationaux et internatio-
naux, elle enseigne aussi l’économie politique à l’école du parti à Berlin!
Or, en mettant l’accent sur « l’élément spontané », Rosa Luxemburg ne faisait
que caractériser la politique par la liberté. D’où, dans son fameux texte sur La Révolu-
tion russe qu’elle écrivit en prison au cours de l’été 1918 et qui fut publié en 1922
après sa mort sa critique (bienveillante) des erreurs commises par les bolcheviks et
qui porte en particulier sur cette question clef de la liberté. En effet, après avoir salué
la révolution russe, sa critique porte sur la réforme agraire, la politique du « droit des
nations à l’autodétermination » et surtout sur le fait de ne pas avoir organisé des élec-
tions à une nouvelle constituante après l’avoir dissoute, à juste titre, en
novembre 1917. Ainsi reproche-t-elle vivement à Lénine et Trotski d’avoir éliminé la
démocratie : « Certes, écrit-elle, toute institution démocratique a ses limites et ses
lacunes : c’est le lot commun de toute institution humaine. Seulement le remède
qu’ont trouvé Trotski et Lénine: l’élimination de la démocratie tout court, est pire que
le mal qu’il doit pallier; il obstrue en effet la seule source vivante à partir de laquelle
pouvaient être corrigées les insuffisances congénitales des institutions sociales : la vie
politique énergique, sans entraves, active, des masses populaires les plus larges. » Elle
poursuit alors en contestant le mode de scrutin élaboré par le gouvernement des
soviets ainsi que la « suppression des garanties démocratiques essentielles d’une saine
vie publique et de l’activité politique des masses laborieuses. » Et c’est dans la
marge gauche du manuscrit, selon G. Badia, que se situe cette fameuse note : « La
6CHARLES BOYER
liberté pour les seuls partisans du gouvernement, pour les seuls membres d’un parti si
nombreux soient-ils –, ce n’est pas la liberté. La liberté, c’est toujours la liberté de celui
qui ne pense pas comme vous. Ce n’est pas par quelque souci fanatique de « justice »,
mais parce que tout ce que la liberté politique a de vivifiant, de salutaire et de purifiant
dépend de ce caractère essentiel, et que ces vertus cessent d’agir quand la « liberté »
devient un privilège. » (Souligné par nous). Et elle développe autrement la même idée
dans le corps du texte lorsqu’elle écrit : « L’hypothèse tacite de la théorie de la dictatu-
re au sens de Lénine-Trotski, c’est que la révolution socialiste serait un phénomène
dont le parti révolutionnaire a en poche la recette toute prête, qu’il suffirait ensuite
de réaliser avec énergie. » Or « de par sa nature, le socialisme ne saurait être octroyé,
introduit par ukase. […] Seule une vie sans entraves, effervescente, suscitera mille
formes nouvelles, des improvisations, maintiendra l’énergie créatrice, corrigeant d’elle-
même tous les faux pas. » Faute de cela, c’est « une clique qui gouverne… ». Bref,
pour Rosa Luxemburg, on ne peut opposer « dictature ou démocratie », comme le font
aussi bien les bolcheviks que le social-démocrate Kautsky, car il faut certes une dicta-
ture, « mais la dictature de la classe, pas celle d’un parti ou d’une clique » pour « ins-
taurer la démocratie socialiste en la substituant à la démocratie bourgeoise » ; donc,
non pas supprimer la démocratie mais l’« appliquer » autrement!
DU « LUXEMBURGISME » D’HANNAH ARENDT
Cela dit, il est temps, pour nous, de revenir à Arendt, en analysant deux textes
dans lesquels il est question de Rosa Luxemburg, c’est-à-dire ses Réflexions sur la révo-
lution hongroise de 1956, et le compte rendu de la biographie de Rosa Luxemburg par
Nettl qu’elle fit en 1966 6.
Si la révolution hongroise de 56 l’amène à compléter Les origines du totalitaris-
me, c’est que cette révolution met en jeu sa conception du politique. En effet, d’em-
blée, elle caractérise la révolution hongroise de 56 d’« une chose telle qu’« une révolu-
tion spontanée » à la Rosa Luxemburg ce soulèvement soudain d’un peuple oppri-
mé, luttant pour la liberté et pratiquement pour rien d’autre, sans le chaos d’une
défaite militaire qui le précéderait, sans le recours aux techniques du coup d’État, sans
le réseau dense d’un appareil d’organisateurs et de conspirateurs, sans la propagande
déstabilisante d’un parti révolutionnaire, c’est-à-dire ce que tout le monde, les conser-
vateurs comme les libéraux, les radicaux comme les révolutionnaires, avait rejeté tel
un beau rêve si donc une telle révolution a jamais existé, alors c’est nous qui avons
eu le privilège d’en être les témoins. » C’est dire d’emblée que le « luxemburgisme »
d’Arendt n’est pas tout à fait fidèle à celui de Rosa Luxemburg – d’où les guillemets
car celle-ci a toujours considéré, nous l’avons vu, en bonne marxiste, certes non
orthodoxe, que l’existence du parti révolutionnaire était fondamentale. Ainsi, Arendt
radicalise en quelque sorte le spontanéisme de Rosa Luxemburg, à laquelle elle ne se
réfère plus dans la suite du chapitre.
Spontanéisme radical, « libertaire », qu’elle énonce aussi quand elle ajoute :
«Peut-être le professeur hongrois avait-il raison, lorsqu’il déclara devant la Commis-
sion des Nations Unies: « Fait unique dans l’histoire, la révolution hongroise n’avait
pas de chefs. Elle n’était pas organisée ; elle n’était pas dirigée par un organe central.
Le désir de liberté était à l’origine de chaque action. ». » C’est pourquoi, elle met
6. Réflexions sur la révolution hongroise (chapitre XIV de l’édition de 1958 des Origines du totalitarisme) in
Arendt, Les origines du totalitarisme. Eichmann à Jérusalem.Quarto/Gallimard, 2002. Et Rosa Luxemburg.
1871-1919 in H. Arendt, Vies politiques, TEL Gallimard, 1986.
POLITIQUE ET LIBERTÉ: ARENDT ET ROSA LUXEMBURG 7
ensuite l’accent sur l’apparition « spontanée » des « conseils révolutionnaires et (des)
conseils ouvriers » qu’elle oppose au « système des partis » qu’elle condamne puis-
qu’elle écrit : « C’est dans l’essor des conseils, et non dans la restauration des partis,
que se trouve le signe évident d’une véritable renaissance de la démocratie contre la
dictature, de la liberté contre la tyrannie. » Ainsi, elle met au cœur de ses réflexions,
ces conseils qui « ont fait leur première apparition au cours de la révolution qui
balaya l’Europe en 1848 » et réapparurent avec la Commune de Paris (1871), la révo-
lution russe de 1905, celle d’Octobre ainsi qu’« en Allemagne et en Autriche après la
Première Guerre mondiale. » On comprend dès lors l’intérêt qu’elle portera aux évé-
nements de 68 en France comme en témoigne sa correspondance avec Mary McCar-
thy à propos de Daniel Cohn-Bendit dont elle connaissait bien les parents, ou encore
avec Karl Jaspers à qui elle écrit le 26 juin 1968 : « Il y aurait beaucoup à dire de la
politique. Il semble que les enfants du XXIesiècle apprendront un jour l’année 1968
comme nous avons appris l’année 1848. »7.
Si on passe maintenant au second texte, c’est-à-dire le compte rendu de la bio-
graphie de Rosa Luxemburg par J.-P. Nettl, compte rendu paru en 1966 dans The New
York Review of Books, on voit que l’intérêt de Hannah Arendt pour « Rosa la rouge »
ne s’est jamais démenti. Si on fait abstraction de l’appréciation qu’elle porte sur cette
biographie, on constate qu’elle met d’abord l’accent sur ce qui distingue Rosa Luxem-
burg de Marx et de Lénine, en particulier quant à leur analyse de l’impérialisme, point
sur lequel nous n’insisterons pas. Puis sur sa judéité, sa vie privée et Léo Jogiches
(1867/1919), juif lituanien, compagnon de Rosa de 1890 à 1906 et qui sera assassi-
né, lui aussi, en ce début de l’année 1919 lors de l’écrasement de la révolution sparta-
kiste. Enfin, Arendt s’étend sur les relations de Rosa Luxemburg avec les dirigeants du
parti social-démocrate allemand, en particulier avec Bernstein, ainsi que sur ses diver-
gences politiques d’avec Lénine, pour conclure sur l’espoir qu’elle fût enfin vraiment
reconnue.
Reste que, dans l’ensemble, ce compte rendu est assez ambigu puisqu’il est à la
fois favorable à la réhabilitation de Rosa Luxemburg et critique vis-à-vis de ses
conceptions politiques, en particulier sur le fait qu’elle « s’est totalement trompée sur
la question nationale ». Ainsi, si elle apprécie son « spontanéisme », elle critique son
internationalisme mais aussi ses « fautes » quand elle « se montre d’accord avec les
pouvoirs officiels du parti socialiste allemand » sur la question nationale en fait la
Pologne – ou sur la « controverse révisionniste » sur laquelle elle s’étend longuement.
Mais tout cela n’ayant aujourd’hui qu’un intérêt historique, nous n’entrerons donc pas
dans le détail de son argumentation critique.
On peut donc en conclure que parler de « luxemburgisme » d’Hannah Arendt,
même avec des guillemets, peut paraître fort problématique, puisqu’elle ne retient des
positions politiques de Rosa Luxemburg que ce qui a trait à la spontanéité révolution-
naire et évacue ce qu’elle n’accepte pas, à savoir le rôle du parti et son internationalis-
me alors que Rosa Luxemburg a toujours combattu dans le cadre des partis
« marxistes » polonais et allemand dès 1887 et ce jusqu’à sa mort ! C’est ainsi que
l’historien Pierre Broué peut écrire, dans sa magistrale étude sur la révolution alle-
mande 8, que si elle s’oppose à la conception du centralisme défendue par Lénine, « il
importe cependant de rappeler en même temps l’attachement de Rosa Luxemburg au
7. H. Arendt / Mary McCarthy, Correspondance 1949-1975, Stock, 1996 ; H. Arendt/K. Jaspers, Correspondan-
ce, 1926-1969, Payot, 1996.
8. P. Broué, Révolution en Allemagne (1917-1923), Coll. Arguments, Edit. de Minuit, 1971.
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