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World Climate
Négocier un accord global sur le climat avec le simulateur de politique climatique C-ROADS
Professeur John Sterman / MIT Sloan School of Management
CONFIDENTIEL : Briefing pour les prochaines négociations climatiques
A: Négociateurs des Etats-Unis à la conférence des Nations unies sur le changement climatique
OBJET: Objectifs des négociations
Vous êtes à la tête de la délégation des Etats-Unis lors des prochaines négociations sur le changement climatique. La science la plus
sérieuse a montré les réels et très sérieux risques que pose le changement climatique. Les Etats-Unis cherchent à négocier un accord
global pour réduire les émissions en gaz à effet de serre (GES) qui nous permettrait d'atteindre le meilleur résultat pour nos économies
et nos intérêts vitaux ainsi que pour le reste du Monde. Les citoyens, dans nos pays, pensent en majorité que le changement climatique
est réel et que l'activité humaine y contribue de manière significative. La plupart soutiennent un accord qui règlerait ce problème.
Cependant, beaucoup s'opposent à une augmentation des taxes sur l'énergie ou à d'autres initiatives qui élèveraient le coût de la vie. Le
changement climatique se range parmi les dernières priorités de la plupart des citoyens, très loin derrière l'emploi, la crise économique,
la guerre en Afghanistan et le terrorisme.
Plus important, le public s'oppose fortement à un quelconque accord qui ne requérait aucun engagement contraignant de la part des pays
en voie de développement, en particulier la Chine et l'Inde. Avec un taux de chômage toujours très important, existe la peur que des
mesures pour limiter les futures émissions n'endommagent la compétitivité des Etats-Unis, touchant autant les entreprises que les
employés et accélérant la fuite des profits et des emplois à l'étranger. Ainsi, tout engagement qui ferait porter le plus gros fardeau des
mesures économiques pour limiter le changement climatique sur les Etats-Unis n'est politiquement acceptable.
Après que le protocole de Kyoto fut signé, le sénat américain présenta une résolution empêchant tout accord limitant les émissions en
GES des Etats-Unis sans qu'il n'y ait de limites contraignantes pour la Chine, l'Inde et les autres pays en voie de développement.
La résolution fût votée par 95-0 et l'administration Clinton ne soumit pas le protocole pour être ratifié. L'administration Bush se retira
ensuite formellement du protocole. L’administration Obama, elle, proposa de limiter les émissions en GES mais chaque traité doit être
ratifié par le Sénat. Le projet de marché carbone (Cap and Trade), conçu pour réduire les émissions américaines, fut abandonné en 2010
avant même d'être soumis à un vote, et ce, avant même que la majorité républicaine prenne le pouvoir de la chambre des représentants.
Aucune législation limitant les émissions en GES ne peut passer sans engagements significatifs et contraignants de la part de la Chine,
de l'Inde et du reste du monde.
La Chine est dorénavant le plus important émetteur de GES, ses émissions et son économie croissent bien plus rapidement que les
nôtres. Les émissions de l'Inde et d'autres pays en voie de développement connaissent aussi une forte croissance. Les Etats-Unis
n'agiront donc pas tant qu'il n'y aura de véritables et significatifs accords pour réduire les émissions de la Chine et du reste du monde.
Dans le cadre du scénario « Business as Usual (BAU) » (GIEC A1F1), en 2050, si aucun accord n'est trouvé pour atténuer le
changement climatique, les émissions des pays en voie de développement (principalement la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et
d'autres pays connaissant un rapide développement) vont augmenter d'un facteur supérieur à quatre et ceux des pays moins développés
d'un facteur cinq. Les émissions des pays développés n'augmenteront, pendant ce temps, que de 230% par rapport aux taux actuels.
Comme nous avons pu le constater lors des conférences sur le climat de Copenhague en 2009 et de Cancun en 2010, les pays les moins
développés porteront leur argument sur le fait qu'ils peuvent limiter leurs émissions en GES à travers le programme REDD (Réduction
des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts). Alors que la déforestation est un véritable problème, nous pensons
que cette position est une tactique pour pouvoir continuer à brûler des énergies fossiles pendant que nous, qui avons moins de potentiel
pour utiliser le programme REDD car nous avons mieux géré nos ressources forestières, devons diminuer notre utilisation d'énergies
fossiles.
Il est difficile de contrôler l'application des programmes pour endiguer la déforestation et les programmes de reforestation ne sont que
temporaires car les arbres sont finalement coupés, légalement ou illégalement, ou brûlés. La corruption est rampante dans de nombreux
pays en développement. Il n'y a aucune garantie qu'un accord sur le programme REDD sera vraiment appliqué.
Au verso de cette page, vous trouverez les données qui vous seront utiles dans vos négociations.
Bonne chance !
Préparé par John Sterman, [email protected], avril 2008 ; dernière modification juillet 2011.
Le graphique ci-dessous montre les émissions de CO2 par personne issues de l'utilisation énergétique (principalement les
énergies fossiles) dans le Monde et dans certains pays et régions. Les pourcentages précisés indiquent l'évolution des
émissions pour la période 1980-2009. Depuis 1980, les émissions en CO2 par personne, aux Etats-Unis et en Europe, ont
respectivement diminué de 16% et 19%, alors que celles de la Chine et de l'Inde ont augmenté respectivement de 296% et
223%. Cette croissance des émissions, dans ces pays, s'est rapidement accélérée lors de la dernière décennie. De plus, les
populations des pays émergents et en voie de développement augmentent de façon beaucoup plus rapide que celles des pays
développés.
Emissions par personne de carbone issues des énergies fossiles
T
o
n
n
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s
C
O
2
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p
e
La Chine est maintenant le pays émettant le plus de CO2 dans le Monde et ses émissions ainsi que celles de l'Inde et des
autres pays émergents augmentent bien plus rapidement que les émissions des Etats-Unis de l'UE et des autres pays
développés. Dans le scénario « Business as Usual » (GIEC A1F1), les émissions totales en CO2 dues aux énergies fossiles
pourraient, au rythme actuel (2005) augmenter d'environ 415% d'ici 2050 dans les pays émergents et d'environ 315% dans
les pays en voie de développement. A ce rythme, les émissions augmenteront de 545% en 2100 pour les pays émergents, de
415% pour les pays en voie de développement. Les projections pour les émissions des pays développés donnent des taux de
croissance moins élevés, environ 230% en 2050 et 300% en 2100 par rapport aux émissions actuelles. Selon les hypothèses
du scénario « Business as Usual », la part des émissions des pays développés doit tomber de 52% en 2005 à 39% en 2050.
Emissions de CO2 liées à l'utilisation des énergies fossiles (GtCO2/année)
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