
 3
Allocution d’ouverture de Françoise BORSA-LEBAS  
Présidente du COREVIH Haute-Normandie 
 
Je  voudrais  tout  d'abord  remercier  tous  les 
présents  ce  soir,  les  membres  de  la 
commission  ville  qui  ont  travaillé  sur  cette 
thématique des soins dentaires, les Docteurs 
Alain  DURET  et  Dominique  VUIGNIER 
ainsi  que  le  Professeur  CARON  qui  nous 
confortent dans ces actions. 
Depuis  le  début  de  l'épidémie,  soit  30  ans 
maintenant, les patients vivant avec le VIH 
ont eu, ont ou auront des pathologies bucco-
dentaires liées au VIH, aux comorbidités, à la 
iatrogénie  qu'il  s'agisse  des  antirétroviraux, 
des séquelles radiques des cancers ou d'autres 
thérapeutiques, à l'alimentation, à l'usage de 
drogues  ou  au  manque  d'hygiène.  Ces 
facteurs  sont  multiples  se  croisent  et 
s'additionnent au fil du temps. 
Or  il  s'avère  d'après  plusieurs  enquêtes 
nationales  que  les  chirurgiens  dentistes 
représentent l'une des professions de santé les 
moins  bien  informées  sur  cette  pathologie 
virale, alors que les soins dentaires sont un 
enjeu important pour la santé des personnes 
vivant avec le VIH. C'est pourquoi nous ne 
pouvons  que  vous  remercier d'être  présents 
nombreux  ce  soir,  témoignant  de  l'intérêt 
porté à cette problématique. 
Le  chirurgien  dentiste  peut  être  parfois  le 
soignant de première ligne pour évoquer une 
infection  à  VIH.  Si  au  début  des  années 
2000, pour 30% des personnes infectées les 
lésions  buccales  étaient  les  premières 
manifestations  de  l'infection  à  VIH,  la 
prévalence des 2 problématiques conjuguées 
au cours de l'histoire naturelle était de 65% et 
de  85%  en  cas  de  sida  déclaré.  Avec 
l'efficacité  des  antirétroviraux  actuels,  cette 
prévalence  a  considérablement  diminué 
certes,  des  lésions  buccales  différentes  sont 
constatées, elles doivent cependant alerter. Il 
ne faut pas oublier que 40 000 séropositifs en 
France ignorent leur statut sérologique. 
D'autre part, la communication est essentielle 
entre les différents acteurs de soin du VIH et 
des pathologies dentaires, ne serait-ce qu'en 
raison  des  risques  d'interférences 
médicamenteuses  entre  les  différentes 
molécules  utilisées  ou  de  l'existence  de 
troubles  de  l'hémostase.  En  revanche,  les 
risques  infectieux,  malgré 
l'immunodépression ne sont pas supérieurs à 
ceux de la population générale. 
Cette  communication  repose  sur  la 
connaissance  de  l'infection  virale  par  le 
praticien,  mais  la  capacité  du  patient  à 
l'information se heurte à un passé émaillé de 
refus de soins itératifs, de la défiance ou de la 
crainte évoquée par certains  professionnels 
entrainant  des  mesures  inadéquates  vécues 
comme  discriminatoires,  de  difficultés 
sociales, de l'appréhension d'un parcours de 
soins complexe et de la peur de rupture de 
confidentialité.  
Au  cours  de  cette  soirée,  nous  vous 
présenterons  les  résultats  d'une  enquête 
menée  auprès  des  patients  et  des 
professionnels,  les  avancées  thérapeutiques 
de  l'infection  avec  comme  corollaire  des 
risques professionnels  moindres, les aspects 
sociaux et les  modalités de prise en charge 
par l'assurance maladie.  
Bonne soirée que j'espère riche d'échanges et 
de collaborations futures.