Rosa Luxemburg face aux possibilités de réformes démocratiques du capitalisme : Bernstein et Keynes Mylène GAULARD1 L’ensemble de la réflexion économique de Rosa Luxemburg peut être perçu comme une réponse directe à la thèse réformiste selon laquelle les contradictions du capitalisme pourraient être pacifiquement dépassées à travers un usage « socialiste » de l’Etat démocratique. Contre cette idée, d’abord défendue dans la Seconde Internationale par Eduard Bernstein, elle mobilisera toutes les ressources du marxisme autour d’un axe : les contradictions du capitalisme mènent inévitablement à la catastrophe, et rien ne peut enrayer cette fatalité. Après l’assassinat de Rosa Luxemburg, la théorie de John Maynard Keynes sera au centre d’un regain de l’idéologie réformiste d’un contrôle démocratique de l’économie : la pensée de Luxemburg, paradoxalement récupérée par certains keynésiens, en dénonce en fait clairement l’imposture. 1 Maître de conférences en économie, Université Pierre Mendès France, Grenoble 2, Chercheur associé au Centre de Recherche en Economie de Grenoble