Lignes directrices sur la nutrition www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités. ©Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève, 2015 Toutes les parties de ces Lignes directrices peuvent être copiées à des fins non commerciales, à condition de citer clairement la source. La Fédération internationale apprécierait d’être tenue informée de toute utilisation faite de ce document. Toute demande de reproduction à des fins commerciales doit être adressée directement au Secrétariat de la Fédération internationale ([email protected]). Les opinions et recommandations exprimées dans ces Lignes directrices ne reflètent pas systématiquement la politique officielle de la Fédération internationale. De même, les désignations et les cartes utilisées dans cette publication n’impliquent aucun jugement de la part de la Fédération concernant le statut juridique des territoires concernés ou de leurs autorités. Sauf mention contraire, toutes les photos utilisées dans la présente publication sont la propriété de la Fédération internationale. Couverture et illustrations : Mathilde Laurent ([email protected]) Case postale 303 CH-1211 Genève 19 Suisse Téléphone : +41 22 730 4222 Fax : +41 22 733 0395 Courriel : [email protected] Site web : www.ifrc.org Lignes directrices sur la nutrition 1255500 05/2015 F Suivez-nous : Lignes directrices sur la nutrition La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale) est le plus vaste réseau humanitaire de volontaires au monde. Chaque année, avec ses 189 Sociétés nationales membres dans le monde, elle agit en faveur de 97 millions de personnes par le biais de services et de programmes de développement à long terme, ainsi que de 85 millions de personnes, à travers des opérations d’urgence en cas de catastrophe et de relèvement précoce. Elle œuvre avant, pendant et après les catastrophes et les urgences sanitaires pour répondre aux besoins et améliorer les conditions d’existence des personnes vulnérables. Elle le fait de façon impartiale, sans distinction fondée sur la nationalité, la race, le genre, les croyances religieuses, la classe sociale ou les opinions politiques. Guidées par la Stratégie 2020 – le plan d’action collectif pour faire face aux défis humanitaires majeurs et du développement de la décennie – la Fédération internationale et les Sociétés nationales sont déterminées à « sauver des vies et changer les mentalités ». La Fédération internationale et les Sociétés nationales tiennent leur force de leur réseau de volontaires, du savoir-faire acquis dans les communautés, de leur indépendance et de leur neutralité. Elles s’emploient à améliorer les normes humanitaires, en tant que partenaires du développement et en intervenant en cas de catastrophe. Elles persuadent les décideurs d’agir en toutes circonstances dans l’intérêt des personnes vulnérables. Ce faisant, elles rendent les communautés saines et sûres, réduisent les vulnérabilités, renforcent la résilience et encouragent une culture de paix dans le monde entier. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Table des matières Liste des acronymes 5 À propos de ces lignes directrices 7 Informations générales Objectif Priorités/contenu 7 8 8 Introduction à la nutrition 9 Pourquoi la nutrition est-elle importante ? Qu’est-ce que la malnutrition ? Promouvoir une bonne nutrition Quels sont les types de malnutrition ? Formes graves de malnutrition Quels services de santé et de nutrition sont requis ? Que peuvent faire les volontaires ? Synthèse de la partie 1 Régime alimentaire familial Pourquoi est-il important d’avoir une bonne alimentation ? Quels sont les bons comportements en matière de nutrition ? Que peuvent faire les volontaires ? Synthèse de la partie 2 La nutrition des femmes Pourquoi une bonne nutrition est-elle importante pour les femmes et les adolescentes ? Quels sont les bons comportements des femmes et des adolescentes en matière de nutrition ? Régime alimentaire adapté Absence de maladies Pratiques de soins appropriées Quels sont les services de santé et de nutrition disponibles ? Que peuvent faire les volontaires ? Synthèse de la partie 3 9 11 11 12 14 16 17 19 21 21 22 29 30 31 31 32 33 35 37 39 40 41 3 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants Pourquoi une bonne nutrition est-elle importante pour les nourrissons et les jeunes enfants ? Quels sont les bons comportements en matière de nutrition ? Régime alimentaire adapté Absence de maladies Pratiques de soins appropriées Quels services de santé et de nutrition sont requis ? Que peuvent faire les volontaires ? Synthèse de la partie 4 Boîte à outils Outil de détection et d’orientation Interprétation des indicateurs de la mesure du périmètre brachial Mise en place d’un système d’orientation vers les services de traitement de la malnutrition aiguë 4 45 45 47 47 55 57 59 61 62 63 63 66 67 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Liste des acronymes FAO Fédération OMS ONG PB PSSBC SIDA SRO VIH Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Organisation mondiale de la Santé Organisation non gouvernementale Périmètre brachial Premiers secours et santé à base communautaire Syndrome d’immunodéficience acquise Sels de réhydratation orale Virus de l’immunodéficience humaine 5 6 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition À propos de ces lignes directrices Informations générales Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de dénutrition, c’est-àdire manquent des aliments nécessaires pour se nourrir correctement. Toutefois, l’absence d’accès aux vivres n’est pas seule en cause ; les mauvais comportements et pratiques en matière de nutrition et d’alimentation jouent également un rôle. Ce sont les enfants qui sont les plus vulnérables. Ainsi, plus d’un tiers des enfants africains souffrent de malnutrition chronique, qui compromet de manière permanente la croissance physique et le développement mental dès l’âge de deux ans. Le meilleur moyen de mesurer le taux de malnutrition est donc d’évaluer le nombre d’enfants de moins de cinq ans qui sont trop petits par rapport aux normes internationales (ce que l’on appelle le « retard de croissance »). En général, des taux élevés de retard de croissance indiquent que toute la communauté pourrait souffrir de problèmes nutritionnels. La santé et la nutrition sont étroitement liées. Près de la moitié des décès d’enfants pourraient être évités si la malnutrition ne venait pas s’ajouter à la maladie. Parallèlement, la maladie accroît le risque de malnutrition chez les enfants. Les mères sous-alimentées donnent naissance à des enfants présentant une insuffisance pondérale, qui risquent davantage une fois adultes d’avoir eux-mêmes des enfants en sous-poids. Les personnes positives au VIH ont besoin de nutriments supplémentaires, surtout lorsqu’elles prennent des médicaments antirétroviraux. Les adultes qui souffrent d’un manque de micronutriments (vitamines et minéraux) et d’autres carences sont souvent fatigués et, par conséquent, moins productifs. Cela réduit leur capacité de subvenir aux besoins de leur famille et, au niveau national, freine considérablement l’économie d’un pays. L’obésité, une autre facette de la malnutrition, est maintenant reconnue dans la plupart des pays comme un problème grave et croissant, et un facteur décisif dans les maladies non infectieuses telles que le diabète. Parfois, des enfants sous-alimentés et des adultes obèses prédisposés aux maladies vivent sous le même toit, et il apparaît de plus en plus clairement que les enfants souffrant de malnutrition risquent davantage de souffrir d’obésité et de problèmes connexes une fois adultes. Objectif Les présentes lignes directrices visent à compléter les documents de référence et les outils de formation élaborés par la Fédération internationale dans le domaine 7 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition de la santé, notamment les manuels et les supports de formation La lutte contre les épidémies à l’usage des volontaires et Premiers secours et santé à base communautaire 1. Ces lignes directrices devraient être utilisées à des fins de sensibilisation, de renforcement des capacités et d’intégration dans les programmes des Sociétés nationales en matière de santé, de nutrition et de sécurité alimentaire. Les Sociétés nationales qui souhaiteraient faire de la lutte contre la malnutrition l’un de leurs objectifs principaux sont encouragées à participer aux mécanismes de planification nationale et aux débats politiques relatifs à cette question. Étant donné que de nombreux gouvernements et donateurs entendent faire mieux connaître les initiatives prises en vue de réduire les taux de malnutrition, coopérer avec les différentes parties prenantes et jouer le rôle de partenaire d’exécution peut être une stratégie payante pour les Sociétés nationales, qui pourront ainsi renforcer leurs propres capacités, s’assurer de la qualité de la mise en œuvre et participer à un programme ayant suffisamment d’impact pour bénéficier à un grand nombre de personnes vulnérables. Les Sociétés nationales peuvent donc utiliser ces lignes directrices pour sensibiliser le public et renforcer les capacités internes en vue de mener des interventions dans le domaine de la nutrition, ainsi que de promouvoir des bonnes pratiques et des principes en la matière similaires à ceux recommandés par d’autres acteurs. Les supports peuvent aussi être utilisés pour intégrer la lutte contre la malnutrition dans des programmes existants. Par exemple, ils pourraient être inclus dans la formation dispensée au personnel ou aux volontaires dans le cadre des programmes de sécurité alimentaire ou de premiers secours et santé à base communautaire, ou encore dans les séances d’éducation nutritionnelle s’adressant aux mères qui consultent les services d’urgence des dispensaires. Priorités/contenu Ces lignes directrices contiennent des informations et des conseils sur les meilleures pratiques mondialement reconnues pour lutter contre la malnutrition ; elles visent à favoriser les « programmes fondés sur des données probantes » (c.-à-d. les interventions dont il a été prouvé, après des études approfondies, qu’elles étaient efficaces pour obtenir les résultats escomptés). Nous nous sommes efforcés de faire concorder les messages véhiculés dans le présent texte avec la documentation existante sur ce thème et des sujets connexes. Cependant, cette documentation est généralement axée sur la promotion de l’allaitement et ne traite pas suffisamment d’autres questions clés telles que l’alimentation complémentaire ou la nutrition maternelle. Les outils figurant dans ces lignes directrices sur la nutrition devraient de préférence être utilisés pour déterminer des domaines prioritaires aux fins de la transmission de messages et du changement des comportements. Au niveau local, il peut être plus judicieux d’utiliser des supports de formation ou des messages sur la nutrition adaptés à la situation locale, qu’ils soient conçus dans le cadre de programmes du ministère de la Santé ou d’autres programmes locaux de promotion de la nutrition, ou élaborés en phase avec ces programmes. Il convient de consulter ces documents lorsque des interventions au niveau des communautés sont prévues. 1 Fédération internationale, La lutte contre les épidémies à l’usage des volontaires (décembre 2008) et Premiers secours et santé à base communautaire (mars 2009). 8 En l’état actuel, ces lignes directrices abordent les principaux thèmes suivants : partie 1, introduction à la malnutrition ; partie 2, régime alimentaire familial ; partie 3, la nutrition des femmes ; et partie 4, la nutrition des nourrissons et des jeunes enfants. Des sujets connexes, tels que la prévention et le traitement des maladies, le VIH et la promotion de l’hygiène, sont traités exhaustivement dans d’autres documents (plus précisément, Implementation guide for Community-based health and first aid in action (CBHFA) ; La lutte contre les épidémies à l’usage des volontaires ; Guidelines on HIV prevention). Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition 1. Introduction à la nutrition À la fin de cette partie, vous : • comprendrez pourquoi une bonne nutrition est importante ; • aurez acquis des connaissances sur la malnutrition et ses causes ; • saurez quels services de santé et de nutrition sont disponibles ; • saurez ce que peuvent faire les volontaires. Pourquoi la nutrition est-elle importante ? Notre corps a besoin d’une quantité suffisante d’aliments adéquats qui nous apportent l’énergie nécessaire pour grandir, apprendre, travailler et rester en bonne santé. Les enfants de moins de deux ans ont des besoins particuliers car leur organisme se développe et évolue rapidement, même avant la naissance. Les femmes enceintes et les mères allaitantes doivent également bien se nourrir pour préserver leur propre santé et celle de leurs nourrissons. La santé et la nutrition sont étroitement liées. Un enfant bien nourri a beaucoup plus de chances de se remettre d’une maladie grave qu’un enfant souffrant de malnutrition. Par contre, des maladies aiguës ou récurrentes comme le paludisme ou la diarrhée peuvent augmenter le risque de malnutrition chez l’enfant. Les écoliers et les adultes qui souffrent d’un manque de micronutriments (vitamines et minéraux) ou d’autres carences nutritionnelles peuvent se sentir fatigués, avoir de la peine à travailler et avoir une santé fragile. Il peut être difficile pour ces adultes de subvenir aux besoins de leur famille. De même, les adultes présentant un excès de poids important risquent plus que les autres de développer certains problèmes de santé graves. Une bonne nutrition est importante pour la santé et le bien-être de chacun. Elle est toutefois particulièrement cruciale pour les nourrissons, les jeunes enfants, les mères et les adolescentes, qui deviendront mères à leur tour. Comme le montre le diagramme ci-après, une mauvaise nutrition ne serait-ce que pendant une phase du cycle de vie peut compromettre la santé non seulement de la personne concernée, mais aussi des générations futures. 9 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Graphique du cycle de la vie Relations Impacts de la malnutrition Taux plus élevés de morbidité, de décès Femme âgée Bébé Femme adulte Adolescente Femme âgée fragile Mère souffrant de malnutrition Insuffisance pondérale à la naissance Adolescente et jeune mère présentant un retard de croissance Capacité d’apprentissage et productivité plus faibles Les causes de la malnutrition sont multiples, interdépendantes et complexes. Causes immédiates • Régime alimentaire inadapté : une personne a un régime alimentaire inadapté lorsqu’elle ne consomme pas d’aliments suffisamment variés (qualité) et/ou qu’elle ne mange pas assez (quantité). • Maladies : lorsqu’une personne est malade, elle perd l’appétit et son corps ne parvient plus aussi bien à assimiler la nourriture, ce qui l’affaiblit et le rend plus vulnérable à d’autres maladies. De plus, les maladies et les blessures entraînent un besoin accru de nutriments pour la phase de rétablissement. 2 Il y a insécurité alimentaire quand l’accès aux aliments et leur disponibilité et/ou leur utilisation sont inadéquats. Causes sous-jacentes • Insécurité alimentaire2 : on parle d’insécurité alimentaire lorsqu’une famille est incapable de produire ou d’acheter assez d’aliments suffisamment variés pour subvenir à ses besoins. Même lorsqu’il y a assez de vivres dans un ménage, il arrive que ceux-ci ne soient pas répartis équitablement et que la priorité ne soit pas donnée aux membres vulnérables de la famille, comme les enfants ou les femmes. • Insuffisance des soins maternels et infantiles : parfois, les mères et leurs enfants n’ont pas une alimentation adaptée à cause de tabous locaux ou par manque de connaissances, de soins ou d’attention. • Insuffisance des soins de santé et environnement insalubre : des services de santé de base peu accessibles ou inutilisés, le manque d’hygiène dans la zone d’habitation, des systèmes d’assainissement inexistants ou déficients et l’absence d’eau potable sont autant de facteurs qui engendrent des risques sanitaires et contribuent aux problèmes de nutrition. Messages clés Une bonne nutrition est importante à tout âge. Notre corps a besoin d’une quantité suffisante d’aliments adéquats qui nous apportent l’énergie nécessaire pour grandir, apprendre, travailler et rester en bonne santé. Les enfants de moins de deux ans ont des besoins particuliers, car leur organisme se développe et évolue rapidement, même avant la naissance. La santé et la nutrition sont étroitement liées : une personne doit bien se nourrir pour se maintenir en forme, tandis qu’une santé fragile peut se répercuter sur son état nutritionnel. 10  Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Qu’est-ce que la malnutrition ? Causes de la malnutrition Malnutrition Causes immédiates Causes sous-jacentes Causes fondamentales Régime alimentaire inadapté Sécurité alimentaire du ménage inadéquate Insuffisance des soins maternels et infantiles Maladie Insuffisance des soins de santé et environnement insalubre Institutions formelles et informelles, éducation, structure économique, politique La malnutrition est une affection due à un manque de nourriture, à la consommation d’aliments inadaptés ou à l’incapacité d’extraire des aliments les nutriments3 nécessaires. Les personnes souffrant de malnutrition ont des difficultés à grandir, à apprendre, à réaliser des travaux physiques, à résister aux maladies et aux blessures et à se rétablir. Une mauvaise nutrition entraîne de graves conséquences : • Dans plus de la moitié des cas de décès d’enfants dus à la diarrhée, au paludisme et à la pneumonie, la malnutrition est une cause sous-jacente4. • Chez les enfants, 20 % des décès liés à la malnutrition sont dus à une malnutrition sévère, mais les 80 % restants se rapportent à des formes de malnutrition légères ou modérées qui touchent la plupart des enfants, mais qui ne sont pas facilement détectables et restent souvent ignorées au niveau des communautés. Les femmes enceintes, les mères allaitantes et les jeunes enfants sont les plus vulnérables à la malnutrition. Il a été prouvé que les enfants qui souffrent de malnutrition pendant leurs deux premières années de vie subissent des dommages physiques et mentaux irréversibles. La malnutrition pendant la grossesse fait courir de grands risques tant à la mère qu’à l’enfant à naître. Une femme enceinte sous-alimentée peut souffrir de complications pendant sa grossesse ou lors de l’accouchement. Son enfant peut avoir des problèmes de croissance dans l’utérus et, par conséquent, naître avec un poids trop faible. Les nourrissons5 qui présentent une insuffisance pondérale à la naissance sont davantage exposés aux problèmes de santé. Promouvoir une bonne nutrition Le diagramme ci-dessus montre les trois principes clés dans lesquels on peut répartir certaines actions ou certains « comportements » en vue de promouvoir une bonne nutrition. Pour lutter contre la malnutrition, la prévention est la meilleure stratégie 6. 3 Les protéines, les graisses, les glucides (amidons), les vitamines et les minéraux sont différents types de nutriments. 4 Cela signifie que ces enfants auraient survécu à la maladie s’ils n’avaient pas été sousalimentés. Une autre étude a révélé que plus de 30 % des décès d’enfants pouvaient être directement attribués à la malnutrition. 5 Dans les présentes lignes directrices, le terme « nourrisson » désigne généralement les enfants de moins de six mois, tandis que le terme « jeune enfant » vise les enfants de plus de six mois. Le mot « bébé », plus général, a été proscrit pour éviter toute confusion quant aux recommandations spécifiques à un âge. Les termes « enfant » ou « enfants » ont été utilisés pour désigner les nourrissons ET les jeunes enfants. 6 Dans la plupart des cas de malnutrition aiguë ou chronique modérée, les bonnes pratiques en matière de nutrition et d’alimentation sont essentiellement les mêmes, qu’on essaie de « guérir » ou de « prévenir » la malnutrition. C’est pourquoi ces lignes directrices mettent l’accent sur la prévention. Un processus de sélection peut ensuite permettre de distinguer, parmi tous les jeunes enfants, ceux qui souffrent de malnutrition modérée, lorsqu’il faut limiter le nombre de participants aux séances de formation ou qu’une aide alimentaire ou des allocations en espèces sont proposées. Dans de tels cas, les participants cibles peuvent être soit les personnes ayant des enfants sous-alimentés ou celles ayant de jeunes enfants et répondant à d’autres critères de vulnérabilité, soit toutes les personnes ayant de jeunes enfants. En cas de malnutrition aiguë sévère, il est recommandé aux volontaires de toujours orienter les personnes vers un poste de santé et de ne participer à la prise en charge thérapeutique qu’exceptionnellement, dans le cadre d’un programme plus vaste. 11 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Ces trois principes clés sont : Un régime alimentaire adapté • Tous les membres du ménage mangent des aliments assez variés et en quantité suffisante, en tout temps. L’absence de maladies • Tous les membres du ménage se protègent contre les maladies telles que la diarrhée, le paludisme et le VIH, et contre les vers intestinaux, qui nuisent à l’assimilation de la nourriture par l’organisme. Des pratiques de soins appropriées • Tous les membres du ménage reçoivent les soins nécessaires, surtout les plus vulnérables, comme les femmes enceintes, les mères allaitantes et les jeunes enfants. Dans le cas des enfants, cela signifie de bonnes pratiques alimentaires et un milieu caractérisé par la bienveillance et l’attention. Il s’agit aussi d’assurer un environnement favorable aux mères pour qu’elles puissent se nourrir correctement, se reposer et avoir le temps de s’occuper de leurs enfants. Ces trois principes clés seront rappelés dans tout ce document, qui recense aussi des comportements recommandés et des messages de sensibilisation spécifiques à des groupes particuliers comme les familles (partie 2), les adolescentes, les femmes enceintes et les mères allaitantes (partie 3), et les nourrissons et les jeunes enfants (partie 4). Messages clés Les trois principes clés d’une bonne nutrition sont : 1) un régime alimentaire adapté – manger des aliments adéquats en quantité suffisante ; 2) l’absence de maladies – rester en bonne santé ; et 3) des pratiques de soins appropriées – assurer un bon niveau de soins, de repos et d’hygiène, ainsi qu’un milieu stimulant et bienveillant pour les jeunes enfants. Quels sont les types de malnutrition ? Si la prévention reste la meilleure option, il est important de savoir reconnaître les différents types de malnutrition et, le cas échéant, de savoir vers quels services orienter les personnes concernées pour qu’elles reçoivent un traitement. Il existe plusieurs types de malnutrition7 : (voir tableau ci-contre) 7 Certains experts décrivent la malnutrition comme la combinaison de la « dénutrition » (aiguë ou chronique, y compris les carences en micronutriments) et de la « suralimentation » (surpoids ou obésité). Dans le présent supplément, des termes plus courants sont utilisés, à savoir « malnutrition » pour désigner les cas de mauvaise nutrition, et « surpoids » pour évoquer les personnes souffrant d’obésité. Une personne en surpoids peut aussi présenter un manque de micronutriments ou d’autres carences alimentaires. 12  Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Insuffisance pondérale Une personne présentant une insuffisance pondérale a un poids trop faible pour son âge parce qu’elle est trop mince et/ou trop petite par rapport à la plupart des personnes de la même tranche d’âge. L’insuffisance pondérale peut être due à une malnutrition chronique ou aiguë, et elle est considérée comme une mesure combinée de ces deux types de malnutrition. Elle est réversible si un régime alimentaire adapté et de bonnes pratiques en matière de santé et de soins sont suivis. Les enfants dont le poids est insuffisant risquent de présenter des troubles du développement et sont plus vulnérables aux maladies. L’insuffisance pondérale se mesure en comparant le poids à l’âge (rapport poids-âge). Malnutrition aiguë (émaciation) Les personnes qui souffrent de malnutrition aiguë sont très maigres. Cette forme de malnutrition, appelée aussi « émaciation », peut être sévère ou modérée. Elle est réversible avec un traitement adapté et de bonnes pratiques de soins. Les enfants émaciés sont jusqu’à 20 fois plus susceptibles que les enfants bien nourris de mourir de maladies courantes comme la diarrhée. L’émaciation peut être répandue chez les enfants de six à 24 mois. Elle s’évalue en comparant le poids à la taille (rapport poids-taille) ou en mesurant le périmètre brachial (tour de bras). Malnutrition chronique (retard de croissance) Les personnes souffrant de malnutrition chronique sont en général trop petites pour leur âge, mais pas forcément maigres. La malnutrition chronique est connue aussi sous le nom de « retard de croissance ». Le retard de croissance étant irréversible après l’âge de deux ans, de bonnes pratiques nutritionnelles sont essentielles les 1 000 premiers jours. Les enfants qui présentent un tel retard risquent d’avoir des troubles du développement et sont plus vulnérables aux maladies. Le retard de croissance se mesure en comparant la taille à l’âge (rapport taille-âge). Obésité (surpoids) Les personnes obèses ou en surpoids présentent une accumulation excessive de graisse corporelle. Le surpoids est réversible en suivant un régime alimentaire adapté, en faisant de l’exercice et en respectant de bonnes pratiques en matière de santé et de soins, en particulier chez les enfants et les adolescents en pleine croissance. Chez ces derniers, le surpoids augmente le risque de souffrir d’hypertension artérielle, de diabète et de troubles cardiaques à l’âge adulte. De nombreux adultes en surpoids sont atteints de ces maladies. Le surpoids se mesure en comparant le poids à la taille (rapport poids-taille). Carences en micronutriments L’organisme a besoin de substances nutritives spéciales comme les vitamines et les minéraux en très petites quantités, raison pour laquelle on les appelle les « micronutriments ». En règle générale, les carences en micronutriments ne sont pas détectables immédiatement mais elles peuvent avoir un impact considérable sur la croissance, la santé et les capacités d’apprentissage. Les carences les plus fréquentes concernent la vitamine A, le fer et l’iode. Les carences en micronutriments sont généralement traitées à titre préventif dans les régions où elles sont notoirement répandues. Messages clés Une personne qui est extrêmement maigre pourrait souffrir de malnutrition aiguë. Pour le savoir, on mesure le périmètre du haut du bras à l’aide d’un ruban gradué spécial ou on compare le rapport poids-taille à une référence donnée. Cette personne peut se rétablir si elle suit un traitement, et il est donc crucial de l’orienter vers un dispensaire pour qu’elle y reçoive des soins. Une personne qui est très petite pour son âge pourrait souffrir de malnutrition chronique. Pour le savoir, on compare le rapport taille-âge à une référence donnée. Les enfants souffrant de malnutrition chronique sont plus susceptibles de tomber malades et d’avoir des difficultés à l’école. Les effets sur le développement physique et mental sont permanents (irréversibles). Une personne qui est très grosse est en surpoids et risque davantage de souffrir de certaines maladies comme le diabète plus tard dans sa vie. Le surpoids se mesure en comparant la taille au poids. Retrouver un poids normal contribue à réduire les risques pour la santé. Une personne qui n’a pas un régime alimentaire varié pourrait manquer de certains minéraux et vitamines (micronutriments). Ces carences peuvent compromettre la santé à tout âge et empêcher une croissance et un développement normaux chez l’enfant. 13 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Formes graves de malnutrition Deux formes de malnutrition aiguë représentent une menace immédiate pour la vie d’un enfant et doivent être traitées rapidement : l’émaciation (maigreur excessive) et l’œdème nutritionnel (excès de liquide dans les tissus corporels), ou une combinaison de ces deux affections. Émaciation/maigreur (marasme) Elle est due à un régime alimentaire inadapté (aliments pas assez variés mais surtout en quantité insuffisante) et/ou à la présence de maladies réduisant la capacité de l’organisme d’assimiler correctement la nourriture. L’émaciation peut se présenter comme une forme modérée ou sévère de malnutrition aiguë. Symptômes : Retard de croissance • Visage émacié à l’aspect flétri, yeux enfoncés et joues creusées • Os saillants, par ex. côtes visibles • Membres frêles • Peau flasque, notamment autour des fesses • Appétit généralement conservé • Irritabilité (pleurs fréquents) Détection: • Chez le nourrisson, comparer le rapport poids-taille à une référence donnée • Chez l’enfant de 6 mois à 5 ans, mesurer le périmètre brachial et/ou comparer le rapport poids-taille à une référence donnée • Chez l’enfant de plus de 5 ans et chez l’adulte, comparer le rapport poids-taille à une référence donnée • Chez la femme enceinte et la mère allaitante, mesurer le périmètre brachial Œdème nutritrionnel 8 (kwashiorkor) Il est dû à un régime alimentaire inadapté (généralement, aliments insuffisamment variés) et/ou à la présence de maladies réduisant la capacité de l’organisme d’assimiler correctement les nutriments présents dans la nourriture. L’œdème nutritionnel est toujours considéré comme une forme sévère de malnutrition aiguë. Il est toujours bilatéral (par ex. il touche les deux pieds). Symptômes : • Visage gonflé et bouffi • Ventre gonflé • Œdème (enflure) touchant d’abord les deux pieds et les mollets, mais pouvant aussi s’étendre à tout le corps • Modifications de la peau (pâleur, desquamation, plaies) • Modifications des cheveux (brunissement, cheveux clairsemés et raides) • Perte d’appétit • Désintérêt vis-à-vis de l’entourage Détection: • Vérifiable SEULEMENT par pression des doigts • IMPOSSIBLE à détecter uniquement par l’observation Messages clés Les enfants dont le ventre est gonflé souffrent d’un œdème nutritionnel et/ou sont atteints de parasites ou de vers intestinaux. Ils devraient être orientés vers un dispensaire pour y recevoir un traitement contre la malnutrition. En cas de parasites ou de vers intestinaux, des médicaments spécifiques doivent être administrés. 8 L’œdème est un excès de liquide dans les tissus corporels, qui peut se manifester par une enflure (par ex. des chevilles, des pieds, des mollets, des mains, des paupières, etc.). 14 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Les trois formes de carences en micronutriments ci-dessous sont courantes. Elles constituent également une menace mortelle. Seul un œil averti peut les reconnaître. Anémie ferriprive Elle est due à une carence en fer dans l’alimentation et/ou à la présence de maladies telles que le paludisme et les parasitoses intestinales. L’anémie sape la santé et l’énergie. Symptômes : • Pâleur de la paupière interne, de la peau sous les ongles, des gencives, de la langue, des lèvres et de la peau • Fatigue • Maux de tête • Essoufflement Carence en vitamine A Elle est due à un manque de vitamine A dans l’alimentation et/ou à la présence de maladies telles que la diarrhée et la rougeole. Les carences en vitamine A nuisent à la santé et à la croissance. Symptôme : • Cécité nocturne Symptômes d’une carence grave : • Sécheresse oculaire accompagnée de lésions spumeuses sur les paupières internes, apparaissant souvent près du bord extérieur de l’iris (tâches de Bitot) • Sécheresse ou fatigue oculaire, ou opacification de la cornée (xérosis cornéen) • Amollissement de l’œil et ulcération de la cornée (kératomalacie) Troubles liés à une carence en iode Ils sont dus à un manque de sel iodé et de poisson dans le régime alimentaire, et s’expliquent aussi par l’absence d’iode dans le sol (souvent dans les régions montagneuses), entraînant un manque d’iode dans les denrées cultivées. L’organisme étant incapable de stocker l’iode longtemps, il a besoin de minuscules apports chaque jour. Les carences en iode compromettent la santé et le développement mental. Elles peuvent provoquer une affection appelée « goitre ». Symptômes : • Les cas graves de goitre ont pour symptôme visible un cou enflé (glande thyroïde) Il existe d’autres formes de carences en micronutriments, notamment en : zinc, acide folique (vitamine B6), cobalamine (vitamine B12), thiamine (vitamine B1), riboflavine (vitamine B2), niacine (vitamine B3), vitamine B6, vitamine C, vitamine D, calcium, sélénium et fluorure. Messages clés Les carences en micronutriments les plus courantes concernent le fer, la vitamine A et l’iode, dont le manque nuit à la santé et à la croissance. Des compétences particulières peuvent être nécessaires pour détecter ces problèmes potentiellement mortels. Un régime alimentaire varié ou la prise de compléments spéciaux peut garantir un apport suffisant en micronutriments. 15 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Quels services de santé et de nutrition sont requis ? Cette partie décrit certains services de santé et de nutrition visant à traiter ou à prévenir la malnutrition. La partie 3 porte sur les services de santé et de nutrition préventifs à l’intention des femmes, tandis que la partie 4 fournit de plus amples informations sur ces services en ce qui concerne les nourrissons et les jeunes enfants. La disponibilité des services de santé et de nutrition peut varier d’un pays à l’autre, et même d’une région à l’autre à l’intérieur d’un même pays. La malnutrition est plus répandue dans certaines zones, et les politiques et les programmes des pouvoirs publics peuvent être influencés par la disponibilité de ressources humaines et financières. Les volontaires devraient connaître les services fournis au niveau local et savoir comment orienter les personnes vers ces services en fonction de leurs besoins. Les services de santé et de nutrition adaptés aux personnes souffrant de différents types de malnutrition sont répertoriés ci-dessous, ainsi que leurs avantages spécifiques. Services de santé et de nutrition Pour les personnes souffrant de malnutrition aiguë (essentiellement les enfants) Alimentation thérapeutique (pour traiter la malnutrition aiguë sévère) • Traitement en établissement des personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère avec complications médicales et/ou perte d’appétit • Traitement ambulatoire des personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère sans complications médicales et ayant conservé leur appétit Alimentation d’appoint (pour traiter la malnutrition aiguë modérée) • Traitement ambulatoire des personnes souffrant de malnutrition modérée • Généralement disponible dans les régions touchées par l’insécurité alimentaire, et dans les situations d’urgence à la suite de catastrophes ou de conflits Pour les personnes présentant l’une des trois carences en micronutriments les plus courantes Supplémentation (pour traiter chacune des carences en micronutriments) • Comprimés de fer et d’acide folique pour l’anémie ferriprive légère ou sévère • Suppléments d’huile enrichie en vitamine A pour la cécité nocturne et les lésions oculaires (sauf la kératomalacie) • Suppléments de sel iodé pour les carences en iode (une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour les patients ayant un goitre) Services préventifs pour les enfants Les campagnes de sensibilisation et de changement des comportements axées sur la nutrition des nourrissons et des jeunes enfants peuvent être menées par le biais des dispensaires et d’autres services de proximité assurés par les pouvoirs publics ou les ONG. Les campagnes de sensibilisation se concentrent généralement sur les bonnes pratiques, tandis que les services de conseil ou les discussions en groupe donnent aux participants des idées sur les moyens de surmonter leurs difficultés à appliquer de meilleures pratiques. Dans certains pays, les établissements de santé locaux proposent des services de promotion et de suivi de la croissance pour les enfants de zéro à deux ans au moins ; dans ce cadre, les enfants sont pesés et leur courbe de croissance est reportée sur un graphique. De cette manière, les parents et les agents de santé peuvent vérifier si l’enfant grandit bien. Si la croissance n’est pas normale, des conseils en matière de nutrition et de santé sont donnés. La qualité des services de conseil peut varier, mais si elle est bonne, ceux-ci peuvent contribuer efficacement à améliorer la croissance et la santé de l’enfant. Retard de croissance Des mesures doivent être prises les 1 000 premiers jours de la vie, car il est irréversible après l’âge de deux ans. • Suivi de la croissance (taille par rapport à l’âge) • Distribution d’aliments enrichis • Supplémentation en micronutriments • Conseils en matière de nutrition et de santé Obésité Traitement des maladies liées au surpoids (hypertension artérielle, cholestérol, diabète et troubles cardiaques) • Suivi de la croissance (poids par rapport à la taille) • Conseils en matière de nutrition et de santé 16 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Que peuvent faire les volontaires ? Les volontaires peuvent jouer un rôle utile dans la détection et la prévention de la malnutrition au sein des communautés, ainsi que dans la promotion d’une bonne nutrition aux niveaux des communautés et des ménages. Les cas de malnutrition aiguë et les patients présentant des problèmes particuliers devraient être orientés vers un dispensaire. Plus précisément, les volontaires peuvent participer activement à l’enseignement des actions essentielles en nutrition. Cette approche consiste en un ensemble de comportements recommandés (les actions) et de messages correspondants visant à encourager une bonne nutrition durant les phases clés du développement de l’enfant, et tout au long du cycle de vie des adolescentes et des mères. Les volontaires peuvent en outre adopter le « cycle du triple A » (pour appréciation, analyse et action) afin de promouvoir le changement dans les communautés. Cette méthode les aidera à comprendre si la malnutrition est causée par une maladie, par l’insécurité alimentaire ou par tout autre facteur tel que des pratiques de soins insuffisantes, la migration saisonnière, une charge de travail trop lourde, une pénurie d’eau, etc. Actions des volontaires Actions essentielles en nutrition Les sept actions essentielles en nutrition9 sont les suivantes : 1. promotion d’une bonne nutrition des femmes ; 2. promotion des meilleures pratiques en matière d’allaitement ; 3. promotion des meilleures pratiques en matière d’alimentation complémentaire pour les jeunes enfants (à partir d’environ six mois, avec poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans au moins) ; 4. promotion des soins nutritionnels à apporter aux enfants malades et/ou sous-alimentés ; 5. prévention des carences en vitamine A ; 6. prévention de l’anémie ferriprive ; 7. prévention et traitement des troubles liés à une carence en iode. Les principes sous-jacents fondamentaux sont les suivants : • transmettre des messages adaptés à chaque tranche d’âge par l’intermédiaire d’interlocuteurs clés dans la communauté ; • promouvoir le changement des comportements en se fondant sur une évaluation/compréhension de la culture et du contexte locaux ; • promouvoir des actions réalistes que tous les membres de la famille et de la communauté peuvent comprendre, entreprendre ou appuyer. La méthode du cycle du triple A Le cycle du triple A signifie appréciation, analyse et action. (voir figure page suivante). 9 Adaptation simplifiée du Livret sur les messages clés du CORE Group (2011). Cette source recommande les actions suivantes [notre traduction] : 1) Promotion d’une bonne nutrition des femmes ; 2) Promotion d’un apport suffisant en fer et en acide folique, et prévention et traitement de l’anémie chez les femmes et les enfants ; 3) Promotion d’un apport suffisant en iode chez tous les membres du ménage ; 4) Promotion des meilleures pratiques en matière d’allaitement pendant les six premiers mois du nourrisson ; 5) Promotion des meilleures pratiques en matière d’alimentation complémentaire pour les enfants à partir de six mois, avec poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans au moins ; 6) Promotion des soins nutritionnels à apporter aux enfants malades et souffrant de malnutrition sévère ; et 7) Prévention des carences en vitamine A chez les femmes et les enfants. 17 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition La méthode du cycle du triple A ACTION fondée sur l’analyse et les ressources disponibles APPRÉCIATION de la situation nutritionnelle dans la population cible ANALYSE des causes du problème Appréciation : Les volontaires peuvent coopérer avec le personnel chargé du programme et avec la communauté pour comprendre la situation actuelle en matière de nutrition et définir les problèmes les plus urgents. Les mesures du périmètre brachial (voir p. 63-66), les données de suivi de la croissance infantile obtenues auprès de postes de santé voisins, les autoévaluations des groupes de mères, les visites à domicile ou d’autres méthodes d’appréciation, comme les calendriers saisonniers, peuvent fournir des informations sur les groupes vulnérables, les taux de malnutrition et d’allaitement, les habitudes alimentaires, les pratiques d’alimentation des nourrissons et d’autres éléments nécessaires pour se faire une idée de la situation nutritionnelle. Analyse : En utilisant différentes méthodes telles que la « hiérarchisation des priorités » et l’outil « But why ? »10, les volontaires ou le personnel chargé du programme peuvent collaborer avec les membres des communautés pour examiner les problèmes, en comprendre les causes profondes et, partant, définir des priorités. Action : Une fois les priorités déterminées, les actions peuvent être planifiées sur la base des questions suivantes : « Qu’est-ce qui peut être fait ? », « Comment ? », « Par qui ? », « Quand ? » et « Où ? ». Les ressources disponibles devraient être recensées. 10 Voir le manuel de l’outil « But why? » à l’adresse: http://ctb. ku.edu. 18 Une appréciation et une analyse devraient être réalisées avant de décider des meilleures actions à mettre en œuvre ; cette méthode peut généralement s’appliquer à tous les types de prise de décisions. Lorsque les actions ont été poursuivies pendant un certain temps, il est utile de passer en revue les méthodes d’appréciation et les résultats initiaux pour répertorier et consigner les changements opérés, mesurer les progrès et l’impact et déterminer s’il est nécessaire d’apporter des modifications aux interventions ou à la stratégie adoptée. Cette phase est souvent désignée sous le nom de « suivi et/ou évaluation ». Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 1. Introduction à la nutrition Détection précoce et orientation en temps voulu vers les services appropriés Les volontaires peuvent apprendre à reconnaître les signes manifestes d’une malnutrition aiguë dans leur communauté par une formation au dépistage chez l’enfant, à l’aide d’un ruban de mesure du périmètre brachial et d’un test simple de détection des œdèmes. De plus amples informations sont données à l’annexe de la partie 1 sur la détection précoce de la malnutrition aiguë et l’orientation en temps voulu des enfants sous-alimentés. Synthèse de la partie 1 Le tableau ci-dessous décrit la malnutrition chez les jeunes enfants, mais il ne faut pas oublier que les enfants plus âgés et les adultes peuvent aussi souffrir de malnutrition, que ce soit en permanence ou temporairement. Ils peuvent présenter une malnutrition chronique ou aiguë, des carences en micronutriments ou une surcharge pondérale. Toutes ces affections représentent un risque pour la santé à tout âge. Types de malnutrition facilement reconnaissables Aiguë (émaciation) Chronique (retard de croissance) Insuffisance pondérale (chronique ou aiguë) Obésité (surpoids) • L’enfant est très maigre et il n’a ni graisse, ni muscle dans la partie supérieure de son bras : indiqué comme faible rapport poids-taille ou faible périmètre brachial. • L’émaciation est réversible avec un traitement. • L’enfant est petit pour son âge : indiqué comme faible rapport taille-âge. • Le retard de croissance est irréversible après l’âge de deux ans. • L’enfant est maigre et/ou petit pour son âge : indiqué comme faible rapport poidsâge. • L’insuffisance pondérale est réversible en suivant un régime alimentaire adapté et de bonnes pratiques en matière de santé et de soins. • L’enfant est trop lourd et empâté pour sa taille : indiqué comme rapport poids-taille élevé. • Plus répandue parmi les enfants prenant rapidement du poids après leurs deux premières années de vie (surtout s’ils avaient auparavant souffert d’émaciation, d’insuffisance pondérale ou d’un retard de croissance). • Le surpoids est réversible en suivant un régime alimentaire adapté et de bonnes pratiques en matière de santé et de soins. Malnutrition aiguë Malnutrition aiguë modérée Malnutrition aiguë sévère Personnes présentant : • un certain degré de maigreur ou d’émaciation (faible périmètre brachial ou faible rapport poids-taille) Personnes présentant : • un grave degré de maigreur et d’émaciation (périmètre brachial très faible et/ou faible rapport poids-taille), ou • des œdèmes nutritionnels aux deux pieds, aux deux jambes ou sur le haut du corps Services de santé et de nutrition Traitement par alimentation d’appoint Traitement par alimentation thérapeutique (avec services de santé en cas de complications médicales) 19 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Les trois carences en micronutriments les plus courantes Anémie ferriprive Carence en vitamine A Carence en iode Due à un manque de fer dans le régime alimentaire et/ou à des maladies (paludisme, vers intestinaux). Due à un manque de vitamine A dans le régime alimentaire et/ou à des maladies (diarrhée, rougeole). Due à un manque d’iode dans l’alimentation (sel iodé). Symptômes les plus évidents : • Pâleur • Fatigue Peut être prévenue et traitée. Symptôme le plus évident : • Cécité nocturne Peut être prévenue. Symptôme le plus évident : • Goitre (cou enflé) Au stade initial, peut être prévenue et traitée. La cécité nocturne et les lésions oculaires mineures peuvent être traitées. Difficile à traiter une fois qu’un goitre apparaît. Les symptômes les plus graves, comme la kératomalacie, sont difficiles à traiter. Services de santé et de nutrition Supplémentation en fer et en acide folique (anémie légère ou sévère) 20 Supplémentation en vitamine A (cécité nocturne) Suppléments d’iode (carence en iode) Chirurgie pour les patients ayant un goitre de taille importante. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 2. Régime alimentaire familial 2. Régime alimentaire familial À la fin de cette partie, vous : • comprendrez pourquoi il est important pour les familles d’avoir une bonne alimentation ; • vous serez familiarisé avec les bons comportements en matière de nutrition ; • saurez ce que peuvent faire les volontaires. Pourquoi est-il important d’avoir une bonne alimentation ? Les aspects les plus importants d’un régime alimentaire sain sont la variété et l’équilibre. Une alimentation saine consiste à consommer chaque jour, en veillant à la variété et à l’équilibre, différents types d’aliments dont des fruits et des légumes, des céréales, des tubercules, des racines, des légumes secs, des fruits à coque et des produits d’origine animale. La diversité des aliments consommés dépend généralement des produits disponibles localement et de la saison. La quantité de nourriture dont une personne a besoin dépend de son âge, de son sexe et de la période de sa vie dans laquelle elle se trouve. Messages clés Une alimentation saine est fraîche et naturelle, et un régime équilibré est riche en saveurs et en couleurs. La nourriture est composée de différents types de nutriments qui sont indispensables à l’organisme pour bien fonctionner, grandir, lutter contre les maladies et se rétablir. Les nutriments essentiels sont les glucides, les protéines, les graisses, les vitamines et les minéraux. Macronutriments Micronutriments Nutriments essentiels Glucides, protéines, graisses Vitamines, minéraux Utilité Le corps en a besoin pour bien fonctionner et grandir normalement Le corps en a besoin pour bien fonctionner, lutter contre les maladies et se rétablir Quantités nécessaires Quantités mesurables en fonction de l’âge, du sexe et de la période de la vie Très petites quantités 21 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Le tableau ci-dessous montre les quatre grands groupes d’aliments : Les quatre grands groupes d’aliments* (pour un régime alimentaire équilibré, sélectionner chaque jour des aliments de chaque groupe) Aliments de base (amidons) – énergie • Céréales – blé, sorgho, riz, millet, maïs, teff, etc. • Aliments/plats à base de céréales – pain, nouilles, tortilla, chapati, pâtes, polenta, couscous, gâteau de riz, etc. • Tubercules et racines – manioc, pomme de terre, lotus, igname, taro, etc. Légumes et fruits – micronutriments • Légumes – légumes verts à feuilles et légumes orangés : épinard, chou, salade, herbes fraîches, bette, amarante, carotte, potiron/ citrouille, tomate, poivron rouge, etc. – autres : gombo, chou-fleur, brocoli, oignon, radis, champignon, aubergine, etc. • Fruits – fruits orangés : papaye, mangue, grenade, etc. – autres : datte, agrumes, avocat, melon, pomme, goyave, baies, prune, etc. Viandes/produits d’origine animale, et légumineuses/fruits à coque – protéines, micronutriments • Légumes secs, haricots et pois : pois chiche/niébé, haricot rouge, soja, lentilles, petit pois, etc. • Dérivés des haricots : – tofu/pâte de soja, germe de haricot • Fruits à coque et graines : – arachide, amande, cajou, sésame, etc. • Poissons et fruits de mer • Viandes (dont gibier) et insectes • Volailles • Œufs • Produits laitiers : – lait, yaourt, caillebotte et fromage, lait en poudre Graisses – énergie, vitamine A • Beurre, beurre clarifié et margarine • Huile végétale (enrichie en vitamine A) • Graines oléagineuses : – graines de tournesol * Valables pour l’Asie, les Amériques, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe, mais adaptables en fonction des contextes géographiques. Pour rendre les repas plus savoureux, vous pouvez par exemple ajouter du sel iodé, du concentré de tomate, des herbes et des épices ou du sucre en petite quantité. Quels sont les bons comportements en matière de nutrition ? Cette partie présente les actions ou comportements de base et les messages de sensibilisation correspondants en vue de promouvoir un régime alimentaire adapté (varié et équilibré) auprès des familles de la communauté. Messages clés Avoir un régime alimentaire sain et équilibré signifie manger des aliments variés qui apportent les nutriments essentiels à l’organisme. Cela ne signifie pas manger des aliments chers. Les nutriments dont notre corps a besoin pour fonctionner, grandir et rester en forme peuvent se trouver dans de nombreux produits disponibles localement. Sélectionnez chaque jour des aliments issus de ces quatre groupes : • Aliments de base (amidons) • Légumes et fruits (de différents types – légumes à feuilles, fruits, tubercules – et de différentes couleurs – verts, rouges, jaunes/orangés) • Viandes/produits d’origine animale, et légumineuses/fruits à coque (protéines) • Graisses 22 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 2. Régime alimentaire familial Les besoins nutritionnels des adolescentes, des femmes enceintes, des mères allaitantes, des nourrissons et des jeunes enfants sont abordés dans des parties distinctes. Vous trouverez ci-dessous une liste de neuf comportements de base. Chaque comportement est accompagné de messages de sensibilisation fournissant de plus amples informations et/ou des explications. Comportement 1 – Manger des aliments variés La « variété » dans le régime alimentaire signifie consommer chaque jour des aliments issus des quatre grands groupes suivants : aliments de base (amidons) ; légumes et fruits ; viandes/produits d’origine animale et légumineuses/fruits à coque ; et graisses. Bon nombre de familles pauvres ne consomment pas tous les jours des aliments de ces quatre groupes, surtout pendant la saison maigre. De même, les familles pauvres mangent le plus souvent uniquement des aliments de base comme les céréales, les racines et les tubercules, ainsi que de petites quantités de légumes secs tels que les haricots ou les lentilles. Un repas sain et équilibré contient les quatre grands groupes d’aliments : • au moins une demi-assiette d’aliments de base, comme les céréales, les racines et les tubercules pour garantir l’apport en glucides ; • un peu de viande ou de produits d’origine animale (par ex. viande, œufs, poisson ou lait) et/ou de légumes secs (par ex. haricots secs ou lentilles) pour assurer l’apport en protéines ; • beaucoup de légumes et un peu de fruits pour assurer l’apport en vitamines et en minéraux ; • de petites quantités d’huile ou de beurre pour assurer l’apport en graisses. En outre, de très petites quantités de sel iodé devraient être consommées pour garantir l’apport en iode (un minéral). Entre les repas, il est possible de manger des en-cas sains comme des fruits frais, des légumes crus et des fruits à coque, ainsi que des aliments fermentés comme du yaourt. Pour mieux comprendre le régime alimentaire familial, un ensemble plus détaillé de 12 catégories d’aliments 11 peut être utilisé pour examiner les types d’aliments consommés ou l’évolution du régime alimentaire avec le temps (dans le cadre de la promotion ou du suivi de la diversité du régime alimentaire) : • Céréales • Racines et tubercules • Légumes • Fruits • Viande, volaille, abats (rognons et foie) • Œufs • Poisson et fruits de mer • Légumes secs/légumineuses/fruits à coque • Lait et produits laitiers • Huile/graisses • Sucre/miel • Autres, tels que condiments et épices 11 Ces 12 catégories sont tirées du document Household Dietary Diversity Score, Guidelines for Measuring Household and Individual Dietary Diversity de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 1998. http://www.foodsec.org/ fileadmin/user_upload/ eufao-fsi4dm/docs/guidelines_ MeasuringHousehold.pdf. 23 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportement 2 – Inclure des glucides dans chaque repas en mangeant des aliments de base tels que des céréales et des racines Les glucides constituent la plus grande partie de notre alimentation et sont la principale source d’énergie de l’organisme. La plupart des glucides proviennent d’aliments de base tels que les céréales et les tubercules. Ils peuvent être répartis en deux groupes : les amidons et les sucres. L’effet exercé sur le niveau d’énergie de l’organisme dépend du type de glucide. Les amidons apportent de l’énergie de façon soutenue sur une plus longue période, tandis que les sucres offrent un regain d’énergie rapide mais peuvent ensuite entraîner de la fatigue. Amidons Les amidons, qui sont les réserves d’énergie des plantes, sont transformés en sucres dans l’organisme. On les trouve dans les aliments d’origine végétale tels que les céréales, les légumes secs, les tubercules (par ex. les pommes de terre) et certaines racines (comme les carottes). Les féculents tels que le sorgho, le millet, les céréales complètes et les farines bises sont aussi une bonne source de protéines et contiennent certains minéraux et vitamines. Il vaut mieux consommer les amidons non raffinés (grains entiers – sans rien ôter). Sucres Les sucres qui sont naturellement présents dans les plantes et les fruits sont une source d’énergie. Le jus extrait de la canne à sucre brute apporte de l’énergie et des nutriments tels que des vitamines et des minéraux. Les sucres ajoutés aux boissons et aux aliments édulcorés sont obtenus par un processus de traitement de la canne à sucre ou de la betterave sucrière qui en élimine la plupart des nutriments. Comportement 3 – Manger chaque jour, si possible, des protéines telles que des légumes secs, de la viande, du poisson ou d’autres produits d’origine animale Les protéines nous fournissent les nutriments dont nous avons besoin pour développer et entretenir notre organisme. Environ 17 % de notre corps, y compris les muscles, les os, la peau, les ongles et les cheveux, est constitué de protéines. Celles-ci proviennent de sources végétales ou animales. Pour les enfants en pleine croissance, les protéines d’origine animale sont préférables aux protéines d’origine végétale. Les aliments suivants sont riches en protéines : • produits d’origine animale comme la viande, les œufs, le poisson et les produits laitiers ; • légumes à cosse tels que les haricots, les pois chiches/ le niébé, les lentilles et les petits pois ; • oléagineux tels que les arachides, le sésame et le tournesol ; • céréales, en particulier non raffinées, comme les céréales complètes. Il est important de consommer des protéines de différentes sources : une combinaison de céréales et de légumes secs ou de produits d’origine animale assure le meilleur apport en protéines.  24 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 2. Régime alimentaire familial Comportement 4 – Inclure des fibres dans le régime alimentaire en mangeant chaque jour des aliments frais et non transformés Les fibres occupent une place essentielle dans l’alimentation, même si elles ne fournissent pas de nutriments. Un régime comprenant suffisamment de fibres favorise une digestion régulière, ce qui aide le corps à éliminer les déchets et à mieux exploiter les nutriments. Les fibres sont présentes dans l’enveloppe et l’écorce des céréales et des légumes secs. Tous les aliments d’origine végétale sont de bonnes sources de fibres, mais ceux qui en sont le plus riches sont les suivants : • céréales complètes et aliments à base de céréales complètes ; • légumes secs tels que les haricots secs, les pois et les lentilles ; • tubercules et racines, comme les betteraves et les carottes ; • fruits frais, notamment les figues, les oranges, les prunes, les papayes, les pommes et les mangues ; • fruits secs tels que les dattes et les raisins secs ; • légumes, comme les épinards et le chou ; • fruits à coque et graines tels que le sésame et le tournesol. Si les fibres sont particulièrement importantes dans le régime alimentaire des adultes, les jeunes enfants ne devraient en consommer qu’en quantité limitée, car elles peuvent provoquer des ballonnements et réduire la capacité de l’organisme d’absorber les nutriments. • Il convient d’ôter l’enveloppe et l’écorce des céréales et des légumes secs avant d’en donner aux jeunes enfants.  Comportement 5 – N’inclure que de petites quantités de graisses (huile ou beurre) dans le régime alimentaire quotidien Les graisses, qui représentent un apport en énergie capital, sont stockées par le corps dans des cellules spéciales qui servent de sources concentrées d’énergie. Elles assurent le bon fonctionnement de l’organisme, en particulier du système nerveux. Les graisses peuvent être réparties en deux groupes : 1.Les graisses saturées sont plutôt solides à température ambiante. Elles proviennent essentiellement de sources animales comme le beurre et le lard, mais peuvent aussi être d’origine végétale comme les huiles de coco et de palme. 2.Les graisses insaturées sont plutôt liquides à température ambiante. Elles sont généralement d’origine végétale comme les huiles de maïs, de tournesol, d’arachide et d’olive. Les graisses insaturées sont plus saines que les graisses saturées. Les aliments suivants sont des sources naturelles de bonnes graisses : • graines, notamment graines de tournesol, de courge et de sésame ; • fruits à coque, comme les cacahuètes ; • fruits tels que les avocats et les olives ; • poissons gras. Chez les enfants, près de la moitié (40 %) de l’énergie devrait provenir de sources de graisses. En effet, la taille de leur estomac ne leur permet de consommer que de petites quantités de nourriture par repas. En revanche, les adultes ne devraient tirer que 17 % de leur énergie des matières grasses. Au moins 70 % de leur énergie peut provenir de sources de glucides comme les aliments de base. Les femmes enceintes et les mères allaitantes devraient tirer au moins 20 % de leur énergie des matières grasses. 25 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Besoins énergétiques couverts par les graisses dans le régime alimentaire 17% 20% 40% Enfant Adulte Femmes enceintes/ allaitantes  Comportement 6 – Inclure des vitamines et des minéraux dans le régime alimentaire, en consommant tous les jours beaucoup de fruits et légumes et en ajoutant de petites quantités de sel iodé à chaque repas Le corps a besoin de petites quantités de vitamines et de minéraux pour grandir, se développer et fonctionner. Ceux-ci ne fournissent pas d’énergie, mais contribuent à en produire en association avec des macronutriments comme les glucides, les protéines et les graisses. Les vitamines sont essentielles pour que l’organisme puisse fonctionner normalement, lutter contre les maladies et se rétablir. Si toutes les vitamines ont des propriétés qui leur sont propres, leurs fonctions principales sont les suivantes : • renforcer les capacités du corps de lutter contre les maladies et de s’en remettre ; • améliorer le fonctionnement du système nerveux (cerveau, nerfs) et du système digestif (estomac, intestins) ; • prévenir l’insuffisance pondérale à la naissance ; • favoriser la croissance chez l’enfant ; • développer et conserver une bonne vue et une peau, des os, des dents et des muscles en bonne santé. Les minéraux contribuent fortement à la « charpente » du corps (os, dents) et aident l’organisme à lutter contre les maladies et à se rétablir. Si tous les minéraux ont des propriétés qui leur sont propres, leurs fonctions principales sont les suivantes : • favoriser la croissance et le développement cérébral chez l’enfant ; • renforcer les capacités du corps de lutter contre les maladies et de s’en remettre ; • améliorer le fonctionnement du système nerveux et du système digestif ; • développer et conserver des os, des dents et des muscles en bonne santé (y compris le cœur) ; • améliorer la circulation sanguine et la pression artérielle. Les vitamines et les minéraux doivent être associés pour atteindre une efficacité maximale. Les principales sources de vitamines et de minéraux sont les suivantes : • fruits frais de couleur orangée, jaune, rouge ou verte, notamment les oranges, les mangues, les papayes, les bananes, les ananas, les pommes, les fraises, les goyaves, les avocats, etc. ; 26 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 2. Régime alimentaire familial • légumes verts à feuilles frais, comme les épinards, le brocoli, le cresson, le chou12, etc. ; • légumes frais de couleur orangée, jaune ou rouge, tels que les carottes, les potirons/citrouilles, les poivrons, les tomates, etc. ; • céréales non raffinées, notamment céréales complètes, millet, sorgho, avoine, etc. ; • légumes secs, tels que les haricots secs, les pois, les lentilles, etc. ; • viande rouge et abats frais comme le foie et les rognons ; • poisson frais et huile de poisson ; • fruits à coque et graines. Du sel iodé devrait être inclus dans chaque repas, car le corps ne peut pas stocker l’iode longtemps. Les aliments suivants sont naturellement riches en iode : • lait ; • jaunes d’œufs ; • poissons marins et fruits de mer.  Comportement 7 – Assurer un équilibre sain entre tous les types de nutriments dans le régime alimentaire Consommer trop ou pas assez de nutriments de chaque type peut être nocif. Si l’on absorbe trop de glucides, l’organisme ne les utilise pas immédiatement, mais les transforme en graisses pour les stocker. Pendant le processus de raffinage, les glucides transformés comme le pain blanc, le riz blanc et la farine de maïs perdent des nutriments naturels importants, notamment des protéines, des minéraux et des vitamines. Lorsqu’on consomme trop de sucre, surtout du sucre blanc raffiné et des boissons et aliments édulcorés, celui-ci se transforme en graisse. Cela peut accroître le risque de caries et de carences en vitamines et en minéraux, en particulier chez les enfants, et entraîne souvent une surcharge pondérale. Chez l’adulte, une consommation excessive de protéines, notamment d’origine animale, peut faire grimper le taux de cholestérol13 et augmenter le risque de maladie cardiaque et de cancer. Chez l’enfant, un manque de protéines, surtout d’origine animale, dans le régime alimentaire peut freiner la croissance. Trop de « mauvaises graisses », surtout d’origine animale, dans l’alimentation de l’adulte peut accroître le taux de cholestérol ainsi que la prédisposition aux maladies cardiaques, à la surcharge pondérale et au cancer. Pour réduire les risques sanitaires liés aux mauvaises graisses, il est important : • de consommer le moins possible de graisses animales comme le lard et le beurre ; • d’utiliser des huiles végétales plutôt que de la margarine et d’autres pâtes à tartiner. • Afin de réduire de façon générale la consommation de matières grasses, il est préférable de faire sauter les aliments dans un peu d’huile que de les faire frire dans beaucoup d’huile. 12 Les légumes verts à feuilles foncées ont une meilleure valeur nutritive que le chou, qui contient moins de vitamines et de minéraux. La culture du chou dans un potager n’est pas idéale pour trois autres raisons : a) elle requiert beaucoup d’espace ; b) elle nécessite une grande quantité d’engrais et de pesticides ; et c) les choux ne peuvent être récoltés que lorsque toute la plante est arrivée à maturité (alors que pour certains légumes verts à feuilles, il est possible de prélever un peu de la même plante chaque jour). 13 Le corps humain produit naturellement du cholestérol, qui aide le foie à digérer les aliments (en particulier les graisses) et protège le système nerveux. En quantité excessive, le cholestérol peut s’accumuler le long des parois des vaisseaux sanguins (artères) et obstruer la circulation sanguine. Cela risque d’entraîner des maladies cardiaques, une surcharge pondérale et un cancer. Les adultes devraient faire vérifier de temps en temps leur taux de cholestérol dans un dispensaire et, si ce taux est trop élevé, suivre les conseils médicaux donnés pour le réduire. 27 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Un manque de vitamines et de minéraux dans le régime alimentaire peut réduire la capacité de l’organisme de combattre les maladies, et empêcher le corps d’assimiler les aliments et d’absorber les nutriments dont il a besoin pour grandir et fonctionner. Les carences les plus répandues concernent le fer, l’iode et la vitamine A. Les carences en micronutriments peuvent en outre provoquer l’émaciation, un retard de croissance et des œdèmes nutritionnels. Comportement 8 – Utiliser des méthodes de cuisson simples et délicates pour tirer le plus de nutriments possible des aliments Fruits et légumes Les fruits et légumes crus sont la source la plus riche en vitamines et en minéraux. Les fruits ainsi que les carottes, les tomates et les concombres crus constituent d’excellents en-cas entre les repas. Les légumes crus peuvent aussi être servis en salade avec les repas. Les plantes potagères comme le persil, la menthe, la citronnelle, le fenouil et l’aneth, et les plantes aromatiques telles que le gingembre et l’ail, sont bénéfiques et peuvent être utilisées dans les salades et les repas. Les fruits et légumes crus doivent être coupés ou lavés avec de l’eau potable juste avant consommation. Moins les légumes sont cuits, plus ils conservent leurs vitamines et minéraux. Les pratiques suivantes peuvent entraîner des pertes de vitamines et de minéraux : • laisser tremper trop longtemps les fruits et les légumes dans de l’eau ; • cuire les fruits et les légumes trop longtemps et dans trop d’eau ; • cuire les légumes verts avec du bicarbonate de soude ; • couper les légumes à feuilles avec un couteau au lieu d’en déchirer les feuilles à la main. La meilleure façon de cuisiner les légumes est de les faire cuire à la vapeur avec un peu d’eau, au lieu de les faire bouillir. Les feuilles des légumes tels que les épinards peuvent être cuites à la vapeur pendant environ cinq minutes dans un tamis placé au-dessus d’eau bouillante. Il faut remuer les feuilles avec une cuillère en bois pour qu’elles soient toutes exposées à la vapeur. L’eau de cuisson des légumes bouillis contient beaucoup de vitamines et de minéraux, et elle peut être ajoutée à un ragoût ou utilisée en sauce, en soupe ou en boisson. Légumes secs Parmi les légumes secs figurent les haricots de Lima, les fèves, les pois chiches/le niébé, les pois d’Angole, le soja et les lentilles. La cuisson des légumes secs peut être longue et nécessiter beaucoup de combustible. Ces légumes peuvent aussi provoquer des ballonnements et des flatulences. Pour réduire le temps de cuisson et éviter les flatulences, laissez tremper les légumes pendant la nuit et écumez la mousse qui se forme pendant la cuisson à l’aide d’une cuillère. Viande, volaille et poisson La viande, la volaille et le poisson frais contiennent plus de nutriments que les produits qui ont été transformés et mis en conserve. Tous les types de viande, de volaille et de poisson doivent être bien cuits. La salmonellose est une infection qui se transmet par les aliments mal cuits (généralement, le poulet ou les œufs crus ou peu cuits, dont le blanc ou le jaune est resté liquide). Les enfants et les personnes âgées ou malades sont les plus exposés à la salmonellose. Le risque d’intoxication alimentaire est également élevé avec la viande, la volaille ou le poisson mal cuits. Les aliments grillés ou rôtis au-dessus d’un feu ou de charbon peuvent roussir à l’extérieur mais être insuffisamment cuits à l’intérieur, ce qui peut entraîner une intoxication alimentaire. Il importe de vérifier que la viande et la volaille sont complètement cuites, surtout lorsqu’elles sont grillées. Le poisson et les fruits de mer peuvent être grillés ou étuvés légèrement dans le moins d’eau possible jusqu’à cuisson complète. Il est recommandé d’ôter le gras de tous les types de viande, car il peut contenir des produits chimiques et des pesticides que l’animal a absorbés pendant qu’il paissait. 28 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 2. Régime alimentaire familial Comportement 9 – Consommer de l’eau potable et des boissons saines dans le cadre de l’alimentation quotidienne L’eau, essentielle à la vie, joue un rôle crucial dans la digestion des aliments, la bonne absorption des nutriments et l’élimination des déchets organiques. Il est recommandé aux adultes de boire environ huit verres (soit 1,5 à 2 litres) d’eau non polluée14 par jour. S’il fait très chaud ou en cas de diarrhée, de vomissements ou de fièvre, il faut boire davantage pour remplacer l’eau qui a été perdue. Les tisanes peuvent renforcer et purifier le corps en favorisant la digestion et l’élimination des déchets organiques. Un verre de jus de fruit ou de légume frais est considéré comme équivalent à une portion de fruits frais, contenant au moins l’apport quotidien en nutriments importants recommandé. • Les vitamines, minéraux, sucres et protéines concentrés dans le jus des aliments crus sont rapidement absorbés par le sang, demandant ainsi très peu d’efforts au système digestif. • Pour les jeunes enfants, les jus devraient être dilués avec de l’eau potable afin d’éviter la diarrhée. Les boissons mauvaises pour la santé peuvent avoir des répercussions négatives sur une alimentation par ailleurs saine : • Le thé et le café nuisent à l’absorption de certains minéraux importants ; il est préférable de ne pas en boire pendant les repas ou parallèlement à la prise de suppléments de vitamines et de minéraux. • Les boissons gazeuses contiennent du sucre raffiné et des arômes artificiels. Elles peuvent perturber la santé et les habitudes alimentaires des jeunes enfants, raison pour laquelle elles doivent être évitées aussi longtemps que possible. Ces boissons étant très sucrées, elles augmentent en réalité les besoins en eau de l’organisme et ne sont donc pas la meilleure solution pour étancher la soif. • En quantité excessive, l’alcool peut endommager le foie et entraîner des carences en vitamines (particulièrement en vitamine B), des problèmes digestifs et des pertes de mémoire et de concentration. Que peuvent faire les volontaires ? Les volontaires peuvent jouer un rôle utile dans la promotion d’une bonne nutrition aux niveaux des ménages et de la communauté, dont ils peuvent encourager les membres à modifier leurs comportements et à adopter de bonnes pratiques alimentaires. Plus précisément, les volontaires peuvent contribuer activement à sensibiliser les membres de la communauté à l’importance et aux avantages d’un régime alimentaire varié et équilibré. Actions des volontaires À l’intention de la communauté : • Avoir soi-même une alimentation saine pour donner l’exemple. • Promouvoir les comportements de base en matière de nutrition pour garantir un régime alimentaire adapté (varié et équilibré). • Appuyer les activités de présentation des éléments constituant un régime alimentaire varié et équilibré. • Répertorier et écarter les principaux obstacles aux comportements recommandés aux niveaux des ménages et de la communauté. 14L’eau non polluée est définie comme une eau de qualité suffisante pour être consommée ou utilisée à des fins d’hygiène personnelle et domestique, avec un faible risque de dommages immédiats ou à long terme. La plupart des pays ont leurs propres règlements s’agissant des normes de qualité de l’eau potable. Les sources d’eau non polluée comprennent les réseaux de canalisation, les puits tubulaires ou les forages bien construits et entretenus, ainsi que les puits creusés couverts et les sources protégées de toute contamination d’origine animale ou autre. Les sources d’eau impropres à la consommation comprennent les eaux de surface (par ex. étangs, fleuves et ruisseaux), les puits creusés non protégés et les réservoirs ouverts. L’eau tirée de ces sources peut être rendue potable en la faisant bouillir, en la filtrant ou en la traitant à l’aide de chlore. L’eau devrait toujours être conservée dans un récipient propre, si possible avec un robinet. Si le récipient est ouvert, il devrait être recouvert de tissu ou d’un couvercle pour éviter l’introduction d’insectes ou de saletés. L’eau devrait être extraite du récipient à l’aide d’un pot ou d’une tasse propre. Il faut éviter de mettre les mains dans le récipient ou d’y boire directement, et empêcher les animaux de s’approcher des réserves d’eau. 29 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Synthèse de la partie 2 Comportements de base pour un régime alimentaire adapté – familles/ communauté • Consommer des aliments variés. • Inclure des glucides dans chaque repas en mangeant des aliments de base tels que des céréales et des racines. • Manger chaque jour, si possible, des protéines telles que des légumes secs, de la viande, du poisson ou d’autres produits d’origine animale. • Inclure des fibres dans le régime alimentaire en mangeant chaque jour des aliments frais non transformés. • N’inclure que de petites quantités de graisses (huile ou beurre) dans le régime alimentaire quotidien. • Inclure des vitamines et des minéraux dans le régime alimentaire, en mangeant tous les jours beaucoup de fruits et de légumes et en ajoutant de petites quantités de sel iodé à chaque repas. • Assurer un équilibre entre tous les types de nutriments dans le régime alimentaire. • Utiliser des méthodes de cuisson simples et délicates pour tirer le plus de nutriments possible des aliments. • Consommer de l’eau potable et des boissons saines dans le cadre de l’alimentation quotidienne Éléments d’un régime alimentaire sain – familles Aliments de base non transformés Sucres Fibres Protéines Bonnes graisses Vitamines/ minéraux Les céréales complètes, le riz non poli, le millet et le sorgho sont les sources les moins chères et les plus saines d’énergie, de fibres, de protéines et de certains types de vitamines et de minéraux. Les plus sains sont ceux qui sont présents naturellement dans les aliments frais, les fruits et le sucre de canne brut. Généralement présentes dans les fruits et les légumes crus et dans les céréales non transformées. Il est préférable d’en consommer de différentes sources, par exemple en combinant les légumes secs et/ ou les produits d’origine animale aux céréales. Les plus saines sont celles qui sont contenues dans les graines oléagineuses, les fruits à coque, le poisson et les avocats. Généralement présents dans les fruits et les légumes crus, les céréales et les légumes secs non transformés ainsi que la viande et le poisson frais. 30 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 3. La nutrition des femmes 3. La nutrition des femmes À la fin de cette partie, vous : • comprendrez pourquoi une bonne nutrition est importante durant l’adolescence, la grossesse et l’allaitement ; • serez familiarisé avec les bons comportements en matière de nutrition ; • saurez quelles interventions et quels services de santé et de nutrition sont disponibles ; • saurez ce que peuvent faire les volontaires. Pourquoi une bonne nutrition estelle importante pour les femmes et les adolescentes ? Une bonne nutrition est importante même avant la naissance et, surtout, pendant les deux premières années de la vie de l’enfant. Elle l’est aussi pour les filles pendant l’adolescence et pour les femmes en âge de procréer. Un enfant né d’une mère bien nourrie a plus de chances d’avoir un poids suffisant à la naissance, d’être en bonne santé tout au long de sa croissance et de devenir fort. Les filles qui sont en bonne santé et qui ont une bonne alimentation pendant leur enfance et leur adolescence auront moins de problèmes pendant leur grossesse et l’accouchement. À l’inverse, le cercle de la mauvaise nutrition peut commencer avant la naissance et avoir des incidences sur plusieurs générations s’il se poursuit pendant l’adolescence et la maternité. Les nourrissons d’un faible poids de naissance et les filles souffrant de malnutrition chronique restent souvent sous-alimentés à l’âge adulte. Celles-ci courent davantage de risques de souffrir de maladies chroniques une fois adultes et de donner naissance à des enfants eux-mêmes d’un faible poids. 31 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Cycle de la malnutrition à travers les générations Faible poids et petite taille de l’enfant (retard de croissance) Faible poids de naissance Grossesse précoce Adolescente d’un faible poids et de petite taille Femme d’un faible poids et de petite taille Quels sont les bons comportements des femmes et des adolescentes en matière de nutrition ? Il est ressorti de la première partie que plusieurs conditions sont nécessaires à une bonne nutrition, à savoir : • un régime alimentaire adapté ; • l’absence de maladies ; • des pratiques de soins appropriées. La liste ci-dessous présente 11 comportements de base et les messages de sensibilisation susceptibles de les accompagner pour la promotion de bonnes pratiques en matière de nutrition chez les adolescentes, les femmes enceintes et les mères allaitantes. Les messages sont proposés à titre indicatif et peuvent être adaptés en fonction du contexte local. Messages clés Les adolescentes – dont le corps se développe –, les femmes enceintes et les mères allaitantes ont tout particulièrement besoin d’avoir un régime alimentaire composé d’une quantité suffisante d’aliments variés. Les femmes enceintes et les mères allaitantes doivent faire un ou deux repas supplémentaires par jour et boire une grande quantité d’eau potable. Il est également important qu’elles consomment des aliments riches en fer et du sel iodé. 15 Le terme « comportement » désigne les actions d’une personne. 32 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 3. La nutrition des femmes Régime alimentaire adapté Tout le monde a besoin d’un régime alimentaire adapté (varié et équilibré), composé d’aliments issus des quatre groupes. Mais le rôle que jouent les femmes en tant que mères crée chez elles des besoins supplémentaires à certains moments clés de leur vie. Comportement 1 – Inclure une quantité suffisante d’aliments variés dans le régime alimentaire Adolescentes, femmes enceintes et mères allaitantes Une alimentation variée et équilibrée comprend différents types d’aliments, tels que : • Des aliments de base (millet, orge, sorgho, maïs, riz), à chaque repas. • Des légumes à cosse, des légumes verts à feuilles, et des fruits et légumes rouges/jaunes/orangés, tous les jours. • Du poisson, de la viande et des produits laitiers, à chaque fois que cela est possible. • Des graisses en faible quantité, telles que du beurre, de l’huile et/ou des graines oléagineuses, tous les jours avec les repas. Quand les aliments de base sont le manioc, la pomme de terre ou le plantain, il est conseillé d’y mélanger des céréales dans la mesure du possible, à chaque repas, pour accroître l’apport énergétique. Il est recommandé de faire au moins deux repas par jour pour que l’apport énergétique et l’apport en nutriments soient suffisants. Dans le cadre d’un régime alimentaire sain, il est recommandé de boire de l’eau potable, surtout entre les repas. Essayer d’éviter la consommation excessive de boissons gazeuses, de café, de thé fort, d’alcool, de sucre blanc et d’aliments transformés. Femmes enceintes Pour un apport énergétique plus important, il est recommandé de faire un repas supplémentaire par jour, après le quatrième mois de grossesse. Mères allaitantes Pour un apport énergétique plus important, il est recommandé de faire deux repas supplémentaires par jour, surtout durant les six mois suivant l’accouchement, et de consommer des quantités supplémentaires d’eau potable quand on allaite en position assise. Il faut manger des aliments de chacun des quatre groupes tous les jours. 33 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportement 2 – Veiller à ce que le régime alimentaire contienne du fer, de la vitamine A et de l’iode Adolescentes, femmes enceintes et mères allaitantes Les aliments riches en fer sont les légumes verts à feuilles foncées, la viande, le foie et le rognon. Les fruits et légumes jaunes/orangés facilitent l’absorption du fer par l’organisme, contrairement au thé et au café, qui la ralentissent et devraient être évités durant l’heure qui précède et suit le repas. Les aliments riches en vitamine A sont les légumes verts à feuilles foncées, les fruits et légumes jaunes/orangés, le foie et le rognon. Essayer d’ajouter de petites quantités de sel iodé à chaque repas. Certains produits commercialisés, comme la farine et/ou l’huile végétale, contiennent déjà des vitamines et des minéraux ajoutés. On les appelle des « aliments enrichis » et on les reconnaît grâce à un logo spécifique. Femmes enceintes Les comprimés de fer peuvent aider à prévenir l’anémie s’ils sont pris tous les jours durant six mois ou pendant la durée indiquée par un agent de santé. Afin d’éviter les problèmes de digestion, il est préférable de les prendre au cours des repas. Le fer se digère plus facilement si on boit de grandes quantités d’eau potable et si on mange davantage de fruits, de légumes et d’autres aliments contenant des fibres, comme les grains entiers. Les comprimés de fer contiennent parfois de l’acide folique, qui permet de prévenir l’anémie et d’autres carences chez l’enfant à naître. Si les comprimés ne contiennent pas d’acide folique, il vaut mieux en prendre sous forme de comprimé séparé, le plus tôt possible pendant la grossesse et tout au long de celle-ci. 34 Produits riches en fer Sel iodé Produits riches en vitamine A « Aliments enrichis » Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 3. La nutrition des femmes Absence de maladies Causes de la malnutrition Malnutrition Régime alimentaire inadapté Causes immédiates Causes sous-jacentes Sécurité alimentaire du ménage inadéquate Causes fondamentales Insuffisance des soins maternels et infantiles Maladie Insuffisance des soins de santé et environnement insalubre Institutions formelles et informelles, éducation, structure économique, politique Les maladies, associées à un régime alimentaire médiocre, peuvent être à l’origine de la malnutrition. Il est donc essentiel d’avoir accès à des services de santé de base pour se maintenir en bonne santé. Messages clés Pour conserver un bon état nutritionnel, il est essentiel de se maintenir en bonne santé. Les maladies courantes, telles que le paludisme, les parasitoses intestinales et les infections respiratoires aiguës (rhumes), peuvent entraîner une vulnérabilité à la malnutrition ou aggraver une malnutrition déjà existante. Néanmoins, les agents de santé peuvent traiter certaines maladies, et il existe des mesures de prévention simples et efficaces, comme utiliser des moustiquaires et se laver les mains au savon ou à la cendre. Le manuel Premiers secours et santé à base communautaire (PSSBC) contient des orientations détaillées sur la lutte contre le paludisme (module 6, chapitre 10). En voici quelques grandes lignes : Comportement 3 – Prévenir et traiter le paludisme simplement et efficacement 16 La moustiquaire est recouverte d’une substance qui repousse ou tue les moustiques entrant en contact avec elle. Adolescentes, femmes enceintes et mères allaitantes Le paludisme se propage par la piqûre d’un moustique infecté. Les moyens de prévention les plus efficaces contre les piqûres de moustiques sont : Dormir à l’abri d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide16 (qu’il faut plonger dans de l’insecticide tous les six mois). La priorité doit être donnée aux enfants de moins de cinq ans et aux femmes enceintes. Porter des vêtements qui couvrent au maximum le corps, surtout entre le coucher et le lever du soleil. Il est possible de tenir les moustiques à distance en gérant les déchets et évitant les eaux stagnantes. En cas de forte fièvre ou de maux de tête violents, il est recommandé de se rendre immédiatement à l’établissement local de santé pour obtenir un diagnostic et un traitement. Il est important de boire en abondance de l’eau potable/bouillie et d’avoir un régime alimentaire sain pendant le traitement. Femmes enceintes Pendant la grossesse, le paludisme peut provoquer une forte anémie et entraîner la mort du fœtus (enfant à naître) ou la naissance prématurée de l’enfant, qui sera d’un faible poids de naissance. 35 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportement 4 – Prévenir et traiter les vers intestinaux simplement et efficacement Adolescentes, femmes enceintes et mères allaitantes 36 Les vers intestinaux peuvent pénétrer dans l’organisme par la bouche quand on mange avec des mains sales ou consomme des aliments ou de l’eau contenant des vers ou des œufs de vers. Le moyen de prévention le plus efficace est d’adopter de bonnes règles d’hygiène, telles que : • Enfouir tous les excréments ou les jeter dans les latrines ou les toilettes, et tenir les pièces de vie propres. • Se laver les mains et les ongles à l’eau et au savon ou à la cendre, avant de préparer le repas et de manger. Les vers intestinaux peuvent aussi pénétrer dans l’organisme par le contact de la peau avec de la terre contenant des vers ou des œufs de vers. Le port de chaussures permet de l’éviter. Là où les vers intestinaux sont répandus, les comprimés vermifuges sont efficaces s’ils sont pris deux fois par an. Note : Les femmes enceintes ne peuvent pas prendre de comprimés vermifuges au cours des trois premiers mois de la grossesse Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 3. La nutrition des femmes Pratiques de soins appropriées  Messages clés Les pratiques de soins appropriées contribuent à protéger l’état de santé et l’état nutritionnel des adolescentes et des femmes ainsi que ceux de leurs futurs enfants. Les mères adolescentes risquent tout spécialement de présenter des complications d’ordre nutritionnel, sanitaire et autres durant la grossesse et de donner naissance à un enfant présentant une insuffisance pondérale. Retarder l’âge du mariage et de la première grossesse et rester scolarisée plus longtemps peuvent avoir des effets bénéfiques. Les filles/femmes enceintes ont davantage besoin de repos. Il est préférable, pour la santé des enfants et des mères, d’espacer les naissances d’au moins deux ans. Une femme qui a plus de quatre enfants est exposée à davantage de risques pour sa santé et celle de son nourrisson. Comportement 5 – Éviter les mariages et/ou les grossesses précoces jusqu’à 18 ans au minimum Adolescentes Les adolescentes enceintes sont particulièrement vulnérables car leur organisme répartit les nutriments entre elles (qui sont encore en pleine croissance) et l’enfant à naître. Elles font face à des risques élevés pour leur santé pendant l’accouchement. Il est fréquent qu’elles accouchent prématurément et que leur enfant soit d’un faible poids de naissance. Comportement 6 – Rester scolarisée le plus longtemps possible Adolescentes Les filles instruites sont plus en mesure de protéger leur propre santé et celle de leurs proches, même dans les ménages et les communautés les plus pauvres. Généralement, les filles qui ont fréquenté l’école pendant au moins sept ans se marient plus tard et retardent l’âge de leur première grossesse afin d’écarter les risques pour la santé. Comportement 7 – Ménager ses efforts, surtout après le quatrième mois de grossesse Femmes enceintes Les femmes enceintes ont davantage besoin de sommeil et d’aide dans leurs tâches quotidiennes. Leur conjoint ou un autre proche peut contribuer aux tâches domestiques. Il est préférable que les femmes enceintes ne portent pas de charges lourdes, telles que des récipients à eau ou du bois, car cela augmente les risques pour la santé. Comportement 8 – Éviter de fumer, de boire de l’alcool, de prendre des médicaments et de s’exposer à toute autre substance toxique, surtout pendant la grossesse Femmes enceintes et mères allaitantes Un nourrisson risque davantage d’être de petite taille et d’avoir des problèmes respiratoires à la naissance si sa mère fume du tabac ou est exposée aux fumées des foyers de cuisson. L’exposition aux médicaments, aux pesticides, aux herbicides et autres produits chimiques peut entraver le développement physique et mental de l’enfant à naître. Les femmes enceintes ne doivent prendre que les médicaments prescrits par des agents de santé qualifiés. 37 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportement 9 – Ménager ses efforts durant les six mois suivant l’accouchement Mères allaitantes Le stress de la mère peut avoir un effet nocif sur l’allaitement. Son conjoint, ou un autre proche, peut contribuer aux tâches domestiques. Dans de nombreux pays, des lois garantissent des conditions de travail favorables à l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois. Comportement 10 – Espacer les grossesses d’au moins deux ans Mères allaitantes Espacer les naissances de deux ou trois ans laisse à une mère le temps de se rétablir complètement. Si une femme retombe enceinte peu de temps après avoir accouché, le risque qu’elle accouche prématurément et que le nourrisson soit d’un faible poids de naissance est plus élevé. Les enfants qui ont deux ans d’écart ou plus grandissent en meilleure santé et présentent un meilleur développement physique et mental que ceux qui ont un faible écart d’âge. L’un des risques majeurs pour la santé et la croissance d’un enfant de moins de deux ans est la naissance d’un autre enfant car, une fois enceintes, les mères cessent généralement d’allaiter, et elles ont moins de temps pour nourrir convenablement l’enfant plus âgé. L’allaitement maternel exclusif peut permettre de repousser la grossesse suivante, mais uniquement si TOUTES les conditions suivantes sont réunies : • la mère allaitante n’a pas eu de nouvelle menstruation ; • le nourrisson a moins de six mois ; • le nourrisson est exclusivement et régulièrement nourri au sein et n’utilise ni sucette ni tétine. En l’absence de l’une de ces conditions, il faut demander conseil à un agent de santé qualifié sur les différentes méthodes de planification familiale. Comportement 11 – Essayer de limiter le nombre de grossesses à quatre au maximum au cours d’une vie Mères allaitantes 38 Après quatre grossesses, les mères sont exposées à des risques accrus pour la santé, notamment si les naissances ne sont pas espacées d’au moins deux ans. Ces risques sont : • l’anémie ; • des hémorragies importantes au cours de l’accouchement ; • un accouchement prématuré ; • un nourrisson d’un faible poids de naissance (souffrant déjà de malnutrition). La planification familiale est aussi l’affaire du conjoint. Les pères doivent comprendre qu’il est important de limiter le nombre de grossesses pour protéger la santé et le bien-être des mères et des enfants. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 3. La nutrition des femmes Quels sont les services de santé et de nutrition disponibles ? Cette partie offre un aperçu des services de santé et de nutrition destinés aux adolescentes, aux femmes enceintes et aux mères allaitantes. La disponibilité de ces services peut varier d’un pays à l’autre en fonction des politiques et des programmes existants. En tant que volontaire, il est utile de savoir quels sont les services disponibles au niveau local et comment orienter les personnes le mieux possible en fonction de leurs besoins. La liste ci-dessous présente les services de santé et de nutrition destinés à chacun des groupes cibles, en commençant par les adolescentes. Leurs caractéristiques propres sont mises en avant pour faciliter la consultation. (De plus amples informations sur la prévention des maladies et la promotion de la santé sont données dans le manuel PSSBC, module 6.) Messages clés Différents services visant à favoriser la bonne nutrition des adolescentes, des femmes enceintes et des mères allaitantes peuvent être disponibles dans les postes de santé, les dispensaires et les hôpitaux locaux. Ces services comprennent la supplémentation en vitamines ou en minéraux ; la planification familiale ; le traitement des maladies causées par les vers intestinaux, des maladies comme le paludisme, ou du VIH ; et la fourniture de soins à la mère et à l’enfant avant, pendant et après la naissance. Services de santé et de nutrition Adolescentes Supplémentation17 en fer et en acide folique Pour prévenir l’anémie et les anomalies congénitales. Note : Dans la plupart des pays, la supplémentation n’est pas disponible gratuitement. Supplémentation en capsules iodées Pour prévenir les carences en iode. Note : Ce service est disponible uniquement dans les pays où les taux de carence en iode sont élevés et la distribution de sel iodé limitée. Dans certains pays, des aliments enrichis et des micronutriments sont distribués aux femmes enceintes. Services de santé reproductive adaptés aux adolescents • pour la planification familiale ; • pour la prévention du VIH/sida et des infections sexuellement transmissibles. Note : Ces services sont disponibles dans la plupart des pays. 17 Le terme « supplémentation » désigne l’apport de vitamines et de minéraux supplémentaires sous forme de comprimés. 39 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Services de santé et de nutrition Femmes enceintes Soins prénatals18 Les femmes enceintes devraient se rendre à l’établissement de santé local au moins quatre fois durant leur grossesse. Les services suivants ont des effets positifs directs sur la nutrition. Supplémentation en fer et en acide folique pendant six mois de grossesse L’agent de santé devrait donner suffisamment de comprimés à la femme enceinte pour qu’elle en ait jusqu’à la consultation prénatale suivante. Les femmes enceintes devraient prendre des comprimés de fer et d’acide folique tous les jours pendant six mois. Traitement vermifuge Les comprimés vermifuges ne doivent pas être pris durant les trois premiers mois de grossesse. À partir du quatrième mois, l’agent de santé peut prescrire une ou deux doses si nécessaire. Traitement préventif du paludisme L’agent de santé prescrira deux doses. Note : Le traitement préventif du paludisme n’est disponible que dans les zones impaludées. Supplémentation en capsules iodées L’agent de santé fournira une dose durant la grossesse. Note : La supplémentation en iode n’est disponible que dans les zones où les taux de carence en iode sont élevés et le sel iodé insuffisant. Services de conseil et de dépistage du VIH volontaires Dans la plupart des pays, ce service est fourni dans le cadre des soins prénatals pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant au cours de l’accouchement et/ou de l’allaitement. Mères allaitantes Accouchement sans risque Dans tous les pays, il est recommandé aux femmes de se faire assister par une accoucheuse qualifiée. Note : Les femmes sont aussi encouragées à s’organiser à l’avance pour le cas où des soins d’urgence seraient nécessaires pendant l’accouchement (par ex. organiser le transport). Soins postnatals19 Les accoucheuses qualifiées devraient examiner la mère et le nourrisson dans les 24 heures (48 heures au maximum) suivant la naissance, puis périodiquement au cours des six à huit semaines suivantes. L’agent de santé devrait donner à la mère une dose de vitamine A dans les six à huit semaines suivant l’accouchement, et lui fournir des conseils sur l’allaitement et l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Note : La vitamine A est transmise au nourrisson par le lait maternel, ce qui l’aide à lutter contre les maladies. Services de conseil et de dépistage du VIH volontaires Avoir connaissance de l’état sérologique de la mère vis-à-vis du VIH est essentiel pour empêcher la transmission du virus à l’enfant au cours de l’accouchement ou de l’allaitement. Les mères séropositives au VIH peuvent consulter les agents de santé pour connaître les meilleures options en matière d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Services de planification familiale Dans la plupart des pays, des services de planification familiale sont disponibles dans les établissements de santé. Les préservatifs sont un moyen de protection avéré contre les grossesses et les infections sexuellement transmissibles, notamment le VIH. Que peuvent faire les volontaires ? 18 Les soins prénatals sont les soins de santé et nutritionnels qui sont dispensés à une femme enceinte pour veiller à ce qu’elle-même et l’enfant à naître restent en bonne santé jusqu’à la naissance. 19 Les soins postnatals sont les soins de santé et nutritionnels fournis à une femme et à son nouveau-né durant les premières semaines suivant la naissance. 40 Les volontaires peuvent jouer un rôle utile dans la promotion d’une bonne nutrition aux niveaux des ménages et de la communauté, en encourageant le changement de comportements et l’adoption de pratiques sûres. Plus spécialement, ils peuvent activement contribuer à enseigner aux adolescentes, aux femmes enceintes et aux mères allaitantes les bienfaits d’un régime alimentaire adapté, de l’absence de maladies et des pratiques de soins appropriées. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 3. La nutrition des femmes Actions des volontaires En faveur des adolescentes, des femmes enceintes et des mères allaitantes • Promouvoir les comportements de base favorables à un régime alimentaire adapté, à la prévention et au traitement des maladies, et à des soins appropriés. • Définir et traiter les principaux obstacles à l’adoption des comportements recommandés, aux niveaux des ménages et de la communauté. En faveur des adolescentes • Sensibiliser les adolescents, surtout les filles, à l’importance de la nutrition, à travers des clubs/groupes. • Collaborer avec les associations de parents et d’enseignants pour promouvoir l’éducation nutritionnelle dans les écoles. En faveur des femmes enceintes • Encourager les femmes enceintes à se faire examiner au moins quatre fois pendant leur grossesse. • Encourager les mères à prendre quotidiennement des comprimés de fer et d’acide folique pendant la durée indiquée par l’agent de santé. • Encourager les mères à nourrir leur nourrisson exclusivement au sein et à poursuivre l’allaitement maternel jusqu’à ce que l’enfant ait deux ans. En faveur des mères allaitantes • Vérifier que les mères reçoivent une dose de vitamine A dans les six à huit semaines suivant la naissance. • Sensibiliser à l’importance d’espacer les naissances d’au moins deux ans et de limiter le nombre de grossesses à quatre, pour la santé des mères et de leurs enfants. • Orienter les hommes et les femmes vers les services de planification familiale les plus proches afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées quant à l’avenir de leur famille. • Encourager les mères à obtenir auprès d’une sage-femme des conseils sur les soins aux nouveau-nés et l’allaitement maternel. Synthèse de la partie 3 Comportements de base : adolescentes Régime alimentaire adapté Absence de maladies Soins appropriés Services de santé et de nutrition • Quantités suffisantes de nourriture (au moins deux repas/jour). • Alimentation suffisamment variée. • Apports suffisants en fer, vitamine A et iode • Le paludisme est évité et traité. • Les parasitoses intestinales sont évitées et traitées. • L’âge du mariage et/ou de la première grossesse est repoussé à 18 ans au minimum. • Les filles sont scolarisées le plus longtemps possible • Supplémentation en fer et en acide folique. • Supplémentation en capsules iodées. • Services de santé reproductive adaptés aux jeunes. 41 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportements de base : femmes enceintes Régime alimentaire adapté Absence de maladies Soins appropriés Services de santé et de nutrition • Quantités suffisantes de nourriture (au moins trois repas/jour). • Alimentation suffisamment variée. • Apports suffisants en fer, vitamine A et iode. • Prise quotidienne de comprimés d’acide folique tout au long de la grossesse (surtout les premiers mois). • Prise quotidienne de comprimés de fer pendant six mois ou pendant la durée indiquée par un agent de santé qualifié. • Le paludisme est évité et traité. • Les parasitoses intestinales sont évitées et traitées. • Les efforts sont ménagés dès le quatrième mois de grossesse. • Le tabac, l’alcool, la prise de médicaments et l’exposition aux pesticides, aux herbicides et autres substances toxiques sont évités. • Soins prénatals (quatre consultations minimum). • Dans le cadre des soins prénatals : – supplémentation en fer et en acide folique pendant six mois ; – supplémentation en capsules iodées ; – traitement vermifuge ; – traitement préventif du paludisme ; – services de conseil et de dépistage du VIH volontaires. Comportements de base : mères allaitantes Régime alimentaire adapté Absence de maladies Soins appropriés Services de santé et de nutrition • Quantités suffisantes de nourriture (au moins quatre repas/jour). • Alimentation suffisamment variée. • Apports suffisants en fer, vitamine A et iode. • Le paludisme est évité et traité. • Les parasitoses intestinales sont évitées et traitées. • Les efforts sont ménagés durant les six mois suivant l’accouchement. • La grossesse suivante est repoussée d’au moins deux ans. • Le tabac, l’alcool, la prise de médicaments et l’exposition aux pesticides, aux herbicides et autres substances toxiques sont évités. • Le nombre de grossesses est limité à quatre. • Accouchement sans risque (accoucheuse qualifiée). • Dans le cadre des soins postnatals : – supplémentation en vitamine A (une dose) dans les six/huit semaines suivant l’accouchement. • Services de planification familiale. • Services de conseil et de dépistage du VIH volontaires. 42 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 3. La nutrition des femmes Les quatre grands groupes d’aliments* (pour un régime alimentaire équilibré, sélectionner chaque jour des aliments de chaque groupe) Aliments de base (amidons) – énergie • Céréales – blé, sorgho, riz, millet, maïs, teff, etc. • Aliments/plats à base de céréales – pain, nouilles, tortilla, chapati, pâtes, polenta, couscous, gâteau de riz, etc. • Tubercules et racines – manioc, pomme de terre, lotus, igname, taro, etc. Légumes et fruits – micronutriments • Légumes – légumes verts à feuilles et légumes orangés : épinard, chou, salade, herbes fraîches, bette, amarante, carotte, potiron/ citrouille, tomate, poivron rouge, etc. – autres : gombo, chou-fleur, brocoli, oignon, radis, champignon, aubergine, etc. • Fruits – fruits orangés : papaye, mangue, grenade, etc. – autres : datte, agrumes, avocat, melon, pomme, goyave, baies, prune, etc. Viandes/produits d’origine animale, et légumineuses/fruits à coque – protéines, micronutriments • Légumes secs, haricots et pois : pois chiche/niébé, haricot rouge, soja, lentille, petit pois, etc. • Dérivés des haricots : − tofu/pâte de soja, germe de haricots • Fruits à coque et graines : − arachide, amande, cajou, sésame, etc. • Poissons et fruits de mer • Viandes (dont gibier) et insectes • Volailles • Œufs • Produits laitiers : − lait, yaourt, lait caillé et fromage, lait en poudre Graisses – énergie, vitamine A • Beurre, beurre clarifié et margarine • Huile végétale (enrichie en vitamine A) • Graines oléagineuses : − graines de tournesol * Valables pour l’Asie, les Amériques, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe, mais adaptables en fonction des contextes géographiques. Pour rendre les repas plus savoureux, ajouter par exemple du sel iodé, du concentré de tomate, des herbes et des épices ou du sucre en petite quantité. 43 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition 44 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants À la fin de cette partie, vous : • comprendrez pourquoi une bonne nutrition est importante dans les deux premières années de la vie ; • serez familiarisé avec les bons comportements en matière de nutrition ; • saurez quels services de santé et de nutrition sont disponibles ; • saurez ce que peuvent faire les volontaires. Pourquoi une bonne nutrition est-elle importante pour les nourrissons et les jeunes enfants ? Une bonne nutrition pendant les deux premières années de la vie garantit à l’enfant la meilleure croissance physique et mentale possible, ce qui favorisera ses chances d’être en bonne santé à l’âge adulte. Messages clés Les jeunes enfants grandissent très vite et ont des besoins nutritionnels considérables, surtout de six à neuf mois. Cette période est donc cruciale pour leur futur bien-être. Les spécialistes ont démontré que les enfants qui ne sont pas bien nourris pendant les deux premières années de leur vie sont plus susceptibles d’être en mauvaise santé plus tard et que leur organisme et leur cerveau peuvent ne pas se développer normalement. Les enfants souffrant de malnutrition sont souvent malades et plus facilement fatigués. Résultat, ils ne sont pas aussi performants à l’école que les enfants en meilleure santé et bien nourris.  45 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Taille couchée/debout-pour-l'âge GARÇONS De la naissance à 5 ans (valeurs du z) 130 Taille couchée/debout (cm) 130 125 3 125 120 2 120 115 1 115 110 0 110 105 -1 105 100 -2 100 95 -3 95 90 90 85 85 80 80 75 75 70 70 65 65 60 60 55 55 50 50 45 45 Mois 2 Naissance 4 6 8 10 1 an 2 4 6 8 10 2 ans 2 4 6 8 10 3 ans 2 4 6 8 10 Age (mois et années révolus) 4 ans 2 4 6 8 10 5 ans Normes OMS de croissance de l'enfant Poids-pour-l'âge FILLES De la naissance à 5 ans (valeurs du z) 34 34 32 32 30 3 28 28 26 2 24 Poids (kg) 22 Mois 30 1 20 26 24 22 20 18 0 18 16 -1 16 14 -2 14 12 -3 12 10 10 8 8 6 6 4 4 2 2 2 Naissance 4 6 8 10 1 an 2 4 6 8 10 2 ans 2 4 6 8 10 3 ans 2 Age (mois et années révolus) 4 6 8 10 4 ans 2 4 6 8 10 5 ans Normes OMS de croissance de l'enfant Les normes de croissance établies par l’OMS montrent comment un enfant doit se développer. Elles démontrent, pour la première fois à ce jour, que les enfants nés dans des régions différentes du monde et jouissant du meilleur départ possible dans la vie, peuvent grandir et se développer suivant les mêmes courbes de taille et de poids par rapport à l’âge (voir http://www.who.int/nutrition/media_ page/photos_and_graphics/en/). 46 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants Quels sont les bons comportements en matière de nutrition ? Il est ressorti des parties précédentes que différentes conditions sont nécessaires à une bonne nutrition, à savoir : • un régime alimentaire adapté ; • l’absence de maladies ; • des pratiques de soins appropriées. La liste ci-dessous présente 16 comportements de base pour la promotion d’une alimentation appropriée des nourrissons et des jeunes enfants. Chaque comportement est accompagné d’une série de messages de sensibilisation fournissant des informations et/ou des explications supplémentaires. Ici, le terme « comportement » désigne les actions de la mère ou de la personne qui s’occupe de l’enfant. Les messages sont propres à des moments/périodes spécifiques (par ex. la naissance ; de la naissance jusqu’à six mois ; à six mois, etc.). Les messages de sensibilisation sont proposés à titre indicatif et peuvent être adaptés en fonction du contexte local. Messages clés Les besoins nutritionnels de l’enfant évoluent constamment pendant les deux premières années de sa vie. Régime alimentaire adapté L’ALLAITEMENT MATERNEL EXCLUSIF (comportements 1 à 3) L’« allaitement maternel exclusif » signifie que le lait maternel est le seul aliment et la seule boisson que le nourrisson reçoit au cours des six premiers mois suivant sa naissance. L’« allaitement maternel précoce » débute dans l’heure qui suit la naissance. Messages clés Les nourrissons ne devraient absorber que du lait maternel pendant les six premiers mois suivant la naissance. L’allaitement maternel devrait commencer dans l’heure qui suit la naissance, en contact peau à peau. Le lait jaunâtre et épais (le colostrum) sécrété par la mère dans les premiers jours qui suivent l’accouchement est excellent pour les nourrissons, qui ne devraient absorber aucun autre liquide. 47 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportement 1 – Mettre le nouveau-né au sein de la mère dans l’heure qui suit la naissance, en contact peau à peau À la naissance Le lait maternel À LUI SEUL est la meilleure alimentation de départ pour tous les nourrissons. Il NE faut PAS donner d’eau, d’eau sucrée ou tout autre liquide (thé, boissons gazeuses, etc.) à un nourrisson. Mettre le nouveau-né au sein tout de suite après la naissance aide la mère à : • produire du lait ; • réduire les saignements qui succèdent à l’accouchement ; • expulser le placenta. Si l’accouchement s’est déroulé sans complications, l’accoucheuse qualifiée n’aura qu’à couper le cordon ombilical et sécher le nouveau-né avant de le mettre au sein de la mère. Le contact peau à peau ininterrompu avec la mère protège le nouveau-né contre le froid. C’est pourquoi il est préférable de reporter le bain au lendemain. Une mère dont c’est le premier enfant aura besoin d’être soutenue pour commencer à allaiter. Une personne de la famille ou une amie qui a de l’expérience peut l’aider à calmer ses premières appréhensions et à anticiper les difficultés à venir. Comportement 2 – Faire en sorte que le nourrisson absorbe le lait jaunâtre et épais sécrété immédiatement après la naissance Premiers jours suivant la naissance 48 Le lait jaunâtre et épais sécrété par la mère s’appelle le « colostrum ». Il est essentiel pour le nourrisson dans les premiers jours suivant sa naissance car: Il est très nutritif et riche en vitamine A. Il protège le nouveau-né contre les maladies. Il aide le nouveau-né à expulser ses premières selles foncées. Mais il NE faut PAS donner d’autres liquides, tels que de l’eau, de l’eau sucrée, du thé ou des boissons gazeuses. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants Comportement 3 – Donner EXCLUSIVEMENT du lait maternel au nourrisson pendant les six premiers mois Jusqu’à six mois Le lait maternel est le seul aliment liquide dont un nourrisson a besoin au cours des six premiers mois, même dans les climats chauds et arides. Le lait maternel est toujours à la bonne température et ne coûte rien. Le nourrisson ne doit pas consommer de lait animal, de lait maternisé, de lait en poudre, de thé, de boissons sucrées, d’eau ou de céréales pendant les six premiers mois, car ils ne sont pas aussi nutritifs que le lait maternel et ne peuvent pas le protéger contre les maladies. Certaines de ces denrées peuvent même être nocives pour le nourrisson. Un nourrisson a EXCLUSIVEMENT besoin de lait maternel pendant les six premiers mois de sa vie, car : • c’est le seul aliment et la seule boisson indispensables pour grandir en bonne santé et prendre des forces ; • le lait maternel le protège contre les maladies, telles que la diarrhée et la pneumonie ; • il a un petit estomac qui digère rapidement et facilement le lait maternel. II est préférable que la mère vide complètement un sein avant de donner le deuxième au nourrisson. C’est le seul moyen pour que le nourrisson absorbe : • le lait de début de tétée, qui assouvit la soif, et • le lait de fin de tétée, qui assouvit la faim. Si la mère est séparée de son nourrisson pendant la journée, elle peut tirer une quantité suffisante de lait pour qu’il soit alimenté en son absence. Le cas échéant, il faut se rappeler que : • le lait maternel tiré se conserve jusqu’à huit heures à température ambiante et jusqu’à 24 heures au réfrigérateur ; • on peut donner le lait maternel tiré au nourrisson dans une tasse ouverte propre ; • le nourrisson NE doit PAS boire au biberon le lait maternel tiré, car cela peut nuire à la qualité de l’allaitement au sein. L’ALLAITEMENT MATERNEL OPTIMAL (comportements 4 à 6) L’« allaitement maternel optimal » signifie que la mère commence à allaiter le nouveau-né à sa naissance et poursuit l’allaitement jusqu’à ce que le nourrisson ait au moins deux ans. Les comportements recommandés aident la mère à produire du lait et à éviter les difficultés liées à l’allaitement. Messages clés Les nourrissons devraient être nourris au sein aussi souvent et aussi longtemps qu’ils le veulent. Les femmes primipares peuvent avoir besoin de soutien et de conseils pour s’assurer que le nourrisson a une bonne position et une prise du sein correcte et pour réduire au minimum les gênes éventuelles. La mère et son nourrisson peuvent mettre un certain temps à trouver un rythme et à s’y adapter. Les comportements recommandés aident les mères à sécréter du lait et à éviter les difficultés. Il est important que les mères continuent d’allaiter même si leur bébé ou ellesmêmes sont malades. Les femmes enceintes peuvent continuer d’allaiter. Comportement 4 – Allaiter le nourrisson à sa demande, jour et nuit De la naissance jusqu’à au moins deux ans Allaiter le nourrisson à sa demande signifie lui donner le sein aussi souvent et aussi longtemps qu’il le veut. Allaiter souvent favorise la production de lait, stimulée par le fait que le nourrisson tète. Allaiter au moins huit à dix fois par jour suppose de donner le sein toutes les trois heures, voire plus, surtout dans les six premiers mois. Il faut éviter de donner des sucettes et des tétines au nourrisson, car elles nuisent à la qualité de l’allaitement : le nourrisson risque de téter moins souvent voire de ne plus téter.  49 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportement 5 – Veiller à ce que le nourrisson ait une position et une prise du sein correctes De la naissance jusqu’à au moins deux ans Une position correcte au sein peut permettre d’éviter les problèmes courants liés à l’allaitement. Les signes indiquant une bonne position pour téter sont : • le corps du nourrisson est entièrement en contact avec celui de la mère ; • le corps du nourrisson est entièrement orienté vers la mère ; • le corps du nourrisson – pas juste son cou et ses épaules – est entièrement maintenu ; • le nourrisson a l’air détendu et heureux. Une bonne prise du sein peut permettre d’éviter les problèmes courants liés à l’allaitement. Les signes indiquant une prise correcte du sein sont : • le nourrisson est amené au sein (et non le sein au nourrisson) ; • le nourrisson a la bouche grande ouverte ; • le nourrisson prend bien tout le mamelon dans sa bouche et une bonne partie de la peau foncée qui l’entoure (aréole) ; • les lèvres du nourrisson sont tournées vers l’extérieur ; • le menton du nourrisson touche le sein ; • le nourrisson tire de longues gorgées ; • la mère ne ressent aucune douleur au mamelon. Mauvaise prise du sein Bonne prise du sein Différentes positions d’allaitement 50 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants Comportement 6 – Continuer d’allaiter même en étant malade De la naissance jusqu’à au moins deux ans Les mères peuvent continuer d’allaiter même si elles ont mal à la tête ou au dos, ou si elles souffrent de maladies courantes, telles que la fièvre, la diarrhée et les infections des voies respiratoires. Les mères souffrant de malnutrition peuvent encore produire du lait maternel. Pour se rétablir, il est essentiel de se reposer. Les autres membres de la famille peuvent soulager la mère en contribuant aux tâches domestiques. Pour accélérer et améliorer leur guérison, les mères devraient essayer de : • boire davantage d’eau et de tisane ; • continuer de faire quatre repas par jour, même si elles n’ont pas faim ; • varier leur alimentation. Les agents de santé devraient être informés si une mère allaite tout en étant malade, afin de lui prescrire les médicaments adéquats. Note : Certains médicaments ont des effets secondaires sur les mères allaitantes, qui doivent lire attentivement les notices et/ou consulter un agent de santé. Les femmes enceintes peuvent continuer d’allaiter. L’ALIMENTATION COMPLÉMENTAIRE (comportements 7 à 9) L’« alimentation complémentaire » signifie que la mère continue d’allaiter le nourrisson à sa demande tout en introduisant des aliments adaptés dans son alimentation. Messages clés À partir de six mois, des aliments adaptés devraient être introduits dans l’alimentation, en plus du lait maternel. Les jeunes enfants ont besoin de manger plus souvent que les enfants plus âgés et les adultes, et il est donc important de leur faire faire plusieurs petits repas ou de leur donner des collations saines entre les repas pris en famille. Les jeunes enfants doivent apprendre à mâcher et à avaler, et leur organisme doit s’adapter progressivement à la nourriture familiale et à un régime alimentaire varié. Il est recommandé d’introduire des aliments de textures et de goûts différents, dont les apports énergétiques et en nutriments sont suffisants. Les méthodes actives d’alimentation – comme attribuer aux enfants leur propre assiette ou tasse, et mettre de côté les portions qu’ils ne mangent pas pour plus tard – peuvent aider les personnes qui s’occupent d’eux à les faire manger suffisamment. Il est important de prendre les nourrissons dans les bras, de leur parler, de leur chanter des chansons ou d’avoir avec eux toute autre interaction ludique, notamment lorsqu’il s’agit de les nourrir. Cela peut les encourager à manger et favorise leur développement mental. Il est plus nutritif, pour les enfants, de manger des aliments de base mélangés, ou des bouillies auxquelles ont été ajoutés des légumes, des fruits, des fruits à coque ou de la viande/des produits d’origine animale, plutôt que de ne consommer que des aliments de base. Comportement 7 – À six mois, proposer au nourrisson d’autres aliments que le lait maternel À six mois Ce n’est qu’à partir de SIX MOIS que le nourrisson est en mesure d’ingérer des substances solides et liquides en plus du lait maternel. Si des aliments et des boissons sont introduits avant, le nourrisson : • peut contracter des maladies telles que la diarrhée et la pneumonie, et • son développement physique et mental peut être retardé. Si la mère ne sait pas exactement quel est l’âge de son nourrisson, les indices cidessous permettront de déterminer s’il est prêt pour l’alimentation complémentaire : • l’enfant se tient assis ; • l’enfant saisit et secoue des objets ; • l’enfant explore les objets avec les mains et la bouche. Il ne faudrait introduire qu’un seul aliment nouveau à la fois, afin que l’enfant puisse s’y habituer et que la mère puisse observer s’il le mange sans difficulté. Le lait animal n’est pas un substitut approprié du lait maternel, car il ne contient pas suffisamment de minéraux et de vitamines. Note : Le lait de vache en boisson devrait être introduit le plus tard possible. 51 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportement 8 – Donner des aliments complémentaires adaptés en quantité suffisante, de six mois jusqu’à deux ans au moins, en suivant les méthodes d’alimentation recommandées et en continuant d’allaiter Plusieurs principes fondamentaux permettent d’observer si les jeunes enfants se développent bien physiquement et mentalement : • Alimentation en quantité suffisante : du fait de la croissance de leur organisme, les jeunes enfants doivent manger la quantité appropriée de nourriture au bon moment. Ils ont besoin de manger plus souvent que les enfants plus âgés et les adultes (plusieurs petits repas ou collations saines entre les repas en famille). • Alimentation appropriée : les jeunes enfants, qui apprennent à mastiquer et à déglutir, doivent ingérer des aliments appropriés, et leur organisme doit s’adapter progressivement à la nourriture familiale et à un régime alimentaire varié. Il est important de veiller à ce que la texture ou l’épaisseur des aliments corresponde aux capacités de mastication et de déglutition de l’enfant, surtout dans les premiers temps. Un régime alimentaire varié, qui apporte suffisamment d’énergie et de nutriments est également essentiel. • Alimentation complémentaire : les aliments doivent être donnés en plus (ou en complément) du lait maternel. • Méthodes d’alimentation : il est important également de veiller à la façon dont on donne à manger aux enfants. Les méthodes actives d’alimentation – comme attribuer aux enfants leur propre assiette ou tasse, et mettre de côté les portions qu’ils ne mangent pas pour plus tard – peuvent aider les personnes qui s’occupent d’eux à les faire manger suffisamment. Il est important de prendre les nourrissons et les jeunes enfants dans les bras, de leur parler, de leur chanter des chansons ou d’avoir avec eux toute autre interaction ludique, en particulier lorsqu’il s’agit de les nourrir. Cela peut les encourager à manger et favorise leur développement mental. Les tableaux ci-dessous offrent une vue d’ensemble des besoins de l’enfant en matière d’alimentation complémentaire. Sous chaque catégorie (fréquence, quantité, etc.) figurent les informations propres à un âge. Dans le domaine de l’alimentation complémentaire, une distinction est faite entre : • les aliments complémentaires, comme la bouillie et les plats chauds composés d’aliments de base, et • les collations, qui peuvent être prises entre les repas, comme les petits aliments que les enfants peuvent tenir entre leurs doigts. Les aliments suivants peuvent servir de collation : bananes, mangues et papayes mûres, carottes bouillies, pain, tortillas, chapatis, yaourt et tranches de fromage (lorsqu’on en dispose). Besoins de l’enfant en aliments complémentaires – vue d’ensemble Âge de l’enfant Fréquence Quantité Épaisseur/texture des aliments À 6 mois 2 fois par jour 2 ou 3 cuillères à soupe Bouillie bien écrasée, suffisamment épaisse pour être mangée à la cuillère De 7 à 8 mois 3 fois par jour Une tasse presque pleine (250 ml) Aliments en purée + petits aliments pouvant être tenus entre les doigts, pour sensibiliser au goût (faciles à attraper et à mâcher) 52 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants Besoins de l’enfant en aliments complémentaires – vue d’ensemble Âge de l’enfant Fréquence Quantité Épaisseur/texture des aliments De 9 à 11 mois 3 repas par jour + 1 ou 2 collation(s) Une tasse presque pleine (250 ml) Aliments finement hachés + petits aliments pouvant être tenus entre les doigts De 12 to 24 mois 3 repas par jour + 1 ou 2 collation(s) Une tasse pleine (250 ml) Nourriture familiale finement hachée ou en purée + petits aliments pouvant être tenus entre les doigts Consommation des aliments (pour une alimentation variée et équilibrée) Bouillie d’aliments de base La bouillie peut être faite à partir de grains entiers ou écrasés ou d’autres aliments de base, comme des céréales (sorgho, millet, maïs et riz) ou des racines (pommes de terre et manioc), selon la disponibilité et les prix au niveau local. S’il s’agit d’une bouillie de manioc, de pommes de terre ou de plantains, on peut en accroître la valeur nutritionnelle en y ajoutant plusieurs céréales. Une dose (tasse) de céréales augmentera la valeur nutritionnelle de la bouillie. Bouillie de céréales + légumes secs et graines oléagineuses Des aliments complémentaires de qualité supérieure prêts à l’emploi peuvent être préparés chez soi pour obtenir un « mélange sec » : céréales disponibles au niveau local + légumes secs et graines oléagineuses (si disponibles). Si on utilise les légumes secs comme aliments complémentaires, il faut en enlever la peau extérieure pour faciliter la digestion. Les avantages du « mélange sec » sont les suivants : Il permet de préparer un repas complémentaire plus nutritif spécialement pour le nourrisson ou le jeune enfant. Comme la bouillie, il demande moins de temps de préparation, car les ingrédients sont déjà grillés. Il peut être utilisé pour préparer facilement des collations ou des repas intermédiaires pour les jeunes enfants. Un bon « mélange sec » contient : 4 doses de céréales (sorgho, millet, orge) + 1 dose de légumes secs (haricots secs, pois, lentilles) + des graines oléagineuses si disponibles (arachides, sésame). Il est préférable que chaque mélange contienne au moins deux sortes de céréales. Par exemple : 2 doses de blé + 2 doses d’orge ou 1 dose de millet, 1 dose d’orge + 2 doses de blé. Pour préparer le « mélange sec » : d’abord, nettoyer, griller et moudre tous les ingrédients séparément (céréales, légumes secs, graines oléagineuses), puis les mélanger en respectant les bonnes doses. Tous les ingrédients s’achètent aussi au marché sous forme de poudre. Graisses et huiles On peut ajouter du beurre ou de l’huile en faible quantité à chaque bouillie, pour accroître l’apport énergétique et faciliter l’absorption de vitamines. Fruit et légumes On peut donner chaque jour des fruits et des légumes aux jeunes enfants, car ils leur apportent les minéraux et les vitamines dont ils ont besoin. On peut ajouter une purée de légumes verts à feuilles foncées ou de légumes jaunes/orangés/ rouges à la bouillie ou à tout autre plat. Les fruits jaunes/orangés/rouges peuvent être consommés comme collation entre les repas. Si on donne des jus de fruits aux jeunes enfants, il vaut mieux y ajouter un peu d’eau potable pour les adoucir. On évitera ainsi les maux d’estomac. 53 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Produits d’origine animale On peut donner aux jeunes enfants des produits d’origine animale, tels que la viande, le poisson, le poulet, le foie et les œufs, le plus souvent possible, car ils leur apportent les protéines dont ils ont besoin. Des produits d’origine animale en purée ou hachés peuvent aussi être ajoutés à la bouillie. Quand cela est possible, on peut faire cuire la bouillie avec du lait animal (à la place de l’eau), à condition de le faire préalablement bouillir. Aliments fermentés Quand cela est possible, des aliments fermentés, comme le yaourt, peuvent être ajoutés à la bouillie ou consommés comme collation. Ils peuvent aider l’estomac à lutter contre les maladies telles que la diarrhée. Note : Les aliments salés, épicés et sucrés ne sont pas adaptés aux jeunes enfants. Alimentation active L’enfant doit s’habituer à absorber des aliments complémentaires en plus du lait maternel. L’alimentation active demande du temps et de la patience : • Si la mère nourrit l’enfant à la cuillère, elle peut attendre qu’il ouvre la bouche pour lui présenter la nourriture. • L’enfant devrait avoir le droit de toucher et sentir la nourriture, car cela fait partie de son apprentissage. • Parler à l’enfant et interagir avec lui pendant qu’on le nourrit favorise le développement du langage et l’apprentissage. Chanter, jouer ou raconter des histoires sont des moyens d’agrémenter les repas. Si l’enfant refuse un grand nombre d’aliments, il faut essayer d’associer d’autres aliments, goûts et textures, plutôt que de lui présenter toujours les mêmes. Si l’enfant a un petit appétit, il vaut mieux lui proposer ses aliments préférés et l’encourager à les manger, plutôt que de le forcer à manger ce qu’il n’aime pas. Un enfant devrait être nourri par une autre personne jusqu’à 12 mois ; à partir de 12 mois, sa mère doit encore être présente et l’aider. Le jeune enfant devrait toujours manger en présence d’une autre personne, qui veille à ce qu’il absorbe les bonnes quantités de nourriture et à ce qu’il ne s’étouffe ni ne s’étrangle. Si l’enfant ne termine pas sa part, il vaut mieux la mettre de côté pour qu’il la mange plus tard plutôt que de la donner à d’autres membres de la famille. Comportement 9 – Veiller à ce que l’alimentation de l’enfant contienne suffisamment de fer, de vitamine A et d’iode À partir de six mois 54 Un enfant a besoin de fer pour son développement physique et mental et pour prévenir l’anémie (fatigue). Les aliments riches en fer sont les légumes verts à feuilles foncées, la viande, le foie et le rognon. Les fruits et légumes jaunes/orangés facilitent l’absorption du fer par l’organisme. Un enfant a besoin de vitamine A pour lutter contre les maladies et éviter les troubles oculaires. Les aliments riches en vitamine A sont les légumes verts à feuilles foncées, les fruits et légumes jaunes/orangés, le foie et le rognon. Un enfant a besoin d’iode pour son développement physique et mental et pour éviter les problèmes d’apprentissage et de croissance. Essayer d’ajouter du sel iodé en très petite quantité aux bouillies ou à chaque repas. Certains produits commercialisés, comme la farine et/ou l’huile végétale, contiennent des vitamines et des minéraux ajoutés. On les appelle des « aliments enrichis » et on les reconnaît grâce à un logo spécifique. On peut les utiliser pour préparer les bouillies. Des micronutriments en poudre (en petits sachets) peuvent être facilement ajoutés aux bouillies et autres aliments, surtout pour les jeunes enfants entre six et 12 ans. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants Absence de maladies Les maladies, associées à un régime alimentaire médiocre, peuvent être à l’origine de la malnutrition chez le nourrisson et le jeune enfant, plus encore que chez l’adulte. Il est donc essentiel de traiter les problèmes de santé courants du nourrisson et du jeune enfant. Messages clés Les jeunes enfants sont tout spécialement vulnérables aux maladies et à la malnutrition, en particulier les moins de deux ans, car la croissance et la santé sont capitales à cette période. Les maladies courantes, comme les troubles causés par le paludisme, la diarrhée, les vers intestinaux, une forte toux ou les difficultés respiratoires, peuvent entraîner une vulnérabilité à la malnutrition ou aggraver une malnutrition déjà existante. Ces maladies doivent être traitées par des professionnels de la santé. Il existe des mesures de prévention simples et efficaces, comme utiliser des moustiquaires et se laver les mains au savon ou à la cendre. Les nourrissons ou les jeunes enfants qui ont la diarrhée devraient boire de grandes quantités de lait maternel ; les enfants plus âgés, eux, doivent boire plus que d’habitude, notamment de l’eau potable. Un agent de santé peut préconiser l’utilisation de sels de réhydratation orale. Un gros rhume et une mauvaise toux peuvent tourner en pneumonie : il faut consulter un agent de santé si un jeune enfant a des difficultés à respirer ou si sa toux persiste plus de deux semaines. Le manuel PSSBC (module 6, chapitre 10) contient des orientations détaillées sur la prévention des maladies. En voici quelques grandes lignes : Comportement 1 – Prévenir et traiter le paludisme simplement et efficacement Dès la naissance Un enfant atteint de paludisme brûle des calories et perd beaucoup d’eau en transpirant. C’est pourquoi : • Jusqu’à six mois, les nourrissons doivent être exclusivement et fréquemment nourris au sein. • À partir de six mois, il faut donner aux enfants des aliments et des boissons complémentaires en plus du lait maternel. Des infections au paludisme fréquentes peuvent ralentir la croissance et le développement cérébral et entraîner une anémie. Un agent de santé qualifié devrait vérifier la présence d’anémie chez un enfant qui a eu plusieurs fois le paludisme et le soigner en conséquence. Le paludisme se propage par la piqûre d’un moustique infecté. Les moyens de prévention les plus efficaces contre les piqûres de moustiques sont : • dormir avec l’enfant sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide20 (qu’il faut plonger dans de l’insecticide tous les six mois) ; • habiller l’enfant de façon à ce que son corps soit couvert au maximum, surtout entre le coucher et le lever du soleil. On suspectera le paludisme si un membre du foyer a de la fièvre ou si l’enfant refuse de manger, vomit souvent, est somnolent ou a des convulsions21. Dans les zones impaludées, il faut traiter la fièvre dans les 24 heures suivant son apparition, avec des médicaments fournis par un agent de santé. Si un traitement a été prescrit par un agent de santé, l’enfant doit le suivre jusqu’au bout, même si la fièvre disparaît. Sinon, les médicaments peuvent se révéler moins efficaces, ce qui peut aggraver la maladie et la rendre encore plus difficile à éradiquer. Les médicaments sont à prendre avec de l’eau potable. 20 La moustiquaire est recouverte d’une substance qui repousse ou tue les moustiques entrant en contact avec elle. 21 Contraction violente et involontaire des bras, des jambes, du torse et/ou de la tête, entraînant une torsion ou des tremblements du corps. 55 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Comportement 2 – Prévenir et traiter la diarrhée simplement et efficacement Dès la naissance 22 Les SRO permettent de compenser la perte de sels et d’eau causée par la diarrhée. Si on ne trouve pas de sachets de SRO prêts à l’emploi, on peut préparer une solution de la manière suivante : six cuillères à café de sucre et la moitié d’une cuillère à café de sel dissous dans un litre d’eau potable et/ou de soupe. Une trop grande quantité de sucre peut aggraver la diarrhée, et une trop grande quantité de de sel peut être nocive pour l’enfant. Voir http://rehydrate. org/solutions/homemade. htm#recipes (en anglais) Dès la naissance 56 La diarrhée est causée par des germes. Les germes sont des micro-organismes présents dans les excréments des personnes et des animaux. Ils se propagent généralement par l’eau contaminée et par la nourriture, les doigts et les mouches. Pendant les six premiers mois de la vie, l’allaitement maternel exclusif est le meilleur moyen de prémunir un enfant contre la diarrhée. Voici quelques mesures simples à prendre pour maintenir un environnement propre et une bonne hygiène : • se laver les mains à l’eau et au savon ou à la cendre après avoir touché des selles et être allé aux toilettes, et avant d’allaiter, de préparer à manger et de nourrir l’enfant ; • laver fréquemment les mains de l’enfant à l’eau et au savon ou à la cendre et veiller à ce que le coin où il joue, ainsi que ses jouets, soient toujours propres ; • nourrir l’enfant avec une tasse ouverte propre (les biberons sont difficiles à nettoyer) ; • faire en sorte que les mouches ne soient pas en contact avec la nourriture et l’eau potable ; • ne jamais manger les restes d’aliments deux heures après qu’ils ont été cuits, sauf s’ils ont été conservés au réfrigérateur ; • veiller à ce que les ongles des mains de l’enfant soient courts. Si un jeune enfant a une diarrhée, il faut immédiatement lui faire boire des quantités supplémentaires, notamment de lait maternel. Les sels de réhydratation orale (SRO) (nouvelle formule) convenablement mélangés à de l’eau potable constituent le meilleur traitement contre la diarrhée. Les sachets de SRO sont généralement disponibles dans les établissements locaux de santé22. Un agent de santé peut aussi donner à l’enfant des compléments de zinc pendant 14 jours pour l’aider à se rétablir plus rapidement et en prévention d’épisodes diarrhéiques pendant les trois mois suivants. La diarrhée s’arrête généralement au bout de trois ou quatre jours. Si ce n’est pas le cas, il faut ramener l’enfant à l’établissement de santé pour obtenir un avis. La vie de l’enfant est menacée s’il produit plusieurs selles liquides et vomit en une heure, ou s’il a du sang dans les selles. D’autres indices doivent aussi attirer l’attention : la fièvre, la perte d’appétit, les paupières creuses, une soif intense, la léthargie, et la diarrhée pendant plus d’une semaine. Comportement 3 – Prévenir et traiter les vers intestinaux simplement et efficacement Les vers intestinaux peuvent pénétrer dans l’organisme par la bouche quand on mange avec des mains sales ou quand on consomme des aliments ou de l’eau contenant des vers ou des œufs de vers. Un jeune enfant met sans arrêt ses mains à la bouche, c’est pourquoi il faut souvent lui laver les mains à l’eau et au savon ou à la cendre, en particulier après qu’il est allé aux toilettes. Il faut veiller à ce que ses ongles de mains soient courts et à ce que le coin où il joue, ainsi que ses jouets, soient toujours propres. Il faut laver les fruits et les légumes à l’eau potable (sources protégées, eau bouillie ou épurée), ou les éplucher, ou les cuire dans un peu d’eau. La viande doit être bien cuite. Les vers intestinaux peuvent aussi pénétrer dans l’organisme par le contact de la peau avec de la terre contenant des vers ou des œufs de vers. Le port de chaussures permet de l’éviter. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants Comportement 4 – Prévenir et traiter la pneumonie simplement et efficacement Dès la naissance La pneumonie est causée par les germes présents dans les gouttelettes de la toux et de l’éternuement projetées dans l’air. Un moyen d’éviter la propagation des microbes est de se couvrir la bouche et le nez (par exemple avec le bras) lorsque l’on tousse ou que l’on éternue. Il faut veiller à ce que les nourrissons et les jeunes enfants reçoivent tous les vaccins recommandés, qu’ils aient une bonne nutrition, et qu’ils ne vivent pas dans un environnement enfumé. Ces mesures peuvent les protéger contre la pneumonie. Un enfant qui tousse doit rester au chaud, mais s’il se met à respirer rapidement ou difficilement, il faut l’emmener immédiatement à l’établissement de santé. D’autres indices doivent aussi attirer l’attention : l’enfant a une toux persistante pendant plus de deux semaines, il est incapable de boire ou de téter, et il vomit fréquemment. Si l’agent de santé prescrit des médicaments comme des antibiotiques, il faut scrupuleusement respecter la durée du traitement, même si l’enfant semble aller mieux. Pratiques de soins appropriées Les pratiques de soins infantiles peuvent être en partie le fruit de coutumes, traditions et croyances locales. Il a été démontré que certaines pratiques favorisent la bonne croissance, la bonne santé et le bon apprentissage des nourrissons et des jeunes enfants. D’autres aspects ont également leur importance : bâtir un cadre familial empreint d’affection et de bienveillance, accorder aux enfants une attention toute particulière quand ils sont malades, et adopter des pratiques qui favorisent le développement mental des nourrissons et des jeunes enfants. Messages clés Généralement, les nourrissons et les jeunes enfants grandissent et se développent rapidement. S’ils contractent plusieurs maladies en un an, cela peut ralentir ou interrompre leur croissance. De bonnes méthodes d’alimentation et des pratiques de soins appropriées sont essentielles pour une croissance et une prise de poids normales. On peut faire connaître ces méthodes et pratiques par le biais de messages de sensibilisation. Souvent, les discussions avec les agents de santé communautaires ou les volontaires, et les conseils sur les méthodes d’alimentation et le suivi que ceux-ci assurent sont également fructueux, tout comme l’orientation vers les services appropriés et un traitement en cas de maladie. Jusqu’à six mois, les nourrissons peuvent guérir en n’absorbant que du lait maternel comme boisson ou aliment. Les jeunes enfants peuvent avoir besoin de repas ou de collations supplémentaires pendant deux semaines pour reprendre du poids. Pour favoriser le développement et l’apprentissage d’un nourrisson ou d’un jeune enfant, il est important d’interagir avec lui et de le stimuler – lui faire des câlins, lui parler, lui chanter des chansons, lui faire la lecture et jouer avec lui. Les garçons et les filles ont les mêmes besoins physiques, mentaux, émotionnels et sociaux, et la même capacité d’apprentissage. Leurs besoins en affection, en attention et en reconnaissance sont identiques. Le père joue un grand rôle dans la construction d’un cadre empreint d’affection. Si un enfant ne grandit pas bien et ne prend pas rapidement du poids, il peut être touché par le cercle infections/maladies-malnutrition. Pour briser ou inverser ce cercle, il faut que les enfants aient une bonne alimentation et que les mères prennent quelques mesures préventives. 57 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Le cycle infection – malnutrition Apport alimentaire inadéquat Perte d’appétit Perte de nutriments Absorption réduite des nutriments Perte de poids Retard de croissance Résistance plus faible aux infections Infection causant la maladie Comportement 1 – Faire en sorte que l’enfant grandisse bien et prenne rapidement du poids De la naissance jusqu’à au moins deux ans Généralement, les nourrissons et les jeunes enfants grandissent et se développent rapidement. Des bonnes méthodes d’alimentation et des pratiques de soins appropriées sont essentielles pour une croissance et une prise de poids normales. On peut faire connaître ces méthodes et pratiques par le biais de messages de sensibilisation. Souvent, les discussions avec les agents de santé communautaires ou les volontaires, et les conseils sur les méthodes d’alimentation et le suivi que ceux-ci assurent sont également fructueux, tout comme l’orientation vers les services appropriés et le traitement en cas de maladie. Pour vérifier si la croissance de l’enfant est dans la norme, on le pèse généralement une fois par mois. La pesée peut se faire à l’établissement local de santé ou parfois dans la communauté. La pesée mensuelle permet de détecter si l’enfant : • ne prend pas de poids ; • perd du poids ; • a un poids insuffisant ou très insuffisant. Il est important de bénéficier de conseils en matière de promotion de la croissance, surtout si celle de l’enfant a ralenti (anormalement pour son âge). On peut utiliser une courbe de croissance pour déterminer si un enfant grandit normalement – http://www.who.int/childgrowth/standards/en/ Comportement 2 – Nourrir adéquatement l’enfant pendant et après la maladie Jusqu’à six mois 58 Pour qu’un nourrisson malade se rétablisse et ne perde pas trop de poids, il faut l’allaiter souvent. Un nourrisson malade perd beaucoup d’eau et de minéraux par les selles ou la sueur et il y a un risque de « dessèchement » ou de déshydratation. Pour diminuer ces risques, on peut continuer de le nourrir au sein aussi souvent et aussi longtemps que possible. Un nourrisson peut guérir en n’absorbant que du lait maternel comme boisson ou aliment. Lui donner de l’eau ou d’autres liquides peut aggraver sa maladie. Il est normal qu’un nourrisson perde du poids quand il est malade. Une fois guéri, il aura besoin d’être nourri au sein plus souvent et plus longtemps pour reprendre le poids qu’il a perdu. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants À partir de six mois Il est fréquent qu’un enfant malade (surtout s’il a la diarrhée ou la rougeole) perde l’appétit et n’assimile pas correctement les aliments. S’il contracte plusieurs maladies en un an, cela peut ralentir ou interrompre sa croissance. Continuer de lui donner le sein et des aliments complémentaires peut l’aider à lutter contre les maladies, à prendre des forces et à réduire sa perte de poids. L’allaitement au sein est le meilleur moyen d’empêcher la déshydratation. On peut donner des liquides supplémentaires à l’enfant après l’avoir allaité. Une fois guéri, l’enfant aura besoin d’un repas supplémentaire par jour pendant au moins deux semaines pour se rétablir complètement et reprendre du poids. • On peut donner à l’enfant des petites portions d’aliments nutritifs qu’il apprécie, aussi souvent que possible, surtout s’il a perdu l’appétit. • On peut enrichir la nourriture en y ajoutant un peu d’huile ou de beurre, pour accroître l’apport énergétique. • On peut donner des aliments mous si l’enfant a des difficultés à avaler. • Pendant et après la maladie, il faut éviter les soupes, les bouillies liquides et les aliments dilués avec de l’eau, car ils remplissent l’estomac sans apporter ni énergie ni nutriments. Comportement 3 – Favoriser la croissance et l’apprentissage rapides de l’enfant en lui donnant de l’affection et de l’attention, et en le stimulant Dès la naissance Un nourrisson commence son apprentissage dès la naissance. L’allaitement maternel immédiat et le contact peau à peau sont élémentaires pour créer un lien entre la mère et l’enfant. L’allaitement à la demande donnera au nourrisson un sentiment de sécurité. Le nourrisson a besoin de téter tant pour s’alimenter que pour se sentir bien. Le développement et l’apprentissage de l’enfant passent avant tout par l’interaction et la stimulation – lui faire des câlins, lui parler, lui chanter des chansons, lui faire la lecture et jouer avec lui. L’alimentation active stimule l’enfant à travers les outils qu’il utilise pour explorer le monde qui l’entoure : le toucher, l’ouïe, l’odorat, la vue et le goût. Les garçons et les filles ont les mêmes besoins physiques, mentaux, affectifs et sociaux, et la même capacité d’apprentissage. Leurs besoins en affection, en attention et en reconnaissance sont identiques. Le père joue un grand rôle dans la construction d’un cadre empreint d’affection. Il peut soulager la mère dans les tâches domestiques, notamment quand elle est enceinte ou qu’elle allaite. Besoins particuliers : il arrive que les enfants anémiques, les enfants souffrant de malnutrition ou ceux qui sont souvent malades s’énervent plus facilement que les enfants en bonne santé. Il faut leur accorder une attention particulière et les encourager à manger pour qu’ils se rétablissent totalement et plus rapidement. Quels services de santé et de nutrition sont requis ? Cette partie offre un aperçu des services de santé et de nutrition destinés aux nourrissons et aux jeunes enfants, classés par tranche d’âge. Messages clés La disponibilité des services de santé et de nutrition peut varier d’un pays (voire d’un district) à l’autre, en fonction des politiques et des programmes existants. Nombre de ces services peuvent être disponibles gratuitement pour les enfants jusqu’à cinq ans. Les volontaires devraient savoir quels sont les services qui existent dans leur zone et comment y orienter les personnes. Le terme « supplémentation » désigne l’apport de vitamines et minéraux supplémentaires (souvent sous forme de comprimés) dans le but d’équilibrer le régime alimentaire. 59 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Services de santé et de nutrition Jusqu’à six mois Conseils sur les soins au nouveau-né, fournis au dispensaire ou à domicile Pour assurer la survie du nourrisson dans les premières heures et les premiers jours de sa vie, il est fréquent que les mères reçoivent des conseils sur la façon de couper proprement le cordon ombilical, laver le nourrisson à l’eau chaude, l’allaiter immédiatement après l’accouchement, et le tenir au chaud. Tous les programmes devraient promouvoir l’allaitement maternel exclusif et précoce et déconseiller la distribution et l’utilisation de substituts du lait maternel (pour plus d’informations, voir le manuel PSSBC, module 6). Soins postnatals (après la naissance) Les services suivants ont des effets positifs directs sur la nutrition. La vaccination devrait être proposée systématiquement dans les six mois suivant la naissance (et selon le calendrier vaccinal national ; voir le manuel PSSBC, module 6). Le suivi et la promotion de la croissance consistent à peser tous les mois le nourrisson à l’établissement de santé ou dans la communauté pour vérifier que sa croissance est normale. Ces programmes comprennent aussi la promotion de l’allaitement maternel exclusif, la détection de symptômes chez le nourrisson/la mère, et une orientation en temps voulu vers les services de traitement de la malnutrition aiguë. Des conseils sur l’allaitement maternel et les pratiques de soins devraient également être fournis. De six mois à cinq ans 60 Vaccination contre la rougeole Le vaccin contre la rougeole, avec deux doses, devrait être administré systématiquement entre neuf et 18 mois. Des campagnes de rattrapage sont menées en cas d’épidémie ou quand le nombre d’enfants vaccinés est insuffisant. La vaccination de tous les enfants de moins de 12 ans peut être conseillée dans les situations d’urgence, en cas de catastrophe ou de conflit (voir aussi le manuel PSSBC, module 6). Supplémentation en vitamine A La supplémentation systématique en vitamine A devrait normalement avoir lieu tous les six mois. Au cours des campagnes spéciales de supplémentation (menées généralement avec d’autres services), la vitamine A est distribuée en fonction des besoins, là où trop peu d’enfants l’ont reçue systématiquement. Un enfant qui a la rougeole reçoit immédiatement une supplémentation en vitamine A (voir le manuel PSSBC, module 6). Traitement vermifuge (enfants à partir de deux ans) Le traitement vermifuge systématique tous les six mois est souvent proposé aux enfants à partir de deux ans (voir le manuel PSSBC, module 6). Des campagnes peuvent être menées deux fois par an (généralement en collaboration avec d’autres services), quand le taux de couverture systématique est faible. Supplémentation en fer et en acide folique Les nourrissons et les jeunes enfants d’un faible poids de naissance peuvent bénéficier d’une supplémentation préventive, sous forme de comprimés écrasés (voir le manuel PSSBC, module 6). Suivi et promotion de la croissance Le suivi et la promotion de la croissance consistent à peser tous les mois le nourrisson à l’établissement de santé ou dans la communauté pour vérifier que sa croissance est normale. Dans le cas des enfants de cette tranche d’âge, des conseils sont également fournis sur l’allaitement maternel exclusif, l’alimentation complémentaire et les pratiques de soins infantiles. Changement de comportements et messages d’éducation nutritionnelle Pour encourager l’adoption des meilleures pratiques en matière de nutrition et d’alimentation de la famille et du nourrisson/du jeune enfant, les agents de santé communautaires et/ou les volontaires renforcent les messages et analysent les difficultés auxquelles les mères doivent faire face. Les groupes de soutien aux mères font partie des techniques de communication courantes au niveau communautaire. Des radios et des troupes de théâtre font passer des messages sur les meilleures pratiques en matière de nutrition, et les réseaux mobiles sont même parfois utilisés pour transmettre des SMS relatifs à la nutrition. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 4. La nutrition des nourrissons et des jeunes enfants Que peuvent faire les volontaires ? Les volontaires peuvent jouer un rôle utile dans la promotion d’une bonne nutrition aux niveaux des ménages et de la communauté, en encourageant le changement des comportements et l’adoption de pratiques saines et sûres. Les volontaires peuvent activement contribuer à enseigner aux femmes les bienfaits d’un régime alimentaire adapté, de l’absence de maladies et des pratiques de soins appropriées pour une bonne nutrition des nourrissons et des jeunes enfants. Ces informations sont aussi utiles aux pères, aux grands-parents, aux autres aidants familiaux et aux responsables communautaires. Actions des volontaires En faveur des mères et de la communauté • Promouvoir les comportements de base favorables à un régime alimentaire adapté, à la prévention et au traitement des maladies, et à des pratiques de soins appropriées. • Faire connaître les services de santé et de nutrition disponibles. • Identifier et traiter les principaux obstacles à l’adoption des comportements recommandés, aux niveaux des ménages et de la communauté. En faveur des mères ayant un nourrisson de jusqu’à six mois • Promouvoir les comportements de base favorables à un régime alimentaire adapté, à la prévention et au traitement des maladies, et à des pratiques de soins appropriées. • Faire connaître les services de santé et de nutrition disponibles. • Identifier et traiter les principaux obstacles à l’adoption des comportements recommandés, aux niveaux des ménages et de la communauté. • Promouvoir le commencement précoce de l’allaitement maternel exclusif. • Soutenir l’établissement de groupes de soutien de mère à mère sur l’allaitement maternel exclusif. En faveur des mères ayant de jeunes enfants âgés de six mois à deux ans • Promouvoir les comportements de base favorables à un régime alimentaire adapté, à la prévention et au traitement des maladies, et à des pratiques de soins appropriées. • Faire connaître les services de santé et de nutrition disponibles. • Identifier et traiter les principaux obstacles à l’adoption des comportements recommandés, aux niveaux des ménages et de la communauté. • Promouvoir l’alimentation complémentaire appropriée en plus de l’allaitement maternel. • Soutenir l’établissement de groupes de soutien de mère à mère sur les pratiques d’alimentation complémentaire. 61 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Synthèse de la partie 4  De la naissance jusqu’à au moins deux ans Comportements de base pour un régime alimentaire adapté Allaitement maternel exclusif (jusqu’à six mois) Allaitement maternel optimal (jusqu’à au moins deux ans) Alimentation complémentaire (de six mois jusqu’à au moins deux ans) Services de santé et de nutrition • Mettre le nouveau-né au sein de la mère dans l’heure qui suit la naissance, en contact peau à peau. • Faire en sorte que le nourrisson absorbe le lait jaunâtre et épais (colostrum) sécrété immédiatement après la naissance. • Donner EXCLUSIVEMENT du lait maternel au nourrisson pendant les six premiers mois. • Allaiter le nourrisson à sa demande, jour et nuit. • Veiller à ce que le nourrisson ait une position et une prise du sein correctes. • Continuer d’allaiter même en étant malade. • À six mois, proposer au nourrisson d’autres aliments que le lait maternel. • Donner des aliments complémentaires adaptés en quantité suffisante, de six mois jusqu’à deux ans au moins, en suivant les méthodes d’alimentation recommandées et en continuant d’allaiter. • Veiller à ce que l’alimentation de l’enfant contienne suffisamment de fer, de vitamine A et d’iode. • Conseils sur les soins au nouveau-né, fournis au dispensaire ou à domicile. • Soutien à l’allaitement maternel. • Supplémentation en vitamine A. • Supplémentation en fer et en acide folique (comprimés). Comportements de base Absence de maladies Pratiques de soins appropriées Services de santé et de nutrition • Prévenir et traiter le paludisme simplement et efficacement. • Prévenir et traiter les parasitoses intestinales simplement et efficacement. • Prévenir et traiter la diarrhée simplement et efficacement. • Prévenir et traiter la pneumonie simplement et efficacement. • Faire en sorte que l’enfant grandisse bien et prenne rapidement du poids. • Nourrir adéquatement l’enfant pendant et après la maladie. • Favoriser la croissance et l’apprentissage rapides de l’enfant en lui donnant de l’affection et de l’attention, et en le stimulant. • Conseils sur les soins au nouveau-né, fournis au dispensaire ou à domicile. • Soutien à l’allaitement maternel. • Vaccination (notamment contre la rougeole). • Suivi et promotion de la croissance. • Changement des comportements et diffusion de messages relatifs à la nutrition. • Traitement vermifuge (à partir de deux ans). 62 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 5. Boîte à outils 5. Boîte à outils Outil de détection et d’orientation Détection précoce d’une malnutrition aiguë chez l’enfant et orientation en temps voulu vers les services appropriés Cet outil vous aidera à : • dépister une malnutrition aiguë chez un enfant en pratiquant un test de détection des œdèmes ou en utilisant un ruban gradué pour la mesure du périmètre brachial ; • savoir si un enfant souffre de malnutrition aiguë, d’après les signes d’œdème ou l’interprétation de la mesure du périmètre brachial ; • comprendre pourquoi un enfant souffrant de malnutrition aiguë doit être orienté vers des services appropriés, et quels sont ces services. Le dépistage de la malnutrition aiguë peut être effectué dans de nombreux établissements de santé, notamment dans les services pédiatriques hospitaliers, les centres de vaccination, les services de proximité locaux, les centres de traitement antirétroviral, les consultations pédiatriques, les services de conseil et les groupes de soutien psychosocial. Les volontaires peuvent apprendre à reconnaître les signes manifestes d’une malnutrition aiguë dans leur communauté par une formation au dépistage chez l’enfant, à l’aide d’un ruban gradué de mesure du périmètre brachial et d’un test simple de détection des œdèmes. 63 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Détection de la présence d’un œdème nutritionnel Un œdème nutritionnel apparaît lorsque l’organisme accumule une quantité d’eau trop importante parce qu’il ne reçoit pas les nutriments adéquats. Il traduit toujours une forme sévère de malnutrition aiguë et se manifeste par l’enflure des deux pieds. Chez les enfants ayant un œdème nutritionnel, le risque de décès est très élevé. Étapes pour déterminer la présence d’un œdème : • Appuyez légèrement les doigts sur chacun des deux pieds pendant 3 secondes. • Retirez vos doigts. • Si les doigts ont laissé une empreinte peu profonde, ou un « creux », qui persiste quelques instants, il y a œdème. L’œdème touche d’abord les deux pieds puis la partie inférieure des jambes, mais il peut atteindre tout le corps. Il existe trois niveaux de localisation de l’œdème, qui correspondent à des degrés de gravité croissante : • l’œdème localisé sous les chevilles ; • l’œdème localisé sur les deux pieds et jambes, en dessous des genoux ; • l’œdème localisé sur les deux pieds, les jambes et les bras, le sacrum, et les paupières. Note: Les volontaires devraient orienter l’enfant qui présente des signes d’œdème vers un centre de santé/de nutrition, quel que soit le degré de gravité. Détection du marasme par la mesure du périmètre brachial Le périmètre brachial est la circonférence de la partie supérieure du bras. Sa mesure – à l’aide d’un bracelet coloré en plastique – est un moyen simple et rapide de savoir si un enfant souffre de malnutrition aiguë. Indolore, cette méthode peut être utilisée comme alternative à la mesure du rapport poids/taille, qui peut se révéler plus stressante pour l’enfant. Cette mesure convient aux enfants de plus de six mois (taille supérieure à 65 cm) et de moins de cinq ans (taille inférieure à 110 cm). Un simple bâton en bois de 110 cm de long suffit pour savoir si les enfants ont moins de cinq ans. On mesure de la même manière les garçons et les filles.  La mesure du périmètre brachial n’est valable que pour déceler une malnutrition aiguë associée à un risque de décès très élevé si celle-ci n’est pas traitée. Cette mesure ne peut pas servir pour le suivi de la croissance ni pour déterminer si un enfant souffrant de malnutrition se rétablit après son traitement. 64 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 5. Boîte à outils Étapes de la mesure du périmètre brachial à l’aide du ruban gradué (ci-dessous) 1. La mesure doit être effectuée à hauteur de vos yeux. De préférence, asseyezvous ou agenouillez-vous. Les jeunes enfants peuvent éventuellement être portés par leur mère pendant la mesure. 2. La mesure doit être effectuée au milieu de la partie supérieure du bras gauche. Demandez à la mère de retirer tout vêtement ou pièce de tissu couvrant le bras gauche de l’enfant. 3. Tout d’abord, déterminez le milieu de la partie supérieure du bras gauche de l’enfant. Pour cela, procédez comme suit : • trouvez l’extrémité extérieure de l’épaule du bout des doigts (flèche 1 du schéma) ; • localisez l’extrémité extérieure de l’épaule (flèche 2) et la pointe du coude en repliant le coude de l’enfant pour former un angle droit (flèche 3) ; • disposez le bout du ruban gradué (à zéro) à l’extrémité de l’épaule (flèche 4) et déroulez-le jusqu’en dessous de la pointe du coude (flèche 5) ; • lisez le chiffre correspondant à ce repère (au centimètre près) et divisez-le par deux pour déterminer le milieu de la partie supérieure du bras, puis faites une marque au stylo pour le repérer (flèche 6). 4. Laissez l’avant-bras de l’enfant se déplier naturellement et pendre le long du corps. 5. Enroulez le ruban autour du bras à l’endroit marqué et vérifiez que la graduation du ruban est orientée dans le bon sens pour la lecture. Le ruban doit être bien appliqué sur la peau et correctement tendu (flèche 7). 6. Vérifiez que le ruban n’est pas trop tendu (flèche 8). 7. Vérifiez que le ruban est suffisamment tendu (flèche 9). 8. Une fois le ruban bien en place au milieu du bras et correctement tendu, lisez la mesure en centimètres, au millimètre près (flèche 10). 2 4 6 1 5 3 7 8 9 10 11cm 12cm 13cm 65 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Interprétation des indicateurs de la mesure du périmètre brachial (Note : De nouveaux seuils ont été introduits en 2009, et devraient être utilisés par toutes les organisations.) Enfants de six mois (plus de 65 cm) à cinq ans (moins de 110cm) : Résultats de la mesure du périmètre brachial (PB) État nutritionnel Ruban coloré PB en centimètres (cm) PB en millimètres (mm) Action requise Malnutrition aiguë sévère ROUGE Moins de 11,5 cm Moins de 115 mm Orienter l’enfant vers l’établissement de santé le plus proche pour qu’il reçoive une alimentation thérapeutique Malnutrition aiguë modérée ORANGE / JAUNE 11,5-12,4 cm 115-124 mm Orienter l’enfant vers l’établissement de santé le plus proche pour qu’il reçoive une alimentation d’appoint, ou l’orienter vers un programme d’alimentation d’appoint Malnutrition aiguë légère ou absence de malnutrition aiguë JAUNE/VERT VERT/BLANC Égal ou supérieur à 12,5 cm Égal ou supérieur à 125 mm Fournir des conseils pour prévenir une malnutrition ou maintenir la bonne nutrition Femmes enceintes, mères allaitantes et autres adultes (notamment les personnes vivant avec le VIH) Résultats de la mesure du périmètre brachial (PB) État nutritionnel PB en centimètres (cm) PB en millimètres (mm) Action requise Malnutrition aiguë chez les femmes enceintes et les mères allaitantes Moins de 21 cm Moins de 210 mm Orienter la personne vers l’établissement de santé le plus proche pour qu’elle reçoive une alimentation d’appoint, ou l’orienter vers un programme d’alimentation d’appoint Malnutrition aiguë modérée chez les adultes/personnes vivant avec le VIH 16,0-18,5 cm 160-185 mm Orienter la personne vers l’établissement de santé le plus proche pour qu’elle reçoive une alimentation d’appoint, ou l’orienter vers un programme d’alimentation d’appoint Malnutrition aiguë sévère chez les adultes/personnes vivant avec le VIH Moins de 16,0 cm Moins de 160 mm Orienter la personne vers l’établissement de santé le plus proche pour qu’elle reçoive une alimentation thérapeutique, ou l’orienter vers un programme d’alimentation thérapeutique Risques de malnutrition aiguë chez les adultes/personnes vivant avec le VIH 18,5-21 cm 185-210 mm Fournir des conseils et assurer un suivi pour prévenir une malnutrition aiguë 66 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 5. Boîte à outils Mise en place d’un système d’orientation vers les services de traitement de la malnutrition aiguë Principes sous-jacents • La malnutrition aiguë peut se détecter dans les établissements de santé périphériques, comme les postes de santé, ou dans les communautés, avant que des complications ne surviennent. • Les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère risquent de décéder s’ils ne sont pas immédiatement orientés vers un établissement où ils pourront recevoir une alimentation thérapeutique, dans le cadre d’une hospitalisation et/ou de consultations ambulatoires. • À chaque fois qu’un enfant souffrant de malnutrition aiguë sévère est orienté vers un service, les personnes chargées de s’occuper de lui doivent comprendre l’importance vitale de l’emmener au plus vite à l’établissement recommandé, où il subira un examen complet pour déterminer le type de traitement qui doit lui être administré. • En cas de malnutrition modérée, il faut toujours rechercher les causes de la malnutrition. Si elle est due à une diarrhée chronique ou à d’autres maladies, et/ou à une alimentation et à des pratiques de soins inappropriées, la ration alimentaire ne suffira pas à elle seule à améliorer l’état nutritionnel. Malnutrition aiguë sévère : détection, orientation et admission Niveau Rôle Volontaires • Détecter la présence d’un œdème nutritionnel. • Mesurer le périmètre brachial. • Orienter les enfants souffrant de malnutrition aiguë vers des centres proposant des services de traitement Note : Les enfants ayant un œdème nutritionnel ou souffrant d’émaciation (maigreur extrême), les nourrissons de moins de six mois manifestement émaciés, et les enfants présentant des signes d’œdème devraient être transportés sans plus attendre au centre de santé/de nutrition pour recevoir un traitement. Établissements de santé avec service ambulatoire d’alimentation thérapeutique • Confirmer les résultats de la détection d’une malnutrition (détection de la présence d’un œdème et/ ou mesure du périmètre brachial). • Tester l’appétit de l’enfant. • Surveiller l’apparition de complications médicales. • Admettre en service ambulatoire les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère sans complications médicales. • Orienter les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère avec des complications médicales vers un service hospitalier. Établissements de santé avec service hospitalier d’alimentation thérapeutique 23 • Admission en traitement hospitalier. • Diagnostic et traitement des complications médicales. Formulaires pour l’orientation des enfants souffrant de malnutrition aiguë Les volontaires et les agents de vulgarisation sanitaire des établissements de santé dépourvus de services de traitement devraient repérer les centres de traitement les plus proches pour y orienter les enfants souffrant de malnutrition aiguë. 23 Généralement, les hôpitaux et les centres de santé proposent à la fois des services ambulatoires et des services hospitaliers. 67 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Lignes directrices sur la nutrition Le processus d’orientation se fait dans la mesure du possible par écrit, à l’aide d’un formulaire type. Les personnes qui s’occupent des enfants doivent se rendre à l’établissement recommandé avec le formulaire d’orientation et le présenter à leur arrivée. Une lettre/un formulaire d’orientation doit contenir les informations essentielles suivantes : Formulaire pour l’orientation des enfants souffrant de malnutrition aiguë Date de l’examen :__________________________________________________________________ Nom du parent/de l’accompagnant(e) :________________________________________________ Nom de l’enfant :___________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ Âge :_______________________________ Sexe :_________________________________________ Localité :__________________________________________________________________________ Village :___________________________________________________________________________ Périmètre brachial (cm, mm ou couleur) :_______________________________________________ Présence d’un œdème :_____________________________________________________________ Établissement où l’enfant est orienté : (indiquer les centres les plus proches)_________________ _________________________________________________________________________________ Autres observations :________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ Traitement fourni (le cas échéant) :____________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ 68 Les Principles fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Humanité Né du souci de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sous son aspect international et national, s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Il tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la personne humaine. Il favorise la compréhension mutuelle, l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples. Impartialité Il ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes. Neutralité Afin de garder la confiance de tous, le Mouvement s’abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et idéologique. Indépendance Le Mouvement est indépendant. Auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et soumises aux lois qui régissent leur pays respectif, les Sociétés nationales doivent pourtant conserver une autonomie qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement. Volontariat Il est un mouvement de secours volontaire et désintéressé. Unité Il ne peut y avoir qu’une seule Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à tous et étendre son action humanitaire au territoire entier. Universalité Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel toutes les Sociétés ont des droits égaux et le devoir de s’entraider, est universel. Informations complémentaires : À Genève Département de la préparation des communautés et de la réduction des risques Courriel : [email protected] www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités.