Cahier du GEMDEV n°29 – Développement durable : quelles dynamiques ?
La référence au « développement durable » est désormais incontournable dans les discours
qui entendent traiter de l’environnement et du développement. La définition du
« développement durable » la plus connue est celle qui figure dans le Rapport Brundtland
(CMED, 1987, p. 47) : le « développement durable, c’est s’efforcer de répondre aux besoins
du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures ». A côté
de cette définition, est aussi posée une réflexion en terme d’objet, déclinée selon les trois
dimensions du social, de l’économique et de l’environnemental. L’idée n’est pas d’englober
toute réflexion sur l’intergénérationnel sous le seul angle de l’environnement, mais de
souligner la multi-dimensionnalité de la notion de développement durable. La notion de
développement durable, pour ne pas rester un slogan vide de sens, commande que soient
reconnues et prises en compte les inévitables tensions entre les trois dimensions de
l’économique, de l’environnemental et du social.
Force est de constater que le consensus autour du développement durable contraste avec les
controverses associées à cette notion. Le terme est polysémique et son usage est multiple. Il
nous semble important de ne pas considérer cette notion comme un principe universel à
respecter afin de garder le débat ouvert. A notre sens, la notion de développement durable ne
saurait faire l’économie d’une réflexion sur les conflits de valeur, l’enchevêtrement d’échelles
qu’elles soient temporelles ou spatiales, ainsi que sur les acteurs et/ou groupes sociaux qui
participent ou qui sont exclus de sa mise en œuvre.
Dans le cadre de ce Cahier du Gemdev, nous avons choisi de retenir un thème central autour
de la question des temporalités. Deux axes de réflexion sont privilégiés ici : (1) en statique
comparative, il convient de s’interroger sur les spécificités des images à long terme produites
par les prospectives s’inscrivant dans la problématique du développement durable ; (2) en
dynamique, se pose la question de la cohérence temporelle, des cheminements du court au
long terme. En impliquant une vision intergénérationnelle, en questionnant les trajectoires
économiques, le développement durable conduit à une vision du temps et à des découpages –
court terme – moyen terme – long terme qui diffèrent largement des visions des économistes
standards comme des autres disciplines. Du point de vue des économies du Nord et du Sud, la
question des temporalités, au niveau micro (perception des risques en fonction des horizons
temporels, arbitrage inter et intra générationnel), comme au niveau macro (divergences de
trajectoires entre pays du Sud et pays du Nord, trappes à pauvreté, instabilités) est centrale.
Ces deux axes de réflexion peuvent être abordés au travers des quatre problématiques
suivantes.
1. Quelles prospectives, pour quelles images du Sud à long terme ?
Toute analyse prospective devient centrale dès que l’on tient compte du long terme. L’objectif
est ici de croiser les regards de diverses disciplines (démographie, économie du
développement et de l’environnement, sciences politiques…) pour comparer les images à long
terme produites par les prospectives (environnementales, économiques, démographiques) sur
la place du Sud en matière de développement durable.
2. Quelle gouvernance, pour quelle vision du monde à long terme ?
La question de la gouvernance globale est souvent abordée dans un cadre statique. Elle
recouvre pourtant essentiellement des processus, des arrangements et des compromis en
évolution constante. Il est alors essentiel de questionner la finalité à long terme des politiques
et des recommandations visant à l’amélioration de cette gouvernance mondiale.
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